Solennité de Christ Roi de l’univers 2022 (homélie)

Cela est beau à entendre, mais difficile, très difficile, à comprendre. Figurez-vous, le roi de l’univers est un crucifié. Jésus crucifié est le roi de l’univers ! Quelle ironie et quel contraste avec la manière humaine de concevoir la royauté et la puissance.

Solennité de Christ Roi de l’univers 2022 (homélie)

Roberto GOMEZ
Roberto GOMEZ

Chères sœurs, chers frères :

C’est la solennité de Christ roi de l’univers ! Cela est beau à entendre, mais difficile, très difficile, à comprendre. Figurez-vous, le roi de l’univers est un crucifié. Jésus crucifié est le roi de l’univers ! Quelle ironie et quel contraste avec la manière humaine de concevoir la royauté et la puissance. 

Certes, Jésus le crucifié est au centre de l’Evangile et plus précisément il est au centre de la scène décrite par l’évangile de Luc. Mieux encore, il est crucifié au milieu de deux larrons, de deux voleurs publiquement exécutés avec Jésus. Il faut dire encore que tous les personnages décris par le récit de l’évangile sont concernés par celui qui est suspendu au bois de la croix ; mais un seul, le bon larron, perce le mystère : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ».

Saint Cyrille d’Alexandrie, un père de l’église du cinquième siècle, questionnait déjà le bon larron : « Tu le vois crucifié et l’appelles roi ? Tu crois que celui qui supporte les moqueries et la souffrance parviendra à la gloire divine[1]? » ; en d’autres mots : ce condamné qui vient d’être cloué tout nu sur une croix que peut-il révéler de la gloire de Dieu et de sa puissance ? Il a raison de poser ce genre de questions Cyrille d’Alexandrie : un crucifié peut-il prétendre à la royauté et à la fonction de Messie ? C’est du jamais vu !

Le sarcasme des autorités, les moqueries des soldats, les injures du supplicié expriment le même étonnement et mettent en avant le paradoxe : le roi des juifs est un supplicié, un crucifié. Jésus le crucifié, usurpe le titre de roi messianique  et de manière ironique chacun à son tour le défi de démontrer son prétendu messianisme et sa capacité à délivrer de la mort : « Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu » crient les autorités.  « N’es-tu pas le Christ, sauve-toi toi-même et nous aussi », lâche l’un des malfaiteurs. La question est simple et dramatique : que peut promettre de bon un crucifié ? A l’époque on attendait le Messie, celui-ci devait être un élu de Dieu, habilité par lui pour guérir, pardonner et offrir le salut. Ce Jésus-là, que peut-il offrir de bon ? Un roi sans pouvoir est tout simplement dérisoire.

Il semblerait que Luc l’évangéliste devine le malaise et le malentendu crées par la scène brutale et dramatique de la crucifixion du roi des juifs. Surgit alors l’autre supplicié, que nous avons convenu d’appeler « le bon larron ». Il semble voir clair et saisir ce qui se joue justement sur le Golgotha. Il appelle Jésus par son prénom ;  de crucifié à crucifié, de condamné à condamné, il lui parle : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu seras don ton royaume ».

Il commence par reconnaître sa faute et sa responsabilité tout en déclarant l’innocence de Jésus. Il craint Dieu et reconnaît mystérieusement la puissance de Dieu révélée dans la faiblesse de ce Jésus crucifié. « Si le premier supplicié va rater sa mort comme il a raté sa vie puisqu’il insulte Jésus ;  le second reconnaît sa mort mais il le fait face à Dieu[2] ». Jésus lui promet le paradis aujourd’hui même. Jésus crucifié qui n’a pas répondu aux moqueries et aux insultes, ouvre la bouche pour assurer au supplicié repenti le paradis de Dieu, son salut total et définitif. 

La croix du Christ, la mort du Christ est féconde ; c’est en donnant sa vie qu’il nous donne la Vie. Souviens-toi de moi…voilà l’insistance du bon larron. Et Jésus se souviens de lui à cet instant même, et à cet instant même il se souvient de tous les larrons, même les plus gros. Le bon larron va mourir en faisant appel à la mémoire de Dieu. C’est la meilleure garantie face à la mort. Existe-t-il une meilleure manière de mourir ? C’est ainsi même que Jésus va mourir : « Père entre tes mains je remets mon esprit ».

