La crèche n’est plus sous nos yeux mais les Ecritures sont là, ouvertes à notre méditation ; elles sont cette présence du Christ qui nous parle aujourd’hui. Maintenir les Ecritures fermées, c’est se refuser d’écouter le Christ qui nous adresse une Parole, c’est renoncer à un dialogue. C’est se fermer soi-même à l’autre ! La Parole est le lieu où nous devons apprendre à demeurer.

Dimanche de la Parole de Dieu. 24 janvier 2021. Homélie. Chapelle saint Vincent de Paul – Paris

Il y a juste un mois, nous fêtions la naissance de Jésus, incarnation de la Parole éternelle de Dieu. Nous nous réjouissions devant ce nouveau-né, silencieux certes mais dont la simple présence déjà nous interrogeait et nous invitait à des déplacements. Nous l’avons accueilli joyeusement ! quelle place garde-t-il dans nos cœurs, dans nos vies ?

La crèche n’est plus sous nos yeux mais les Écritures sont là, ouvertes à notre méditation ; elles sont cette présence du Christ qui nous parle aujourd’hui. Maintenir les Écritures fermées, c’est se refuser d’écouter le Christ qui nous adresse une Parole, c’est renoncer à un dialogue. C’est se fermer soi-même à l’autre ! La Parole est le lieu où nous devons apprendre à demeurer.

Les Écritures font retentir la Parole au cœur de nos familles, de nos communautés, de l’Église. Cette Parole est cette présence réelle du Ressuscité qui nous indique un chemin, qui nous invite à la conversion, qui nous dit où se trouve l’Essentiel. Cela, me semble-t-il, nous le redécouvrons davantage dans ces temps qui sont les nôtres et qui nous bousculent !

Que ce soit Jonas, Pierre, André, Jean, Jacques, Paul, ces hommes ont entendu une Parole qui les a mis en route, en hâte, comme Marie : ‘laissant tout, ils le suivirent’. Ils ont été appelés pour proclamer une Parole invitant à vivre une conversion ; il s’agit pour quiconque, de choisir de se mettre résolument à l’écoute de la Parole d’un Autre, à remettre cette Parole au centre de sa vie, de ses préoccupations tout simplement parce qu’elle est une Parole qui ouvre à la Vie, à la Paix. Le psalmiste ne fait rien d’autre, lui qui ouvre la Bible pour l’étudier et la méditer et qui demande à Dieu de l’aider à trouver un chemin de conversion. N’est-il pas de notre responsabilité de réveiller les gens, de les appeler à se ressaisir, à revenir à l’écoute d’un Autre ?

Nous faisons tous cette expérience du vide, du  dessèchement, de l’aridité de nos vies, quand on n’est plus à l’écoute de la Parole de Dieu, ressemblant à un jardin non irrigué où ce qui est semé est peu à peu détruit à l’image de Ninive.

Si le Christ, Parole du Père, nous invite, c’est pour nous tourner vers les autres, pour aller à leur rencontre ce qui nécessite de nous tourner vers lui, de nous retourner à son écoute. Il faut que notre cœur passe par la conversion pour inviter d’autres à faire cette démarche. Jonas a mis du temps pour comprendre le chemin de Dieu vers les hommes, pour se familiariser avec son cœur de miséricorde. L’attitude des autres peut nous aider nous-mêmes à comprendre le chemin de Dieu vers nous, l’amour qu’il nous porte. Je crois fermement que nous nous aidons les uns les autres à découvrir l’essentiel, à accueillir le message d’amour et de pardon.

C’est une parole qui met en route, qui fait faire des déplacements, qui oblige à des ruptures fortes mais elle donne envie d’oser l’inconnu et cela peut donner sens et joie à la vie. Quand il appelle, Jésus ne fait pas miroiter quelque chose aux appelés pour eux-mêmes mais il les invite à sortir de leur avoir le souci des autres ; il les associe à sa propre mission qui est de repêcher les hommes : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » Les 1ers appelés de Jésus entendent l’appel à se lever et se décident sur le champ ; c’est maintenant qu’ils ont à proclamer une Bonne nouvelle. Pourquoi attendre demain pour aller repêcher ces hommes qui se noient dans les eaux de la non-vie ?

La parole qui circule à travers la ville de Ninive ou à travers les villes et villages de Palestine, porte des fruits. Quand elle est entendue, accueillie, elle est féconde ; elle a une force ; mieux, elle est une force qui nous invite à nous fatiguer à marcher, à proclamer, à rencontrer. Le Seigneur s’en remet à nous pour ce travail de réveil, d’encouragement au cœur de nos quartiers, de nos rues, de nos lieux de vie. Il y a de la fécondité, plus que nous croyons !

Cette Parole est adressée à tout le monde, y compris aux personnes qui sont loin, qui s’en moquent, qui en sont même ennemis ; ne disons pas trop vite, comme Jonas, que ça ne  vaut pas la peine de se donner tout ce mal pour des gens qui n’en valent pas la peine. Ce qui est sûr, c’est que cette Parole a la force de l’amour de Dieu pour tous les hommes, d’où qu’ils soient, quelque soient leurs façons de vivre, leurs parcours humains. Ninive nous montre que toutes les personnes embourbées dans le mal sont capables d’entendre au cœur même de leur débauche, une Parole nouvelle, une Parole qui les considère comme aimables ! c’est une belle leçon à entendre dans notre mission. Jonas ne voulait pas y croire ; il a été converti, retourné par l’attitude des gens. Le serons-nous, nous aussi ?

Pour vivre cette expérience d’être appelés, de sillonner les rues, les quartiers, notre propre vie, annonçant une Bonne Nouvelle, il est nécessaire que l’Écriture demeure au centre de nos habitations, de nos Églises et qu’elle soit ouverte. Aujourd’hui, célébrer la Parole de Dieu c’est lui donner toute sa place, au centre pour qu’elle nous envoie aux périphéries.

Laissons le temps à cette Parole du mûrissement, de la maturation, du discernement nécessaire pour orienter notre vie, lui donner un sens, lui donner du sens. C’est un temps de dépouillement nécessaire pour nous revêtir de l’Esprit, celui du Fils, Parole faite chair qui nous rassemble pour devenir un peuple uni autour d’elle, heureux de glorifier le Père.

Le pape François  a souhaité que le 3e dimanche du temps ordinaire soit consacré ‘à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la parole de Dieu’ par tous, nous rappelant ainsi que le rapport à l’Écriture sainte est toujours vivant. (voir : « Aperuit Illis » par laquelle est institué le « dimanche de la Parole de Dieu »)

En nous rassemblant à l’église en ce dimanche, nous venons puiser à la source de l’Amour qui est en Dieu. Nous nous nourrissons de sa Parole et de son Eucharistie. Demandons-lui que sa Parole agisse en nous, qu’il nous donne la force et le courage pour la mission qu’il nous confie : “Toi qui es la Lumière du monde, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour.”

Reconnaissons-nous pécheurs confiants dans la Miséricorde, ouverts pour accueillir le Pardon. C’est avec lui que nous pourrons marcher dans la droiture et la justice.

(Pour en savoir plus faire click sur le lien : Note sur le dimanche de la Parole de Dieu)