Un nouveau ministère de VIN-JPIC dans la dynamique de l’encyclique Laudato Si

Cette simple intervention en faveur des bénéficiaires de la SPRAR, des demandeurs d'asile et des détenteurs du statut de protection internationale et humanitaire, résidant légalement à Rome, qui frappent à nos portes, est une manière concrète de faire face aux nouveaux défis de la pauvreté qui, au XXIe siècle, sollicitent notre adhésion à l'Évangile du Christ.

Un nouveau ministère de VIN-JPIC dans la dynamique de l’encyclique Laudato Si

Dans le sillage de l’encyclique Laudato Si publiée en mai 2014 et de la création du dicastère du développement durable par le pape François en août 2016, l’Union des Supérieurs majeurs, par sa commission justice paix, contribue à la recherche de voies nouvelles de respect des droits humains par une commission Justice et paix, créée il y a plus de quarante ans. Elle la complètera avec « la sauvegarde de la création » d’après l’encyclique Laudato Si, ayant alors un service JPIC (Justice Paix et Intégrité de la Création -en anglais-).

C’est dans cette dynamique que le supérieur Général Tomaz Mavrick propose en 2016 que nous commencions un réseau des délégués provinciaux de ce ministère : VIN-JPIC ; vincentien Justice, Paix et Sauvegarde de la Création. Sur 13 provinces constituant la CEVIM, 11 me choisiront comme délégué et l’an dernier le président des visiteurs, le P Ziad Hadad, après avoir consulté les visiteurs, m’a demandé d’être le délégué européen VNIJPIC de la CEVIM.

Durant l’année passée, bien que rencontrant des difficultés à collecter les données, je parviens à établir un rapport pour James CLAFFEY notre représentant à l’ONU, présentant ce que nos provinces font avec les sans-abris : en Irlande ; en Italie ; en Espagne, en France, en Ukraine et en Slovénie.

La famille vincentienne a choisi cette année de mettre l’accent sur un des drames sociaux de notre époque : les migrations. Comme coordinateur européen VIN-JPIC de la CEVIM, je sais que la CEVIM a d’autres activités au service des migrants en Espagne, en Italie, ainsi qu’en France par un confrère au service des prêtres étrangers coopérateurs et par moi-même avec le réseau JRS-Welcome sur Amiens. Je suis heureux de vous partager l’expérience du projet Méditerranée conduit par la Curie, à Rome. J’espère que cela donnera à plusieurs d’entre vous l’envie de communiquer sur ce que vous faites dans ce domaine et peut être de commencer dans votre proximité des actions similaires.   

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« Mediterranea »

A la Curie Générale des Missionnaires Vincentiens, un projet de changement systémique de la Famille Vincentienne pour l’intégration sociale et professionnelle des réfugiés politiques est mis en place. Ce projet est piloté par Elena Grazini et Giuseppe Carulli.

Nous avons encore dans nos cœurs et nos esprits le Jubilé vincentien, le grand Symposium pour les 400 ans du charisme de notre Fondateur. Nous avons vécu cet anniversaire non pas comme une célébration qui serait une fin en soi, mais en le considérant comme un point de départ pour commencer à projeter le charisme dans le cinquième centenaire. Nous voulons répondre aux défis que les nouvelles pauvretés nous posent aujourd’hui. Notre Saint Père François, dans le message envoyé à la Famille Vincentienne, nous a écrit que le témoignage de Saint Vincent « nous encourage à investir dans la créativité de l’amour avec l’authenticité d’un « cœur qui voit » ». La charité, en effet, ne se contente pas des bonnes habitudes du passé, mais sait transformer le présent. Cela est encore plus nécessaire aujourd’hui, dans la complexité toujours changeante d’une société mondialisée, où certaines formes d’aumône et d’assistance, même si elles sont motivées par des intentions généreuses, risquent d’alimenter des structures d’exploitation et d’illégalité et de ne pas apporter de bénéfices réels et durables. C’est pourquoi la réflexion sur la charité, l’organisation du soutien et l’investissement dans la formation sont des enseignements actuels qui nous viennent de saint Vincent. En même temps, son exemple nous stimule à donner de l’espace et du temps aux pauvres, aux nouveaux pauvres d’aujourd’hui, aux trop nombreux pauvres d’aujourd’hui, à faire nôtres leurs pensées et leurs difficultés, car un christianisme sans contact avec ceux qui souffrent devient un christianisme désincarné, incapable de toucher la chair du Christ. Nous nous efforçons de rencontrer les pauvres, de favoriser les pauvres, de donner une voix aux pauvres, afin que leur présence ne soit pas réduite au silence par « la culture de l’éphémère. »

