25 janvier 2021. Homélie Fête de la Conversion de Saint Paul. Messe chapelle st Vincent de Paul – Paris. Jean-Baptiste GNING CM, séminariste, prononce les voeux dans la Congrégation de la Mission.

Partout où nous sommes appelés à aller, il faut avancer dans la profondeur de la vie de nos contemporains et notamment de ceux qu’on oublie si facilement, ‘vivre avec eux, demeurer avec eux, se poser’ parmi eux ; il s’agit de les suivre pas à pas, sans brusquerie, en apprenant à cheminer à leur rythme, en ayant ‘un cœur qui se laisse modeler dans la patience’ ; patience qui n’est autre que la passion d’aimer et de se donner.

25 janvier 2021. Homélie Fête de la Conversion de Saint Paul. Messe chapelle st Vincent de Paul – Paris. Jean-Baptiste GNING CM, séminariste, prononce les voeux dans la Congrégation de la Mission.

La 1ère fois que je t’ai vu, Jean-Baptiste, c’était en photo sur la page de garde de ‘Rencontres’, la revue du diocèse d’Alger. Tu étais dans les fonts baptismaux de la basilique en ruines de Tipaza, lieu où est passé st Augustin. Un jeune étudiant, venant d’un autre pays, plongé dans les fonts baptismaux d’une Église que tu découvrais avec les autres étudiants. Je t’ai rencontré plusieurs mois après, gardien de la maison paroissiale à Boumerdes avec Bernard ton compatriote. C’est là que plus tard encore je t’ai rejoint comme curé de ce lieu et que nous avons fait connaissance pendant plus d’une année.

Pour toi comme pour d’autres, cette expérience en Algérie a été un peu comme le chemin de Damas de Paul : un lieu, un moment de rencontre avec une église minoritaire ayant des racines profondes sur cette terre d’Afrique du Nord et Église en rencontre avec le monde musulman qui sortait d’une profonde crise de violence et où il n’était pas toujours facile de s’afficher comme chrétien sans être bousculé, interrogé et où il fallait le courage de son identité d’ami du Christ dans le milieu universitaire, parfois hostile à l’étranger.

Avec les autres étudiants, tu t’es retrouvé missionnaire au cœur de l’université de Boumerdes ; et vous avez témoigné de ce Jésus que vous aviez rencontré et que vous continuiez à chercher à connaître au sein de cette église. Témoigner d’une présence, d’une personne qui vous rendait heureux. Tu le montrais à l’intérieur de la communauté chrétienne des étudiants. D’aucuns d’ailleurs n’ont pas été surpris quand ils ont appris que tu étais au Séminaire ; ils avaient déjà reconnu en toi ce témoin passionné du Christ.

Du chemin a été parcouru. Te voilà dans ta 5e année de formation. D’autres expériences en France, à Caen, à Valence, à Orléans, en Italie à Chieri et maintenant aux Carmes, à Amiens et à Villiers/Marne. Autant d’expériences qui t’ont enrichi, formé et qui t’ont permis de t’ancrer, de t’enraciner en Christ, de t’attacher à l’Église dans sa réalité avec ses beautés et ses laideurs. On sent en toi l’homme profondément heureux de sa réponse à l’appel que le Seigneur lui adresse, heureux de se donner pour que le Christ soit mieux connu et rende les autres heureux.

Paul sur son chemin de Damas a fait une expérience renversante du Christ ; il l’a rencontré, entendu, vu et cela en a fait un homme nouveau, certes avec la même force, la même énergie qu’avant mais cette fois-ci, mise au service de l’annonce de l’Évangile, partout ailleurs. Une rencontre qui l’a retourné dans la violence de l’Esprit, le seul acteur dans la mission comme le souligne le Pape François : « La mission consiste à te faire guider par l’ESPRIT Saint : il faut que ce soit lui qui te pousse à annoncer le Christ. C’est renoncer à tout calculer, à tout contrôler ». Totale démarche d’abandon dans la confiance. « … La mission est un contact humain, elle est le témoignage d’hommes et de femmes qui disent à leurs compagnons de voyage : je connais Jésus, je voudrais te le faire connaître. » Je reconnais que tu es guidé par l’Esprit qui te pousse partout à faire connaître le Christ et que tu es un vrai témoin entre autres, auprès des jeunes que tu rencontres en différents lieux.

L’Esprit agit par des intermédiaires. Paul a eu Ananie et Barnabé qui lui ont permis d’être reçu dans la communauté et d’y prendre sa place et d’y donner tout le meilleur de lui-même. Vincent a eu Mme de Gondi et Louise de Marillac qui lui ont ouvert des chemins d’évangélisation. Voix de celles et ceux qui éclairent, accompagnent les choix, les engagements, les déplacements vers des périphéries. Toi-même, comme chacun d’entre nous, tu as des personnes qui ont été là à un moment et qui t’ont éclairé dans tes choix de vie, accompagné dans ta recherche, soutenu dans tes audaces. Témoins de ton parcours, hier et aujourd’hui. Ils te permettent de mesurer, si possible, la fécondité et de la formation que tu reçois, et de la mission que tu expérimentes. Ce n’est peut-être pas encore la pêche miraculeuse mais elle est prometteuse pour l’avenir.

L’Esprit bouscule, notamment quand il y a des résistances. Il travaille de l’intérieur chacun pour le rendre docile à la Parole de Vie ; Il t’a déjà emmené sur des chemins très nouveaux, loin de ta terre natale, géographiquement, culturellement, et ecclésialement ! Continue à te laisser modeler, façonner pour être prêt à l’audace de la rencontre, de l’interculturel, du dialogue qui ouvre bien des chemins dans les cœurs. Avec lui, continue d’avancer en eau profonde, toujours un peu plus loin, sans crainte, sûr que Christ est là, présent à tes côtés.

Partout où nous sommes appelés à aller, il faut avancer dans la profondeur de la vie de nos contemporains et notamment de ceux qu’on oublie si facilement, ‘vivre avec eux, demeurer avec eux, se poser’ parmi eux ; il s’agit de les suivre pas à pas, sans brusquerie, en apprenant à cheminer à leur rythme, en ayant ‘un cœur qui se laisse modeler dans la patience’ ; patience qui n’est autre que la passion d’aimer et de se donner.