Cette page de l’évangile et cette fête de Jésus-Christ Roi de l’univers  nous invitent à méditer sur le mystère de la croix et sur le paradoxe de la croix. La royauté du Chris est révélée dans un Christ faible et aussi dans cette puissance de la faiblesse du crucifié. Alors que notre monde on veut régner par la puissance, la tyrannie, la violence, l’opulence, le mépris des  petits, Jésus veut régner en donnant sa vie, en offrant sa vie comme récompense et libération de toutes nos fautes.

Frères et sœurs en ce dernier dimanche de l’année liturgique rendons grâce à Dieu le Père comme nous y invitait Paul. Il nous a  rendus capables, disait-t-il, d’avoir part au royaume de Dieu ; il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé ; et ce Fils bien-aimé nous a ouvert le royaume en mourant sur une croix, en acceptant précisément la dérision et en nous invitant à percer comme le bon larron le mystère et le paradoxe de la croix.

Que le Seigneur nous donne la grâce de faire confiance à ce Dieu qui se donne. Qu’il nous donne la grâce d’accepter sa royauté toute  humble, toute petite, toute faite d’amour et de miséricorde.  Amen.  

Roberto Gómez cm

Paris, Rue du Bac

Le 20 novembre 2022

[1] Commentaire de Luc, Homélie 153.

[2] François Bovon, L’Evangile selon Luc,  CNT IIId, Genève, Labor et Fides, 2009, p. 372.

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Chaque mois une proposition pour se nourrir de st Vincent de Paul

Notre mission principale est de faire connaitre st Vincent de Paul et sa spiritualité ainsi que nourrir une réflexion auprès de toute personne passant au Berceau pour mener au mieux leur vie, les nourrir de l’évangile et mieux prendre conscience de ce que vivent les laissés pour compte de notre société.

Chaque mois une proposition pour se nourrir de st Vincent de Paul

Vincent GOGUEY
Vincent GOGUEY

Depuis un an, l’équipe d’animation spirituelle du Berceau s’est renouvelée. Notre mission principale est de faire connaitre st Vincent de Paul et sa spiritualité ainsi que nourrir une réflexion auprès de toute personne passant au Berceau pour mener au mieux leur vie, les nourrir de l’évangile et mieux prendre conscience de ce que vivent les laissés pour compte de notre société.

Au chapitre D, dédié à l’animation vincentienne, le projet provincial de la Congrégation de la Mission exprime la volonté de l’Assemblée :

D. Animation vincentienne

21. Nous sommes héritiers d’une spiritualité vécue et transmise par notre fondateur Saint Vincent de Paul. Elle est le ferment de notre vie, que d’autres peuvent partager, soit en étant membres de la Famille Vincentienne, soit à titre individuel. Dans la fidélité à la Mission du Christ poursuivie par saint Vincent, il nous revient de participer activement au rayonnement de cette spiritualité.

22. Nous l’organisons dans une triple dynamique en nous appuyant particulièrement sur les propositions du Pôle Animation Vincentienne :

  • Former, par l’initiation et l’approfondissement, en proposant des temps de prière et d’enseignement (sous forme de récollections, retraites, sessions, pèlerinages, etc.) ;

23. Nous nous appuyons en particulier sur deux réalités, la Maison-Mère et le Berceau, où nous disposons déjà de moyens8 servant à cette animation.

C’est dans cette dynamique que l’équipe de pilotage du Berceau lance cette année 22/23 une proposition de retraites et récollections mensuelles. Nous avons fait le choix de mettre un thème à ces temps de rencontres pour rejoindre des réalités de vies diverses et ainsi adapter le message de st Vincent au plus près de leurs réalités.

Deux fois par jour il y aura un petit enseignement et en fin d’après-midi un temps de partage pour nous enrichir de la compréhension de chacun. Les laudes et vêpres, menées par les deux communautés sur place, seront un soutien à la prière. Le reste de la journée est en silence. Un accompagnement personnel est possible ainsi que la rencontre d’un prêtre. Sauf exception, ces retraites sont animées par un ou deux membres de l’équipe de pilotage du Berceau.

