LE MAL VAINCU! Cahier Vincentien N° 112

Qu’est-ce que le mal ? Qu’est-ce qui fait mal ? Pourquoi ça fait mal ? Pourquoi confondons-nous si facilement le bien et le mal, jusqu’à nous laisser duper par des réflexions et arguments qui pervertissent la réalité ?

LE MAL VAINCU! Cahier Vincentien N° 112

Cahier Vincentien N° 112
Cahier Vincentien N° 112

Cahier 112

Au temps de st Vincent de Paul

… et aujourd’hui

LE MAL VAINCU

EDITORIAL

            Un des grands déclics dans la vie de st Vincent fut le sacrement du pardon donné à un paysan picard. Cet évènement, reconnu par Vincent lui-même comme fondateur et relu comme tel à la faveur du renouveau conciliaire, ouvre au combat du Christ contre le mal, à la lutte contre les injustices qui éloignent de Dieu. Cela nous donne l’idée de travailler la question du péché, et très vite, nous comprenons que nous allons être renvoyés à celle de l’existence du mal. Vaste sujet qui risque fort de nous perdre dans tous ses méandres. Constatons en préambule que le Christ lui-même dans tout son enseignement ne dit jamais rien de l’origine du mal. Simplement, lorsqu’il se trouve face à une personne prise par le mal, il a une double parole qui tient lieu d’action : « silence – dehors ».

Qu’est-ce que le mal ? Qu’est-ce qui fait mal ? Pourquoi ça fait mal ? Pourquoi confondons-nous si facilement le bien et le mal, jusqu’à nous laisser duper par des réflexions et arguments qui pervertissent la réalité ?

Ecoutons les descriptifs de la société d’alors, pour constater si besoin l’étendue des dégâts. Ensuite, nous tenterons de trouver traces de l’auteur principal du mal, pour découvrir qu’il s’appuie toujours sur notre tendance à la complicité, via les pièges qu’il nous tend, appelés traditionnellement tentations et vices. Après ces recherches, en bons vincentiens, nous découvrirons des réponses adaptées pour sortir des affres de ce mal.

            Nous ne résoudrons pas tout le sujet en ce cahier mais nous chercherons à déceler la compréhension de st Vincent et ses réponses pour réagir face au mal. Cet homme de Dieu n’a jamais cherché à se protéger du mal mais bien à y faire face, et à s’investir corps et âme dans le combat du Christ contre le mal. Il n’a jamais eu peur de s’exposer aux conséquences du mal : guerres, maladies, pouvoir, discordes, pauvretés de toutes sortes. Il sait que sa mission est la continuation de celle du Christ qui en est sorti vainqueur.

LE MAL VAINCU

« Délivre-nous du mal ! » Que de fois nous répétons cette invocation en priant le Notre Père ! C’est une demande fondamentale de la prière que Jésus nous invite à adresser au Père. En effet, le combat contre le mal est vital et inéluctable ; car si nous savons qu’il n’y a pas de réponse à la question de son origine, nous ne pouvons pas ignorer sa présence en nous et dans le monde. Et en partant de l’Ecriture, et aussi de la condition humaine, il nous est possible de déchiffrer les exigences de ce combat.

Le livre de la Genèse (cf. ch. 1 et 2), nous donne une idée très positive de la condition humaine. Il énonce ainsi que la création est très bonne, que l’homme – homme et femme – a été créé à l’image de Dieu, et que la terre lui a été confiée pour la cultiver et la garder. « Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon » (Gn 1, 31) ! Mais rapidement l’homme a voulu être comme Dieu, décider par lui-même du bien et du mal (cf. Gn 3,5).  « Séduit par le Malin, dès le début de l’histoire, l’homme a abusé de sa liberté » (Gaudium et Spes, n.13§1), il a succombé à la tentation et commis le mal.

Pourtant Dieu n’abandonnera pas l’homme à sa misère. Il ne cessera pas de lutter contre le mal qui se répand. Il n’abandonnera pas à son sort une humanité divisée en peuples ennemis. L’appel d’Abraham (Gn 12, 1-3) marque les débuts d’une nouvelle histoire de salut. En lui seront bénis tous les peuples de la terre (Gn 12, 3). Dès le début de l’histoire, Dieu s’oppose au mal qui est à l’œuvre. La miséricorde est sa manière de faire pour l’empêcher de prendre le dessus. Et cette histoire du salut culmine dans la personne de Jésus qui viendra pour vaincre le mal. Sur la Croix, il a pris sur lui tout le poids du mal, il a enlevé le péché du monde (cf. Jn 1, 29).

Nous pouvons aussi partir de l’existence humaine. « C’est en lui-même que l’homme est divisé. Voici que toute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte, combien dramatique, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres » (Gaudium et spes, n. 13 §2). Nous pourrions aussi relire le livre de Job qui nous présente le combat de l’homme affronté au mal. Le mal sera toujours au cœur de notre condition humaine. Il y est présent de manière indélébile, et il suffit d’ouvrir les yeux pour le voir en contradiction avec le mystère de Dieu. Personne n’en est exempt, à l’exception de la Vierge Marie qui en a été préservée. Le mal s’insinue mystérieusement dans l’histoire humaine. Il peut nous sembler qu’il est le plus fort, qu’il prend le dessus, car il se manifeste de multiples façons. Il nous est souvent difficile de lui donner un nom.  

En même temps, nous ne pouvons pas accepter de nous résigner. L’homme qui est destiné à la vie, qui rêve d’amour et de bien, est certes continuellement exposé au mal. Mais son cœur est rempli de protestations contre ce mal qui l’empêche de vivre pleinement ce pour quoi il a été créé. Rappelons-nous le cri de Jésus à Gethsémani, ce cri qui résume la protestation et l’aspiration des hommes à être délivrés du mal : « Abba…Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe ! Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux » (Mc 14, 36). Dès lors, nous savons aussi que l’amour sera toujours plus fort. C’est lui qui a vaincu et continue à vaincre le mal. Jésus est à nos côtés pour lutter contre ce mal et il viendra toujours à notre aide, lui qui nous en a déjà libéré, car par lui-même l’homme est incapable de vaincre ses assauts (cf. Gaudium et spes, n. 13§2). C’est bien là notre espérance, la force qui nous est donnée par sa présence pour aller de l’avant.

Dans la situation que vit l’Eglise aujourd’hui, de façon souvent dramatique, elle ne peut faire l’économie de prendre une vive conscience de la place du mal en son sein. Face à une si grande misère, à un si grand mal, comment continuer à parler de la sainteté de l’Eglise, alors que nous constatons combien elle est aussi pécheresse en ses membres ! En réalité, Jésus n’a pas fondé une Eglise faite exclusivement de héros et de saints ou qui serait comme une « citadelle de pureté ».  Dans un livre récent, le pape François écrit : l’Eglise est « une école de conversion, un lieu de combat spirituel et de discernement, où la grâce abonde en même temps que le péché et la tentation […] dans ces moments où l’Eglise se montre faible et pécheresse, aidons-la à se relever ; ne la condamnons pas et ne la méprisons pas, mais prenons soin d’elle, comme de notre propre mère » (Un temps pour changer, pp. 109-110). L’Eglise, nos communautés, chacun et chacune de nous, sont le lieu d’un combat gigantesque contre le mal. Nul ne peut s’y soustraire. L’Eglise ne peut se résigner à cette présence du mal en elle. Et nous savons aussi que Dieu ne l’abandonnera pas. Qu’il demeurera sa force pour vaincre le mal.

Dans cette lutte acharnée contre le mal, le discernement est essentiel. Il s’agit de changer notre regard, en le portant d’abord sur Dieu qui en Jésus vient nous délivrer, plutôt que de le porter sur nous-mêmes, même si cela est aussi nécessaire. En nous ouvrant au réel, en portant une attention aux germes qui poussent et qui sont souvent moins visibles que nos difficultés, nous pourrons nous mettre à l’écoute de ce que Dieu nous dit. Écouter en laissant de côtés nos préjugés, nos manières de penser, ce qui n’est pas toujours facile, surtout lorsqu’on est enclin au pessimisme ou à la rigidité.

En conclusion, nous pouvons nous rappeler les paroles d’espérance de l’Apôtre Paul : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (Rm 15, 13). Le mal a été vaincu par la mort et la résurrection de Jésus. Il reste à l’homme de participer à ce combat dont nous connaissons déjà le résultat final. « Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ » (Rm 6, 9-11).

Jean Landousies cm

De Rome à Marseille, Jean Landousies continue à partager notre réflexion sur les sujets proposés dans ces Fiches.

