ŒUVRE DU BIENHEUREUX JEAN-GABRIEL PERBOYRE

Cette œuvre a permis des réalisations comme la construction et l’entretien de chapelles, églises, écoles, dispensaires, foyers d’accueil... ; la formation des séminaristes et des religieuses ; le soutien de projets locaux pour la promotion des pauvres surtout des femmes, des enfants, des prisonniers, etc. Enfin, l’œuvre a propagé et entretenu, grâce à une revue, la dévotion à Saint Jean-Gabriel Perboyre. Beaucoup d’œuvres, à travers le monde, portent le nom de ce saint.

PRESENTATION DU SERVICE DES MISSIONS LAZARISTES - ŒUVRE DU BIENHEUREUX JEAN-GABRIEL PERBOYRE

Introduction

Très peu de personnes, même parmi les Lazaristes, connaissent l’histoire du Service des Missions Lazaristes – Œuvre du Bienheureux Jean-Gabriel Perboyre. Et pour cause, le premier article sérieux paru à ce sujet date de 1934[1]. C’est dans cet article que j’ai puisé l’essentiel de mon propos auquel j’ajoute les changements intervenus depuis ce temps.

L’Œuvre possède deux appellations : « Œuvre du Bienheureux Perboyre » et « Service des Missions Lazaristes ». La question a été posée, à savoir s’il fallait choisir entre les deux appellations ou les ajouter l’une à l’autre, mais elle n’a pas été tranchée[2]. La plupart du temps le courrier et les chèques sont adressés au « Service des Missions » mais il vaut mieux préciser « lazaristes » pour ne pas confondre avec les « Missions étrangères ». Nous continuerons donc à appeler cette œuvre par ses deux noms, souvent accolés, même si nous en changeons le sigle qui devient : SDML-OBJGP[3] et que son saint-patron a déjà été canonisé.

Un peu d’histoire

L’œuvre des missions lazaristes existe depuis un peu plus d’un siècle et demi. « Son origine remonte à l’action d’un frère de la Mission Joseph Génin, dans les années1860. En 1894, cette œuvre reçut pour saint patron Jean Gabriel Perboyre, mort martyr en Chine, béatifié en 1889 et canonisé en 1996. Cette œuvre fut confiée ensuite aux Pères Angeli puis Baros. En 1932, le Père Verdier en faisait approuver les statuts par l’Archevêque de Paris, comme ‘’pieuse association’’. Le père Collard assura son développement, aidé du Père Tordet qui lui succédera et bien d’autres. »[4]

Evolution du but de l’œuvre :

Son but consistait d’abord à « aider les missions des Lazaristes et des Filles de la Charité » à l’étranger (Chine, Éthiopie, …), en collectant et acheminant des dons mis à leur disposition par des bienfaiteurs ou des familles en France. Aussi, le service reste à la disposition des missionnaires lazaristes Français, Italiens, Polonais, Slovènes, Malgaches, Espagnols, Vietnamiens, Libanais, Camerounais ainsi qu’à d’autres missionnaires (Camilliens, Oblats et même des diocésains) qui lui ont fait confiance.

Dès les années 90 et pendant une vingtaine d’années, à cette mission d’aide, vint s’ajouter la tâche de Secrétariat exécutif du Conseil des Missions des Provinces de France[5] (Paris, Toulouse) et de Madagascar. Depuis 2007-2008, le service ambitionne d’être un organe de « solidarité spirituelle et financière entre les missionnaires et leurs bienfaiteurs ».

Cette œuvre a permis des réalisations comme la construction et l’entretien de chapelles, églises, écoles, dispensaires, foyers d’accueil… ; la formation des séminaristes et des religieuses ; le soutien de projets locaux pour la promotion des pauvres surtout des femmes, des enfants, des prisonniers, etc. Enfin, l’œuvre a propagé et entretenu, grâce à une revue, la dévotion à Saint Jean-Gabriel Perboyre. Beaucoup d’œuvres, à travers le monde, portent le nom de ce saint.