Le projet Mediterranea s’inscrit dans ce contexte. Cet autre fruit du charisme vincentien consiste à réaménager et à mettre en valeur le terrain non cultivé appartenant à la Curie générale de la Congrégation de la Mission (environ deux hectares de terrain) sur la Via della Nocetta 191. On y a développé une pépinière spécialisée dans les plantes du bassin méditerranéen, un potager, un jardin d’herbes aromatiques et la production d’objets de design pour l’extérieur.

Mediterranea est née au début de l’année 2018 grâce à l’alliance entre la Congrégation de la Mission, les Groupes de Volontariat Vincentien – Lazio [AIC], la Coopérative Sociale « Tre Fontane » (organisme de gestion de certains centres SPRAR [Système de protection des demandeurs d’asile et des réfugiés] présents sur le territoire de Rome), et l’association à but non lucratif « Linaria » (qui a développé au fil du temps différentes expériences sur l’espace urbain et l’intégration). L’objectif principal de Mediterranea est la requalification des compétences professionnelles d’un groupe de 12 bénéficiaires de SPRAR, demandeurs d’asile et titulaires d’une protection internationale et humanitaire, résidant légalement à Rome. Il entend les soutenir afin de les intégrer dans l’environnement social et professionnel romain. Il s’agit d’un projet de changement systémique en ligne avec la politique de la Famille Vincentienne de la dernière décennie et les orientations du récent Symposium.

Grâce à tout cela, aujourd’hui, sur le terrain de la Curie générale, il y a :

– Un potager biologique dont les légumes sont vendus sur place ;

– Un jardin d’herbes aromatiques et une vaste plantation d’agrumes à partir desquels sont produits des épices salées et sucrées en pots de 50 grammes et des confitures biologiques pour la vente au détail et en ligne ;

– Une pépinière pour la culture d’une collection précieuse et rare de « Sweet pea » (plantes à fleurs très parfumées et grimpantes) et de « Cosmos » (fleurs annuelles de variétés très particulières) dont les graines proviennent de pépinières spécialisées de Grande-Bretagne ; une large gamme de plantes de la famille des graminées et de plantes méditerranéennes (plantes xérophiles adaptées à la vie dans des environnements caractérisés par de longues périodes de sécheresse ou des climats arides ou désertiques) grâce à la collaboration avec « Cascina Bollate », la pépinière que Susanna Magistretti a développée dans la prison du même nom ;

– Production d’objets de design pour jardins et terrasses urbaines tels que des tuteurs pour plantes et murs, des jardins verticaux, des tables et des chaises pour jardins, des bassins en fer et en bois pour plantes de tous types et genres ;

– Conception et entretien de jardins, terrasses et balcons grâce au professionnalisme de Michela Pasquali (architecte paysagiste et présidente de Linaria).

Grâce à la collaboration naissante avec la coopérative sociale « Accoglienza Vincenziana », nous avons l’intention d’entrer dans le monde du travail et du commerce de manière stable et professionnelle, à travers une action d’entreprise sociale qui s’implante sur le territoire local et national.

