Lettre pour la Semaine Sainte 2021. Visiteur Province de France. Congrégation de la Mission  » Lazaristes « 

Ne manquons pas ce rendez-vous et vivons ces étapes en communion les uns avec les autres ainsi qu’avec tout le peuple qui nous est confié, avec ce désir de ne faire qu’UN en Christ. Puissent ces jours saints être vécus pleinement par tous, nous renouveler de l’intérieur les uns et les autres dans un acte de foi confiant !

Lettre pour la Semaine Sainte 2021. Visiteur Province de France. Congrégation de la Mission  » Lazaristes « 

Le sacrement de l’Eucharistie ne semble pas premier dans l’économie concrète de la foi. Ce dont il s’agit pour l’humanité, c’est de rendre à Dieu un sacrifice spirituel qui consiste tout entier dans la pratique de la charité : envers Dieu, envers soi-même et envers le prochain. Sacrifice, dans la mesure où cela se réalise dans le mouvement de donner, de demander, de recevoir, qui est le rythme même de l’amour et qui implique un bienheureux renoncement. Ce sacrifice ne peut être qu’une participation au Sacrifice parfait, offert à Dieu par le Christ sur la Croix, agréé par la Résurrection, continue dans les cieux où vit l’Agneau immolé ...

Hier, Dimanche des Rameaux, toute l’Église est entrée dans la grande célébration de la Semaine Sainte, se mettant davantage à l’écoute de son Maître qui avance vers la Croix et vers sa Glorification, dans une obéissance parfaite à son Père, par amour du peuple qu’il rassemble ainsi en son Corps, le faisant participer à sa Résurrection. Ne manquons pas ce rendez-vous et vivons ces étapes en communion les uns avec les autres ainsi qu’avec tout le peuple qui nous est confié, avec ce désir de ne faire qu’UN en Christ.

Puissent ces jours saints être vécus pleinement par tous, nous renouveler de l’intérieur les uns et les autres dans un acte de foi confiant !

Jeudi : nous nous retrouverons pour participer au dernier repas de Jésus avec ses amis dont nous sommes. Ce repas qui nous constitue comme corps du Ressuscité, repas qui nous met au service humble de nos frères et sœurs. Célébrer et accueillir le don d’amour de notre Maître, don qui nous replace devant notre propre don à sa suite dans le quotidien. Laisser s’approcher de nous Celui que nous avons choisis de suivre, accepter qu’il s’agenouille devant nous. Et entrer dans ce dialogue unique où le Christ soigne nos pieds et nous remercie de tous les pas que nous avons faits avec lui, dans l’enthousiasme, la joie mais aussi avec ces faux-pas, ceux faits par habitude, avec tristesse, en traînant les pieds…

Avec le Christ, ressouvenons-nous des lieux, des personnes où nos pieds nous ont emmenés. Rappelons- nous ce qui a été vécu, ce que nous avons reçu, donné, appris, etc. Occasion pour nous, dans ce face à face avec Jésus, de nous situer devant chacun de nos confrères de communauté et de les remercier pour les pas faits ensemble dans la mission, ces pas qui nous rapprochent les uns des autres pour servir et leur demander pardon pour ces pas de travers où domine l’entêtement, l’orgueil, le jugement qui fissurent notre unité !

Dans ce face à face silencieux avec Jésus, c’est une action de grâce qui peut jaillir de nos cœurs. Il prend soin de nos pieds et de toutes les personnes vers qui ils nous nous ont conduit. Il les prend avec amour et les prépare, en les lavant, à marcher avec lui dans sa passion. Il nous redit sa confiance pour que nous tenions fermes sur nos pieds quand les choix sont difficiles à faire, quand la fatigue, le doute, les tensions, la crise nous gagnent, nous dispersent et nous désunissent. Recevons cette douceur et cette force : nous en aurons toujours besoin pour demeurer debout, comme Marie.