Fonctionnement de l’œuvre :

En général, le bienfaiteur de l’œuvre est en contact direct avec le missionnaire qu’il soutient, par courrier postal ou électronique (email). L’œuvre se charge d’acheminer l’aide accordée. Il va sans dire que le Service des Missions n’a pas de registre propre des bienfaiteurs. Il ne semble même pas souhaitable de contacter directement les bienfaiteurs sauf après avoir requis l’avis des missionnaires que ces bienfaiteurs soutiennent.

Actions depuis 2011 :

Dans un premier temps nous avons contacté les missionnaires pour leur faire un état des lieux du Service et ses nouvelles orientations. Il s’agissait de :

  • Leur communiquer la mission qui a été assigné au nouveau directeur, à savoir de redynamiser l’œuvre ou, comme cela a été dit dans deux Paris Écho[6], « Il s’agit de créer des liens nouveaux » (cf. PE 6/2007) ; « développer la coopération entre les missions ad gentes et les communautés en France. » – « rechercher des voies nouvelles de collaboration et d’animation » (cf. PE 10/2007 p.3-4).
  • Leur dire que nous y avons travaillé pendant trois ans et qu’il nous a paru nécessaire de collecter des informations précises sur les relations que le confrère soutenu entretenait avec son bienfaiteur (sont-elles strictement familiales voire amicale ? peuvent-elles être situées dans un grand ensemble ?). Notre but était d’élargir leur univers du don et de la solidarité, « attirer leur attention sur d’autres possibilités » car les besoins deviennent impérieux aussi bien à l’étranger qu’en France – du fait d’une pauvreté grandissante dans toutes les couches de la population – et puis, leur montrer aussi qu’ils comptent pour nous et qu’ils peuvent compter sur notre soutien spirituel… Il y a aussi la jeunesse qui, en Occident, est sans repères spirituel, matériel, familial. Elle pourrait trouver, en fréquentant Saint Jean-Gabriel Perboyre, un reflet qui avait une vie simple et un idéal très fort (mourir pour une bonne cause).

Ensuite nous avons essayé de créer une newsletter pour, à la fois, les donateurs et les missionnaires usagers de l’œuvre des missions. Elle annoncerait les manifestations à venir : la messe du 11 de chaque mois en l’honneur de saint Jean-Gabriel Perboyre ; la vente de charité annuelle (devenue Journée de Mission-Solidarité au printemps) ; des journées d’amitié et de formation des bénévoles à la spiritualité vincentienne (étude de l’histoire de Jean-Gabriel Perboyre), la journée commémorative du martyre de saint Jean-Gabriel Perboyre à la rue du Bac (le 11 septembre), etc. A la place de la newsletter, nous n’avons pu créer qu’un site web : http://smlperboyre.org/

Sans vouloir alourdir l’animation, nous avons aussi essayé de constituer une association (équipe, groupe, amicale) des Amis de Jean-Gabriel Perboyre, composée de laïcs et de religieux qui soutiennent l’œuvre et qui tous s’en sentent acteurs à part entière. Ce dossier est toujours en chantier. Ce qui n’est pas sans poser des questions quant à l’action concrète des bénévoles et à la traçabilité de leur travail.

Nous continuons à nous structurer. Nous avons pris contact et nous ambitionnions d’organiser un pèlerinage au Puech, commune de Montgesty, à l’occasion du 220ème anniversaire de naissance de notre saint patron. Mais, il faut le reconnaître, la période covid-19 que nous venons de traverser a fortement impacté notre action. Il faudra mobiliser beaucoup d’énergie pour redynamiser ceux et celles qui veulent continuer l’aventure du soutien des missions sous le patronage de Saint Jean-Gabriel Perboyre. Que celui-ci intercède pour nous et pour les missions !

                                                                                                                                                                                                                                                                                    Père Audace MANIRAMBONA, cm

[1] Cf. Joseph COLLART, L’œuvre du Bienheureux Jean-Gabriel Perboyre, 1934 (Histoire de l’œuvre et statuts approuvés en 1932).

[2] Cf. Note de service (sans auteur), du 23 janvier 2000.

[3] Les habitués connaissent le sigle SDM-OBP qui était en usage jusque-là.

[4] Note de service (S.A.), du 23 janvier 2000.

[5] Projet provinciales 1983et Normes provinciales, Viviers, 1983, p. 47-48.

[6] Lettre de liaison de la Province lazariste de Paris.

