Cahier Vincentien No 114: LE SILENCE
Hors l’ambiance qu’il crée et exige, le silence produit des relations de choix entre ceux qui recherchent un tel support. Il favorise la croissance de l’homme nouveau et permet une interdépendance de qualité.
Cahier Vincentien No 114: LE SILENCE
EDITORIAL
Ce silence qui nous fait du bien !
Il s’agit de ce silence qui apaise notre environnement et notre esprit. Il dispose à l’écoute. Il offre l’espace approprié pour penser et prier. C’est de ce silence dont parle le livre de l’Apocalypse : « Quand il ouvrit le septième sceau, il y eut dans le ciel un silence d’environ une demi-heure. » (Apocalypse 8,1)
St Vincent aussi a parlé de ce silence à ses confrères en ces termes: « Tout va bien en la maison ou communauté où le silence est bien observé, comme, au contraire, dans une communauté qui ne garde point le silence, on peut dire que tout va mal. » XII,284
Ce Silence qui nous fait du bien peut être un des moyens pour nous aider à penser, prier et agir pour le Bien commun, comme nous y invitait notre Fiche 113 sur le Bien commun. Dans une société où le niveau de bruit a atteint des niveaux élevés, il est nécessaire de redécouvrir les bienfaits du silence dont on dit qu’il est d’or en comparaison de nos tumultes.
C’est pourquoi cette Fiche 114 nous propose l’éloge du silence que font nos Fondateurs. Convaincu que le silence dispose à une meilleure relation avec le Créateur, St Vincent dit aux Filles de la Charité : « Le silence…sert pour parler à Dieu ; c’est dans le silence qu’il communique ses grâces ; il ne nous parle point hors du silence ; car les paroles de Dieu ne se mêlent point avec les paroles et le tumulte des hommes » X,95.
Le silence a le pouvoir de nous mettre en bonne relation avec Dieu. Il peut être ressenti comme un silence imposé, par exemple pour des personnes atteintes de surdité. Certaines personnes, comme les contemplatifs(ves) dans les monastères, quant à elles, choisissent le silence parce qu’il nourrit leur vie. Nous vous partageons deux témoignages sur ces silences. Dans tous les cas, il est salutaire de savoir faire silence pour « Ne point se laisser aller aux caquets, médisances et plaintes » (Ste Louise) qui nous empêcheraient d’écouter Dieu et de le servir.
Retrouvez l’intégralité de ce Cahier Vincentien dans le fichier PDF ci-dessous joint
Homélie: Fête de l’institution de la Congrégation de la Mission
Seul ou même en groupe, mais d’Eglise, Jésus nous met en relation les uns avec les autres, pour que nous recevions la Bonne Nouvelle de Dieu, que nous la partagions et qu’ensemble nous la répandions dans le monde selon ce que nous en vivons réellement.
Homélie: Fête de l’institution de la Congrégation de la Mission

Frédéric Pellefigue

25 janvier 2023
Avec la fête de la conversion de st Paul, l’Eglise fait mémoire du parcours de cet apôtre de Jésus. Il a reçu une vocation exceptionnelle, comme nous pouvons le voir en considérant l’histoire de l’Eglise. Pour autant, nous avons entendu avec l’Evangile que d’autres ont aussi été envoyés par le Seigneur, dans le monde entier. Le Pape François, suivant la tradition de l’Eglise, insiste pour faire entendre à tous les fidèles catholiques que nous sommes tous impliqués dans cet envoi. Le Pape rappelle régulièrement que, parce que nous avons été touchés par Jésus, parce que nous avons eu le bonheur de le rencontrer, nous sommes portés à le faire connaitre aux autres. Dans l’Exhortation Apostolique La joie de l’Evangile, le Pape affirme : « la première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus. Mais quel est cet amour qui ne ressent pas la nécessité de parler de l’être aimé, de le montrer, de le faire connaître ? Si nous ne ressentons pas l’intense désir de le communiquer, il est nécessaire de prendre le temps de lui demander dans la prière qu’il vienne nous séduire ». C’est ce que je vous propose de renouveler aujourd’hui, par l’intercession de st Paul. Aidons-nous de son expérience pour vivre la nôtre.
Nous pouvons repérer, premièrement, que dans le récit des Actes des Apôtres, Paul de Tarse se présente animé d’une ardeur jalouse pour Dieu, et dans cet élan, il part à Damas, raconte-t-il, avec le devoir de ramener à Jérusalem ceux qui suivent le chemin du Seigneur Jésus, pour qu’ils subissent leur châtiment. Nous connaissons déjà l’événement où Paul se retrouve enveloppé d’une grande lumière céleste et interpelé par Jésus. Après l’avoir identifié, il l’interroge : « que dois-je faire, Seigneur ? ». En portant attention à son interrogation, nous pouvons comprendre que c’est là que s’opère sa conversion. Parti ardemment avec le devoir de persécuter les disciples de Jésus, il ose le remettre en question dans sa rencontre avec le Ressuscité : « que dois-je faire ? ». Nous pouvons reprendre pour nous cette interrogation dans notre dialogue avec Jésus. « Que dois-je faire ? » … Nous pouvons être nous-mêmes animés d’une ardeur pour Dieu, mais est-elle ajustée ? Comment est-elle en communion avec ce que Jésus nous fait connaître de Dieu ? Profitons de cette fête pour nous rajuster davantage. Si jamais nous n’avons pas d’ardeur pour Dieu, laissons-nous alors d’autant plus interpeler par Jésus. Il n’aime pas ce qui est tiède.