Bernard Sesboüé sj, « L’origine du mal » * (extraits)

L’existence du mal pose à l’homme de nombreuses questions : qui l’a créé ? Pourquoi ? Qu’est-ce que le péché dont parle la tradition chrétienne ? … Les interprétations de l’origine du mal se ramènent à quelques-unes :

  1. Le non-sens absolu de notre monde. 2. Le monde est le lieu d’un gigantesque combat entre une puissance du bien et une puissance équivalente du mal. C’est le dualisme de certaines religions anciennes dont on trouve la reviviscence dans l’une ou l’autre secte moderne. 3. Le mal vient de Dieu lui-même, le grand accusé par la conscience moderne devant le problème du mal. Dieu est en situation d’avoir à se justifier, surtout après Auschwitz. C’est le procès intenté à Dieu aujourd’hui. 4. Le mal vient de ce que le monde créé est inachevé, qu’il est en croissance. Cela comporte une part de vérité, mais c’est insuffisant. 5. Le vrai responsable du mal, quoi qu’il en soit de l’explication précédente, c’est la liberté de l’homme. Mais comment en rendre compte sans tomber dans une immense entreprise de culpabilisation de l’homme ?…

… Je m’abrite sous cette pensée de Pascal qui nous met sur la voie juste pour entrer dans cette donnée mystérieuse : « Certainement rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine. Et cependant sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. Le nœud de notre condition prend ses replis et ses tours dans cet abîme. De sorte que l’homme est plus inconcevable sans ce mystère que ce mystère n’est inconcevable à l’homme » … Nulle culture n’est innocente. “Le mal fait partie de la connexion interhumaine, écrit Paul Ricoeur, comme le langage, comme l’outil, comme l’institution”. Le mal est donc largement “transmis”. Il est tradition. De cet état de choses, personne ne peut se considérer comme indemne. Nous constatons que le péché est contagieux. Les mauvais exemples sont vite suivis. On ne pèche donc jamais pour soi tout seul … C’est cette situation “originelle” pour chacun d’entre nous que la foi chrétienne nomme le “péché originel”. Dans la tradition chrétienne, cette expression vise d’abord et avant tout la situation globale de l’humanité et non le péché d’Adam raconté dans les premières pages de la Bible. Tous seraient alors arbitrairement inclus dans un péché des origines avec lequel ils n’ont rien à faire. Or le récit du péché des origines, même s’il est placé au commencement de la Bible est le fruit d’une interprétation seconde. Il a pour but de rendre compte de l’origine et de la radicalité de la situation globalement pécheresse de l’humanité. On ne peut chercher à l’atteindre qu’en dernier lieu, au terme du dernier pourquoi. Le “péché originel” constitue l’interprétation à la lumière de la révélation de ce que je viens de décrire et au sein duquel chacun d’entre nous se trouve à la fois victime et coupable. Vatican II a bien souligné qu’en la matière “ce que la révélation divine nous fait connaître ainsi s’accorde avec notre propre expérience”. Ce que notre expérience appelle mal des hommes et fautes humaines, la révélation l’appelle péché, au sens d’un état général de péché. Par ce terme, elle veut dire qu’il y a dans la condition humaine actuelle, source de violence et de mensonge, quelque chose qui s’oppose à Dieu et à son dessein sur l’homme … C’est cet état que saint Paul décrit dans une longue diatribe pleine de souffle au début de son Épître aux Romains. Pour lui : “Tous les hommes, juifs et païens, sont sous l’empire du péché. Comme il est écrit : il n’y a pas de juste, pas même un seul. (…) Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu” (Rm 3,9-10.23). Mais il n’ose prononcer une accusation pareille que pour annoncer l’Évangile du salut et de la justification par la foi en Jésus-Christ. L’application de ce terme de “péché” à une situation de fait et à une solidarité objective et non à un acte personnel a-t-elle été heureuse ? Sans doute pas. Ce vocabulaire est occidental et remonte à saint Augustin. La tradition de l’Église grecque a préféré les mots de mort, corruption, blessure de l’image de Dieu en nous. On parle aussi volontiers de “péché du monde”, expression plus moderne. Mais comme on ne peut pas légiférer sur l’emploi des mots et que l’expression de ” péché originel ” est là répandue partout dans notre culture, il nous faut “faire avec”.

(*cf. https://croire.la-croix.com/Les-formations-Croire.com/Theologie/Le-mal/L-origine-du-mal/ )

 

POUR UNE RELECTURE PERSONNELLE

Nous répétons dix fois plus souvent une mauvaise nouvelle qu’une bonne. Pour éviter d’être victime de ce fonctionnement, posons un regard sur notre relation à ce qui nous éloigne de la Vie.

Face à un évènement « mal » vécu (paroles blessantes, situations difficiles, épreuves…)

  • Combien de fois l’ai-je répété ? raconté ? A quoi cela me sert-il ?

Y a-t-il un progrès sur un chemin de guérison ? Comment suis-je prêt à me convertir ?

  • Je prends le temps de décortiquer le vécu d’un évènement mauvais, en mettant de côté l’affect :
    • J’écris le récit de l’évènement, le plus neutre possible.
    • D’où vient que ça m’a fait mal ? Quels sont les enjeux qui s’y cachent ?
    • Quel lien avec mon identité intrinsèque ?
  • De quoi ai-je besoin pour contrecarrer cette situation ? (Si j’ai été mis de côté = besoin de reconnaissance ; si j’ai été humilié = j’ai besoin de dignité ; etc.). Quels moyens puis-je avoir à ma disposition pour alimenter ces besoins ?
  • Relire le passage « Jeter tous ses soins en la Providence du Seigneur » (ci-dessous p.19 – XI,39), pour inviter le Seigneur dans ce combat contre le mal et me tourner résolument vers Dieu pour vivre en lui.

Nos fondateurs et Le mal vaincu

Les divers combats menés par nos fondateurs reflètent le climat de l’époque. L’état des lieux parle d’abord de la pauvreté, de « la misère au temps de la Fronde … »[1], du conditionnement social et surtout de la déchéance spirituelle et morale de chacun et de chaque groupe. Tout ce conglomérat se dévoile sur fond de guerres et de chocs des religions. Depuis le péché des origines et la personnification du mal, tout se répète. La nouveauté est dans la confirmation de la Révélation : Dieu vaincra !

 

  1. LE MAL EN LUI-MEME

Le mal est en nous, dans la société, dans nos communautés, en mission, sous toutes formes ; ces exemples sont éloquents :

Le mal nous habite.

« Que peut-on attendre de la faiblesse de l’homme ? »

La société elle-même est touchée.

« Le mal dont vous avez à vous plaindre est quasi universel »

« J’avoue, Monseigneur, que j’aurais une grande joie de vous voir à Paris, mais j’aurais un égal regret que vous y vinssiez inutilement, ne croyant pas que votre présence ici dût avoir aucun bon succès en ce temps misérable, auquel le mal dont vous avez à vous plaindre est quasi universel dans tout le royaume. Partout où les armées ont passé, elles y ont commis les sacrilèges, les vols et les impiétés que votre diocèse a soufferts ; et non seulement dans la Guyenne et le Périgord, mais aussi en Saintonge, Poitou, Bourgogne, Champagne, Picardie et en beaucoup d’autres, et même aux environs de Paris. Et généralement partout les ecclésiastiques, aussi bien que le peuple, sont fort affligés et dépourvus, en sorte que de Paris on leur envoie dans les provinces plus proches du linge et des habits pour les couvrir, et quelques aumônes pour leur aider à vivre ; autrement, il en demeurerait fort peu pour administrer les sacrements aux malades ». (A Jacques Desclaux, évêque de Dax, 1653-1654 – V,90-91)

Les missions connaissent de grands périls.