En ce jour de la Conversion de St Paul, puisses-tu te laisser guider par l’Esprit jusqu’au cœur de la communauté des amis de Jésus pour l’aimer telle qu’elle est et avec elle, partir sur les chemins du monde pour lui révéler la présence du Christ. Pour ‘rester fidèle de manière stable à cette vocation’, tu choisis, à la suite de St Vincent, ‘la petite Congrégation de la Mission où Dieu nous met en l’état où il a mis son Fils et qui a pensé qu’elle ne se pouvait servir d’armes meilleures ni plus propres que de celles mêmes, dont cette Sagesse éternelle s’est servie si heureusement et si avantageusement’ (XII, 365) : la Chasteté, la Pauvreté et l’Obéissance, armes utiles pour demeurer stables dans la mission d’Évangélisation et du Service des Pauvres. ‘Celui qui fait les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance donne tout à Dieu, renonçant aux biens, plaisirs et honneurs, c’est un parfait holocauste, car l’entendement, Messieurs, est sacrifié à Dieu, comme le jugement propre et la volonté propre’; d’aucuns disent qu’avoir fait les vœux et les accomplir, c’est un continuel martyre.’ (XII, 371, 372) nous dit st Vincent, le Martyre de la Charité.

Jean-Baptiste, je suis heureux de l’engagement que tu prends aujourd’hui, dans le fond de ton cœur. Heureux que tu deviennes définitivement un membre de notre chétive, un membre pour servir en se donnant sans compter pour les plus petits et les plus oubliés de nos contemporains. Sois pour eux, avec eux, par eux un instrument de paix et de joie. Celle de l’Esprit qui fait toute chose nouvelle.

Que St François Régis CLET veille sur toi puis que c’est à lui que tu as confié cette demande d’émettre les vœux, lui qui a suivi jusqu’au bout le Christ pour le faire connaître partout. Amen !

MOT D’ACCUEIL.

Bonjour à vous frères et sœurs en Christ. Je souhaite la bienvenue à Paul, ton frère qui représente toute ta famille qui est unie à nous ce matin ; bienvenue au Supérieur du Séminaire des Carmes et à tes compagnons d’études dans ce même lieu, aux personnes de la paroisse de Villiers sur Marne, à tes amis et à tes confrères.

Nous sommes heureux de vous accueillir en ce jour où nous fêtons la fondation de la Congrégation de la Mission pour marcher avec le Christ, Évangélisateur des Pauvres. C’est une grâce que de revenir régulièrement à ces textes fondateurs pour nous renouveler.

Notre joie est multipliée par le fait de t’accueillir de façon définitive, Jean-Baptiste au sein de cette Congrégation, toi qui vas faire le vœu de te consacrer à l’Évangélisation des pauvres à la suite du Christ, et pour cela t’engager à travers les 3 vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.

Ensemble, reconnaissons la grâce de Dieu en nos vies, la fécondité de sa Parole, de son appel, et accueillons sa miséricorde qui nous relève de nos péchés, de nos infidélités, de nos peurs et laissons-nous renouveler par le pardon sans mesure qu’il nous accorde.

C’est le moment d’établir une culture « vocationnelle » vincentienne !

Si le changement que COVID-19 nous a apporté est réduit à la "grande nouveauté" du travail virtuel, alors nous aurons échoué à traverser ce désert, parce qu’il n’y aura pas de terre promise, mais seulement un événement de plus dans la même culture d’aventures et de divertissement, friands de nouvelles expériences, mais sans possibilité de conversion.

C’est le moment d’établir une culture « vocationnelle » vincentienne !

Si le changement que COVID-19 nous a apporté est réduit à la « grande nouveauté » du travail virtuel, alors nous aurons échoué à traverser ce désert, parce qu’il n’y aura pas de terre promise, mais seulement un événement de plus dans la même culture d’aventures et de divertissement, friands de nouvelles expériences, mais sans possibilité de conversion.

Le ministère vocationnel est un bon thermomètre pour mesurer la créativité mystique-missionnaire qui nous permet d’adopter une culture de renouveau continu selon les Constitutions, et ce serait très opportun de se les remémorer pendant la pandémie actuelle :

« 2. En fidélité à cette fin et centrée sur l’Évangile, toujours attentive aux signes des temps et aux appels plus pressants de l’Église, la Congrégation de la Mission aura soin d’ouvrir des voies nouvelles, d’employer des moyens adaptés aux circonstances de temps et de lieux, et de procéder à l’évaluation et à la coordination de ses activités et de ses ministères ; ainsi se maintiendra-t-elle en état de perpétuel renouveau. »

Fidèle à son fondateur, la Congrégation de la Mission trouve son inspiration vitale en Jésus-Christ, l’évangélisation des pauvres, qui ne s’est pas limitée à un changement de méthodes concernant les pratiques religieuses de son temps mais a créé de profondes options mystiques en même temps qu’il a créé des options pour la participation des femmes au ministère. Cette réalisation créative a surpris saint Vincent qui l’a exprimé dans le dicton populaire : « l’amour est inventif à l’infini… » Dont l’origine est, à juste titre, l’activité mystique-missionnaire de Jésus en ce qui concerne sa véritable présence dans le pain eucharistique :

« De plus, comme l’amour est inventif jusqu’à l’infini, après s’être attaché au poteau infâme de la croix pour gagner les âmes et les cœurs de ceux dont il veut être aimé et pour ne parler d’autres stratagèmes et innombrables tout ensemble dont il s’est servi à cet effet pendant son séjour parmi nous, prévoyant que son absence pouvait occasionner quelque oubli ou refroidissement dans nos cœurs, il a voulu obvier à cet inconvénient en instituant le très auguste sacrement, où il se trouve réellement et substantiellement comme il est là-haut au ciel. » ; (Exhortation à un frère mourant, 1645, n° 102 ; SV XI, 146).

Imitant l’inventivité de Jésus, nous avons le besoin de créer de nouvelles propositions et même de nous réinventer dans le domaine de la promotion vocationnelle. Nous ne sommes pas, cependant, les enfants d’une tradition narcissique qui nous permet de nous contenter de quelques changements pour présenter une image jeune de notre Petite Compagnie. Cela signifie que nous tomberions dans le vice que le pape François dénonce comme une sclérose ecclésiale (cf. Christus Vivit, n° 35). Une telle sclérose se produit quand nous sommes satisfaits parce que maintenant nous pouvons nous rencontrer ensemble à travers une application vidéo pendant que notre vie, notre service missionnaire et notre être même restent inchangés.

La créativité que la mystique missionnaire (une chose qui est caractéristique du charisme de saint Vincent) exige de nous est celle qui nous permet d’apprendre de toutes les expériences de notre vie… Et de le faire non pas comme s’habiller en accord avec une occasion particulière, mais plutôt comme s’engager dans ce processus avec un cœur jeune parce que « c’est la caractéristique du cœur jeune d’être disponible au changement, d’être capable de se relever et de se laisser instruire par la vie. », (Christus Vivit, n° 12).