Remarquons, deuxièmement, qu’à la question de Paul « que dois-je faire ? », Jésus ne lui donne pas une réponse toute faite. Il l’invite à aller, en s’en remettant à d’autres : d’abord à ses compagnons, qui vont le mener aveugle jusqu’à Damas ; puis à Ananie, qui vient à sa rencontre tandis qu’il ne le connaît pas encore. Alors qu’il était un homme déterminé dans son action, Paul va apprendre à s’en remettre à d’autres, à faire confiance à ce que Jésus lui propose et à ce que les autres vont lui dire. Il se laisse donc entrainer par Jésus à abandonner ses seuls points de vue – il passe par une cécité – pour mieux recevoir la révélation de Dieu et son appel à le servir, avec l’aide des autres. Nous-mêmes, appelés à participer à l’évangélisation, pouvons faire cette expérience du dessaisissement de nos seuls points de vue. Seul ou même en groupe, mais d’Eglise, Jésus nous met en relation les uns avec les autres, pour que nous recevions la Bonne Nouvelle de Dieu, que nous la partagions et qu’ensemble nous la répandions dans le monde selon ce que nous en vivons réellement. Comme st Paul, saisis dans notre ardeur à faire connaître Dieu, continuons d’apprendre à vivre l’évangélisation dans la confiance en l’autre et dans une recherche partagée de l’accomplissement de la volonté de Dieu.
Enfin, troisièmement, nous pouvons repérer que Paul est appelé aussi à dépasser sa première cible du peuple d’Israël et à devenir le témoin du Christ devant tous les hommes. Avec Jésus, la promesse de Dieu s’offre à tous. Cette dimension universelle va devenir la marque de l’apostolat de Paul, et il va s’y consacrer avec force et conviction, tout en cherchant l’adhésion des autres frères juifs à cette nouveauté radicale. Le Pape François ne cesse pas de rappeler cette dimension universelle de l’évangélisation, exigeante, et fidèle à l’amour de Dieu qui n’exclut personne. Jésus Ressuscité envoie même ses apôtres annoncer l’Evangile à toute la création. Même si nous ne partons pas tous dans le monde, nous pouvons chercher à vivre ce partage de la Bonne Nouvelle de Dieu sans limite, au hasard de nos rencontres quotidiennes, dans le fil ordinaire de chaque journée où nous entrons en contact avec les uns et les autres, en famille, en communauté, au travail, dans la rue, dans toutes nos relations avec le vivant où Dieu lui-même se fait présent.
C’est dans ce même mouvement apostolique que st Vincent de Paul s’est laissé entrainer, par les événements, par les rencontres avec Madame de Gondi, avec le pauvre pénitent, avec le peuple de Folleville répondant à l’appel à la confession générale, avec les autres prêtres venus apporter leur concours. Demandons à Dieu, par l’intercession de notre saint fondateur, que nous sachions nous convertir à l’évangélisation qu’il veut, nous laissant nous rajuster dans notre zèle ; nous laissant appeler à la confiance et à la collaboration ; et nous laissant envoyer à tous, notamment à ceux qui n’ont pas reçu la lumière du Christ. Nous partagerons les signes de la vie nouvelle plus forte que le mal, que le Ressuscité a lui-même donnés.
Frédéric Pellefigue cm
Concrétisons la fraternité joyeuse
Ces deux jours de formation intense ont produit du bien-être, de la joie, une complicité renforcée et une joie de se (re)découvrir frères les uns des autres.
Concrétisons la fraternité joyeuse

Vincent GOGUEY
Lorsqu’un jeune homme décide d’entrer dans une congrégation religieuse, il y a bien évidemment tout d’abord une rencontre personnelle avec le Christ. Cette rencontre peut être de l’ordre du coup de foudre ou à l’occasion d’un cheminement, d’une découverte grandissante à la suite de rencontres ou d’évènements particuliers.
Pour choisir une congrégation il y a bien souvent une double entrée possible, par la connaissance du fondateur via ses écrits ou via un des membres de cet institut. Nous y entrons pour la spiritualité, pour un aspect de l’évangile mis en exergue, pour un moyen original de vivre la vocation ou encore le style d’apostolat à y vivre. Certains seront touchés par l’importance de l’étude biblique ou les recherches théologiques, la place centrale de la prière, d’autres par le fait d’être missionnaire sur des terres lointaines ou encore vis-à-vis du public dont il faut se mettre au service.