L’initiative, en plus d’être l’occasion pour ce groupe de réfugiés politiques d’obtenir une intégration sociale complète et indépendante, prévoit également d’être un essai avec un fort impact social, économique et environnemental avec la possibilité de devenir un projet pilote reproductible sur une propriété religieuse ou publique dans d’autres zones urbaines. Ces deux caractéristiques (le fort impact social et la réplicabilité du projet) sont également deux stratégies essentielles de la méthodologie du changement systémique.

Cette simple intervention en faveur des bénéficiaires de la SPRAR, des demandeurs d’asile et des détenteurs du statut de protection internationale et humanitaire, résidant légalement à Rome, qui frappent à nos portes, est une manière concrète de faire face aux nouveaux défis de la pauvreté qui, au XXIe siècle, sollicitent notre adhésion à l’Évangile du Christ. Nous répondons par une intervention globale et totale permettant un changement intégral du style de vie et produisant un véritable tournant redonnant dignité et autonomie à la personne, un changement systémique de son existence.

La charité, en plus de ne pas être pompeuse, ni gonflée, comme le dit Saint Paul, ne jouit pas de l’injustice, mais accueille la vérité … La charité n’aura jamais de fin.

Pour plus d’informations, vous pouvez visiter notre site web :

http://www.mediterranearete.org/

et la page Facebook : https://www.facebook.com/mediterranearete/?ref=br_rs.

Bernard MASSARINI

Retour sur la 5ème journée Mondiale des Pauvres le dimanche 14 novembre à Saint-Denis

Tout d'abord, je veux dire un grand MERCI et mon admiration pour la formidable organisation qui a facilité chaque moment de la journée et pour vivre UNIS à TOUS, par la prière, la joie, les témoignages.

Retour sur la 5ème journée Mondiale des Pauvres le dimanche 14 novembre à Saint-Denis

La joie était lisible sur tous les visages

Il n’est jamais tard pour raconter les merveilles de Dieu !

Le 14 novembre 2021 nous avons vécu la 5ème journée mondiale des pauvres. La basilique de Saint Denis en France faisait partie des cinq points des rassemblements au niveau national. Comme la plupart des paroisses de l’Ile-de-France, les paroisses de Villepinte y étaient représentées. C’était le 27 septembre dernier, à la Saint Vincent, que le Père Marcio PENA, cm, en sa qualité de délégué épiscopal à la solidarité, a invité les paroissiens de Villepinte à y participer.

Après la belle célébration qui a rassemblé plus de 1500 personnes, les paroissiens de Villepinte ont exprimé leurs impressions. Mme Sylvette LOUBET s’est chargée de recueillir les témoignages. Le mot qui accompagne sa collecte des témoignages est aussi un bon témoignage. Je trouve dans son expression le sens de la synodalité qui est, en ce moment même, promue par l’Eglise universelle. Elle évoque la nécessité laisser à chacun s’exprimer avec ses propres paroles, chacun dans sa singularité. C’est ainsi que dans l’Eglise nous pouvons marcher ensemble vers le même but : le Royaume du Christ.  

Voici ce que Sylvette nous écrit :  

 J’ai recueilli quelques témoignages sur la journée mondiale des pauvres. Je vous communique les deux qui me sont parvenus. Ce ne sont pas des personnes expertes en écriture, mais j’ai gardé leurs manières de présenter les choses. J’y vois un enjeu de donner la parole à ceux qui sont moins à l’aise pour l’exprimer ! Sr Pierrette était ravie de m’écrire son « petit papier » et je l’ai reçu avec une grande joie ! Le dernier témoignage, je l’ai laissé anonyme, parce que la personne m’a demandé de ne pas citer son nom. J’avoue que j’ai presque pleuré à lire ce qu’elle me partageait en quelque mots mais qui sont d’une grande profondeur. C’est ainsi que l’Esprit saint œuvre ! Voilà je vous laisse avec ces joyaux ! Ça n’a peut-être pas la hauteur d’une méditation sur la Parole, mais c’est la Vie des personnes. »

Ensuite, elle nous partage les deux témoignages qu’elle a recueillis :

Sœur Pierrette nous partage ce qu’elle a vécu.