Par conséquent, du point de vue de la culture vocationnelle vincentienne, la question essentielle est la suivante : pendant et après la pandémie, comment exprimons-nous cette mystique missionnaire, comment nous renouvelons continuellement nous-mêmes et éveillons aussi chez d’autres personnes le désir de suivre Jésus-Christ, évangélisateur des pauvres.

Le temps dans lequel nous vivons peut devenir un allié de la promotion vocationnelle si nous sommes en mesure de nous engager dans des chemins qui génèrent des convictions, des sensibilités et des styles de vie qui sont en accord avec notre charisme fondamental et qui sont incarnés dans la réalité actuelle. À partir d’une liste presque infinie, je vous donne les exemples suivants :

  1. Il est temps de repenser notre service missionnaire : Avons-nous un impact sur les structures qui génèrent de la pauvreté au XXIe siècle ? Continuons-nous à être de vrais formateurs ? Nos œuvres reflètent-elles le charisme fondateur avec toute la puissance mystique qui caractérise ce charisme ? Si ce n’est pas le cas, il se pourrait que nous attendions que « tout revienne à la normale » parce qu’à l’heure actuelle, nous n’avons rien d’autre que notre énergie habituelle, c’est-à-dire que nous n’avons pas l’énergie de nous rajeunir… Et pourtant, en cette période de pandémie, nous avons l’occasion de « revoir les travaux des provinces et de le faire selon le paradigme que nous offre une culture de vocations », (cf. le document final : https://cmglobal.org/fr/files/2018/12/Document-Final-FRA-1.pdf , la première réunion des promoteurs professionnels est accessible à l’adresse suivante : https://cmglobal.org/fr/2018/12/10/en-chemin-vers-une-culture-vocationnelle-en-la-congregation-de-la-mission-document-final/?noredirect=fr_FR).

 

  1. C’est le moment de passer d’un ministère des structures (qui tend presque toujours à devenir plus complexe) à un ministère qui nous implique dans la marche avec Jésus en imitation des disciples sur la route d’Emmaüs : en face à face, de personne à personne. La pandémie nous a obligés à éliminer les activités qui nécessitent de fortes concentrations de personnes dans n’importe quel endroit précis. Parfois, il peut sembler que seules les nouvelles choses que nous avons faites ont été de changer de canal de distribution : les gens ne viennent plus à la messe mais nous la transmettons maintenant sur les différents réseaux sociaux. Quelle créativité ! Sans perdre le mérite d’entrer dans le monde numérique, nous avons aussi le besoin de devenir plus sensibles à la nécessité d’un accompagnement spirituel, c’est-à-dire un processus bien défini dans lequel nous consacrons du temps et offrons des possibilités de croissance dans la vie chrétienne qui, à son tour, offre aux baptisés des possibilités de croissance dans leur vocation. Le Synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel a souligné l’urgence de ce ministère : « De bien des façons, les jeunes nous ont demandé de mettre en relief la figure des accompagnateurs. Le service de l’accompagnement est une mission authentique, qui sollicite la disponibilité apostolique de celui qui l’accomplit. », (cf. Document final du Synode, n° 101). http://www.vatican.va/roman_curia/synod/documents/rc_synod_doc_20181027_doc-final-instrumentum-xvassemblea-giovani_fr.html

 

  1. C’est le moment de sortir du confort de la sacristie et de s’engager dans la promotion vocationnelle dans le nouvel aréopage. En utilisant les plateformes de réseaux sociaux et par le contact direct avec les gens, nous avons l’occasion de prendre conscience d’un environnement qui n’est pas dans les cercles normaux de notre mouvement. Il est temps de se laisser « indigner » par les préoccupations de l’humanité, de regarder prophétiquement au-delà des intérêts superficiels qui apparaissent dans le monde numérique, d’agir en accord avec le style missionnaire de saint Vincent, un style qui a « la capacité de trouver des chemins là où d’autres ne voient que des murailles, c’est l’habileté à reconnaître des possibilités là où d’autres ne voient que des dangers » (Christus Vivit, n° 67).

 

  1. C’est le moment de revitaliser notre vie communautaire. Cette période de confinement nous a forcés à passer du temps ensemble. Mais cela ne signifie pas que nous acceptons simplement cette vie communautaire plus intense dans l’espoir de revenir bientôt aux activités d’hier. C’est, en fait, l’occasion de profiter des relations fraternelles, de partager la joie de l’autre, de découvrir la valeur de la vocation des confrères avec lesquels nous partageons notre vie. Bien que COVID-19 nous ait fait prendre conscience de la nécessité de la « distanciation sociale », nous avons néanmoins la possibilité de créer des « voisinage » avec le frère avec lequel nous partageons une mission commune. C’est peut-être l’occasion de chanter un magnifique hymne de la vocation vincentienne : « O bonté divine, unissez ainsi tous les cœurs de la petite compagnie de la Mission, et puis commandez ce qu’il vous plaira ; la peine leur sera douce et tout emploi facile, le fort soulagera le faible et le faible chérira le fort et lui obtiendra de Dieu accroissement de force ; et ainsi, Seigneur, votre œuvre se fera à votre gré et à l’édification de votre Église, et vos ouvriers se multiplieront, attirés par l’odeur d’une telle charité. »; (Lettre à Étienne Blatiron, Supérieur à Gênes ; SV III, 257).

 

  1. C’est l’heure de la formation. En raison de l’activité apparemment sans fin de la vie missionnaire, la formation prend le rôle de Cendrillon parce qu’on a l’impression qu’il y a toujours des choses de bien plus grande importance que la formation continue. En fait, on peut penser que le succès de la mission dépend de notre activité constante (une tentation démoniaque). Il est temps de se réveiller du rêve de l’activisme et de réaliser que la qualité de notre service missionnaire dépend de la qualité de notre vie mystique, de notre passion pour Jésus Christ, évangélisateur des pauvres, et de notre capacité à marcher ensemble dans la communauté. La pandémie nous donne l’occasion d’apprendre à « comment apprendre » et de prendre au sérieux l’appel à la conversion missionnaire qui nous oblige à nous former nous-mêmes. Pas seulement de nous mettre à jour dans les questions théologiques et/ou pastorales mais de vivre de manière profonde la joie de l’Évangile qui est incarnée dans notre vocation missionnaire. Il ne fait aucun doute que ce serait le meilleur investissement en matière de promotion vocationnelle, puisque les missionnaires passionnés et bien formés sont par nature des « nids pour les vocations ».

 

Traduit de l’anglais par P. Jérôme Delsinne, CM

Dimanche du Bon Pasteur. JOURNÉE MONDIALE DE PRIÈRE POUR LES VOCATIONS. Lettre du Supérieur Général. 3 mai 2020

À la lumière de la lettre du Pape François pour cette Journée, nous sommes invités à réfléchir, agir et vivre la situation dans laquelle le monde d'aujourd'hui nous place.