Nous serons ensemble Vendredi, jour où ce don devient réel, sur la Croix, passant par l’humiliation, le jugement, la dérision, le rejet, les moqueries etc. Long chemin de dépouillement, de descente aux enfers, de défiguration, de solitude. Là nous sommes toujours conviés à ce rendez-vous de l’Amour offert. Prenons le temps, dans la contemplation du Christ livré, de porter les personnes connues ou non, proches ou non, qui traversent des déserts de solitude, d’abandon, de perte de leur identité, de leur dignité, qui sont vendus, rejetés comme des déchets inutiles. Offrons nos propres traversées de désert, les renoncements auxquels nous sommes appelés, nos moments de solitude, d’incompréhensions. Accueillons cet Amour qui rend à chacun, la dignité de fils du Père, Amour qui nous fait entrer en fraternité avec toute personne. Dans la nuit la plus sombre, sa présence est là, qui nous porte. Occasion toujours, devant la Croix, de rendre présents nos confrères, de les porter avec ce qu’ils sont, avec leurs travers, leur caractère, leurs habitudes, leur silence, etc. De les aimer avec tout cela et de vouloir faire ‘un’ ensemble, sous le regard du Crucifié qui pardonne à chacun.

Samedi : journée du grand silence, de la solitude, de l’intériorisation ! Chacun avec lui-même.

Être comme Pierre qui, après son triple reniement, mesure la profondeur du lien qui l’unit à Jésus. Il est habité par ce regard de Jésus, ce regard qui le fait renaître à lui-même et à nous-mêmes. Laisser ce regard se poser sur nos reniements, nos peurs, nos lâchetés, nos démissions. Regard qui nous prépare à recevoir la lumière de Pâques !

Être comme Jean qui, après avoir reçu Marie pour Mère, la prend chez elle à partir de cette heure du passage au Père, cette heure de la souffrance, de l’abandon, de l’agonie, cette heure aussi de la glorification Se réjouir de cette présence maternelle qui a tenu bon jusqu’au bout. Marie nous ouvre le cœur à l’intelligence des Écritures qui nous font entrevoir la lumière pascale !

Être comme Marie qui approfondit sa foi, entrant davantage dans le Mystère de Dieu, ce Mystère du Dieu fait homme et qui accueille déjà la lumière de Pâques. « Elle est au contact de la vérité de son Fils seulement dans la foi et par la foi » comme l’écrivait s. Jean-Paul II. Marie a vécu la foi avec intensité, dans un grand dénuement. Foi de l’Église dans son cœur de Mère.

Occasion encore de vivre cette journée en compagnie de nos frères, dans le silence de nos cœurs, de notre méditation, croyant que nous pouvons dépasser des appréhensions, des rancunes… Pour témoigner que la vie fraternelle est possible, qu’elle peut nous aider à être plus vivant, plus aimant, plus pardonnant, plus joyeux dans la mission, lieu de notre don.

Samedi, jour où s’opère le mûrissement des événements passés qui reviennent à la mémoire, préparation à faire le deuil et à accueillir le vivant. Il faut traverser ce vendredi, en sortir pour s’ouvrir au dimanche. Les souvenirs ouvrent une porte sur l’avenir qui nous aide à l’accueillir et à y croire.

Aujourd’hui, nombre de personnes cherchent des signes d’espoir. Ceux-ci peuvent paraître souvent dérisoires devant la situation que connaît le monde, notre société ou chacun d’entre nous : chômage, maladie de la Covid-19 et ses conséquences dramatiques, précarité, augmentation de la misère, réchauffement climatique, suicides, usure des communautés, peur de l’engagement, maladie, vieillesse, lassitude, etc. Autant de réalités qui ébranlent des convictions, qui remettent en cause des choix et installent le doute, le découragement. Mais rappelons-nous que « le Samedi Saint, les signes d’espoirs étaient quasi-inexistants. Marie ne nous apprend pas à chercher des raisons d’espérer. Elle nous invite à la rejoindre dans une attitude fondamentale d’espérance qui s’enracine dans la foi. “La foi est le moyen de posséder déjà ce que l’on espère, et de connaître des réalités que l’on ne voit pas” (He 11, 1) », (cf.

Mgr Gabriel Piroird, Constantine).

Pierre et Jean, les femmes, les autres étaient plutôt désorientés et pourtant à leur insu, l’Esprit poursuivait son travail dans le cœur de beaucoup d’autres qui se trouvèrent présents au rendez-vous de Pentecôte. Nous sommes en chemin déjà vers ce rendez-vous.

Dimanche, jour de joie et de fête. Que la Joie rayonne sur nos visages, qu’elle soit le signe que nous sommes renouvelés dans la Lumière du Ressuscité. La joie d’être frères les uns des autres et avec quiconque.

« En toute vie, il y a des heures où les choix révèlent ce que nous portons en nous et ce que nous sommes… Tout cela s’accomplit dans le mystère pascal. Non pas seulement dans ces jours où la vie et la mort s’affrontent au Golgotha, mais dans le mouvement de toute l’existence croyante qui se déroule sous le signe du passage de la mort à la vie », (cf. Mgr Pierre Claverie, Oran).