Toutes ces thématiques sont là pour rejoindre le plus grand nombre possible, alors, chers confrères, chers vincentiens n’hésitez pas à être des relais de ces propositions. Plus nous serons nombreux à nous nourrir de st Vincent et sa compréhension de l’évangile plus notre monde s’avancera vers le projet de Dieu.

Vincent Goguey cm.

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Mot du Padré Août 2022: Fête de l’Assomption

En ce mois d'août, nous fêtons l'Assomption de Marie, une occasion de revenir sur "le vœu de Louis XIII" prononcé en faveur de la France.... Non, ce n'est pas de l'archéologie historique et encore moins spirituelle.... c'est juste un petit rappel de notre histoire... et de son bon sens...

Mot du Padré Août 2022: Fête de l’Assomption

J-Y DUCOURNEAU
J-Y DUCOURNEAU
Bonjour à chacun et chacune de vous qui recevez ce message contenant le lien pour le visionnage du Mot du Padré de ce mois-ci.
Un peu plus de 6 mn vous permettront de communier avec moi au sujet de la fête de l’Assomption et de ce qu’elle peut encore nous apporter aujourd’hui, nonobstant les  soucis de la vie présente, la canicule et autres fléaux qui peuvent nous recentrer sur nous-mêmes en oubliant les autres, en oubliant d’où on vient et que Dieu veille sur nous, par la main secourable de Marie, la sainte Patronne de la France…

Si le cœur vous en dit, vous pouvez partager ce lien (j’ai dû perdre des adresses en route après un bug dans mon carnet d’adresses)…. Si le cœur vous en dit encore, pour ceux qui ne seraient pas encore abonnés à ma chaîne, n’hésitez pas à le faire et ainsi à soutenir cette humble démarche d’évangélisation, et plus largement la présence de l’Eglise dans les médias…

Je vous reste fidèle par la prière et la pensée fraternelle, la grâce de Dieu aidant.

Merci de votre fidélité.

Padré Jean-Yves Ducourneau, cm

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Homélie: Fête de la Sainte Trinité

La fête de la Sainte Trinité est la fête du lien et de l’unité. Lien et unité d’abord en Dieu lui-même. Cela est possible parce que Dieu est Père, Fils et sainte Esprit. Parce qu’il y a de l’unité et de la différence en Dieu lui-même.

Homélie: Fête de la Sainte Trinité

Roberto GOMEZ
Roberto GOMEZ

Chères sœurs et chers frères :

Aujourd’hui l’église toute entière fête Dieu qui vient à nous comme Père, Fils et Saint Esprit. C’est la solennité de la Sainte Trinité.

Ce mot « Trinité » n’apparaît pas dans la Bible, pas une seule fois ; par contre la réalité de la trinité de Dieu se dit et se lit dans l’histoire du salut. Dieu se révèle progressivement comme Père, comme Fils et comme Saint Esprit. C’est pour notre salut que Dieu se révèle tel qu’il est ; autrement Dieu ne se serait pas fait connaître comme tel. Redisons-le, c’est bel et bien pour notre salut et dans l’histoire que Dieu se fait connaître à travers son Fils et grâce au dynamisme et aux dons de l’Esprit.

Nous venons d’entendre Jésus dire à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité toute entière » (Jn 16,13). Il semblerai donc que les disciples n’ont pas compris le mystère de Dieu se révélant dans son Fils Jésus-Christ. En tout cas pas complétement, tout comme nous. Ils auront besoin de temps ; mais plus encore ils auront besoin de l’aide de l’Esprit pour s’acheminer, pour marcher vers la vérité toute entière. Tel est le sens du verbe ὁδηγηω (hodéguéô : cheminer, marcher) choisi par l’évangile de Jean. L’Esprit est celui qui guide, qui conduit et qui fait marcher les disciples de Jésus vers la découverte de l’amour de Dieu. Nous ne pouvons pas connaître Dieu en dehors cette histoire trinitaire parce que Dieu se révèle dans l’histoire pour notre salut. Et notre histoire à nous est une marche vers Dieu à la suite du Christ, guidés et accompagnés par l’Esprit.