Dimanche du Bon Pasteur. JOURNÉE MONDIALE DE PRIÈRE POUR LES VOCATIONS. Lettre du Supérieur Général. 3 mai 2020

Chers confrères, Que la grâce et la paix de Jésus soient toujours avec nous !

Chaque année, le Quatrième Dimanche de Pâques, aussi appelé Dimanche du Bon Pasteur, nous célébrons la Journée Mondiale de Prière pour les Vocations.

Dans la lettre de cette année pour la Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, le Pape François réfléchit sur quatre mots : Gratitude, Encouragement, Fatigue et Louange.

La célébration de cette Journée se fera dans des conditions extraordinaires, comme ce fut le cas pour le Carême, la Semaine Sainte et Pâques, à cause du Coronavirus COVID 19.

À la lumière de la lettre du Pape François pour cette Journée, nous sommes invités à réfléchir, agir et vivre la situation dans laquelle le monde d’aujourd’hui nous place.

Ainsi, les paroles du Pape deviennent un phare pour répondre aux circonstances actuelles, ainsi que pour se préparer à affronter le temps et la réalité après COVID-19, en ayant particulièrement à l’esprit la promotion des vocations.

Passons des pensées de découragement et de fatigue à celles de gratitude et de louange. La Gratitude est d’avoir été appelé par le Maître de Nazareth à trouver un accomplissement dans la vie, à être regardé par Lui, à faire l’expérience d’un face-à-face avec l’Amour de ma vie. Comme l’écrit le Pape François dans son message, « Toute vocation naît de ce regard d’amour ». Il poursuit en disant que Jésus « nous donne l’enthousiasme dont nous avons besoin pour vivre notre vocation avec joie et ferveur ».

Souvenons-nous : du 19 novembre au 1er décembre 2018, quelque 75 confrères de chaque Province, Vice-province, Région et Mission Internationale ont participé à la première Rencontre Internationale des Promoteurs de Vocations. Ils se sont rencontrés au Centre International de Formation (CIF) à la Maison Mère de la Congrégation de la Mission à Paris. Là, ils ont partagé la joie de la vocation missionnaire vincentienne.

Dans le Document final de cette rencontre, les confrères ont exprimé une option claire pour une « Culture des Vocations Renouvelée », option qui, lorsqu’elle est vécue et expérimentée dans la perspective de l’Évangile, revitalise notre passion de suivre Jésus-Christ, Evangélisateur des pauvres (une suite du Christ dans tous les aspects de notre vie). De cette façon, nous pouvons développer une attitude, une sensibilité et une pédagogie qui nous aideront à mettre en place un style favorisant l’établissement d’une culture des vocations dans chacune de nos communautés locales et qui, en même temps, nous permettra de cultiver une spiritualité vincentienne de l’appel. Le zèle, le feu, la conviction et l’engagement exprimés dans le Document Final par les confrères officiellement responsables de la promotion des vocations doivent être continuellement nourris dans chaque Province, Vice-province, Région et Mission Internationale et dans les cœurs, les esprits et les actions de chaque confrère de la Petite Compagnie.

A partir du regard de Jésus, qui nous donne l’enthousiasme nécessaire pour vivre notre vocation avec joie et ferveur, découle la conséquence logique que chacun de nous fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider les jeunes que Jésus appelle à répondre positivement à leur appel à la Vie consacrée dans notre Petite Compagnie.

Si chacun de nous, la grâce de Dieu aidant, invite ne serait-ce qu’un seul jeune à rejoindre la Congrégation, en l’accompagnant par la prière et l’exemple personnel, et en le soutenant directement ou indirectement dans ses différentes étapes de formation, notre Petite Compagnie grandira en sainteté et en nombre. Cela est possible, car pour Jésus rien n’est impossible.

Au milieu de la pandémie COVID-19 que nous vivons, la Gratitude pour notre appel personnel se transforme en Louange et donne naissance à de nouvelles initiatives, décisions et chemins qui aideront la culture des vocations et, dans le cadre de celle-ci, la promotion des vocations. Les restrictions actuelles concernant les rencontres personnelles avec les gens encouragent de nouvelles idées et approches qui nous permettent de rester en contact avec les jeunes en utilisant les réseaux sociaux et d’autres moyens de communication. Grâce à ces technologies, on peut organiser des rencontres de prière, de discernement des vocations et des retraites. Par ces mêmes moyens, on peut les faire participer à l’Eucharistie, à l’Adoration du Saint-Sacrement et partager avec eux des documents pour leur formation.

En tout cas, c’est une profonde source de joie de voir l’inventivité, le zèle, le feu et la conviction de tant de confrères dans le domaine de la promotion des vocations qui est une des priorités de la Congrégation.

Pour le témoignage et les merveilleux services accomplis, je tiens à remercier chaleureusement tous les confrères directement responsables de la promotion des vocations dans chaque Province, Vice-province, Région et Mission Internationale. Je remercie également l’équipe des collaborateurs (les prêtres, les frères, les séminaristes, les laïcs…).

Un chaleureux Merci aussi à vous : Visiteurs, Supérieurs régionaux et Supérieurs des Missions Internationales pour le grand soutien personnel et encouragement que vous apportez à tous les confrères dans ce service.

Si, pour une raison quelconque, une Province, une Vice-province, une Région ou une Mission internationale n’a pas encore de confrère responsable de la Promotion des Vocations, soutenu par une équipe de collaborateurs, je voudrais vous encourager, à ce moment précis, à confier ce service à un confrère. Au cas où ce confrère aurait d’autres services, qu’il fasse de ce service de Promotion des Vocations son ministère principal.

Dans le Document final de la Première rencontre internationale des Responsables de la Promotion des Vocations, il est dit ceci : « Nous sommes certains que la culture des vocations représente le rêve et la mission de notre Fondateur, car il dit : « …vos ouvriers se multiplieront, attirés par l’odeur d’une telle charité. » (SV III, 257 ; lettre 1002 à Étienne Blatiron, Supérieur à Gênes, 13 décembre 1647).

Je voudrais conclure cette lettre en citant la fin du message du Pape François pour la Journée Mondiale de Prière pour les vocations :

« Chers frères et sœurs, spécialement en cette Journée, mais aussi dans l’action pastorale ordinaire de nos communautés, je désire que l’Eglise parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l’appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire « oui », vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous. »

Votre frère en Saint Vincent !

