Je suis Guillaume LEUKEUMO. Le Cameroun est mon pays d’origine. J’appartiens à la vice-province du Cameroun de la Congrégation de la Mission dites des lazaristes, ordonné prêtre il y a 18 ans.

De belles années données à la Mission en France

Je suis Guillaume LEUKEUMO. Le Cameroun est mon pays d’origine. J’appartiens à la vice-province du Cameroun de la Congrégation de la Mission dites des lazaristes, ordonné prêtre il y a 18 ans.

Appelé à une nouvelle mission, au service de la formation au Séminaire théologique vincentien international d’Enugu-Nigéria, le service de la communication de la province de France m’a demandé de donner un témoignage de ma mission en France. Que vais-je dire ? Rien n’a été accompli qui mérite d’être raconté. Je vais partager avec vous la mission ordinaire.

Ce sont huit belles années données aux paroissiens des Villepinte et au diocèse de Saint-Denis-en-France. Le temps est passé si vite. J’en suis étonné. Après six années données au service de la Région du Cameroun et Centrafrique comme supérieur régional, je suis arrivé en France, le 08 septembre 2013.

Je suis venu en France initialement pour faire des études en théologie et éventuellement donner un coup de main à la pastorale. A ma grande surprise, dès mon arrivée, il m’a été confié la charge curiale des paroisses multiculturelles de Villepinte :  Notre Dame de l’assomption et Saint Vincent de Paul. J’ai accepté par obéissance. J’ai eu du mal à ne pas me décourager à l’idée d’être nommé à une responsabilité importante alors que je croyais que ma priorité était les études et de surcroit nouvellement arrivé en France. La France est différente du Cameroun d’où je viens aussi bien sur le plan culturel que pastoral.

Au début, deux attitudes m’ont choqué.  D’une part, l’accueil que j’avais trouvé un peu glacial lors de la première rencontre de présentation de la nouvelle équipe des prêtres. Je me rappelle ces mots d’un membre de l’Equipe Pastorale : « Ici nous fonctionnons comme-ci… » Je me suis senti un peu « étranger ». Je comprendrai plus tard. Ayant toujours eu un très petit nombre de prêtres, cette équipe a toujours pris en charge la paroisse. D’autre part, le fait que certains fidèles quittent la célébration Eucharistique du dimanche au bout d’une heure, la caractérisant de longue. Au Cameroun, elle dure au moins deux heures. Bien sûr que ces attitudes ne m’ont pas découragé. La langue française, un acquis, a été un élément important. Elle a facilité l’accueil et l’intégration. La phrase de saint Paul m’avait réconforté quand à cette intégration : « vous n’êtes plus des étrangers (…) vous êtes de la famille de Dieu » (Ep. 2, 20). Au fils de ces années, j’ai tissé des liens amicaux solides. La devise « ma paroisse, c’est ma famille » est devenu réalité.

Il faut le dire cette nouvelle page de ma vie de missionnaire n’était pas facile. En effet, ce n’est pas simple de reprendre des études et le travail pastoral après six années d’interruptions. Curé et étudiant, il fallait tenir ensemble la pastorale et les études en vue d’un Master à l’ISTR-Institut de Science et de Théologie des Religions, spécialité dialogue interreligieux et missiologie, à l’Institut Catholique de Paris.  Mon sujet de Master portait sur l’articulation dialogue et mission. En effet, cette articulation reste sujette à questionnement d’autant qu’elle se prête à différentes interprétations surtout lorsqu’il s’agit du dialogue interreligieux en relation avec la mission.

La lettre de Mission par Mgr Pascal DELANNOY, évêque de Saint-Denis -en-France, a clairement établie la feuille de route de la pastorale. Cette lettre comportait trois axes :

-Aider l’Equipe Pastorale à porter solidairement la responsabilité de la vie de l’Église dans le secteur de Villepinte.

– Développer un vrai dialogue entre les croyants des différentes religions, pour la présence de l’Église aux réalités de la vie locale.

-Veiller à l’appel, au soutien et au ressourcement spirituel des acteurs pastoraux dont notre Église a besoin pour remplir sa mission.

Guidé par l’Esprit saint et le travail en équipe des confrères, en collaboration avec les laïcs, prenant le temps et surtout gardant l’espérance du salut en Dieu seul, nous nous sommes engagés à l’annonce l’Evangile.  Nous avons essayé, autant que faire se peut, de semer dans les cœurs des fidèles de Villepinte l’amour du Christ et la conviction d’appartenir à la famille de Dieu et à une paroisse : « ma paroisse, c’est ma famille ». Tout cela est don de Dieu.

Les études et la lettre de mission ont enrichi ma pratique pastorale surtout sur le plan du dialogue interreligieux.  Le dialogue interreligieux étant avant tout un vivre ensemble, une rencontre des personnes dans le partage de ce qui les fait vivre. Je me réjouis des grands moments de rencontre et de partage entre juifs, chrétiens, musulmans, Bouddhistes de Villepinte autour de l’«Iftar ensemble », « Hanouca ensemble » et « Noël ensemble ».

 Une Coordination Interreligieuse des Villes (CIVIL) est en train de naître, fruit de ces moments de rencontre et de partage. CIVIL veut unir les expériences des uns et des autres de l’interreligieux pour contribuer avec humilité à proposer des solutions et des outils pour préparer et permettre des liens fraternels solides.

J’ai appris beaucoup en allant frapper aux portes des chrétiens pratiquants, non pratiquants et d’autres croyants, des personnes âgées et seules, pour un temps de convivialité. Il s’agissait pour moi de faire corps avec la population locale, de vivre simplement avec les gens, partager les joies et les peines et témoigner ainsi de la charité en Dieu. Comme dit saint Vincent, « rendre effectif l’Évangile ».

J’ai découvert la place importante des laïcs qui travaillent à faire tourner la paroisse. En appréciant ce travail, je souligne le danger d’un cléricalisme laïc s’il n’y a pas une préparation, formation solide et un rappel à un travail en collaboration.

Membre de la communauté intert-culturelle et de diverses provinces de Villepinte depuis 2013, date de son installation dans cette ville, je suis heureux d’y avoir vécu. C’est une communauté priante et conviviale, accueillante et où l’ambiance est très fraternelle sans conflits majeurs, plein d’humour, une communauté où les uns et les autres sont au service de tous. Merci à chacun de vous, chers confrères pour ce temps de grâce. J’espère avoir apporté ma petite pierre.

En écrivant ces quelques mots, je voudrai adresser un immense merci à mes supérieurs du Cameroun et de la France pour leurs encouragements. Je pense à vous tous chers confrères lazaristes de France pour vos soutiens multiformes, à vous chers paroissiens de Villepinte, de Tremblay et chers prêtres de Saint- Denis pour vos amitiés sincères et relations solides. 

C’est une grâce d’avoir vécu cette magnifique expérience missionnaire en France ces huit années. Le « Faire davantage » de saint Vincent dans le film « Monsieur Vincent » m’interpelle en accueillant ma nouvelle mission. Je suis un peu triste de quitter Villepinte que j’aime, de quitter la France « terre de mission ».  Je me laisse réconforter par ce proverbe soufi : « Quand le cœur pleure ce qu’il a perdu, l’esprit rit sur ce qu’il a trouvé ».   Communion de prière !