Réjouissons-nous avec le diocèse de Moulins-Vichy qui a un nouvel évêque depuis hier en la personne de Mgr Marc BEAUMONT, ancien curé-doyen et Délégué Épiscopal à l’information dans le diocèse de Cambrai. Son ordination est prévue le Dimanche 16 mai 2021 à 15h à la cathédrale de Moulins.

En communion avec chacun d’entre vous,

Christian MAUVAIS cm, Visiteur

25 janvier 2021. Homélie Fête de la Conversion de Saint Paul. Messe chapelle st Vincent de Paul – Paris. Jean-Baptiste GNING CM, séminariste, prononce les voeux dans la Congrégation de la Mission.

Partout où nous sommes appelés à aller, il faut avancer dans la profondeur de la vie de nos contemporains et notamment de ceux qu’on oublie si facilement, ‘vivre avec eux, demeurer avec eux, se poser’ parmi eux ; il s’agit de les suivre pas à pas, sans brusquerie, en apprenant à cheminer à leur rythme, en ayant ‘un cœur qui se laisse modeler dans la patience’ ; patience qui n’est autre que la passion d’aimer et de se donner.

25 janvier 2021. Homélie Fête de la Conversion de Saint Paul. Messe chapelle st Vincent de Paul – Paris. Jean-Baptiste GNING CM, séminariste, prononce les voeux dans la Congrégation de la Mission.

La 1ère fois que je t’ai vu, Jean-Baptiste, c’était en photo sur la page de garde de ‘Rencontres’, la revue du diocèse d’Alger. Tu étais dans les fonts baptismaux de la basilique en ruines de Tipaza, lieu où est passé st Augustin. Un jeune étudiant, venant d’un autre pays, plongé dans les fonts baptismaux d’une Église que tu découvrais avec les autres étudiants. Je t’ai rencontré plusieurs mois après, gardien de la maison paroissiale à Boumerdes avec Bernard ton compatriote. C’est là que plus tard encore je t’ai rejoint comme curé de ce lieu et que nous avons fait connaissance pendant plus d’une année.

Pour toi comme pour d’autres, cette expérience en Algérie a été un peu comme le chemin de Damas de Paul : un lieu, un moment de rencontre avec une église minoritaire ayant des racines profondes sur cette terre d’Afrique du Nord et Église en rencontre avec le monde musulman qui sortait d’une profonde crise de violence et où il n’était pas toujours facile de s’afficher comme chrétien sans être bousculé, interrogé et où il fallait le courage de son identité d’ami du Christ dans le milieu universitaire, parfois hostile à l’étranger.

Avec les autres étudiants, tu t’es retrouvé missionnaire au cœur de l’université de Boumerdes ; et vous avez témoigné de ce Jésus que vous aviez rencontré et que vous continuiez à chercher à connaître au sein de cette église. Témoigner d’une présence, d’une personne qui vous rendait heureux. Tu le montrais à l’intérieur de la communauté chrétienne des étudiants. D’aucuns d’ailleurs n’ont pas été surpris quand ils ont appris que tu étais au Séminaire ; ils avaient déjà reconnu en toi ce témoin passionné du Christ.

Du chemin a été parcouru. Te voilà dans ta 5e année de formation. D’autres expériences en France, à Caen, à Valence, à Orléans, en Italie à Chieri et maintenant aux Carmes, à Amiens et à Villiers/Marne. Autant d’expériences qui t’ont enrichi, formé et qui t’ont permis de t’ancrer, de t’enraciner en Christ, de t’attacher à l’Église dans sa réalité avec ses beautés et ses laideurs. On sent en toi l’homme profondément heureux de sa réponse à l’appel que le Seigneur lui adresse, heureux de se donner pour que le Christ soit mieux connu et rende les autres heureux.