Grâce au co-voiturage, à nos 4 chauffeurs et au père Gaspard, nous étions 17 personnes, de nos paroisses dont 3 sœurs de Marie Auxiliatrice, à avoir pu participer à ce grand et beau rassemblement. Tout d’abord, je veux dire un grand MERCI et mon admiration pour la formidable organisation qui a facilité chaque moment de la journée et pour vivre UNIS à TOUS, par la prière, la joie, les témoignages.

A 10h, nous nous retrouvons pour la messe présidée par Monseigneur Pascal Delannoy. Ce qui m’a frappé c’est à l’offertoire, parmi les personnes qui apportaient les offrandes, 4 ou 5 portaient des énormes pains. Ces pains bénis nous ont été partagés au repas. Nous nous retrouvons ensuite pour le repas convivial et fraternel. Quelle surprise en arrivant ! 15 tables avaient été préparées avec nappes, couverts, avec une assiette garnie au centre. Sur chaque chaise, un sac « Fratello » avec une écharpe et un gobelet pour la soupe qui avait été préparée avec grand soin par les jeunes de la Maraude d’Aubervilliers. Après le repas une animation était assurée par les jeunes du mouvement international « Miséricorde », avec un quizz et de beaux témoignages sur les expériences de service des plus démunis. L’après-midi, nous étions, dans la Basilique, en lien vidéo avec des communautés du monde entier, rassemblées pour cette occasion. Belle expérience de communion dans l’Eglise universelle ! Cette journée a été riche de prières, de rencontres et de partages. Beaucoup de jeunes étaient là, heureux de nous servir ! Que ce temps de partage nous permette de garder les yeux ouverts sur le monde. « Des pauvres, vous en aurez toujours » nous dit Jésus Mc 14, 7

Autre témoignage : « Avoir de la compassion et accueillir avec humilité. Celui qui aime Dieu doit aimer son frère ! » Magnifique témoignage !

Mme Sylvette LOUBET,

paroissienne de Villepinte

  

Réponses vincentiennes au coronavirus dans le monde

A travers l’Alliance FAMVIN avec les personnes sans-abri (FHA en anglais), nous entendons bien des récits sur la façon dont différentes parties de la Famille Vincentienne prennent soin des personnes sans-abri et des personnes vulnérables pendant cette épidémie du coronavirus.

Réponses vincentiennes au coronavirus dans le monde

À travers l’Alliance Famvin avec les personnes sans-abri (FHA en anglais), nous entendons bien des récits sur la façon dont différentes parties de la Famille Vincentienne prennent  soin des personnes sans-abri et des personnes vulnérables pendant cette épidémie du coronavirus. Nous avons demandé au Père Robert Maloney, ancien Supérieur Général de la Congrégation de la Mission, d’écrire sur la façon dont Vincent de Paul lui-même a réagi face aux pandémies de son temps. Nous espérons que cet article vous offre un peu d’inspiration et de réconfort. La FHA aimerait savoir comment vous réagissez. Veuillez poster vos histoires ici. Nous offrirons plus de ressources sur la question dans le cadre d’une extension de la Campagne « 13 Maisons » à partir de la semaine prochaine. Que Dieu vous bénisse tous et en particulier ceux qui travaillent dans les systèmes de santé et autres apostolats associés ».

Cher Mark,

J’ai regroupé quelques réflexions qui pourraient être utiles aux collaborateurs de l’Alliance Famvin avec les personnes sans-abri (FHA en anglais), en particulier maintenant que nous sommes confrontés à de nouveaux défis créés par le COVID-19. J’écrirai sans doute un article plus détaillé. Mais, la crise étant urgente, je te transmets tout de suite cette brève synthèse. Elle décrit comment Saint Vincent a réagi dans la pratique à la peste. J’espère que son expérience stimulera la réflexion et générera des idées créatives parmi nous, membres de sa Famille.