A la découverte du Père Pierre CAUSSE

"Le mois de juin 2021, un ouvrage consacré à notre confrère Pierre Causse, décédé en 2009, a été publié par l'Association "Souvenir Pierre Causse"

A la découverte du Père Pierre CAUSSE

Au-delà des nombreux saints et bienheureux de la Famille Vincentienne, il y a des grandes figures qui ont marqué l’histoire de notre famille spirituelle et qui sont moins connues du grand publique. Et pourtant, nous avons beaucoup à apprendre de leurs activités missionnaires, de leurs vies évangéliques et de leur amour des pauvres à la suite du Christ Evangélisateur des pauvres. Le Père Pierre Causse fut l’un de ces missionnaires infatigables dont l’exemple peut inspirer la postérité.

Le mois de juin 2021, « un ouvrage consacré à notre confrère Pierre Causse, décédé en 2009, a été publié par l’Association « Souvenir Pierre Causse »

C’est un recueil de textes et de témoignages, qui se présente en quatre chapitres :

– I : Connaître le père Pierre Causse

– II : Les homélies

– III : Les discours

– IV : Les chansons et articles

Il est possible de commander cet ouvrage directement à : Souvenir Pierre Causse« 

Rauzier André

20 place de la petite Camargue

34400 LUNEL

Il suffit de joindre un chèque de 20 euros (15 + 5 pour l’expédition)

C’est le 20 juin dernier qu’a été célébrée la messe anniversaire du centenaire de sa naissance à Prime-Combe, en présence du Vicaire général d’Aix Michel Desplanches et Eric Saint Sevin.

La CEVIM au service des sans-abris

En 1994 le Père Maloney, supérieur général, souhaitait voir la Congrégation de la Mission rejoindre L’ONU pour y porter la voix des pauvres. C’est en 1998 qu’elle postulera et sera reconnue.

La CEVIM au service des sans-abris

En 1994 le Père Maloney, supérieur général, souhaitait voir la Congrégation de la Mission rejoindre L’ONU pour y porter la voix des pauvres. C’est en 1998 qu’elle postulera et sera reconnue.

De mon côté, en 2002, étant rentré d’Amérique du Sud et ayant entendu que les Équipes Saint Vincent sont présentes au Conseil de l’Europe, je vais rejoindre la représentante des Équipes une année durant à Strasbourg. La déléguée des ESV était devenue la présidente de la commission grande pauvreté du Parlement où des associations (parmi lesquelles une cinquantaine d’associations et congrégations chrétiennes) font entendre la voix des chrétiens associés à d’autres associations protestantes et juives.

Lors de la session, l’équipière, amie de la Secrétaire du Conseil des Ministères du Conseil de l’Europe, me demande de rédiger une lettre pour postuler un siège. Je vais donc collecter ce que développent les provinces de la CEVIM au niveau social, des migrants, des sans-abris et de l’éducation interreligieuse. La secrétaire du conseil des ministres, heureuse de ce qu’elle apprend, dit qu’elle soutiendra notre candidature si nous la déposons. Cela aura pour conséquences de faire que la CEVIM ait sa rencontre en Slovénie pour écouter la déléguée des ESV en vue de réfléchir à la nomination d’un confère à ce service, soit 16 jours par an de présence à Strasbourg, mais il a été décidé de ne pas donner suite.

À l’O.N.U. l’équipe des vincentiens est composée des AIC (Équipes Saint Vincent) Filles de la Charité, Congrégation de la Mission, Société Saint Vincent de Paul et Fédération des Sœurs de la Charité américaines ; cette équipe porte la voix des plus fragiles au sein de cet aéropage.

Le Père Grégory GAY, ancien Supérieur Général, va prolonger ce service en chargeant ce confrère de créer un réseau VIN-JPIC Vincentiens-Justice, Paix Intégrité (ou Sauvegarde de la Création). Les visiteurs sollicités nommeront des délégués. Pour la CEVIM, 10 des 11 provinces choisiront un répondant. Le réseau VIN-JPIC est né. Ayant une ample connaissance des divers services que nous faisons comme CEVIM, notre représentant à l’ONU, le père CAMPUZANO, me demandera de l’aider, sollicitant pour cela le père Ziad HADDAD, visiteur du Liban, alors président de la CEVIM, pour qu’il me nomme correspondant continental.