Paul sur son chemin de Damas a fait une expérience renversante du Christ ; il l’a rencontré, entendu, vu et cela en a fait un homme nouveau, certes avec la même force, la même énergie qu’avant mais cette fois-ci, mise au service de l’annonce de l’Évangile, partout ailleurs. Une rencontre qui l’a retourné dans la violence de l’Esprit, le seul acteur dans la mission comme le souligne le Pape François : « La mission consiste à te faire guider par l’ESPRIT Saint : il faut que ce soit lui qui te pousse à annoncer le Christ. C’est renoncer à tout calculer, à tout contrôler ». Totale démarche d’abandon dans la confiance. « … La mission est un contact humain, elle est le témoignage d’hommes et de femmes qui disent à leurs compagnons de voyage : je connais Jésus, je voudrais te le faire connaître. » Je reconnais que tu es guidé par l’Esprit qui te pousse partout à faire connaître le Christ et que tu es un vrai témoin entre autres, auprès des jeunes que tu rencontres en différents lieux.

L’Esprit agit par des intermédiaires. Paul a eu Ananie et Barnabé qui lui ont permis d’être reçu dans la communauté et d’y prendre sa place et d’y donner tout le meilleur de lui-même. Vincent a eu Mme de Gondi et Louise de Marillac qui lui ont ouvert des chemins d’évangélisation. Voix de celles et ceux qui éclairent, accompagnent les choix, les engagements, les déplacements vers des périphéries. Toi-même, comme chacun d’entre nous, tu as des personnes qui ont été là à un moment et qui t’ont éclairé dans tes choix de vie, accompagné dans ta recherche, soutenu dans tes audaces. Témoins de ton parcours, hier et aujourd’hui. Ils te permettent de mesurer, si possible, la fécondité et de la formation que tu reçois, et de la mission que tu expérimentes. Ce n’est peut-être pas encore la pêche miraculeuse mais elle est prometteuse pour l’avenir.

L’Esprit bouscule, notamment quand il y a des résistances. Il travaille de l’intérieur chacun pour le rendre docile à la Parole de Vie ; Il t’a déjà emmené sur des chemins très nouveaux, loin de ta terre natale, géographiquement, culturellement, et ecclésialement ! Continue à te laisser modeler, façonner pour être prêt à l’audace de la rencontre, de l’interculturel, du dialogue qui ouvre bien des chemins dans les cœurs. Avec lui, continue d’avancer en eau profonde, toujours un peu plus loin, sans crainte, sûr que Christ est là, présent à tes côtés.

Partout où nous sommes appelés à aller, il faut avancer dans la profondeur de la vie de nos contemporains et notamment de ceux qu’on oublie si facilement, ‘vivre avec eux, demeurer avec eux, se poser’ parmi eux ; il s’agit de les suivre pas à pas, sans brusquerie, en apprenant à cheminer à leur rythme, en ayant ‘un cœur qui se laisse modeler dans la patience’ ; patience qui n’est autre que la passion d’aimer et de se donner.

En ce jour de la Conversion de St Paul, puisses-tu te laisser guider par l’Esprit jusqu’au cœur de la communauté des amis de Jésus pour l’aimer telle qu’elle est et avec elle, partir sur les chemins du monde pour lui révéler la présence du Christ. Pour ‘rester fidèle de manière stable à cette vocation’, tu choisis, à la suite de St Vincent, ‘la petite Congrégation de la Mission où Dieu nous met en l’état où il a mis son Fils et qui a pensé qu’elle ne se pouvait servir d’armes meilleures ni plus propres que de celles mêmes, dont cette Sagesse éternelle s’est servie si heureusement et si avantageusement’ (XII, 365) : la Chasteté, la Pauvreté et l’Obéissance, armes utiles pour demeurer stables dans la mission d’Évangélisation et du Service des Pauvres. ‘Celui qui fait les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance donne tout à Dieu, renonçant aux biens, plaisirs et honneurs, c’est un parfait holocauste, car l’entendement, Messieurs, est sacrifié à Dieu, comme le jugement propre et la volonté propre’; d’aucuns disent qu’avoir fait les vœux et les accomplir, c’est un continuel martyre.’ (XII, 371, 372) nous dit st Vincent, le Martyre de la Charité.

Jean-Baptiste, je suis heureux de l’engagement que tu prends aujourd’hui, dans le fond de ton cœur. Heureux que tu deviennes définitivement un membre de notre chétive, un membre pour servir en se donnant sans compter pour les plus petits et les plus oubliés de nos contemporains. Sois pour eux, avec eux, par eux un instrument de paix et de joie. Celle de l’Esprit qui fait toute chose nouvelle.

Que St François Régis CLET veille sur toi puis que c’est à lui que tu as confié cette demande d’émettre les vœux, lui qui a suivi jusqu’au bout le Christ pour le faire connaître partout. Amen !