« Nos confrères … seront en grand péril »

« Vous avez raison d’être en peine de notre maison de Gênes et de la ville même ; car, si la mortalité y dure longtemps telle qu’elle a été jusqu’à présent, les habitants seront réduits à peu, et nos confrères, qui ont été préservés par le passé, seront en grand péril. J’en suis si affligé que j’en suis abattu de douleur ; et s’il en était de même de Rome, je ne sais où j’en serais. Dieu soit loué de ce que le mal n’y fait pas de progrès ! J’espère que sa divine bonté ne lui permettra pas d’en faire, mais que peu à peu elle fera dissiper ce reste qui a paru. C’est la prière que nous lui faisons quasi sans cesse, et surtout qu’il lui plaise de vous conserver et tous nos confrères d’Italie ». (Durant la peste à Gênes, A Edme Jolly à Rome, 20 juillet 1657 – VI,364)

« Travailler pour les pauvres »

« Voyez, mes frères, comme le principal de Notre-Seigneur était de travailler pour les pauvres. Quand il allait à d’autres, ce n’était que comme en chemin faisant. Mais malheur à nous aussi si nous nous rendons lâches à nous acquitter des obligations que nous avons de secourir les pauvres âmes ! Car nous nous sommes donnés à Dieu pour cela, et Dieu se repose sur nous. Declinantes ab obligatione adducet Dominus cum operantibus iniquitatem. Quos non pavisti occidisti. Ce passage s’entend de la réfection temporelle, mais il se peut appliquer à la spirituelle avec la même vérité. Jugez, mes frères, combien nous avons sujet de trembler si nous sommes des casaniers, si, pour l’âge ou sous prétexte de quelque infirmité, nous nous ralentissons et dégénérons de notre ferveur ! » (Répétition d’oraison du 25 octobre 1643 – XI,135)

Nos communautés connaissent aussi le mal.

« Le mal des communautés, surtout des petites,

est pour l’ordinaire l’émulation »

« Le mal des communautés, surtout des petites, est pour l’ordinaire l’émulation[2], et le remède l’humilité, de laquelle vous devez faire toutes les avances, aussi bien que des autres vertus nécessaires pour cette union. Nous voyons que cette émulation est arrivée en la première compagnie de l’Église, qui est celle des apôtres ; mais nous savons aussi que Notre-Seigneur l’a réprimée, et par parole, en humiliant ceux qui se voulaient élever, et par son exemple, en s’humiliant le premier. Si les vôtres s’enorgueillissent ou se courroucent ou se dérèglent, ne vous contentez pas de les en avertir charitablement, quand le cas le mérite, mais faites des actes contraires par où ils soient doucement forcés de vous suivre ». (A Louis Dupont, supérieur à Tréguier, 26 mars 1656 – V,582)

 

  1. L’AUTEUR DU MAL

Pour st Vincent de Paul, l’auteur du mal est Satan. Dans l’exercice de notre liberté, celui-ci vient contrarier notre recherche du Bien comme tous nos bonheurs, toutes nos joies, toutes nos réussites. L’expérience l’enseigne à tous, sœurs et missionnaires.

« C’était une grande faute, l’appelant Satan »

« En deux ou trois cas l’on doit avertir la communauté de la faute d’un seul : … Quand le mal est si invétéré en celui qui en est coupable qu’on juge qu’un avertissement particulier lui serait inutile. Notre-Seigneur n’avertit pas Judas pour cette raison, sinon en la présence des autres apôtres ; et encore ce fut en termes couverts, disant qu’un de ceux qui mettaient la main au plat le trahirait. Au contraire, il avertit saint Pierre, lorsqu’il le voulut dissuader de la passion qu’il avait à souffrir, et lui fit même connaître que c’était une grande faute, l’appelant Satan, sachant bien qu’il en profiterait … » (A Marc Coglée, supérieur à Sedan, 13 août 1650 – IV,50)

L’homme a un penchant immodéré pour faire de lui-même le centre de sa personnalité et de son environnement. Il s’enferme alors dans ses jugements et ses actions. Il s’agit d’un art consommé propre au démon.

« Voilà une marque d’orgueil caché et une qualité diabolique »

« Une sœur voudra une chose d’une façon ; l’autre la voudra d’une autre. Elle se tiendra ferme en son jugement. Les avis de sa sœur servante, de son confesseur de son directeur, de sa supérieure ne seront pas capables de la faire céder, parce qu’elle s’est affermie dans son propre jugement. Elle a enraciné cela dans sa cervelle ; il n’est pas possible de l’en faire démordre. Voilà une marque d’orgueil caché et une qualité diabolique, car il n’appartient qu’aux démons de demeurer dans leur opiniâtreté. C’est donc un esprit de démon, qui est tellement ferme dans le mal qu’il y demeure toujours. Il vient bien quelquefois des remords à cette personne ; mais elle n’a pas la force de les suivre ; elle le voudrait bien, mais elle ne le peut ». (Extrait de la conférence du 15 mars 1654, Sur l’orgueil caché – IX,676)

« Ces personnes-là ont le diable dans le corps »

« Le malin esprit n’est qu’illusion et que tromperie »

« Or, s’il se trouve tant d’illusions dans l’univers, jugez, mes frères, si l’auteur du mensonge, si le démon, qui se transforme en ange de lumière, comme parle saint Paul, n’en peut pas faire. Que si les hommes, dont toutes les connaissances sont très petites et limitées, peuvent facilement se tromper les uns les autres, que ne peut, je vous prie, le malin esprit, qui sait tout et qui a l’industrie de faire paraître les objets en autant de différentes manières qu’il lui plaît ? Voulez-vous savoir ce que c’est que le malin esprit à notre égard ? Il n’est qu’illusion et que tromperie ; il nous persuade, ingénieux qu’il est, que nous serons heureux, si nous parvenons à cela, à cela ; il nous fait accroire qu’il y va même de la gloire de Dieu de réussir avec applaudissement dans la prédication, et qu’il se faut signaler dans une province. Ah ! Sauveur, que de pièges, que de tromperies, que d’artifices emploie notre ennemi pour perdre les créatures que vous avez rachetées par votre précieux sang ! » (Extrait de la conférence du 17 octobre 1659, Des vraies lumières et des illusions – XII,345)

 

« Ces pensées aigres sont du malin »

« Il est dangereux de se tenir dans l’oisiveté »

« Le diable nous surcharge toujours »

« Le principe, l’origine et la source de tout le mal »

 

III. COMBATS ET VICTOIRES

« Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer » (1 P 5,8). Il nous investit pour occuper notre être. Nous connaissons tous la parabole de l’esprit mauvais à la recherche d’un lieu de repos qui va sans cesse chercher du renfort (Lc 11,24-26). C’est dire que Dieu livre combat contre le malfaisant et réciproquement. Le baptisé croit que le Christ détient la victoire, écrasera l’adversaire et soumettra tout sous ses pieds.

« Le bien et le mal que vous me dites être en vous »

« Dieu soit loué de ce que vous m’écrivez ainsi tout bonnement le bien et le mal que vous me dites être en vous. C’est ainsi, mon cher Frère, que les âmes simples et candides comme la vôtre ont accoutumé d’en user ; aussi voit-on à l’œil que Notre-Seigneur les bénit beaucoup et leur fait beaucoup de grâces. Et c’est aussi cet esprit que l’ennemi de notre salut hait et redoute beaucoup, pource que ce sont les armes qui détruisent tous les pernicieux desseins qu’il a de tout temps de nous perdre. Il n’a jamais plus grand dépit que lorsqu’il voit que ses artifices et ses méchancetés sont découverts ; et de là vient que l’on a vu tant et tant de personnes sollicitées par lui à des choses mauvaises, lesquelles, à la première déclaration qu’elles en ont faite, ou à leurs supérieurs, ou à leurs directeurs, en ont été délivrées, ou pour le moins ont reçu grâce de Dieu pour n’y point consentir. Et c’est aussi, mon cher Frère, ce que Notre-Seigneur fera à votre égard, si vous lui êtes fidèle et que vous persévériez en votre vocation, qui est le lieu où sa divine bonté vous a mis, et de quoi il saura bien vous demander compte à votre mort, si vous ne lui tenez la parole que vous lui avez donnée d’y vivre et mourir.

Cela étant ainsi, mon cher Frère, comme vous n’en devez nullement douter, voyez si vous n’avez pas bien sujet de ne point écouter les tentations qui vous viendront de ce côté-là. De dire que le changement de maison vous délivre de toutes vos peines, croyez-moi, mon Frère, c’est un abus de le croire et un piège que vous tend le diable ; car nous nous portons toujours nous-mêmes, et nos imperfections aussi, en quelque lieu que nous allions, et le diable ne nous moleste pas moins bien souvent en un lieu qu’en un autre, voire même quelquefois il le fait davantage, notamment quand l’on a procuré le changement avec trop d’empressement, ou avec moins de conformité à la volonté de ceux qu’il a établis pour la conduite de nos âmes et de nos personnes » (A Pierre Leclerc, frère à Agen, 1656 – VI,59-60)

Prière pour éclairer notre cœur

« Plaise à ce même Seigneur de nous éclairer de son esprit pour voir les ténèbres du nôtre et le soumettre à ceux qu’il a préposés pour nous conduire ! Qu’il nous anime de sa douceur infinie, afin qu’elle se répande en nos paroles et en nos actions pour être agréables et utiles au prochain, et qu’il vous inspire de lui demander souvent cette grâce pour moi, comme je vous en supplie, qui suis, en son amour, en attendant votre réponse, Monsieur, votre très humble et affectionné serviteur. » (A Honoré Bélart, prêtre de la mission, 6 août 1657 – VI,388)

Remarquable est le texte qui est soumis à notre attention. La catéchèse de st Vincent nous offre, par l’intermédiaire de son correspondant, une invitation à se donner, à servir pour « triompher ». Le vocabulaire sent son époque ! 