C’est en avril 2021, que notre nouveau représentant de la Congrégation : Jim CLAFFEY a proposé aux délégués provinciaux VIN-JPIC une rencontre pour démarrer le travail, moi présent comme coordinateur continental. Comme nous n’étions que 4 présents sur les 10 représentants nommés, Jim CLAFFEY a proposé que nous centrions notre collecte d’informations sur nos activités comme CEVIM avec les Sans-Abris. Après avoir patiemment été à la pêche à l’information, je viens vous livrer la richesse de ce que 6 des provinces de la CEVIM : Espagne, France, Irlande, Italie, Liban et Slovénie, font au service des sans-abris. Je vous propose un panorama de nos diverses actions.

En France

2 types de présence sur le territoire : le collectif pour la mort des errants MSMA (Marseille Solidaire de la Mort des Errants) qui l’an dernier a accompagné 14 personnes mortes dans l’abandon, car le collectif ne se charge plus seulement des sans-abris, mais des personnes sans descendants, sans famille ou proches au moment de la mort.

L’ancienne maison des lazaristes : “Tour Sainte” dénommée aujourd’hui « le Mascaret » un hébergement temporaire pour des sans-abris ayant vécu à la rue de longues années, qui a été confiée à une association Habitat Alternatif Social (H.A.S). Sont accueillis 8 sans-abris, plus 55 et 70 (moyenne d’âge 66 ans) qui viennent réapprendre la vie en collectivité pour se préparer à rejoindre l’EHPAD ou un logement, en bénéficiant d’un accompagnement. Ils demeurent quatre ans environ sur place avant de vivre leur nouvelle étape.

Et un service en Grèce

À Thessalonique les confrères accompagnent les sœurs de Mère Térésa pour distribuer nourriture et produits d’entretien à environ 300 personnes parmi lesquelles de nombreux migrants. Parfois ils peuvent offrir des légumes récupérés du supermarché qui les leur cède.

Ils ont en projet l’achat d’une maison pour aider les personnes à avoir des douches, des vêtements et des boissons chaudes.

En Espagne

A Anujar (Jaen) un centre d’accueil de 14 places avec chambres simples, doubles et triples et une pour personne handicapée. Il y a des w.c. douches, machine à laver le linge et tout est fait pour permettre l’expression paisible des usagers. Sont réalisés des ateliers les invitant à participer à la vie du lieu.

Salamanque le projet Ranquines d’accueil de jour pour personnes ayant troubles mentaux. 40 accueils simultanés possibles. Il y a repas, douche, lingerie et des services d’aide spécifiques pour les aider à conserver la meilleure autonomie possible

Valladolid, le Projet de la Médaille Miraculeuse, dans les locaux d’une paroisse vincentienne, projet pour 30 personnes ayant des troubles mentaux dus à l’expérience de la rue. Une consigne, le petit-déjeuner, la douche, le lavage du linge, le coiffeur et le podologue.

L’objectif de ce service est de faire que toutes ces personnes retrouvent l’autonomie qui les caractérisait avant qu’ils n’entrent dans leurs troubles.

En Irlande

La paroisse tenue par les confrères met l’église à la disposition des sans-abris toute la journée pour 5 à 10 personnes en même temps. Ceux-ci recherchent des solutions d’hébergements temporaires pour les plus stables. 2 d’entre eux sont accueillis dans la maison des confrères. Quelques hébergements temporaires sont fournis par les personnels sociaux de la municipalité pour le suivi des personnes.  

Italie

A Catane Sardaigne « l’Auberge du Samaritain » qui peut loger 30 personnes sans-abris pour 24 h. Il y a aussi un dortoir pour hommes, une nuit seulement de capacité de 20 places.

A Côme avec la Société Saint Vincent de Paul distribution de repas aux sans-abris.

A Rome au Léonien avec les Dames de la Charité une fois par semaine : douche, petit-déjeuner et service d’écoute pour les sans-abris ainsi que pour des personnes victimes de violences familiales et d’addiction.