MOT D’ACCUEIL.

Bonjour à vous frères et sœurs en Christ. Je souhaite la bienvenue à Paul, ton frère qui représente toute ta famille qui est unie à nous ce matin ; bienvenue au Supérieur du Séminaire des Carmes et à tes compagnons d’études dans ce même lieu, aux personnes de la paroisse de Villiers sur Marne, à tes amis et à tes confrères.

Nous sommes heureux de vous accueillir en ce jour où nous fêtons la fondation de la Congrégation de la Mission pour marcher avec le Christ, Évangélisateur des Pauvres. C’est une grâce que de revenir régulièrement à ces textes fondateurs pour nous renouveler.

Notre joie est multipliée par le fait de t’accueillir de façon définitive, Jean-Baptiste au sein de cette Congrégation, toi qui vas faire le vœu de te consacrer à l’Évangélisation des pauvres à la suite du Christ, et pour cela t’engager à travers les 3 vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance.

Ensemble, reconnaissons la grâce de Dieu en nos vies, la fécondité de sa Parole, de son appel, et accueillons sa miséricorde qui nous relève de nos péchés, de nos infidélités, de nos peurs et laissons-nous renouveler par le pardon sans mesure qu’il nous accorde.

Dimanche de la Parole de Dieu. 24 janvier 2021. Homélie. Chapelle saint Vincent de Paul – Paris

La crèche n’est plus sous nos yeux mais les Ecritures sont là, ouvertes à notre méditation ; elles sont cette présence du Christ qui nous parle aujourd’hui. Maintenir les Ecritures fermées, c’est se refuser d’écouter le Christ qui nous adresse une Parole, c’est renoncer à un dialogue. C’est se fermer soi-même à l’autre ! La Parole est le lieu où nous devons apprendre à demeurer.

Dimanche de la Parole de Dieu. 24 janvier 2021. Homélie. Chapelle saint Vincent de Paul – Paris

Il y a juste un mois, nous fêtions la naissance de Jésus, incarnation de la Parole éternelle de Dieu. Nous nous réjouissions devant ce nouveau-né, silencieux certes mais dont la simple présence déjà nous interrogeait et nous invitait à des déplacements. Nous l’avons accueilli joyeusement ! quelle place garde-t-il dans nos cœurs, dans nos vies ?

La crèche n’est plus sous nos yeux mais les Écritures sont là, ouvertes à notre méditation ; elles sont cette présence du Christ qui nous parle aujourd’hui. Maintenir les Écritures fermées, c’est se refuser d’écouter le Christ qui nous adresse une Parole, c’est renoncer à un dialogue. C’est se fermer soi-même à l’autre ! La Parole est le lieu où nous devons apprendre à demeurer.

Les Écritures font retentir la Parole au cœur de nos familles, de nos communautés, de l’Église. Cette Parole est cette présence réelle du Ressuscité qui nous indique un chemin, qui nous invite à la conversion, qui nous dit où se trouve l’Essentiel. Cela, me semble-t-il, nous le redécouvrons davantage dans ces temps qui sont les nôtres et qui nous bousculent !

Que ce soit Jonas, Pierre, André, Jean, Jacques, Paul, ces hommes ont entendu une Parole qui les a mis en route, en hâte, comme Marie : ‘laissant tout, ils le suivirent’. Ils ont été appelés pour proclamer une Parole invitant à vivre une conversion ; il s’agit pour quiconque, de choisir de se mettre résolument à l’écoute de la Parole d’un Autre, à remettre cette Parole au centre de sa vie, de ses préoccupations tout simplement parce qu’elle est une Parole qui ouvre à la Vie, à la Paix. Le psalmiste ne fait rien d’autre, lui qui ouvre la Bible pour l’étudier et la méditer et qui demande à Dieu de l’aider à trouver un chemin de conversion. N’est-il pas de notre responsabilité de réveiller les gens, de les appeler à se ressaisir, à revenir à l’écoute d’un Autre ?

Nous faisons tous cette expérience du vide, du  dessèchement, de l’aridité de nos vies, quand on n’est plus à l’écoute de la Parole de Dieu, ressemblant à un jardin non irrigué où ce qui est semé est peu à peu détruit à l’image de Ninive.

