La prudence et la simplicité tendent à même fin, qui est de bien parler et de rien faire dans la vue de Dieu ; et comme l’une ne peut être sans l’autre, Notre-Seigneur les a recommandées toutes deux ensemble. Je sais bien qu’on trouvera de la différence entre ces deux vertus par distinction de raisonnement ; mais, en vérité, elles ont une très grande liaison et pour leur substance et pour leur objet. Pour ce qui est de la prudence de la chair et du monde, elle a pour son but et pour sa fin la recherche des honneurs, des plaisirs et des richesses ; aussi est-elle entièrement opposée à la prudence et simplicité chrétiennes, qui nous éloignent de ces biens trompeurs pour nous faire embrasser les biens solides et perdurables, et qui sont comme deux bonnes sœurs inséparables, et tellement nécessaires pour notre avancement spirituel, que celui qui saurait s’en servir comme il faut amasserait sans doute de grands trésors de grâces et de mérites… (Saint Vincent de Paul, Coste XII, p. 51-52)