Au Liban

Sous les ponts de Beyrouth et jusque dans les camps de fortune distribution de nourritures ; près de 300 personnes en bénéficient. Parfois distribution de matelas ou de sac de couchage pour éviter que les personnes dorment sur le sol.

Slovénie

L’association des « Bénévoles de Saint Vincent de Paul», est devenue association à caractère humanitaire, conduite par 2 confrères. Depuis 2006 a été ouvert un Centre de jour pour sans-abris, avec services d’hygiène. Le centre est annuellement visité par environ 800 personnes. L’association compte 14 permanents et 200 bénévoles. Ce service se couple avec des activités visant à la réintégration des usagers. Certaines possibilités d’hébergements sont aussi offertes. Il y a des ateliers créatifs de jeux partagés. Sont aussi disponibles gâteaux, nourritures, légumes et l’on prend soin de préparer de bons aliments. Les après-midis sont réservés aux douches, soins personnels et lavage du linge. Les soupers sont préparés en commun et la télévision est regardée ensemble, le sport des championnats, les vendredis des films sont projetés. Ceci recrée pour tous un espace de communication sain.

Le foyer pour sans-abris de 7 lits, où on leur apprend à gérer ce nouvel espace. Certains grâce à cela retrouve le goût de reprendre une vie stable.

Les maraudes sur Ljubjana pour ceux qui ne viennent pas au centre. Ceux-ci sont visités aussi à l’hôpital ou à la prison. Distribution de nourriture dans la ville de Nova Gorica du lundi au vendredi avec l’essai de résoudre les difficultés qu’ils rencontrent. Ils sont aussi parfois conduits d’une ville à une autre plus proche.

On essaie de leur redonner une certaine autonomie, ils peuvent ainsi ne plus avoir besoin des services de secours. Certains se voient proposer des logements partagés ce qui les stabilise et leur donne de nouveau la chance d’équilibres retrouvés.  

On réfléchit à des actions partagées : visites, piscine et autres activités qu’ils auraient du mal à pratiquer seul. Nous le voyons, autant de projets dans lesquels les Confrères se sont investis pour aider leurs semblables sans-abris.

Vincentiens continuons à inventer pour continuer ce souffle que Saint Vincent nous a laissé !

De belles années données à la Mission en France

Je suis Guillaume LEUKEUMO. Le Cameroun est mon pays d’origine. J’appartiens à la vice-province du Cameroun de la Congrégation de la Mission dites des lazaristes, ordonné prêtre il y a 18 ans.

De belles années données à la Mission en France

Je suis Guillaume LEUKEUMO. Le Cameroun est mon pays d’origine. J’appartiens à la vice-province du Cameroun de la Congrégation de la Mission dites des lazaristes, ordonné prêtre il y a 18 ans.

Appelé à une nouvelle mission, au service de la formation au Séminaire théologique vincentien international d’Enugu-Nigéria, le service de la communication de la province de France m’a demandé de donner un témoignage de ma mission en France. Que vais-je dire ? Rien n’a été accompli qui mérite d’être raconté. Je vais partager avec vous la mission ordinaire.

Ce sont huit belles années données aux paroissiens des Villepinte et au diocèse de Saint-Denis-en-France. Le temps est passé si vite. J’en suis étonné. Après six années données au service de la Région du Cameroun et Centrafrique comme supérieur régional, je suis arrivé en France, le 08 septembre 2013.

Je suis venu en France initialement pour faire des études en théologie et éventuellement donner un coup de main à la pastorale. A ma grande surprise, dès mon arrivée, il m’a été confié la charge curiale des paroisses multiculturelles de Villepinte :  Notre Dame de l’assomption et Saint Vincent de Paul. J’ai accepté par obéissance. J’ai eu du mal à ne pas me décourager à l’idée d’être nommé à une responsabilité importante alors que je croyais que ma priorité était les études et de surcroit nouvellement arrivé en France. La France est différente du Cameroun d’où je viens aussi bien sur le plan culturel que pastoral.