Sainte Catherine Labouré (28 novembre)

« Dès les premières pages de son incomparable chef-d’œuvre l’auteur de «L’imitation de Jésus-Christ » laisse tomber de sa plume cette leçon de sa propre expérience, ce secret de sa paix sereine et communicative : « Veux-tu apprendre et savoir quelque chose d’utile ? Aime à être ignoré ! » (Livre 1 chap. 2).

Sainte Catherine Labouré (28 novembre)

Discours de Sa Sainteté le Pape Pie XII prononcé le lundi 28 juillet 1947 dans la Cour Saint-Damase à l’adresse des pèlerins Français et de la famille vincentienne présents à Rome à l’occasion de la canonisation de Sainte Catherine Labouré

« Dès les premières pages de son incomparable chef-d’œuvre l’auteur de «L’imitation de Jésus-Christ » laisse tomber de sa plume cette leçon de sa propre expérience, ce secret de sa paix sereine et communicative : « Veux-tu apprendre et savoir quelque chose d’utile ? Aime à être ignoré ! » (Livre 1 chap. 2).

Ama nesciri ! Deux mots prodigieux, stupéfiants pour le monde qui ne comprend point, béatifiants pour le chrétien qui sait en contempler la lumière, en savourer les délices. Ama nesciri ! Toute la vie, toute l’âme de Catherine Labouré est exprimée dans ces deux petits mots.

Rien pourtant, même de la part de la Providence, ne semblait lui dicter ce programme : ni son adolescence, durant laquelle la mort de sa mère, la dispersion des aînés avaient fait reposer sur ses épaules d’enfant toute la charge du foyer domestique ; ni les étranges voies, par lesquelles elle doit passer pour répondre à sa vocation et triompher des oppositions paternelles ; ni cette vocation même à la grande et vaillante phalange des Filles de la Charité qui de par la volonté et suivant l’expression pittoresque de saint Vincent de Paul, ont « pour cloître, les rues de la ville ; pour clôture, l’obéissance ; pour grille, la crainte de Dieu ; pour voile, la sainte modestie ».

Du moins, semblerait-il, sa retraite et sa formation dans le Séminaire de la rue du Bac favoriseront son recueillement et son obscurité ? Mais voici qu’elle y est l’objet des faveurs extraordinaires de Marie, qui fait d’elle sa confidente et sa messagère. Si encore il s’était agi seulement de ces hautes communications et visions intellectuelles, qui élevaient vers les sommets de la vie mystique une Angèle de Foligno, une Madeleine de Pazzi, de ces paroles intimes, dont le cœur garde jalousement le secret ! Mais non ! Une mission lui est confiée, qui doit être non seulement transmise, mais remplie au grand jour : réveiller la ferveur attiédie dans la double Compagnie du Saint de la charité ; submerger le monde tout entier sous un déluge de petites médailles, porteuses de toutes les miséricordes spirituelles et corporelles de l’Immaculée ; susciter une Association pieuse d’Enfants de Marie pour la sauvegarde et la sanctification des jeunes filles.

Sans aucun retard, Catherine s’est adonnée à l’accomplissement de sa triple mission. Les doléances de la Mère de Dieu ont été entendues et l’esprit du saint Fondateur a refleuri alors dans les deux communautés. Mais, non moins que par sa fidélité à transmettre le message, c’est par sa constance à y répondre elle-même que Catherine en a procuré l’efficacité, mettant sous les yeux de ses Sœurs, pendant près d’un demi siècle, le spectacle saintement contagieux d’une vraie fille de saint Vincent, d’une vraie Fille de la Charité, joignant à toutes les qualités humaines de savoir-faire, de tact, de bonté, les vertus surnaturelles qui font vivre en Dieu, « cette pureté d’esprit, de cœur, de volonté, qui est le pur amour ».

La médaille, dont Marie elle-même avait parlé à sa confidente, a été frappée et répandue par millions dans tous les milieux et sous tous les climats, où elle a été dès lors l’instrument de si nombreuses et extraordinaires faveurs, aussi bien corporelles que spirituelles, de tant de guérisons, de protection, de conversions surtout, que la voix du peuple, sans hésiter, l’a aussitôt appelée « la médaille miraculeuse ».

Et l’Association des Enfants de Marie ! Nous sommes heureux de la saluer tout entière en vous qui la représentez ici, très chères filles, en rangs pressés, et de le faire précisément en ce temps, où elle vient à peine d’achever dignement le premier siècle de son existence. En effet, il y a eu, le mois dernier, tout juste cent ans, que Notre Prédécesseur Pie IX, de sainte mémoire, ratifiait son acte de naissance par le rescrit du 20 juin 1847, lui conférant l’érection canonique et lui accordant les mêmes indulgences, dont jouissaient alors les Congrégations Mariales (Acta Apostolica in gratiam Congregationis Missionis, Parisiis 1876, p. 253-254).

Comme vous devez l’apprécier et l’aimer, tant pour le bien que vos aînées et vous-mêmes en avez déjà reçu, que pour celui qu’elle vous met en mesure de faire autour de vous ! Or, ce bien immense se manifeste clairement pour peu que l’on considère, d’une part, le besoin auquel elle répond et qui la rend souverainement opportune, pour ne pas dire impérieusement nécessaire, et d’autre part, les fruits abondants qu’elle a déjà portés au cours de cette étape centenaire.

La Sœur Labouré le comprenait, ce besoin, elle le sentait profondément en son cœur ardent de zèle et de charité. Elle compatissait aux pauvres enfants du quartier de Reuilly, à ces petites, ces toutes petites — même de huit à douze ans ! qui s’en allaient travailler et qui, trop souvent hélas ! se perdaient dans les fabriques, en contact permanent avec l’ignorance et la corruption de leurs compagnes. Ces tendres victimes avaient besoin d’air pur, de lumière, de nourriture spirituelle. On en a pitié ; on ouvre pour elles un patronage ; on leur enseigne le catéchisme ; notre sainte distribue à profusion la médaille miraculeuse. Si utile, si précieux que tout cela soit, elle ne s’en contente pas tant que l’Association n’y est pas formée pour l’appui mutuel, pour la direction religieuse et morale de ces enfants, surtout pour les abriter sous le manteau maternel et virginal de Marie.

Depuis, quels développements ! Qui dénombrera ces saintes phalanges d’Enfants de Marie au voile blanc comme le lis, et dont le nom seul paraît déjà apporter avec lui comme une brise fraîche toute parfumée de pureté et de piété ?

Les temps ont changé, entendez-vous dire dans votre entourage, et l’on semble vouloir insinuer par là que celui des choses d’hier est passé ; qu’elles doivent céder la place à d’autres plus nouvelles.