La fête de la Sainte Trinité est la fête du lien et de l’unité. Lien et unité d’abord en Dieu lui-même. Cela est possible parce que Dieu est Père, Fils et Saint Esprit. Parce qu’il y a de l’unité et de la différence en Dieu lui-même. Jésus ne cesse de se présenter en Fils venant du Père. Tel un fils apprenti il dit à ses disciples : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père : car ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement » (Jn 5, 19). Le Fils  vient du Père, dépend du Père, vénère et aime le Père. Il y a de l’amour et de l’unité en Dieu. Et cette unité et cet amour nous est révélé par l’Esprit qui est le lien de l’unité et de l’amour entre le Père et le Fils. L’Esprit est le baiser du Père et du Fils, diront certains.

Paternité, filiation et lien : voilà une autre manière de représenter la réalité trinitaire de Dieu. A ce propos, il y a un père de l’Eglise, Tertullien (150-220), qui a résumé de manière extraordinaire ce que nous sommes en train de réfléchir : « Le Dieu chrétien n’est pas un Dieu unique mais un Dieu uni ». La sainteté Dieu se dit dans l’amour, dans la diversité de rôles mais dans leur unique et égale unité.

Alors, la fête du lien et de l’unité est aussi la nôtre, disciples et amis de Jésus : « On connaîtra que vous êtes mes disciples si vous vous aimez les uns les autres » (Jn 13,35). Le modèle de toute vie chrétienne est la Trinité. Dans nos familles, dans nos communautés le lien et l’unité sont un défi et une mission. Cela, parce que nous sommes différents et parce que nous sommes frères et sœurs en humanité et en Jésus-Christ. On pourrait dire de manière provocante qu’il n’y a rien de plus dynamique et de plus concret que la Trinité. Comment cela est-il possible, diriez-vous ? Ce n’est pas facile à expliquer, certes. Mais commençons par dire que nous sommes créés à l’image de la Trinité. Nous sommes différents et nous sommes une unique et même humanité. Quoi que nous ayons des cultures et des langues différentes, des couleurs de peaux et des manières d’êtres différentes, l’humanité est une (Le racisme est la chose la plus contraire à la Trinité. Le racisme contredit l’unité de Dieu et l’unité entre les enfants de Dieu). Le défi de l’humanité est l’unité. Si au cœur de notre monde et de notre histoire il y avait le partage, le dialogue, de l’intérêt des uns les autres, du respect des différences… alors l’humanité accomplirait sa vocation trinitaire qui est une vocation divine et humaine, tout comme Jésus est à la fois homme et Dieu.

Continuons notre célébration de l’eucharistie qui est le sacrement de la Trinité par excellence. Nous qui sommes différents offrons  à Dieu le Père un unique don,  les fruits de l’amour de Dieu révélés et manifestées en Jésus-Christ. Cette eucharistie est offerte au Père par le Fils et dans l’Esprit.

Roberto Gomez cm

Chapelle de la Rue du Bac

12 juin 2022

  « La Trinité qui se manifeste dans l’économie du salut

est la Trinité immanente, et réciproquement »

Karl Rhaner (Théologien Catholique du XX° siècle)

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Homélie. 12e dimanche du temps ordinaire

Ce passage de l’évangile a trouvé un écho favorable chez les chrétiens, dès les premiers temps de l’Église. Souvenons-nous aussi, que le Pape François nous a invités à méditer ce passage le 27 mars 2020, depuis la place St Pierre complètement vide, sous une pluie battante, au moment le plus angoissant de la pandémie.

Homélie. 12e dimanche du temps ordinaire

Ce passage de l’évangile a trouvé un écho favorable chez les chrétiens, dès les premiers temps de l’Église. Souvenons-nous aussi, que le Pape François nous a invités à méditer ce passage le 27 mars 2020, depuis la place St Pierre complètement vide, sous une pluie battante, au moment le plus angoissant de la pandémie.

L’évangéliste Marc cherche à fortifier la foi de la communauté implantée à Rome, menacée par la persécution et l’hostilité de l’Empereur. Son seul objectif est d’exhorter les chrétiens à faire confiance à Jésus et à sa Parole !