Au début, deux attitudes m’ont choqué.  D’une part, l’accueil que j’avais trouvé un peu glacial lors de la première rencontre de présentation de la nouvelle équipe des prêtres. Je me rappelle ces mots d’un membre de l’Equipe Pastorale : « Ici nous fonctionnons comme-ci… » Je me suis senti un peu « étranger ». Je comprendrai plus tard. Ayant toujours eu un très petit nombre de prêtres, cette équipe a toujours pris en charge la paroisse. D’autre part, le fait que certains fidèles quittent la célébration Eucharistique du dimanche au bout d’une heure, la caractérisant de longue. Au Cameroun, elle dure au moins deux heures. Bien sûr que ces attitudes ne m’ont pas découragé. La langue française, un acquis, a été un élément important. Elle a facilité l’accueil et l’intégration. La phrase de saint Paul m’avait réconforté quand à cette intégration : « vous n’êtes plus des étrangers (…) vous êtes de la famille de Dieu » (Ep. 2, 20). Au fils de ces années, j’ai tissé des liens amicaux solides. La devise « ma paroisse, c’est ma famille » est devenu réalité.

Il faut le dire cette nouvelle page de ma vie de missionnaire n’était pas facile. En effet, ce n’est pas simple de reprendre des études et le travail pastoral après six années d’interruptions. Curé et étudiant, il fallait tenir ensemble la pastorale et les études en vue d’un Master à l’ISTR-Institut de Science et de Théologie des Religions, spécialité dialogue interreligieux et missiologie, à l’Institut Catholique de Paris.  Mon sujet de Master portait sur l’articulation dialogue et mission. En effet, cette articulation reste sujette à questionnement d’autant qu’elle se prête à différentes interprétations surtout lorsqu’il s’agit du dialogue interreligieux en relation avec la mission.

La lettre de Mission par Mgr Pascal DELANNOY, évêque de Saint-Denis -en-France, a clairement établie la feuille de route de la pastorale. Cette lettre comportait trois axes :

-Aider l’Equipe Pastorale à porter solidairement la responsabilité de la vie de l’Église dans le secteur de Villepinte.

– Développer un vrai dialogue entre les croyants des différentes religions, pour la présence de l’Église aux réalités de la vie locale.

-Veiller à l’appel, au soutien et au ressourcement spirituel des acteurs pastoraux dont notre Église a besoin pour remplir sa mission.

Guidé par l’Esprit saint et le travail en équipe des confrères, en collaboration avec les laïcs, prenant le temps et surtout gardant l’espérance du salut en Dieu seul, nous nous sommes engagés à l’annonce l’Evangile.  Nous avons essayé, autant que faire se peut, de semer dans les cœurs des fidèles de Villepinte l’amour du Christ et la conviction d’appartenir à la famille de Dieu et à une paroisse : « ma paroisse, c’est ma famille ». Tout cela est don de Dieu.

Les études et la lettre de mission ont enrichi ma pratique pastorale surtout sur le plan du dialogue interreligieux.  Le dialogue interreligieux étant avant tout un vivre ensemble, une rencontre des personnes dans le partage de ce qui les fait vivre. Je me réjouis des grands moments de rencontre et de partage entre juifs, chrétiens, musulmans, Bouddhistes de Villepinte autour de l’«Iftar ensemble », « Hanouca ensemble » et « Noël ensemble ».

 Une Coordination Interreligieuse des Villes (CIVIL) est en train de naître, fruit de ces moments de rencontre et de partage. CIVIL veut unir les expériences des uns et des autres de l’interreligieux pour contribuer avec humilité à proposer des solutions et des outils pour préparer et permettre des liens fraternels solides.

J’ai appris beaucoup en allant frapper aux portes des chrétiens pratiquants, non pratiquants et d’autres croyants, des personnes âgées et seules, pour un temps de convivialité. Il s’agissait pour moi de faire corps avec la population locale, de vivre simplement avec les gens, partager les joies et les peines et témoigner ainsi de la charité en Dieu. Comme dit saint Vincent, « rendre effectif l’Évangile ».

J’ai découvert la place importante des laïcs qui travaillent à faire tourner la paroisse. En appréciant ce travail, je souligne le danger d’un cléricalisme laïc s’il n’y a pas une préparation, formation solide et un rappel à un travail en collaboration.