Si le Christ, Parole du Père, nous invite, c’est pour nous tourner vers les autres, pour aller à leur rencontre ce qui nécessite de nous tourner vers lui, de nous retourner à son écoute. Il faut que notre cœur passe par la conversion pour inviter d’autres à faire cette démarche. Jonas a mis du temps pour comprendre le chemin de Dieu vers les hommes, pour se familiariser avec son cœur de miséricorde. L’attitude des autres peut nous aider nous-mêmes à comprendre le chemin de Dieu vers nous, l’amour qu’il nous porte. Je crois fermement que nous nous aidons les uns les autres à découvrir l’essentiel, à accueillir le message d’amour et de pardon.

C’est une parole qui met en route, qui fait faire des déplacements, qui oblige à des ruptures fortes mais elle donne envie d’oser l’inconnu et cela peut donner sens et joie à la vie. Quand il appelle, Jésus ne fait pas miroiter quelque chose aux appelés pour eux-mêmes mais il les invite à sortir de leur avoir le souci des autres ; il les associe à sa propre mission qui est de repêcher les hommes : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » Les 1ers appelés de Jésus entendent l’appel à se lever et se décident sur le champ ; c’est maintenant qu’ils ont à proclamer une Bonne nouvelle. Pourquoi attendre demain pour aller repêcher ces hommes qui se noient dans les eaux de la non-vie ?

La parole qui circule à travers la ville de Ninive ou à travers les villes et villages de Palestine, porte des fruits. Quand elle est entendue, accueillie, elle est féconde ; elle a une force ; mieux, elle est une force qui nous invite à nous fatiguer à marcher, à proclamer, à rencontrer. Le Seigneur s’en remet à nous pour ce travail de réveil, d’encouragement au cœur de nos quartiers, de nos rues, de nos lieux de vie. Il y a de la fécondité, plus que nous croyons !

Cette Parole est adressée à tout le monde, y compris aux personnes qui sont loin, qui s’en moquent, qui en sont même ennemis ; ne disons pas trop vite, comme Jonas, que ça ne  vaut pas la peine de se donner tout ce mal pour des gens qui n’en valent pas la peine. Ce qui est sûr, c’est que cette Parole a la force de l’amour de Dieu pour tous les hommes, d’où qu’ils soient, quelque soient leurs façons de vivre, leurs parcours humains. Ninive nous montre que toutes les personnes embourbées dans le mal sont capables d’entendre au cœur même de leur débauche, une Parole nouvelle, une Parole qui les considère comme aimables ! c’est une belle leçon à entendre dans notre mission. Jonas ne voulait pas y croire ; il a été converti, retourné par l’attitude des gens. Le serons-nous, nous aussi ?

Pour vivre cette expérience d’être appelés, de sillonner les rues, les quartiers, notre propre vie, annonçant une Bonne Nouvelle, il est nécessaire que l’Écriture demeure au centre de nos habitations, de nos Églises et qu’elle soit ouverte. Aujourd’hui, célébrer la Parole de Dieu c’est lui donner toute sa place, au centre pour qu’elle nous envoie aux périphéries.

Laissons le temps à cette Parole du mûrissement, de la maturation, du discernement nécessaire pour orienter notre vie, lui donner un sens, lui donner du sens. C’est un temps de dépouillement nécessaire pour nous revêtir de l’Esprit, celui du Fils, Parole faite chair qui nous rassemble pour devenir un peuple uni autour d’elle, heureux de glorifier le Père.

Le pape François  a souhaité que le 3e dimanche du temps ordinaire soit consacré ‘à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la parole de Dieu’ par tous, nous rappelant ainsi que le rapport à l’Écriture sainte est toujours vivant. (voir : « Aperuit Illis » par laquelle est institué le « dimanche de la Parole de Dieu »)

En nous rassemblant à l’église en ce dimanche, nous venons puiser à la source de l’Amour qui est en Dieu. Nous nous nourrissons de sa Parole et de son Eucharistie. Demandons-lui que sa Parole agisse en nous, qu’il nous donne la force et le courage pour la mission qu’il nous confie : “Toi qui es la Lumière du monde, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour.”

Reconnaissons-nous pécheurs confiants dans la Miséricorde, ouverts pour accueillir le Pardon. C’est avec lui que nous pourrons marcher dans la droiture et la justice.