Oui, sans doute, les temps ont changé. L’instruction, — l’instruction profane du moins — est plus développée en extension, sinon en profondeur, qu’à l’époque de Catherine Labouré ; la législation sociale s’est occupée davantage, et fort louablement, du sort des enfants et des jeunes filles, les arrachant à l’esclavage d’un travail précoce disproportionné à leur sexe et à leur âge ; la jeune fille a été affranchie, ou s’est affranchie elle-même, de quelques servitudes, de beaucoup de conventions et de convenances plus nombreuses encore. Sans doute aussi, sous l’influence de l’Église, d’heureuses transformations se sont progressivement obtenues, qui ont favorisé la solide éducation, la saine activité, la légitime initiative de la jeune fille chrétienne. C’est vrai, tout cela a changé. Encore faut-il reconnaître la part qu’ont eue à ces changements les institutions catholiques si multiples et si variées.

Mais, sous cette évolution que personne d’ailleurs ne songe à contester, certaines choses, les principales, demeurent permanentes, à savoir : la loi morale, la misère humaine conséquence du péché originel et, en connexion avec ces données immuables, les bases fermes sur lesquelles doivent nécessairement s’appuyer la sauvegarde de cette loi morale, les conditions essentielles des remèdes à ces misères.

De fait, bien que votre situation privilégiée d’Enfants de Marie vous mette, grâces à Dieu, à l’abri de la triste expérience de la plupart, vous ne pouvez quand même ne pas connaître le monde au sein duquel vous vivez. Or, les temps vous semblent-ils tellement changés que les périls qui vous guettent soient moindres qu’autrefois ? L’ignorance était alors fort répandue ; l’ignorance religieuse, la pire de toutes, est-elle aujourd’hui moins profonde ? N’a-t-elle pas plutôt envahi, au contraire, des foyers, des familles, où la religion était jadis en honneur et aimée, parce que connue et intelligemment pratiquée ? Qui oserait affirmer que les rues, les kiosques de journaux, les charrettes et les vitrines de librairies, les spectacles, les rencontres fortuites ou les rendez-vous combinés, que le lieu même du travail et les transports en commun offrent moins d’occasions dangereuses qu’il y a cent ans, quand elles faisaient trembler Catherine Labouré ? Et le soir venu, le retour à la maison assure-t-il autant qu’alors cette intimité de la famille chrétienne, qui rafraichissait, purifiait et réconfortait le cœur après les dégoûts ou les faiblesses de la journée ?

À ces maux quels remèdes, à cette atmosphère malsaine quelle hygiène opposer ? Ici encore, les modalités peuvent et doivent changer pour s’adapter, au jour le jour, à celles de la vie actuelle et aux circonstances ; elles pourront et devront varier aussi pour répondre aux aspirations, aux tempéraments, aux aptitudes, qui ne sont pas, en toutes, les mêmes. Mais au fond : Associations ou Pieuses Unions d’Enfants de Marie, groupes d’Action Catholique, Congrégations de la Sainte Vierge, Confréries et Tiers Ordres, que trouve-t-on là sinon les éléments essentiels de toute hygiène et de toute thérapeutique morale ? Une doctrine religieuse consciencieusement approfondie, une direction spirituelle suivie, la pratique fréquente des sacrements et de la prière, les conseils éclairés et les secours assidus de directrices expérimentées et dévouées, et puis la force si puissante de l’Association, de l’union fraternelle, du bon exemple, tout cela sous le patronage, sous la conduite, sous la protection ferme et vigilante en même temps que miséricordieuse de la Vierge Immaculée. N’est-ce pas elle-même qui a expressément voulu et inspiré l’œuvre, dont Catherine Labouré a été d’abord la confidente et la messagère, puis la propagatrice et l’active ouvrière ?

Pour réaliser les trois demandes de Marie, notre Sainte a prié, elle a lutté, elle a peiné sans relâche. Tout le monde était témoin de cette réalisation ; tout le monde en parlait, tout le monde savait aussi, vaguement du moins, de quelles faveurs célestes une Fille de la Charité avait été l’objet, et les grandes choses que la Mère de Dieu avait faites par son ministère. Mais cette privilégiée, cette mandataire, cette exécutrice de si vastes desseins, qui était-elle ? Et quel était son nom ? Nul ne le savait, hormis son confesseur, dépositaire de son secret. Et cela a duré pendant quarante-six ans, sans que, un seul instant, le voile de son anonymat fût soulevé !

Ama nesciri ! Oui, c’est bien cela : elle aime d’être ignorée ; c’est sa vraie joie et son intime satisfaction ; elle la savoure avec délices. D’autres qu’elle ont reçu de grandes lumières, ont été chargées de grands messages ou de grands rôles, et sont demeurées dans l’ombre ou s’y sont réfugiées au fond d’un cloître, pour fuir la tentation de vaine gloire, pour goûter le recueillement, pour se faire oublier : des grilles les défendaient, un voile épais dérobait leurs traits aux regards, mais leur nom courait sur toutes les lèvres. Elle ne s’est point retirée ; bien au contraire, elle continue de se dépenser à longueur de journées parmi les malades, les vieillards, les Enfants de Marie ; on la voit, on la coudoie à toute heure, à tous les carrefours ; elle n’a pas à se cacher : on ne sait pas que « c’est elle » ; elle n’a pas à faire oublier son nom : tant qu’elle vivait, il était inconnu !

Quelle leçon à l’orgueil du monde, à sa fringale d’ostentation ! L’amour-propre a beau se dissimuler et se donner les apparences du zèle ; c’est lui toujours qui, comme jadis l’entourage de Jésus, souffle à l’oreille le « Manifesta teipsum mundo » (Jn 7, 4). Dans l’obscurité où, quarante-six ans, elle a vécu, poursuivant sa mission, Catherine Labouré l’a merveilleusement et fructueusement accomplie.

L’heure est venue pour elle, annoncée par l’Apôtre : « Vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, votre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez aussi avec lui, dans la gloire » (Col 3, 3-4).

Dans la gloire où elle resplendit en pleine lumière là-haut près du Christ et de sa Mère, dans la gloire dont elle rayonne dès ici-bas où elle avait passé, ignorée, elle continue d’être la messagère de l’Immaculée. Elle l’est près de vous, Prêtres de la Mission et Filles de la Charité, vous stimulant à la ferveur dans votre sainte vocation ; elle l’est près de vous, Enfants de Marie qu’elle a tant aimées et dont elle est la puissante protectrice, vous exhortant à la fidélité, à la piété, à la pureté, à l’apostolat ; elle l’est près de vous tous, pécheurs, malades, infirmes, affligés qui levez les yeux en répétant avec confiance l’invocation : « O Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Par son intercession, les plus abondantes faveurs pleuvront sur vous à qui, de tout cœur, Nous donnons, comme gage des grâces divines, Notre Bénédiction apostolique. »

Discours et messages-radio de S.S. Pie XII,
Neuvième année de Pontificat, 2 mars 1947- 1er mars 1948, pp. 193-198.