Bob

 

COVID-19. Leçon de sagesse du passé. L’expérience de saint Vincent de Paul

Saint Vincent a fait l’expérience des pandémies. Aucun autre sujet peut-être ne l’a aussi profondément troublé. Les épidémies de la peste ont fréquemment ravagé l’Europe au cours de ses années d’activité, tuant de nombreuses personnes qu’il aimait. Marguerite Naseau, dont il a souvent raconté l’histoire et qu’il a toujours considérée comme la première Fille de la Charité, a succombé à la peste à 27 ans, avant même que les Filles ne soient reconnues juridiquement. Lambert au Couteau – dont Vincent a dit un jour « la perte de cet homme, je la vis comme si je m’arrachais un œil ou que je me coupais le bras » et qu’il a envoyé pour établir la Congrégation de la Mission en Pologne – est décédé au service des victimes de la peste à Varsovie en 1653. Antoine Lucas – très admiré non seulement par Vincent, mais aussi par d’autres fondateurs de communautés religieuses à cette époque – mourut de la peste à Gênes en 1656.

Les tragédies se sont multipliées dans la vie de Vincent, en particulier dans les années 1650. Il a souvent parlé de « la guerre, la peste et la famine » comme du fléau des pauvres. De plus, il y a eu des persécutions à Alger, à Tunis, en Irlande et aux Hébrides. Le premier martyr de la Congrégation de la Mission, Thaddeus Lye, séminariste, a donné sa vie à Limerick en 1652. Ses persécuteurs lui ont écrasé le crâne et lui ont coupé les mains et les pieds en présence de sa mère. Lorsqu’en 1657, en plus d’entendre que trois prêtres étaient morts en route pour Madagascar, Vincent a appris que six membres de la maison de Gênes avaient succombé à la peste, il s’est dit « accablé de chagrin » et a ajouté qu’il « serait incapable de recevoir un plus grand coup sans être complètement dévasté ».

Dans ses lettres et ses conférences, Vincent a mentionné la peste plus de 300 fois. Il a envoyé de longues lettres offrant des conseils pratiques sur l’aide aux victimes de la peste à son ami Alain de Solminihac, Evêque de Cahors, et aux supérieurs de Gênes et de Rome. Dans ses entretiens, il a décrit la peste en France, à Alger, à Tunis, en Pologne et dans toute l’Italie.

Les chiffres étaient impressionnants. La France à elle seule a perdu près d’un million de personnes à cause de la peste lors de l’épidémie de 1628-1631. À peu près à la même période en Italie, 280 000 personnes sont mortes. En 1654, 150 000 habitants de Naples succombent. Alger a perdu environ 40000 personnes en 1620-21 et de nouveau en 1654-57.

Gênes a été parmi les villes les plus durement touchées. La moitié de la ville est morte en 1657. La longue liste des membres de la Famille Vincentienne qui y ont perdu la vie est touchante.

Comme on pourrait l’imaginer, les Filles de la Charité et les confraternités étaient en première ligne pour servir ceux qui ont été touchés par la peste (sans parler de leur service à ceux dont la vie avait été perturbée par la guerre, la famine et les conflits politiques en même temps). Certaines affirmations de Vincent à ses prêtres, ses frères et sœurs, ainsi qu’aux membres laïcs des confréries, sont marquées par les circonstances de l’époque et par le manque de connaissances et de ressources médicales que nous en avons aujourd’hui. Mais une grande partie de ce qu’il a dit et comment il a réagi est tout à fait pertinente alors que les membres de la Famille Vincentienne affrontent COVID-19.