« Il s’agit de triompher de vos ennemis »

« L’ennui que vous sentez dans votre emploi peut venir de plusieurs causes : 1° de la nature, qui se lasse de voir et de faire toujours les mêmes choses ; et Dieu le permet pour donner lieu à la pratique de deux belles vertus, à savoir : de la persévérance, qui nous fait arriver à la fin, et de la constance, qui nous fait surmonter les difficultés ; 2° de la qualité de l’œuvre, qui est triste et qui, étant faite par une personne aussi triste, engendre le dégoût, surtout quand il plaît à Dieu de soustraire la consolation intérieure et la suavité cordiale qu’il fait ressentir de temps en temps à ceux qui servent les pauvres ; 3° du côté du malin esprit, qui, pour vous détourner des grands biens que vous faites, vous en suggère l’aversion. Enfin cet ennui peut venir de Dieu même ; car pour élever une âme à une perfection souveraine, il la fait passer par la sécheresse, les ronces et les combats, lui faisant ainsi honorer la vie languissante de son Fils Notre-Seigneur, qui s’est trouvé dans diverses angoisses et dans l’abandonnement. Courage, Monsieur ! donnez-vous à Dieu et lui protestez que vous désirez le servir en la manière qui lui sera la plus agréable. Il s’agit de triompher de vos ennemis : de la chair, qui s’oppose à l’esprit, et de Satan, qui est jaloux de votre bonheur. La volonté de Dieu est que vous persévériez dans l’œuvre qu’elle vous a donnée à faire. Confiez- vous en sa grâce, qui ne vous manquera jamais pour l’acquit de votre vocation, et considérez que cette œuvre est des plus saintes et sanctifiantes qui soit sur la terre ». (A Guillaume Cornaire, Prêtre de la Mission, Au Mans, 15 juin 1650 – IV,32-33)

Dans le premier de livre de Samuel, au chapitre 17, on vibre à la menée d’une attaque en règle entre David et Goliath. Le vainqueur qui n’est autre que le Seigneur est nommé « le Maître du combat ». St Vincent lui-même discerne et formule des moyens de combat que Dieu donne contre le mal.

« J’espère que Dieu me fera la grâce »

« Lorsqu’on a travaillé quelque temps à se surmonter et à acquérir quelque vertu et qu’on voit qu’on n’y avance rien, on entre en désespoir d’aller plus avant ; et le malin esprit, se mêlant là-dedans, dira : ʺAh ! jamais tu ne feras rien qui vaille ; il est impossible que tu puisses faire comme cela. ʺ Voilà ce que fait le démon pour faire perdre courage au chemin de la vertu. Or, il faut mortifier cette passion par l’espérance en Dieu et dire : ʺEncore que je sache que de moi-même je ne saurais me vaincre, ni persévérer en ma vocation, j’espère que Dieu me fera la grâce dont j’ai besoin pour cet effetʺ (Extrait de la conférence du 6 janvier 1657, Sur l’obligation de travailler à sa perfection – X,250)

« Vous avez été rachetés par le sang précieux d’un Dieu incarné »

« Savez-vous bien que nous sommes pires que les démons, oui, pires que les démons ! Car, si Dieu leur avait fait la dixième partie des grâces qu’il nous a données, mon Dieu ! quel usage n’en auraient-ils pas fait ? Ah ! malheureux que vous êtes ! vous avez été rachetés par le sang précieux d’un Dieu incarné, vous avez des grâces actuelles pour vivre de la vie de Jésus-Christ. Et cependant vous les avez méprisées ! Quel châtiment ne méritez-vous pas ? » (Conférence du 17 octobre 1659, Des vraies lumières et des illusions – XII,353)

En résumé, st Vincent nous livre :

« Les mêmes moyens par lesquels le diable vous a voulu combattre, vous serviront pour l’abattre »

… et aujourd’hui

Témoignage d’un détenu sur le mal commis

Je m’appelle J. j’ai 26 ans et j’ai été incarcéré et condamné pour des faits de vols et cambriolages. Je n’en suis pas à mon coup d’essai. Investir l’espace de l’autre, subtiliser le bien d’autrui : un portefeuille, de l’argent des bijoux était devenu une habitude, un mode de fonctionnement, mon boulot en quelque sorte. … Vous savez la prison à ses codes, il existe chez les codétenus une hiérarchie dans le mal. La perception du mal est compliquée… est-ce un mal de voler par nécessité, lorsqu’on n’a pas les moyens de subvenir à ses besoins élémentaires, de se nourrir de se loger tandis que d’autres ont plus que ce dont ils ont besoin ? Je ne sais pas… Fait-on du mal à la personne alors qu’elle était absente de chez- elle, que je ne l’ai pas agressée ? C’est vrai que ce que je lui ai pris va lui manquer mais elle a les moyens …. Et puis vous savez qu’en prison il y a des catégories dans le mal par exemple, les pointeurs (délinquants sexuels) ne sont pas tolérés, ils sont mis à l’écart tandis que celui qui est là pour homicide volontaire ou involontaire, les braqueurs passent mieux. Les petits voleurs ou cambrioleurs nous sommes en bas de l’échelle.

Lorsque je suis arrivé en France, je ne parlais pas Français mais pendant mon incarcération j’ai appris la langue. J’ai regardé un soir un documentaire à la télévision sur les cambriolages et la manière dont les victimes sont affectées psychologiquement, qui m’a beaucoup fait réfléchir…on réfléchit beaucoup en détention.  En fait j’ai fini par comprendre que dans la langue française entre les mots VOL et VIOL seule la lettre i faisait la différence. Ce petit détail n’existe pas dans ma langue. Il m’arrivait de dérober un portefeuille, de prendre l’argent et de le jeter ensuite, mais dans ce portefeuille se trouvait parfois une vieille petite photo, une lettre écrite à la main qui avait probablement une signification pour le propriétaire. On rentre par effraction dans une maison, on entre dans la chambre à coucher des gens on ouvre leurs placards leurs tiroirs… c’est une violence, c’est violer leur intimité…. Je ne pensais jamais à l’autre au moment de passer à l’action si ce n’est de faire vite pour ne pas être pris.

Je ne sais pas mais je pense qu’à ma sortie, je retournerai différent dans mon pays.

POUR PROLONGER, PERSONNELLEMENT ET EN EQUIPE …

QUESTIONNAIRE POUR NOS ECHANGES SUR LE MAL 

  • Satan, le diable, le malin, Lucifer, le démon … quel que soit la personnification que nous donnons au mal, il est présent autour de nous mais aussi en nous. Repérons dans la société, dans le monde, dans les religions, comme dans notre propre vie ses formes actuelles et perverses.
  • Avec saint Paul, nous disons : « Je fais le mal que je ne veux pas et non le bien que je voudrais » (Romains 7, 19). Savoir qu’une chose est mauvaise, mais être quand même poussé à la faire, c’est parfois ce que nous vivons. Qui d’entre nous n’a jamais été en butte à cette réalité ? Réfléchissons personnellement mais aussi communautairement et ecclésialement à cette question. Comment arriver à dépasser ce simple constat ?
  • Dans le quotidien de mon existence, j’ai pu peut-être faire l’expérience du « mal subi » et/ou du « mal commis» ; que puis-je en partager ?  Qu’en ai-je appris ?
  • « …Délivre nous du mal ». Avec l’aide du Christ comment résister au mal ? Comment revenir sans cesse au Seigneur dans la prière, la réconciliation, l’accompagnement … ?