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Le Berceau accueille des jeunes

Tous les bénévoles animateurs sont heureux de participer à la découverte de ce géant de la charité qui touche les jeunes, par son grand sens du service des plus pauvres et le fait qu’il n’est pas un religieux qui enferme dans des cases, mais qui donne le goût de la rencontre.

Le Berceau accueille des jeunes

Quels jeunes ?

Chaque année le Berceau reçoit 10.000 personnes durant l’année, et d’avril à juin, elle accueille plus de 800 jeunes. Il y a deux types de passages : ceux d’une journée de 10h à 16h, et ceux pour des sessions de 2 à 5 jours, dans le cadre d’une préparation au sacrement de confirmation ou d’une session « silence et prière » organisée par un groupe ou un mouvement.

Les passages sur une journée concernent des jeunes de 9 à 18 ans d’aumôneries scolaires d’établissements privés ou publics, et de jeunes en catéchèse dans leurs paroisses.

Ceux qui viennent pour la préparation au sacrement de confirmation viennent de secteurs paroissiaux de diocèses de la province ecclésiastique, et de plus loin (Versailles, Carcassonne, …).

Nous recevons aussi la centaine de jeunes du pélé-VTT durant la période estivale juste quelques heures, et quelques équipes d’étudiants du Raid 4L Trophy, rallye voiture de France au Maroc, sponsorisées par la SSVP.

Viennent aussi des jeunes de toute la France avec les prêtres de la Fraternité St Thomas Becket, pour des sessions d’initiation à la vie intérieure et à la prière.

Quel accueil ?

C’est une équipe animatrice de 7 personnes, 4 laïcs, une sœur et deux prêtres, qui assure ce service général d’accueil. Ils présentent ou des témoignages ou des enseignements sur les sacrements, la foi, le credo… etc…

Aux groupes qui passent, plusieurs temps sont proposés :

– la découverte du lieu avec une vidéo accompagnée d’explications sur la Famille Vincentienne ;

– puis la visite de Ranquines, la maison natale. C’est l’occasion de raconter des détails de la vie de saint Vincent, en s’appuyant sur les divers objets qui nous le rappellent : les citations des lettres de saint Vincent, le fauteuil de la famille qui le recevait dans l’internat qu’il avait fondé, et le buste du visage mortuaire,

– enfin la chapelle, où l’on porte l’attention sur la foi comme source de la vie de saint Vincent.

Les groupes reçoivent des feuillets pour noter leurs découvertes.

Après leur temps de restauration, nous leur proposons divers types de jeu pour approfondir la connaissance de St Vincent. Certains sont très mobiles, d’autres plus statiques : du jeu de l’oie aux mots croisés, en passant par l’enquête sur le vol, les traversées pour être au service des plus faibles, la richesse de la vie familiale. Chacun des jeux est constitué de 3 à 5 étapes qui comprennent ou des approches de textes bibliques, ou des lectures d’extraits de saint Vincent, et des défis sportifs (course d’obstacle, labyrinthe, etc.).

Pour chaque groupe qui va de 40 à 300 participants, nous sommes de 2 à 6 animateurs présents, suivant le nombre, pour mieux aider à un déroulement qui permette à tous de vivre ce temps dans les meilleures conditions possibles. La meilleure taille du groupe est la trentaine.

Quelles leçons ?

La rencontre de groupes s’effectue dans une grande simplicité. Le temps de présentation rapide passé pour aider chacun de trouver sa place et être (re)connu ; les adultes présents nous accompagnent, participent, encadrent à travers les différentes activités. Les objectifs définis et le cadre posé, commence un véritable partage de connaissances, de compétences et de plaisir au service de la découverte ou de l’approfondissement de Mr Vincent et de ses œuvres. A la fin de la journée, selon les groupes, le temps consacré à la visite ou aux activités, à l’expérience vécue par les uns ou les autres, le retour ou la synthèse nous renforcent dans le besoin de ces jeunes à entendre le message de Mr Vincent – criant d’actualités – et profondément à l’écoute.

Des témoignages où la parole se libère permettent un retour sur des événements intimes, un temps nécessaire de réflexion sur nos  choix de  vie.

Chaque groupe a ses attentes et chaque visite est différente, enrichissant chacun de ces rencontres multiples dans la sérénité du site.

Tous les bénévoles animateurs sont heureux de participer à la découverte de ce géant de la charité qui touche les jeunes, par son grand sens du service des plus pauvres et le fait qu’il n’est pas un religieux qui enferme dans des cases, mais qui donne le goût de la rencontre. L’évocation de la honte de son père, de ses larmes après sa visite à sa famille, touche beaucoup qui le trouvent accessible.

Certains jeunes ou animateurs vont même laisser quelques mots sur le cahier des prières de Ranquines, confiant à Saint Vincent des personnes en souffrance dans leur voisinage ou même parfois dans leurs familles.

Il nous est demandé d’être inventifs pour redonner confiance aux plus jeunes qui sont objets de railleries dès qu’ils sont reconnus comme croyants. Nous les aidons à découvrir que croire est comme goûter sa musique propre. A l’image des divers styles musicaux : rap, slam, rock, raï face auxquels nous pouvons marquer surprise, mais jamais rejet, car les styles musicaux sont tous également respectables.

Il nous faut aussi nous faire proche des plus grands, confrontés à une existence incertaine, souvent violente et vide de sens, pour leur offrir un espace et une parole vivante et dynamique, accompagnée d’un témoignage de vie heureuse et donnée au service des autres, les aidant ainsi à retrouver confiance dans leur foi hésitante et souvent fragilisée par leur environnement, et à se remettre sur la route pour, avec les autres, faire naitre le monde de demain dont ils rêvent : monde fraternel et solidaire, un monde des relations humaines épanouissantes, à l’image du royaume dont Jésus a dessiné les traits durant son existence terrestre.

L’équipe trop petite pour ce merveilleux service est preneuse de bonnes volontés pour nous aider dans ces temps d’animation, aidant à enrichir les témoignages qui pourront être portés aux jeunes. Intéressé, il faut avoir la foi, connaitre un peu Saint Vincent, aimer l’animation pour contribuer à animer ou juste accompagner ces temps. Si cela vous dit et qu’avez un peu de temps, n’hésitez pas à nous contacter, nous serons heureux de vous compter parmi les bénévoles au service des jeunes.