(Pour en savoir plus faire click sur le lien : Note sur le dimanche de la Parole de Dieu)

 

Message de Noël. Visiteur Province de France – Congrégation de la Mission

« …. Noël, c’est la fête de l’Incarnation, d’un Dieu qui vient à nous sous la forme surprenante, inhabituelle d’un enfant, là où nous sommes, Covid ou pas… un Dieu ‘qui entre dans la pandémie, et se fait homme tout en sachant que l’homme est fragile, vulnérable’. Plutôt que de désespérément pleurer sur ce qui ne sera pas ‘comme d’habitude’, c’est peut-être là l’occasion de nous interroger sur la signification profonde de cet ‘avènement’, et la manière dont nous savons le préparer, l’accueillir. Après tout, dans la mangeoire de Bethléem il y avait de l’inattendu, oui. » Isabelle de Gaulmyn, La Croix

Message de Noël. Visiteur Province de France – Congrégation de la Mission

Chers confrères,  Le temps de Noël est là !

Nous avons cheminé durant ces semaines de l’Avent et ce temps nous a permis de nous préparer intérieurement à accueillir Celui que nous attendons tous. Celui qui prend notre chair pour nous rejoindre, faire de nous son Corps et nous emmener vers son Père.

Nous avons cheminé au rythme de la vie avec ses imprévus, ses questionnements, ses peurs, ses inquiétudes et nous avons porté cela dans notre prière, dans ce lien particulier avec Celui qui fait toutes choses nouvelles ! Rien n’est plus pareil ! Tout est bousculé, déplacé, interrogé y compris nos ministères, nos engagements.

Nous vivons, comme le souligne François, un temps de crise qui est une occasion de nous convertir et de retrouver une authenticité. Il est bon de nous souvenir que « c’est l’Evangile qui nous met en crise », comme le rappelle François lors de ses vœux à la Curie cette année :

« Si nous trouvons de nouveau le courage et l’humilité de dire à haute voix que le temps de la crise est un temps de l’Esprit, alors, même devant l’expérience de l’obscurité, de la faiblesse, de la fragilité, des contradictions, de l’égarement, nous ne nous sentirons plus écrasés. Nous garderons toujours l’intime confiance que les choses vont prendre une nouvelle tournure jaillie exclusivement de l’expérience d’une grâce cachée dans l’obscurité. »

Se convertir à l’inattendu, accueillir l’imprévu, n’est-ce pas un chemin pour chacun, aujourd’hui et demain ? Continuer à prendre ce chemin qui nous montre la nécessité de mourir à une certaine manière d’être, de penser, d’agir qui ne reflète pas l’Évangile. C’est ainsi que nous ferons place, peu à peu, à la nouveauté que l’Esprit suscite toujours dans le cœur de l’Église, dans le cœur de chacun de ses membres.

Joyeuse fête de Noël à chacun, à chaque communauté. Prenons le temps de vivre cette fête ensemble, de se poser ensemble, de déposer fatigue, stress, inquiétudes à la Crèche auprès de Celui qui nous invite à déposer nos fardeaux sur lui. Prions aussi pour toutes les personnes décédées seules, sans présence familiale, amicale, sans identité, à l’hôpital, en EHPAD ou dans la rue.

Ce temps fraternel nous aidera à tenir bon, à garder vivante l’espérance et à donner un rayon de joie dans le cœur de chacun.

La Place que ce Roi donne à l’humain

Nous voici à la fin d’un parcours où l’Evangile de Matthieu nous a aidé, pendant une année, à saisir davantage Celui que nous suivons, au cœur du quotidien. Les événements de cette année ont participé peut-être plus qu’à l’ordinaire, à ce saisissement du Christ, à sa connaissance toute intérieure qui ont teinté notre action missionnaire.

La Place que ce Roi donne à l’humain

Nous voici à la fin d’un parcours où l’Évangile de Matthieu nous a aidé, pendant une année, à saisir davantage Celui que nous suivons, au cœur du quotidien. Les événements de cette année ont participé peut-être plus qu’à l’ordinaire, à ce saisissement du Christ, à sa connaissance toute intérieure qui ont teinté notre action missionnaire.

Pour clôturer cette année en fêtant le Christ comme Roi, la liturgie nous offre l’image du berger qui prend soin de ses brebis ; image qui conduit à mettre l’humain vulnérable dans ses dimensions spirituelles et humaines, au centre de toute préoccupation et de toute attention.

La façon dont ce berger se comporte vis-à-vis de ses brebis dit tout de la façon dont Dieu, en Christ, se comporte vis à vis de nous, de chaque personne humaine, de l’ensemble de l’humanité : son souci de prendre soin à ce que la nourriture soit suffisante,  à ce que personne ne se perde, ne soit dispersé, ne soit blessé, sans forces. Une attention constante, un désir de justice, d’épanouissement personnel et collectif, un amour plein de bonté.