Permettez-moi de souligner quatre points :

  1. Alors qu’il se débattait avec des émotions douloureuses, Vincent est resté convaincu que, quelles que soient les circonstances, nous ne devons jamais abandonner les pauvres. Ils sont « notre part » dans la vie, a-t-il déclaré. Il disait avec fermeté aux membres de sa Famille que, même dans des circonstances extrêmement difficiles, nous devons faire preuve de créativité pour trouver des moyens de répondre aux besoins de ceux qui Vincent a écrit à Alain de Solminihac : « Les pauvres paysans frappés par la peste sont généralement abandonnés et très à court de nourriture. Ce sera une action digne de votre piété, Excellence, de prévoir cela en envoyant l’aumône à tous ces endroits. Veillez à ce qu’ils soient confiés à de bons pasteurs, qui apporteront du pain, du vin et un peu de viande pour que ces pauvres gens les ramassent aux endroits et aux heures qui leur sont indiqués… ou à quelque bon fidèle de la paroisse qui pourrait faire ça. Il y a généralement quelqu’un dans chaque zone capable de faire cet acte de charité, surtout s’ils n’ont pas à entrer en contact direct avec les pestiférés. »
  2. L’interprétation évangélique des événements par Vincent est rapidement passée au premier plan en ces temps de crise. En décembre 1657, pensant à onze membres de sa Famille qui avaient récemment perdu la vie, il écrivait : « Nous avons tant de missionnaires au ciel maintenant. Il n’y a pas lieu d’en douter, car ils ont tous donné leur vie pour la charité, et il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour le prochain, comme Notre Seigneur l’a dit et pratiqué. Ainsi donc, si nous avons perdu d’une part, nous avons gagné d’autre part car il a plu à Dieu de glorifier les membres de notre Famille, comme nous avons de bonnes raisons de le croire, et les cendres de ces hommes et femmes apostoliques seront la semence d’un grand nombre de bons missionnaires. Telles sont, tout au moins, les prières que je vous demande d’offrir à Dieu. »
  3. Dans ses conseils aux membres de sa Famille sur la manière de servir en pleine épidémie, Vincent a choisi un juste D’une part, il les a exhortés à rester près des personnes atteintes de la peste et à ne pas les abandonner ; d’autre part, il a encouragé la Famille à respecter les mises en garde des autorités civiles et ecclésiastiques. Il dit à Etienne Blatiron, le supérieur de Gênes : « La seule chose que je vous recommande le plus sérieusement et ardemment est de prendre toutes les précautions raisonnables pour préserver votre santé ». Blatiron a pris de nombreux risques et est décédé de la peste en 1657. Vincent a écrit à Jean Martin, le supérieur de Turin : « Je crains que vous ne vous reposiez que peu de temps et que vous retourniez au travail si tôt. Au nom de Notre- Seigneur, veuillez modérer ce que vous faites et obtenir toute l’aide que vous pouvez ». Martin a survécu et servi énergiquement jusqu’en 1694.
  4. Il a élargi la définition du martyr pour inclure tous ceux qui ont vaillamment donné leur vie pour les pauvres et il n’a cessé de chanter leurs louanges. Parlant des Filles de la Charité, il a déclaré : « Un saint Père a dit un jour que quiconque se donne à Dieu pour servir son prochain et endure volontiers toutes les difficultés qu’il peut rencontrer en ceci est un Les martyrs ont-ils souffert plus que ces sœurs… qui se donnent à Dieu (et) sont parfois auprès de malades pleins d’infection et de plaies et souvent de fluides corporels nocifs ; parfois avec des enfants pauvres pour qui tout doit être fait ; ou avec de pauvres condamnés chargés de chaînes et d’afflictions… Elles sont bien plus dignes d’éloges que tout ce que je pourrais vous dire. Je n’ai jamais rien vu de tel. Si nous voyions l’endroit où s’est trouvé un martyr, nous ne l’aborderions qu’avec respect et l’embrasserions avec une grande révérence. Considérez-les comme des martyrs de Jésus-Christ, car elles servent leur prochain par amour pour Lui. »

Aujourd’hui, nous sommes confrontés au COVID-19, ce qui, pour la plupart d’entre nous, est une crise sans précédent. Comment pourrions-nous y faire face dans l’esprit de Saint Vincent ? J’ose suggérer trois actions, qui se font déjà d’une manière ou d’une autre. Ton équipe et toi, ainsi que les membres de toutes les branches de notre Famille, serez certainement en mesure de les développer davantage.