, Anita Briffeuil ; Elena Cruz CALVO ; Bernard MASSARINI ; Frédéric PELLEFIGUE 🔸

Il nous est demandé d’être inventifs pour redonner confiance aux plus jeunes qui sont objets de railleries dès qu’ils sont reconnus comme croyants. Nous les aidons à découvrir que croire est comme goûter sa musique propre.

Bernard Massarini
POUR DEMANDER DES INFORMATIONS OU CONNAÎTRE DAVANTAGE
VISITEZ NOTRE SITE :

www.ouvre-berceau-st-vincent.cef.fr/

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Le Berceau accueille des jeunes

Quels jeunes ?

Chaque année le Berceau reçoit 10.000 personnes durant l’année, et d’avril à juin, elle accueille plus de 800 jeunes. Il y a deux types de passages : ceux d’une journée de 10h à 16h, et ceux pour des sessions de 2 à 5 jours, dans le cadre d’une préparation au sacrement de confirmation ou d’une session « silence et prière » organisée par un groupe ou un mouvement.

Les passages sur une journée concernent des jeunes de 9 à 18 ans d’aumôneries scolaires d’établissements privés ou publics, et de jeunes en catéchèse dans leurs paroisses.

Ceux qui viennent pour la préparation au sacrement de confirmation viennent de secteurs paroissiaux de diocèses de la province ecclésiastique, et de plus loin (Versailles, Carcassonne, …).

Nous recevons aussi la centaine de jeunes du pélé-VTT durant la période estivale juste quelques heures, et quelques équipes d’étudiants du Raid 4L Trophy, rallye voiture de France au Maroc, sponsorisées par la SSVP.

Viennent aussi des jeunes de toute la France avec les prêtres de la Fraternité St Thomas Becket, pour des sessions d’initiation à la vie intérieure et à la prière.

Quel accueil ?

C’est une équipe animatrice de 7 personnes, 4 laïcs, une sœur et deux prêtres, qui assure ce service général d’accueil. Ils présentent ou des témoignages ou des enseignements sur les sacrements, la foi, le credo… etc…

Aux groupes qui passent, plusieurs temps sont proposés :

– la découverte du lieu avec une vidéo accompagnée d’explications sur la Famille Vincentienne ;

– puis la visite de Ranquines, la maison natale. C’est l’occasion de raconter des détails de la vie de saint Vincent, en s’appuyant sur les divers objets qui nous le rappellent : les citations des lettres de saint Vincent, le fauteuil de la famille qui le recevait dans l’internat qu’il avait fondé, et le buste du visage mortuaire,

– enfin la chapelle, où l’on porte l’attention sur la foi comme source de la vie de saint Vincent.

Les groupes reçoivent des feuillets pour noter leurs découvertes.

Après leur temps de restauration, nous leur proposons divers types de jeu pour approfondir la connaissance de St Vincent. Certains sont très mobiles, d’autres plus statiques : du jeu de l’oie aux mots croisés, en passant par l’enquête sur le vol, les traversées pour être au service des plus faibles, la richesse de la vie familiale. Chacun des jeux est constitué de 3 à 5 étapes qui comprennent ou des approches de textes bibliques, ou des lectures d’extraits de saint Vincent, et des défis sportifs (course d’obstacle, labyrinthe, etc.).

Pour chaque groupe qui va de 40 à 300 participants, nous sommes de 2 à 6 animateurs présents, suivant le nombre, pour mieux aider à un déroulement qui permette à tous de vivre ce temps dans les meilleures conditions possibles. La meilleure taille du groupe est la trentaine.

Quelles leçons ?

La rencontre de groupes s’effectue dans une grande simplicité. Le temps de présentation rapide passé pour aider chacun de trouver sa place et être (re)connu ; les adultes présents nous accompagnent, participent, encadrent à travers les différentes activités. Les objectifs définis et le cadre posé, commence un véritable partage de connaissances, de compétences et de plaisir au service de la découverte ou de l’approfondissement de Mr Vincent et de ses œuvres. A la fin de la journée, selon les groupes, le temps consacré à la visite ou aux activités, à l’expérience vécue par les uns ou les autres, le retour ou la synthèse nous renforcent dans le besoin de ces jeunes à entendre le message de Mr Vincent – criant d’actualités – et profondément à l’écoute.

Des témoignages où la parole se libère permettent un retour sur des événements intimes, un temps nécessaire de réflexion sur nos  choix de  vie.

Chaque groupe a ses attentes et chaque visite est différente, enrichissant chacun de ces rencontres multiples dans la sérénité du site.

Tous les bénévoles animateurs sont heureux de participer à la découverte de ce géant de la charité qui touche les jeunes, par son grand sens du service des plus pauvres et le fait qu’il n’est pas un religieux qui enferme dans des cases, mais qui donne le goût de la rencontre. L’évocation de la honte de son père, de ses larmes après sa visite à sa famille, touche beaucoup qui le trouvent accessible.

Certains jeunes ou animateurs vont même laisser quelques mots sur le cahier des prières de Ranquines, confiant à Saint Vincent des personnes en souffrance dans leur voisinage ou même parfois dans leurs familles.

Il nous est demandé d’être inventifs pour redonner confiance aux plus jeunes qui sont objets de railleries dès qu’ils sont reconnus comme croyants. Nous les aidons à découvrir que croire est comme goûter sa musique propre. A l’image des divers styles musicaux : rap, slam, rock, raï face auxquels nous pouvons marquer surprise, mais jamais rejet, car les styles musicaux sont tous également respectables.

Il nous faut aussi nous faire proche des plus grands, confrontés à une existence incertaine, souvent violente et vide de sens, pour leur offrir un espace et une parole vivante et dynamique, accompagnée d’un témoignage de vie heureuse et donnée au service des autres, les aidant ainsi à retrouver confiance dans leur foi hésitante et souvent fragilisée par leur environnement, et à se remettre sur la route pour, avec les autres, faire naitre le monde de demain dont ils rêvent : monde fraternel et solidaire, un monde des relations humaines épanouissantes, à l’image du royaume dont Jésus a dessiné les traits durant son existence terrestre.

L’équipe trop petite pour ce merveilleux service est preneuse de bonnes volontés pour nous aider dans ces temps d’animation, aidant à enrichir les témoignages qui pourront être portés aux jeunes. Intéressé, il faut avoir la foi, connaitre un peu Saint Vincent, aimer l’animation pour contribuer à animer ou juste accompagner ces temps. Si cela vous dit et qu’avez un peu de temps, n’hésitez pas à nous contacter, nous serons heureux de vous compter parmi les bénévoles au service des jeunes.

, Anita Briffeuil ; Elena Cruz CALVO ; Bernard MASSARINI ; Frédéric PELLEFIGUE 🔸

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