Membre de la communauté intert-culturelle et de diverses provinces de Villepinte depuis 2013, date de son installation dans cette ville, je suis heureux d’y avoir vécu. C’est une communauté priante et conviviale, accueillante et où l’ambiance est très fraternelle sans conflits majeurs, plein d’humour, une communauté où les uns et les autres sont au service de tous. Merci à chacun de vous, chers confrères pour ce temps de grâce. J’espère avoir apporté ma petite pierre.

En écrivant ces quelques mots, je voudrai adresser un immense merci à mes supérieurs du Cameroun et de la France pour leurs encouragements. Je pense à vous tous chers confrères lazaristes de France pour vos soutiens multiformes, à vous chers paroissiens de Villepinte, de Tremblay et chers prêtres de Saint- Denis pour vos amitiés sincères et relations solides. 

C’est une grâce d’avoir vécu cette magnifique expérience missionnaire en France ces huit années. Le « Faire davantage » de saint Vincent dans le film « Monsieur Vincent » m’interpelle en accueillant ma nouvelle mission. Je suis un peu triste de quitter Villepinte que j’aime, de quitter la France « terre de mission ».  Je me laisse réconforter par ce proverbe soufi : « Quand le cœur pleure ce qu’il a perdu, l’esprit rit sur ce qu’il a trouvé ».   Communion de prière !

Pentecôte – B (Jean 20,19-23). » OUVERTS À L’ESPRIT »

Ils ne parlent pas beaucoup. Ils ne se font pas remarquer. Leur présence est modeste et discrète, mais ils sont le «sel de la terre». Tant qu’il y aura dans le monde des femmes et des hommes attentifs à l’Esprit de Dieu, il sera possible d’espérer encore. Ils sont le plus beau cadeau pour une Église menacée par la médiocrité spirituelle.

Pentecôte – B (Jean 20,19-23). » OUVERTS À L’ESPRIT »

Ils ne parlent pas beaucoup. Ils ne se font pas remarquer. Leur présence est modeste et discrète, mais ils sont le «sel de la terre». Tant qu’il y aura dans le monde des femmes et des hommes attentifs à l’Esprit de Dieu, il sera possible d’espérer encore. Ils sont le plus beau cadeau pour une Église menacée par la médiocrité spirituelle.

Leur influence ne vient pas de ce qu’ils font ou de ce qu’ils disent ou écrivent, mais d’une réalité plus profonde. On les trouve retirés dans les monastères ou cachés au milieu des gens. Ils ne se distinguent pas par leur activité et pourtant ils rayonnent une énergie intérieure partout où ils se trouvent.

Ils ne vivent pas d’apparences. Leur vie jaillit du plus profond de leur être. Ils vivent en harmonie avec eux-mêmes, attentifs à faire coïncider leur existence avec l’appel de l’Esprit qui les habite. Sans s’en rendre compte eux-mêmes, ils sont le reflet du Mystère de Dieu sur terre.

Ils ont des défauts et des limites. Ils ne sont pas immunisés contre le péché. Mais ils ne se laissent pas absorber par les problèmes et les conflits de la vie. Ils retournent sans cesse au plus profond de leur être. Ils s’efforcent de vivre en présence de Dieu. Celui-ci est le coeur et la source qui unifie leurs désirs, leurs paroles et leurs décisions.

Il suffit d’entrer en contact avec eux pour prendre conscience de la dispersion et de l’agitation qui règnent au dedans de nous. Auprès d’eux, il est facile de percevoir le manque d’unité intérieure, le vide et la superficialité de nos vies. Ils nous font découvrir des dimensions que nous ignorons.

Ces hommes et ces femmes ouverts à l’Esprit sont une source de lumière et de vie. Leur influence est cachée et mystérieuse. Ils établissent avec les autres une relation qui est née de Dieu. Ils vivent en communion avec des personnes qu’ils n’ont jamais vues. Ils aiment avec tendresse et compassion des personnes qu’ils ne connaissent pas. Dieu les fait vivre en union profonde avec toute la création.

Au milieu d’une société matérialiste et superficielle, qui disqualifie et maltraite tant les valeurs de l’esprit, je veux évoquer ces hommes et ces femmes «spirituels». Ils nous rappellent la plus grande aspiration du coeur humain et la Source ultime où toute soif est étanchée.

José Antonio Pagola
Traducteur: Carlos Orduna