  1. Bénévolat. Les pauvres souffrent le plus de crises comme celle-ci. Souvent, ils se retrouvent sans emploi. Ils ont besoin de logement, de nourriture et d’autres services essentiels. De l’époque de Saint Vincent à nos jours, la longue histoire de notre Famille a été une réponse à de telles nécessités. On ne peut qu’admirer les médecins, les infirmières, les techniciens médicaux d’urgence, les visiteurs à domicile et autres qui continuent de servir ceux qui souffrent en ce
  2. Le marché boursier et d’autres indices économiques ont baissé de façon spectaculaire au cours de cette période. Certains prennent cela comme un signal qu’il faut éviter de donner. Pourtant, les besoins des pauvres sont d’autant plus importants dans des moments comme celui-ci. Pouvons-nous, en tant que Famille, continuer à manifester notre générosité envers les plus démunis ?
  3. Prière. Le pape François et de nombreux autres responsables religieux nous pressent de prier pour les victimes et pour une fin de la pandémie. Tomaz Mavric nous a écrit récemment pour lancer un appel similaire d’une grande sincérité. De belles prières ont été composées et circulent en ligne, comme celle du P. Jean-Pierre Renouard. En plus de cela, puis-je offrir cette suggestion simple de Saint Vincent : « Dieu lui-même nous dit :

« Une prière courte et fervente perce les nuages » (Si 35, 17). Ces fléchettes d’amour sont très agréables à Dieu et, par conséquent, sont fortement recommandées par les saints Pères, qui ont compris leur importance. C’est ce à quoi je vous exhorte, mes sœurs et frères ».

Merci, Mark, pour tout le travail que ton équipe et toi faites pour promouvoir l’Alliance Famvin avec les personnes sans-abri (FHA en anglais). Avec l’expansion du coronavirus, les besoins des personnes sans-abri sont plus que jamais aigus et un nombre croissant de personnes se retrouvent à la limite du sans-abrisme. Réfléchissant à un moment similaire dans la vie de Vincent, tel que décrit ci-dessus, l’un des principaux biographes du saint, le P. José-María Román, a écrit : « L’année 1657 a été une mauvaise année pour Vincent… Certains auraient pu être tentés de dire que le Seigneur accumulait les désastres sur Vincent pour tester son courage et sa vertu. Mais le vieil homme vigoureux a courageusement surmonté toutes ces adversités. Et il lui restait encore assez d’esprit pour lancer de nouvelles entreprises ».

Je suis convaincu qu’à l’exemple de Saint Vincent, notre Famille du monde entier relèvera le défi du coronavirus avec courage et créativité.

Cérémonie d’hommage aux Morts Anonymes de Marseille. Samedi 23 novembre 2019. ‘Fiction suite à une vision d’un « Mort de la Rue »’

Voilà. Ils sont arrivés au cimetière Saint-Pierre de Marseille au carré de la « Terre Commune ». Ils sont là. Je les vois. Mais eux ne me voient pas. On pourrait presque dire qu’ils font comme si je n’étais pas là. Pourtant c’est pour moi qu’ils sont venus...

Cérémonie d’hommage aux Morts Anonymes de Marseille. Samedi 23 novembre 2019. ‘Fiction suite à une vision d’un « Mort de la Rue »’

Voilà. Ils sont arrivés au cimetière Saint-Pierre de Marseille au carré de la « Terre Commune ». Ils sont là. Je les vois. Mais eux ne me voient pas. On pourrait presque dire qu’ils font comme si je n’étais pas là. Pourtant c’est pour moi qu’ils sont venus. Oh pas pour moi tout seul. Nous ne sommes pas loin d’une quarantaine, trente sept ou trente huit, je ne sais plus. Difficile de compter d’où je suis. Oui, une quarantaine de morts à Marseille pour les deux ans qui viennent de passer.