Bibliographie

Jacques BUR, Le péché originel, ce que l’Eglise a vraiment dit, Cerf, 1988

Philippe-Marie MARGELIDON, Dieu et le mal : cinq approches d’un mystère, Lethielleux, Artège, juin 2020

François-Xavier PUTALLAZ, Le Mal, Cerf, novembre 2017

Paul RICOEUR, Le mal : un défi à la philosophie et à la théologie, Editions Labor et Fides, décembre 2004

Michel SALAMOLARD, « Dieu responsable et innocent », in Nouvelle Revue Théologique, 2005/3

LE MAL AU PAS DE STE LOUISE

Lutter ensemble

C’est le malin qui joue ces jeux de (racontars), qu’il ne gagnera pas, pourvu qu’elles se ramassent et unissent bien entre soeurs, auprès (de) la Croix, ainsi que les poussins sous leur mère quand le huas les guette. (Ecrits L 185 page 212)

Pas d’excuses

J’espère que le mal n’est pas en tel état qu’il soit sans remède, mettez-vous vos fautes fortement devant les yeux, sans vous excuser, car en effet rien ne peut être cause du mal que nous faisons que nous-mêmes (Ecrits L 11 page 21)

Magnificat

Il faut pourtant que je vous dise que je ne crois pas le mal si grand que vous me le faites paraître ; consolez-vous donc, ma très chère Sœur, et ne regardez pas cette faute avec aigreur, mais admirez la bonté de Dieu de vous avoir souffert cette petite faute pour vous apprendre à vous humilier plus parfaitement que vous n’avez fait le passé (Ecrits L 121 page 127)

Connaître

Je suis toujours bien aise de savoir le bien et le mal. (Ecrit L 446 page 478)

Veiller

Les Filles de la Charité pour se maintenir dans leur vocation, et attirer de Dieu les grâces dont elles ont besoin pour cela, doivent veiller continuellement sur leurs sens et passions, pour ne leur point accorder de faire le mal qu’ils nous proposent souvent. Et pour cela, L’on doit bien avoir soin de faire entendre ce que c’est que l’un et l’autre. (Ecrit A 67 page 789)

Eviter l’entrée en tentation

Notre ennemi mortel qui est le diable se sert bien souvent de ces occasions-là, pour nous siffler ces malheureuses pensées, et son principal but est de nous décourager sans que nous nous en apercevions du service de Dieu, mais particulièrement pour nous empêcher de persévérer en nos bonnes résolutions, jusque-là quelquefois que sa méchanceté essaie de nous faire perdre notre vocation qui est la chose la plus à craindre et la plus dangereuse pour notre salut. (Ecrit L 102 page74)

Animation Vincentienne

© Congrégation de la Mission, 425 route du Berceau, 40990 SAINT VINCENT DE PAUL

Tous droits réservés

[1] Alph Feillet, La misère au temps de la Fronde et st Vincent de Paul, Paris Didier et Cie Libraires – Editeurs 1862

[2] « Emulation », au sens ancien : rivalité, jalousie.

[3]« Curieux », « ne pas avoir les yeux dans sa poche »

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Petite visite de notre dévotion à Marie

Mettons-nous quelques instants à la place d’une mère. Celle-ci apprécierait elle d’entendre à longueur de journée son enfant dire qu’il est nul, qu’il n’est pas à la hauteur, qu’il n’est bon à rien etc. ? car ce « pauvres pécheurs » dit principalement nos incapacités à relever le défi de vivre comme Dieu nous le demande. Cette mère ne se désolerait-elle pas de ne voir aucune avancée de l’enfant ? Ne serait-ce pas lui laisser comprendre qu’elle n’est pas une bonne mère puisque nous ne sommes capables de rien ?

Petite visite de notre dévotion à Marie

Lorsque nous nous adressons à Marie nous nous présentons en tant que « pauvres pécheurs ».

Mettons-nous quelques instants à la place d’une mère. Celle-ci apprécierait elle d’entendre à longueur de journée son enfant dire qu’il est nul, qu’il n’est pas à la hauteur, qu’il n’est bon à rien etc. ? car ce « pauvres pécheurs » dit principalement nos incapacités à relever le défi de vivre comme Dieu nous le demande. Cette mère ne se désolerait-elle pas de ne voir aucune avancée de l’enfant ? Ne serait-ce pas lui laisser comprendre qu’elle n’est pas une bonne mère puisque nous ne sommes capables de rien ?

Lorsque nous accompagnons quelqu’un qui est dans la désolation et qui se définie à la négative, ne cherchons-nous pas à contrecarrer l’idée qu’il a de lui-même en lui montrant ce qui est valable en lui ? Ne cherchons-nous pas à lui montrer le positif qu’il n’est pas capable de voir par lui-même ? Ne nous réjouissons nous pas lorsque l’on constate qu’il réussit cela et qu’il se voit avec un regard qui tend davantage vers l’avenir et tous les possibles que cela engendre ?

Par ailleurs lorsque nous nous définissons avant tout comme « pécheur » nous oublions une donnée essentielle de notre foi. Car avant d’être pécheurs, nous sommes créés de Dieu et de plus créés à son image. Avant d’être pécheurs nous sommes enfants de Dieu. Il fait de nous ses fils et ses filles, héritiers de son Royaume selon la grâce obtenue par le Christ offert en sacrifice par amour pour nous.

Pour honorer notre Dieu et notre mère, il est bon de rappeler avec force cette dimension divine en nous plutôt que de limiter notre identité à ce qui est touché par le péché. Sinon c’est donner plus de place au Mal qu’à Dieu !

Prenons encore le temps de constater ce que produit un regard d’une mère aimante sur son enfant lorsque celui-ci prend conscience d’être aimé par sa mère lui disant avec force qu’il est son enfant bien aimé. Cela le réjouit, le stimule, lui donne plus de confiance à reprendre la route, cet amour maternel lui donne de changer son regard sur lui-même en se redisant intérieurement « maman m’aime ». La conséquence est de prendre plus au sérieux ce rôle d’être héritier du Père, soutenue par la mère !

Pour entrer davantage dans ce mystère que nous sommes : enfants de Dieu (et nous le sommes précise st Jean), je me suis mis à réciter la prière adressée à Marie en modifiant quelque peu ce que l’on dit sur nous-mêmes : pauvres pécheurs, en le remplaçant par « tes enfants » ou encore « ses enfants » (pour évoquer le fait d’être enfants du Père).

Voici donc ce que donne cette deuxième partie de la prière du chapelet :

Sainte Marie, mère de Dieu, prie pour nous, tes enfants…

Et pour le « je vous salue Marie » suivant

Sainte Marie, mère de Dieu, prie pour nous, ses enfants…

Exprimer cette prière de cette manière c’est avant tout me remettre vraiment dans cette filiation divine et maternelle (la mère que Jésus nous a donnée) pour m’en fortifier. C’est me charger de toute cette force qui m’est donnée par cet amour indéfectible.

A la suite de l’abbé Pierre, je modifie aussi la toute dernière phrase : « maintenant et à l’heure de notre mort ». Il disait que cette vision évoquait surtout la peur de ce départ définitif, réduisait notre vie qu’à ce dernier moment ultime alors qu’avant ce moment-là il y avait toute une vie à vivre ici sur Terre.

Il remplaçait donc cette fin de prière par « maintenant et à l’heure de la rencontre ». Cette rencontre évoquant deux réalités fortes de notre foi.

Première réalité : le passage de la mort est surtout le moment où nous allons rencontrer notre Dieu face à face. Le dire ainsi c’est mettre davantage l’accent sur cette espérance immense, qui est appelée à sans cesse grandir en nous plutôt que de focaliser sur le côté tragique de notre disparition de cette Terre.

Seconde réalité évoquée dans cette formule est le fait qu’à chaque moment, à chaque rencontre faite dans mon quotidien, il y a le mystère de la présence de Dieu dans l’autre et que j’ai à y être très attentif pour déjà vivre cette rencontre divine dans chacune de mes rencontres quotidiennes.

Ces deux modifications de cette prière si populaire donnent donc ceci :

Je te salue Marie, pleine de grâce

Le Seigneur est avec toi

Tu es bénie entre toutes les femmes

Et Jésus ton enfant est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu prie pour nous tes enfants

Maintenant et à l’heure de la rencontre.

Et la suivante (lorsque nous disons le chapelet)

Je te salue Marie, pleine de grâce

Le Seigneur est avec toi

Tu es bénie entre toutes les femmes

Et Jésus ton enfant est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous ses enfants

Maintenant et à l’heure de la rencontre.

Lorsque nous regardons la structure des deux prières récitées le plus souvent, le « Notre Père » et le « Je vous salue Marie », nous constatons qu’elles sont identiques. La première partie est tournée vers celui ou celle à qui nous nous adressons pour évoquer ce qu’il y a de beau et de bon dans leur identité. La deuxième partie est tournée vers nous puisque nous leur demandons de nous aider dans notre manière de mener notre vie.