Très souvent l’un des attraits que l’on retrouve pour entrer dans la congrégation est la relation qui se tisse entre les confrères. Cela commence très souvent par un contact particulier, un témoignage, une manière d’être accueilli etc. Ces rencontres trouvent leur place dans un élément essentiel à toute vie de congrégation : la vie communautaire qui tend à vivre au mieux la dimension fraternelle.
Si nous prenons cette route de la vie communautaire c’est bien qu’en premier nous reconnaissons un besoin vital, en nous, de vivre avec d’autres pour une mission commune. Ce besoin se trouve motivé et transformé en moyen, en exigence par la parole même du Christ : « c’est à la manière dont vous vous aimez, qu’on reconnaitra que vous êtes mes disciples ».
Si au départ nous trouvons tout facile et beau à vivre, un peu comme de jeunes amoureux qui se découvrent et voient tout avec les lorgnettes des amoureux aveuglés, au fil du temps on s’aperçoit des imperfections dans les rencontres de confrères ou simplement dans le quotidien de la vie communautaire. Tout comme un couple débute aisément et parfois, peut peiner au fil des ans avec les habitudes et les coups durs de la vie, il en est de même pour le monde religieux. Le quotidien n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut donc prendre les moyens adaptés pour relever ce défi proposé par le Christ.
Lors de nos rencontres provinciales annuelles de lazaristes, il y a toujours de la joie des retrouvailles, de savoir que les confrères œuvrent aux mêmes objectifs que nous, même s’ils ont d’autres moyens pour les atteindre selon la mission qui leur sont confiés. La fraternité est belle et bien palpable, réelle. La difficulté peut venir davantage du quotidien de la vie communautaire où il faut apprendre à accepter l’autre avec ses grandeurs… et ses limites qui peuvent parfois nous agacer !
Le Visiteur et son Conseil ont décidé de nous proposer une formation pour permettre au plus grand nombre de confrères, de se questionner, se laisser bousculer sur cette question centrale de notre vie de congrégation : la fraternité.
Cela s’est vécu durant nos deux jours de rencontres annuels de formation. Nous avons eu une équipe d’accompagnants pour nous aider à regarder de près les fonctionnements de nos relations entre confrères. Apprendre à repérer tout d’abord les côtés positifs de l’autre, percevoir ce qu’il me renvoie, comment ça me touche, tant en positif qu’en difficulté. Analyser ce qui se joue en soi pour éviter de reporter tous les problèmes chez l’autre mais découvrir comment je peux me situer autrement. Trouver des moyens ou des moments pour réaliser des rencontres « en vérité » où les éléments bloquants d’une relation puisse être énoncés afin de les dépasser. Pour cela la communication non violente a de bons outils pour nous permettre d’acquérir des relations plus ajustées. L’un des atouts de cette formation, loin d’être dans la théorie statique, nous a amené via des exercices interactifs, nous impliquant très personnellement à être au plus proche de notre réalité communautaire. C’est « en direct » que nous avons pu évaluer la qualité de nos liens et avoir la joie d’une fraternité renouvelée. Le Christ nous invite bien à la correction fraternelle, à un chemin de vérité qui rend libre et à la joie de la réconciliation en apprenant à accueillir l’autre tel qu’il est et non tel que nous aimerions qu’il soit.
Ces deux jours de formation intense ont produit du bien-être, de la joie, une complicité renforcée et une joie de se (re)découvrir frères les uns des autres.
Cet aspect de notre vie consacrée est essentiel pour avoir le baume au cœur pour retourner à la mission d’une manière renouvelée et avec plus de zèle. Les rires, les anecdotes, les boutades sont venus enrichir nos relations et nous ont mis d’entrée de jeu comme bénéficiaires de ces efforts relationnels nécessaire à tout bon compagnonnage.
Nous avons conclue notre rencontre provinciale, comme chaque année par une célébration solennelle pour la conversion de st Paul qui se trouve être aussi la fête de la fondation de la Congrégation de la Mission. Puis tout le monde repart ragaillardi pour la mission !
Vincent Goguey cm.
LAZARISTES ET FILLES DE LA CHARITÉ DE LA RÉVOLUTION À NAPOLÉON. Par Marc Thieffry
Les Lazaristes se retrouveront avec deux supérieurs, l’un à Rome, l’autre à Paris. Les Filles de la Charité devront soit obéir aux ordres de Napoléon, c’est-à-dire dépendre des évêques, soit rester fidèles à leur tradition qui veut qu’elles dépendent du Supérieur général des Lazaristes.
LAZARISTES ET FILLES DE LA CHARITÉ DE LA RÉVOLUTION À NAPOLÉON. Par Marc Thieffry
Présentation du nouveau livre de Marc THIEFFRY.