Morts de la rue comme ils disent. Mais pas que. Il y a aussi ceux qui sont morts avec un toit sur la tête, ou ce qu’il en restait, mais personne à côté, ni dessus, ni dessous. Personne à qui parler. Et puis il y a les anonymes. Ceux dont on n’a même pas retrouvé le nom ni rien qui leur donne un semblant d’identité. Moi, j’en ai croisé quelquefois de ceux-là qui traversaient la vie comme ça, sans rien pour dire qui ils étaient. Des ombres sans nom. Même pour moi, c’est dire. Voilà.

A présent, ils se sont mis en cercle. Ils sont une petite vingtaine. Moins nombreux que nous. Mais eux, ils sont vivants. Ils ont encore des yeux et un cœur. Il y a des vieux et des jeunes. Comme dans la vie. Ils ont pris chacun une fleur, une rose rouge ou blanche. Blanche c’est pour les enfants. Il y aussi des enfants qui meurent dans la rue. Moi, quand j’étais enfant, je n’aurais pas cru finir avec des enfants morts. Alors, je regarde une dernière fois. Ca y est. Ils se séparent. Certains ont pris le temps de boire un café avant de s’en retourner. C’était bon de les avoir vus. C’était comme une famille.

Oh ! le soir même ils se retrouvent avec les paroissiens de l’église de la Trinité afin de prier le Seigneur pour nous en la solennité du Christ Roi de l’univers. Ils emmènent une quarantaine de bougies allumées sur l’autel.  Nous sommes en communion…

Les membres de l’association Marseillais Solidaires des Morts Anonymes

 

QUI SOMMES-NOUS ?

Créé en 2003, l’association Marseillais Solidaires des Morts Anonymes travaille en partenariat avec les associations et organismes sociaux de la ville de Marseille afin qu’en accompagnant et en honorant les morts nous agissions aussi pour les vivants. Chaque membre de l’association participe lui-même activement au sein d’autres associations qui œuvrent auprès des personnes en situation de précarité.

L’association a pour mission de :

  • sensibiliser l’opinion publique que des hommes et des femmes qui vivent dans la rue meurent dans l’anonymat, certains étant même enterrés sous X, n’ayant pas d’identité reconnue. L’âge moyen des personnes décédant à la rue est de 48 ans alors que la moyenne nationale est de 80 ans !
  • informer lorsqu’une personne seule, à la rue ou sans ressource décède.
  • célébrer des funérailles dignes des personnes mortes dans l’anonymat sans distinction sociale, raciale, politique ni religieuse, en les accompagnant par un temps de recueillement, d’hommage en « terres communes» au cimetière Saint Pierre de Marseille.
  • améliorer l’état des tombes de ces personnes accompagnées en « terres communes » au cimetière.

Chaque année l’association organise un temps de mémoire pour ces personnes qui sont décédés par un hommage en présence des autorités et des associations et par un temps de recueillement au cimetière Saint Pierre l’après-midi sur les tombes des personnes inhumées dans l’année.

L’association Marseillais Solidaires des Morts Anonymes est membre du Collectif des Morts de la Rue au plan national. Des associations ayant le souci des Morts de la Rue et/ou des Morts isolés sont présentes dans plusieurs villes de France. Vous trouverez plus d’infos sur le site www.mortsdelarue.org ou sur le web documentaire www.terrescommunes.fr

Association Marseillais Solidaires des Morts Anonymes

10 rue d’Austerlitz

13006 MARSEILLE

Tél : 06.67.51.67.38

Contactez-nous : marsolmortsanonymes@hotmail.fr

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