Cela me donne parfois l’impression d’un enfant qui voulant obtenir quelque chose commence par dire plein de gentilles petites choses à son père ou sa mère pour les amadouer et ainsi arriver à leur extorquer ce qui le motive surtout : avoir gain de cause !

Ces prières ont donc le risque de s’intéresser davantage à nous-mêmes qu’au Seigneur ou à Marie. Pour éviter quelque peu cela, chaque première dizaine que je dis quasi quotidiennement omet la seconde partie de ces prières pour me concentrer uniquement sur ce qui est dit de Dieu et de notre mère. Ainsi je commence la première dizaine :

Notre Père qui est aux cieux

Que ton nom soit sanctifié

Que ton règne vienne

Que ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel.

Je te salue Marie pleine de grâce

Le Seigneur est avec toi

Tu es bénie entre toutes les femmes

Et Jésus ton enfant est béni.

Cela me donne de mieux me défaire de mon petit moi et de me réjouir en contemplant la grandeur de notre Dieu et de la mère qui nous est confiée.

Je vous souhaite, dans cette pratique du chapelet, un bon cœur à cœur avec notre Père et notre mère qui désirent avoir des enfants épanouis et heureux dans leur vie.

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Le service du frère pauvre : un onzième commandement ?

Combien de commandements y-a-t-il dans l’Ancien Testament ? Dix, me direz vous ? Mais je crois qu’il y en a onze… Onze ? Peut-on vraiment trouver un onzième commandement dans le Premier Testament ?

Le service du frère pauvre : un onzième commandement ?

Combien de commandements y-a-t-il dans l’Ancien Testament ? Dix, me direz vous ? Mais je crois qu’il y en a onze… Onze ? Peut-on vraiment trouver un onzième commandement dans le Premier Testament ? Et bien, ouvrez votre Bible dans le livre du Deutéronome chapitre 15 verset 11. Que lisez-vous ?

« Et puisqu’il ne cessera pas d’y avoir des pauvres au milieu de ton pays, je te donne ce commandement : tu ouvriras ta main toute grande à ton frère, au malheureux et au pauvre que tu as dans ton pays… (Dt 15,11)

Il s’agit bien d’une ordonnance de la part du Seigneur. Elle concerne les pauvres devant être considérés comme des frères, faisant partie de la propre chair et partageant une même humanité. Le texte hébreu insiste sur une série de possessifs : « ton frère », « ton pauvre », « ton humilié, « en ta terre ». En réalité, il est important de considérer la personne pauvre comme un autre soi et non pas comme un simple étranger. Le Nouveau Testament transmet le même principe mais différemment. Jésus s’identifie au malade, au prisonnier, à l’affamé, à l’étranger… Regardez l’évangile de Matthieu : « En vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).

Demandons-nous à présent pourquoi le Dieu de la Bible fait du service du frère pauvre un commandement ? Le livre du Deutéronome ne formule pas une simple recommandation ou quelque chose d’optionnel. Il s’agit de la « loi de la rémission », d’un précepte formulé par Dieu avec une autorité incontestée à laquelle le croyant est tenu de se conformer généreusement. S’il y a une telle force dans la manière d’énoncer ce « onzième commandement », c’est parce que souvent la personne croyante peut agir comme si Dieu était indifférent au sort des petits ou comme si l’on pouvait fermer le cœur et la main à l’autre sans que cela altère la relation à Dieu. Le peuple de Dieu a souvent oublié les recommandations divines transmises par les prophètes concernant le droit et la justice envers les opprimés et les pauvres de la terre.  A maintes reprises, le Seigneur fait comprendre à travers eux que la pitié ne peut se réduire à des actes en direction de Dieu. Au contraire, il demande la miséricorde et non pas les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes (0s 6,6 ; Mt 9,13 ; 12,7). Le texte biblique va jusqu’à dire qu’une aumône donnée à quelqu’un vaut un sacrifice (Sir 35,4). Cela peut sembler choquant mais c’est bien cela qui est dit. Il a fallu du temps, beaucoup de temps et de patience à Dieu pour faire accepter qu’il en est ainsi puisque sa logique n’est pas la nôtre. On le pensait lointain, intouchable, indifférent. Or, il est le tout proche ; le sort des hommes et des femmes ne saurait lui être indifférent.

A quel moment le commandement du pauvre a-t-il été formulé ? Il est difficile voire impossible de répondre de manière exacte à cette question. Le livre du Deutéronome fait référence à l’époque de Moïse ; cependant, l’on sait que sa mise par écrit est plus tardive et comprend une longue période : entre le VIII ° et le VI° (avant Jésus-Christ), au retour de l’exil. On peut dire par contre que le commandement du pauvre apparaît comme tel au bout d’une longue histoire, après la prédication des prophètes, après la terrible expérience de l’exil au sixième siècle. Dieu est pédagogue et en temps voulu il fait connaître sa volonté à l’instant où le croyant est à même de comprendre le bien fondé d’un tel précepte. A ce propos, il est intéressant de se pencher sur un cas concret du dernier livre de la Torah au ch. 26 (Dt 26). Lorsque le croyant présente au Seigneur l’offrande des prémices des récoltes en action de grâces pour le don de la terre, le livre du Deutéronome donne une série d’indications précises : prendre les premiers fruits des récoltes, les rassembler dans un panier, se rendre au Temple, se présenter devant le prêtre… Là, dans le Temple et devant le prêtre, le fidèle doit décliner, ce que l’on peut appeler, son ADN spirituel :

Alors, devant le Seigneur ton Dieu tu prendras la parole : ‘Mon Père était un Araméen errant. Il est descendu en Egypte, où il a vécu en émigré avec le petit nombre de gens qui l’accompagnaient… Alors nous avons crié vers le Seigneur… et le Seigneur a entendu notre voix… il nous a fait arriver en ce lieu et il nous a donné ce pays… et maintenant, voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur’ (Dt 26,1-11).

En fait, le croyant ne peut jamais perdre la mémoire ni renier son ADN spirituel. Quel qu’il soit, il est aussi un errant, c’est-à-dire quelqu’un en perdition, comme la brebis perdue. Il a perdu tout appui, il a connu la fragilité, la solitude et le manque de protection. Bref, il reconnaît qu’il est un étranger, un fils d’émigré, un pauvre errant que le Seigneur a secouru et protégé. Double invitation : la première, à reconnaître que le Seigneur est bon, qu’il a été proche, qu’il n’a pas fermé ses yeux ni son cœur devant la détresse. La terre est un don et non pas une possession exclusive. La deuxième est un appel éthique. Comment est-il possible que la propre expérience de la servitude et de la pauvreté ne nous ouvre pas devant la misère de l’autre ? Comment perdre la mémoire et comment rester indifférent si le Seigneur lui-même est intervenu en notre faveur ?

Posons-nous une dernière question : est-ce que l’étranger est un pauvre concerné pas le « onzième commandement » ? Oui, sans aucun doute. En effet, il y a dans l’Ancien Testament trois catégories de pauvres que les lois religieuses protègent de manière toute particulière : l’étranger, la veuve et l’orphelin. Il s’agit des personnes les plus vulnérables, fragiles et exploitables dans la société d’alors. C’est pour cela que la législation en question les protège. A un moment donné, le prophète Isaïe se questionne pour savoir si le Seigneur exclu l’étranger de son peuple. Le même prophète affirme que non. De plus, il espère qu’un jour l’étranger connaîtra Dieu, le servira et le louera. La maison du Seigneur est « une Maison ouverte pour tous les peuples » (Is 56,3-8).

A partir de ce rapide survol de quelques passages bibliques, on peut déduire que l’homme est au cœur de Dieu. Sa divinité est au service de l’humanité. Mieux encore, l’homme, en particulier l’homme blessé, est au cœur de l’évangile. Il y est, non pas politiquement mais théologiquement, voilà toute la différence.

Quoi ! Être chrétien et voir son frère affligé, sans pleurer avec lui, sans être malade avec lui ! C’est être sans charité ; c’est être chrétien en peinture ; c’est n’avoir point d’humanité, c’est être pire que les bêtes. Une pensée de saint Vincent de Paul, Conférence sur la Charité du 30 mai 1659

Transfiguration. Homélie (dimanche, 2ème Semaine de Carême – Année C) à la chapelle saint Vincent de Paul. Maison-Mère des Lazaristes. Paris

Le voici donc le Fils de la promesse, comme le confirme la voix venue de la nuée : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi, écoutez-le ».