Tout responsable est ainsi appelé à vivre avec les mêmes sentiments, les mêmes attentions, le même amour envers ceux qui lui sont confiés. Le souffle qui passe dans chacune de ses attitudes, dans sa façon d’être présent à l’autre,  c’est celui de l’amour qui nous éloigne de cette culture du rejet, de l’indifférence.

Cette manière d’être du Christ, il désire la retrouver en nous, qu’elle soit la nôtre. Belle image de la gouvernance pour aujourd’hui qui est de savoir prendre la place qui convient pour que l’autre grandisse, se développe, rayonne. Être un parmi d’autres pour que chacun soit reconnu dans sa réalité et ne soit pas étouffé ou nié.

Vivre ainsi sa responsabilité, sa gouvernance est un chemin royal, emprunté par le Christ qui tourne notre regard vers un cortège d’êtres humains sans beauté, ni force, ni honneur – misérables, malades ou prisonniers. Foule de ceux qui sont oubliés. Ne sommes-nous pas sans cesse appelés à prendre au sérieux leurs besoins fondamentaux, à porter attention :

  • à ceux qui ont faim et soif, certes de nourriture et de boisson, mais plus encore d’écoute, de connaissances, de reconnaissance, d’engagement pour se développer ; Les Perrichaux.
  • à ceux qui sont en attente que leur nudité soit revêtue d’un regard qui respecte leur dignité, d’un respect de leurs droits comme celui d’un toit, d’un travail, d’un accueil qui leur redonne une place avec les autres ; Louise et Rosalie ou l’APA.
  • à ceux qui sont mis au rebut dans ces lieux d’enfermement où règne la méfiance, où l’humanité est en souffrance, trahie par l’indifférence et où une simple visite redonne sens et beauté à l’humanité ainsi isolée. les visiteurs de prison, d’hôpitaux

Un simple geste, une présence même ponctuelle apporte un plus d’humanité, ouvre une issue dans ces impasses, est une victoire de la vie sur la mort. Cela redonne un vrai visage à celui dont l’humanité est mise à mal ; cela recrée du lien humain, social. Cette reconnaissance de l’humanité de l’autre dans ses fragilités, dans ses manques est une victoire de la lumière sur les ténèbres. La venue du Christ dans sa gloire réside dans notre relation à ces frères démunis. Leur précarité met au monde le pouvoir royal du Christ. Cela se vit dans l’imprévu, l’inattendu ce qui n’est pas toujours confortable mais peut être source d’étonnement !

« Quand est-ce que nous t’avons vu…? »

Nous avons besoin d’un regard extérieur pour nous révéler à nous-mêmes, découvrir une part de notre vérité, le sens de notre agir en bien ou en mal. On sera toujours étonné de la portée de nos actes, qui relèvent ou abaissent ! Ce regard de l’autre nous guérit de nos propres aveuglements et nous confirme dans notre capacité de faire le bien. C’est aujourd’hui que nous avons à donner le meilleur de nous-mêmes, pour le service des plus petits.

Il s’agit bien d’un combat à mener ! Faire le minimum  comme donner un verre d’eau, pour que cette terre accueille et donne place à Celui qui désire en faire son Royaume et y demeurer pour l’éternité. Choisir d’être humble, proche ; ne pas avoir peur de la vulnérabilité présente chez chacun, chemin royal où, comme Christ, nous nous abaissons pour être élevés ensemble à un rang de fils et accéder à la royauté. Ce qui est royal et qui finira par donner forme à l’humanité entière, c’est le don de soi pour faire vivre les autres. Le comportement du Christ, Berger, Roi, doit inspirer le nôtre et le façonner.

La vérité de chacun se dit dans le dénuement. Cet homme qui a faim, qui est malade, en prison… c’est le Christ : ‘Voici l’Homme’. Par l’Incarnation, Dieu s’est mis dans l’homme, en état d’abaissement, c’est là que nous pouvons Le rencontrer et l’accueillir. « C’est à Moi que vous l’avez fait » et c’est là que nous pouvons être élevé !

Merveilleuse place que nous donne un tel Roi, tout donné pour la vie de son peuple. C’est aussi une belle préparation à Noël où nous fêtons ce Roi, dans la fragile chair d’un enfant, abaissement de Dieu pour notre relèvement royal. Amen !