Transfiguration. Homélie (dimanche, 2ème Semaine de Carême – Année C) à la chapelle saint Vincent de Paul. Maison-Mère des Lazaristes. Paris

Voici que Dieu visite Abraham au cours d’une « vision », ce qui suppose que le patriarche était en prière. Vraisemblablement déversait-il devant le Seigneur son angoisse face à l’échec apparent de sa vie se terminant sans descendance. Dieu l’invite à lever les yeux : « Regarde le ciel et compte les étoiles ». La descendance sera glorieuse, mais il ne la verra pas de son vivant : elle lui est annoncée pour un lointain avenir. Dieu demande seulement à Abraham de persévérer dans une espérance confiante en dépit des épreuves. « Abraham eut foi dans le Seigneur, et le Seigneur estima qu’il était juste. »

Les apôtres aussi sont préoccupés : les foules abandonnent le Maître, qui en plus vient de leur annoncer sa mort proche ainsi que leur participation à sa Passion. Pourtant, à l’inverse d’Abraham et de Jésus, ils ne prient pas sur la montagne où ils ont suivi leur Maître : « accablés de sommeil », ils se sont endormis. La suite du récit suggère que la transfiguration eut lieu pendant la nuit, ce qui rapproche encore le récit de celui d’Abraham. Mais ce qu’ils virent en se réveillant, ce n’est pas le scintillement d’une étoile lointaine, mais « la gloire de Jésus » tout proche.

Le voici donc le Fils de la promesse, comme le confirme la voix venue de la nuée : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». La mise en parallèle des deux récits nous autorisait à penser que Dieu, sur le Thabor, aurait renouvelé l’Alliance scellée avec Abraham. Il s’apprête effectivement à le faire ; mais c’est sur une autre montagne, celle du Golgotha, que sera offert le véritable sacrifice et scellée l’Alliance nouvelle et éternelle.

Le dimanche de la Résurrection vient après celui de la Passion, comme le dimanche de la transfiguration fait suite à celui de la tentation. Jésus au désert a repoussé victorieusement la suggestion de l’Ennemi qui le poussait à se glorifier lui-même par des stratégies toutes humaines. La gloire véritable, celle qui est participation à la vie divine, ne peut qu’être reçue du Père dans un cœur filial, qui s’abandonne à son bon vouloir jusqu’au fond de l’épreuve, et même de la mort : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 46).

Tel est le chemin du Maître, tel doit être aussi celui des disciples. Nous croyons certes que « nous sommes déjà citoyens des cieux » ; mais comme il est difficile de garder les yeux fixés vers le ciel, d’où viendra « notre Sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (2ème lecture) ! Instinctivement l’inertie de la chair nous fait « tendre vers les choses de la terre » et nous mettons notre « gloire dans ce qui fait » notre « honte ».

Que le Seigneur nous préserve de nous comporter en « ennemis de la Croix du Christ » par notre refus de le suivre sur le chemin du renoncement à la vaine gloire de ce monde. Puissions-nous n’aspirer à nulle autre gloire que celle que Dieu seul peut nous donner : la participation à sa propre vie.

« Écoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié I Réponds-moi ! C’est ta face Seigneur que je cherche : ne me cache pas ta face. » (Ps 26) Révèle-moi mes complicités cachées avec l’esprit de ce monde, et donne-moi de tenir le coup dans le beau combat de l’espérance

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Actualités

Journée mondiale de prière pour les vocations

Notre vocation est donc d’aller, non en une paroisse, ni seulement en un évêché, mais par toute la terre ; et quoi faire ? Embraser les cœurs des hommes, faire ce que le Fils de Dieu a fait, lui qui est venu mettre le feu au monde afin de l’embraser de son amour…

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Le Berceau accueille des jeunes

Tous les bénévoles animateurs sont heureux de participer à la découverte de ce géant de la charité qui touche les jeunes, par son grand sens du service des plus pauvres et le fait qu’il n’est pas un religieux qui enferme dans des cases, mais qui donne le goût de la rencontre.

Le Berceau accueille des jeunes

Quels jeunes ?

Chaque année le Berceau reçoit 10.000 personnes durant l’année, et d’avril à juin, elle accueille plus de 800 jeunes. Il y a deux types de passages : ceux d’une journée de 10h à 16h, et ceux pour des sessions de 2 à 5 jours, dans le cadre d’une préparation au sacrement de confirmation ou d’une session « silence et prière » organisée par un groupe ou un mouvement.

Les passages sur une journée concernent des jeunes de 9 à 18 ans d’aumôneries scolaires d’établissements privés ou publics, et de jeunes en catéchèse dans leurs paroisses.

Ceux qui viennent pour la préparation au sacrement de confirmation viennent de secteurs paroissiaux de diocèses de la province ecclésiastique, et de plus loin (Versailles, Carcassonne, …).

Nous recevons aussi la centaine de jeunes du pélé-VTT durant la période estivale juste quelques heures, et quelques équipes d’étudiants du Raid 4L Trophy, rallye voiture de France au Maroc, sponsorisées par la SSVP.

Viennent aussi des jeunes de toute la France avec les prêtres de la Fraternité St Thomas Becket, pour des sessions d’initiation à la vie intérieure et à la prière.

Quel accueil ?

C’est une équipe animatrice de 7 personnes, 4 laïcs, une sœur et deux prêtres, qui assure ce service général d’accueil. Ils présentent ou des témoignages ou des enseignements sur les sacrements, la foi, le credo… etc…

Aux groupes qui passent, plusieurs temps sont proposés :

– la découverte du lieu avec une vidéo accompagnée d’explications sur la Famille Vincentienne ;

– puis la visite de Ranquines, la maison natale. C’est l’occasion de raconter des détails de la vie de saint Vincent, en s’appuyant sur les divers objets qui nous le rappellent : les citations des lettres de saint Vincent, le fauteuil de la famille qui le recevait dans l’internat qu’il avait fondé, et le buste du visage mortuaire,

– enfin la chapelle, où l’on porte l’attention sur la foi comme source de la vie de saint Vincent.

Les groupes reçoivent des feuillets pour noter leurs découvertes.

Après leur temps de restauration, nous leur proposons divers types de jeu pour approfondir la connaissance de St Vincent. Certains sont très mobiles, d’autres plus statiques : du jeu de l’oie aux mots croisés, en passant par l’enquête sur le vol, les traversées pour être au service des plus faibles, la richesse de la vie familiale. Chacun des jeux est constitué de 3 à 5 étapes qui comprennent ou des approches de textes bibliques, ou des lectures d’extraits de saint Vincent, et des défis sportifs (course d’obstacle, labyrinthe, etc.).

Pour chaque groupe qui va de 40 à 300 participants, nous sommes de 2 à 6 animateurs présents, suivant le nombre, pour mieux aider à un déroulement qui permette à tous de vivre ce temps dans les meilleures conditions possibles. La meilleure taille du groupe est la trentaine.

Quelles leçons ?

La rencontre de groupes s’effectue dans une grande simplicité. Le temps de présentation rapide passé pour aider chacun de trouver sa place et être (re)connu ; les adultes présents nous accompagnent, participent, encadrent à travers les différentes activités. Les objectifs définis et le cadre posé, commence un véritable partage de connaissances, de compétences et de plaisir au service de la découverte ou de l’approfondissement de Mr Vincent et de ses œuvres. A la fin de la journée, selon les groupes, le temps consacré à la visite ou aux activités, à l’expérience vécue par les uns ou les autres, le retour ou la synthèse nous renforcent dans le besoin de ces jeunes à entendre le message de Mr Vincent – criant d’actualités – et profondément à l’écoute.

Des témoignages où la parole se libère permettent un retour sur des événements intimes, un temps nécessaire de réflexion sur nos  choix de  vie.

Chaque groupe a ses attentes et chaque visite est différente, enrichissant chacun de ces rencontres multiples dans la sérénité du site.

Tous les bénévoles animateurs sont heureux de participer à la découverte de ce géant de la charité qui touche les jeunes, par son grand sens du service des plus pauvres et le fait qu’il n’est pas un religieux qui enferme dans des cases, mais qui donne le goût de la rencontre. L’évocation de la honte de son père, de ses larmes après sa visite à sa famille, touche beaucoup qui le trouvent accessible.

Certains jeunes ou animateurs vont même laisser quelques mots sur le cahier des prières de Ranquines, confiant à Saint Vincent des personnes en souffrance dans leur voisinage ou même parfois dans leurs familles.

Il nous est demandé d’être inventifs pour redonner confiance aux plus jeunes qui sont objets de railleries dès qu’ils sont reconnus comme croyants. Nous les aidons à découvrir que croire est comme goûter sa musique propre. A l’image des divers styles musicaux : rap, slam, rock, raï face auxquels nous pouvons marquer surprise, mais jamais rejet, car les styles musicaux sont tous également respectables.

Il nous faut aussi nous faire proche des plus grands, confrontés à une existence incertaine, souvent violente et vide de sens, pour leur offrir un espace et une parole vivante et dynamique, accompagnée d’un témoignage de vie heureuse et donnée au service des autres, les aidant ainsi à retrouver confiance dans leur foi hésitante et souvent fragilisée par leur environnement, et à se remettre sur la route pour, avec les autres, faire naitre le monde de demain dont ils rêvent : monde fraternel et solidaire, un monde des relations humaines épanouissantes, à l’image du royaume dont Jésus a dessiné les traits durant son existence terrestre.

L’équipe trop petite pour ce merveilleux service est preneuse de bonnes volontés pour nous aider dans ces temps d’animation, aidant à enrichir les témoignages qui pourront être portés aux jeunes. Intéressé, il faut avoir la foi, connaitre un peu Saint Vincent, aimer l’animation pour contribuer à animer ou juste accompagner ces temps. Si cela vous dit et qu’avez un peu de temps, n’hésitez pas à nous contacter, nous serons heureux de vous compter parmi les bénévoles au service des jeunes.

, Anita Briffeuil ; Elena Cruz CALVO ; Bernard MASSARINI ; Frédéric PELLEFIGUE 🔸

Il nous est demandé d’être inventifs pour redonner confiance aux plus jeunes qui sont objets de railleries dès qu’ils sont reconnus comme croyants. Nous les aidons à découvrir que croire est comme goûter sa musique propre.

Bernard Massarini
POUR DEMANDER DES INFORMATIONS OU CONNAÎTRE DAVANTAGE
VISITEZ NOTRE SITE :

www.ouvre-berceau-st-vincent.cef.fr/

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Le Berceau accueille des jeunes

Quels jeunes ?

Chaque année le Berceau reçoit 10.000 personnes durant l’année, et d’avril à juin, elle accueille plus de 800 jeunes. Il y a deux types de passages : ceux d’une journée de 10h à 16h, et ceux pour des sessions de 2 à 5 jours, dans le cadre d’une préparation au sacrement de confirmation ou d’une session « silence et prière » organisée par un groupe ou un mouvement.

Les passages sur une journée concernent des jeunes de 9 à 18 ans d’aumôneries scolaires d’établissements privés ou publics, et de jeunes en catéchèse dans leurs paroisses.

Ceux qui viennent pour la préparation au sacrement de confirmation viennent de secteurs paroissiaux de diocèses de la province ecclésiastique, et de plus loin (Versailles, Carcassonne, …).

Nous recevons aussi la centaine de jeunes du pélé-VTT durant la période estivale juste quelques heures, et quelques équipes d’étudiants du Raid 4L Trophy, rallye voiture de France au Maroc, sponsorisées par la SSVP.

Viennent aussi des jeunes de toute la France avec les prêtres de la Fraternité St Thomas Becket, pour des sessions d’initiation à la vie intérieure et à la prière.

Quel accueil ?

C’est une équipe animatrice de 7 personnes, 4 laïcs, une sœur et deux prêtres, qui assure ce service général d’accueil. Ils présentent ou des témoignages ou des enseignements sur les sacrements, la foi, le credo… etc…

Aux groupes qui passent, plusieurs temps sont proposés :

– la découverte du lieu avec une vidéo accompagnée d’explications sur la Famille Vincentienne ;

– puis la visite de Ranquines, la maison natale. C’est l’occasion de raconter des détails de la vie de saint Vincent, en s’appuyant sur les divers objets qui nous le rappellent : les citations des lettres de saint Vincent, le fauteuil de la famille qui le recevait dans l’internat qu’il avait fondé, et le buste du visage mortuaire,

– enfin la chapelle, où l’on porte l’attention sur la foi comme source de la vie de saint Vincent.

Les groupes reçoivent des feuillets pour noter leurs découvertes.

Après leur temps de restauration, nous leur proposons divers types de jeu pour approfondir la connaissance de St Vincent. Certains sont très mobiles, d’autres plus statiques : du jeu de l’oie aux mots croisés, en passant par l’enquête sur le vol, les traversées pour être au service des plus faibles, la richesse de la vie familiale. Chacun des jeux est constitué de 3 à 5 étapes qui comprennent ou des approches de textes bibliques, ou des lectures d’extraits de saint Vincent, et des défis sportifs (course d’obstacle, labyrinthe, etc.).

Pour chaque groupe qui va de 40 à 300 participants, nous sommes de 2 à 6 animateurs présents, suivant le nombre, pour mieux aider à un déroulement qui permette à tous de vivre ce temps dans les meilleures conditions possibles. La meilleure taille du groupe est la trentaine.

Quelles leçons ?

La rencontre de groupes s’effectue dans une grande simplicité. Le temps de présentation rapide passé pour aider chacun de trouver sa place et être (re)connu ; les adultes présents nous accompagnent, participent, encadrent à travers les différentes activités. Les objectifs définis et le cadre posé, commence un véritable partage de connaissances, de compétences et de plaisir au service de la découverte ou de l’approfondissement de Mr Vincent et de ses œuvres. A la fin de la journée, selon les groupes, le temps consacré à la visite ou aux activités, à l’expérience vécue par les uns ou les autres, le retour ou la synthèse nous renforcent dans le besoin de ces jeunes à entendre le message de Mr Vincent – criant d’actualités – et profondément à l’écoute.

Des témoignages où la parole se libère permettent un retour sur des événements intimes, un temps nécessaire de réflexion sur nos  choix de  vie.

Chaque groupe a ses attentes et chaque visite est différente, enrichissant chacun de ces rencontres multiples dans la sérénité du site.

Tous les bénévoles animateurs sont heureux de participer à la découverte de ce géant de la charité qui touche les jeunes, par son grand sens du service des plus pauvres et le fait qu’il n’est pas un religieux qui enferme dans des cases, mais qui donne le goût de la rencontre. L’évocation de la honte de son père, de ses larmes après sa visite à sa famille, touche beaucoup qui le trouvent accessible.

Certains jeunes ou animateurs vont même laisser quelques mots sur le cahier des prières de Ranquines, confiant à Saint Vincent des personnes en souffrance dans leur voisinage ou même parfois dans leurs familles.

Il nous est demandé d’être inventifs pour redonner confiance aux plus jeunes qui sont objets de railleries dès qu’ils sont reconnus comme croyants. Nous les aidons à découvrir que croire est comme goûter sa musique propre. A l’image des divers styles musicaux : rap, slam, rock, raï face auxquels nous pouvons marquer surprise, mais jamais rejet, car les styles musicaux sont tous également respectables.

Il nous faut aussi nous faire proche des plus grands, confrontés à une existence incertaine, souvent violente et vide de sens, pour leur offrir un espace et une parole vivante et dynamique, accompagnée d’un témoignage de vie heureuse et donnée au service des autres, les aidant ainsi à retrouver confiance dans leur foi hésitante et souvent fragilisée par leur environnement, et à se remettre sur la route pour, avec les autres, faire naitre le monde de demain dont ils rêvent : monde fraternel et solidaire, un monde des relations humaines épanouissantes, à l’image du royaume dont Jésus a dessiné les traits durant son existence terrestre.

L’équipe trop petite pour ce merveilleux service est preneuse de bonnes volontés pour nous aider dans ces temps d’animation, aidant à enrichir les témoignages qui pourront être portés aux jeunes. Intéressé, il faut avoir la foi, connaitre un peu Saint Vincent, aimer l’animation pour contribuer à animer ou juste accompagner ces temps. Si cela vous dit et qu’avez un peu de temps, n’hésitez pas à nous contacter, nous serons heureux de vous compter parmi les bénévoles au service des jeunes.

, Anita Briffeuil ; Elena Cruz CALVO ; Bernard MASSARINI ; Frédéric PELLEFIGUE 🔸

Il nous est demandé d’être inventifs pour redonner confiance aux plus jeunes qui sont objets de railleries dès qu’ils sont reconnus comme croyants. Nous les aidons à découvrir que croire est comme goûter sa musique propre.

Bernard Massarini
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www.ouvre-berceau-st-vincent.cef.fr/