C’est le soir, la nuit tombe. Le Seigneur incite les disciples à traverser la mer pour regagner l’autre rive. Il les exhorte à quitter la « sécurité » pour aller vers l’inconnu, à la rencontre « des autres », de ceux qui n’appartiennent pas à leur groupe, à leur communauté. Après des jours de prédication, de miracles, de « célébrations » il leur faut courir le risque d’annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui sont « loin »

Pour vivre le message évangélique dans la joie et l’espérance, il nous est nécessaire d’aller à la rencontre de ceux qui sont aux marges : « sur l’autre rive ». Jésus invite ses disciples – nous aujourd’hui- à se décentrer, se déplacer… Or le changement, quel qu’il soit, peut réserver des surprises !  

Et pour les disciples, elles arrivent sans tarder… Le temps se déchaîne, le vent est violent, la barque battue par les vagues…  Jésus est étrangement gagné par un profond sommeil ! Les disciples, aux commandex, sont pris de panique au milieu de cette grande tempête.

Le dialogue entre le Maitre et ses disciples peut surprendre, mais il est explicable et compréhensible dans de telles circonstances.

L’évangéliste Marc utilise le verbe « avoir peur », mais ici, il signifie plutôt « être lâche ». Jésus ne désapprouve pas la peur. Il la comprend parce que lui-même l’a vécue. Elle fait partie de notre vie, et nous sommes fréquemment confrontés à des situations qui peuvent la provoquer. Le courage suppose la peur.

La lâcheté, par contre, peut nous empêcher d’affronter avec responsabilité les tempêtes de notre existence.

La lâcheté, contraire à la foi, il nous arrive parfois de la cultiver et de l’habiller de dévotions désincarnées, de ritualismes vides et de conformisme paresseux.

En ce moment de crise de notre société et de notre Église il est important et urgent de mener une réflexion courageuse et créative ainsi qu’une autocritique de nos peurs et lâchetés. Un dialogue sincère et collaboratif, doit nous aider à assumer d’une manière responsable « les passages vers l’autre rive ».

Aujourd’hui en Église il nous faut réécouter cette interpellation de Jésus : « Pour quoi vous êtes si lâches ? N’avez-vous pas encore la foi ? »

Il nous faut reconnaître, avec sincérité, que nous ne prenons pas au sérieux, tout ce que l’Évangile signifie et ce à quoi Il nous appelle. Dans notre rapport au monde, nous restons sur la défensive sans chercher à résoudre les problèmes de fond et nous avons les yeux rivés sur un passé dit « glorieux », mais entachés d’injustices et mépris vis-à-vis beaucoup des populations signalées d’être « au marge » (les homosexuels, les mères célibataires, les femmes, les indigènes…), et par la suite tant des demandes de pardon envers eux ! mais nous résistons à l’appel du Seigneur : « aller vers l’autre rive ».  Restant sur cette attitude nous exposons, alors, à réduire l’Evangile à un tranquillisant supplémentaire !

De même, la foi en Jésus n’est pas une recette psychologique pour combattre les peurs ! Au contraire elle est la confiance radicale en un Dieu-Père et l’expérience de son amour inconditionnel pour tout être humain. Elle offre un socle spirituel solide pour affronter la vie dans la Paix et l’harmonie.

Le Christ, avec l’autorité qui lui vient de son Père, apaise la tempête. Ses gestes et ses paroles, rappellent le récit de la genèse : Fils du Créateur, Il va apaiser les éléments en furie, à la stupéfaction de ses disciples : « Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »

Il est évident que le Seigneur n’allait pas laisser périr ses disciples, malgré leur manque de confiance. La mission évangélisatrice est urgente ! Néanmoins ils doivent s’entraîner à la confiance, la disponibilité et l’autorité. Contre les ennemis destructeurs d’humanité il convient de se montrer solide dans la foi.

Le fait que Jésus apaise la tempête est pour les disciples, est un moment révélateur. La parole de Jésus est la parole créatrice de Dieu.

Dans ce récit, tout finit bien : les disciples ne périssent pas, Jésus les sauve. Mais ils vont périr un jour.

De plus, ils sont nombreux ceux qui, perdus dans une situation périlleuse, dans l’obscurité, dans le chaos, ne s’en sortent pas, crient éperdument vers Jésus… et périssent ! Nous mourons, nous aussi !

Le but de ce récit n’est donc pas de dire aux disciples – à nous aujourd’hui –  que nous survivrons si nous faisons appel à Jésus, mais de nous rappeler que dans le danger, dans la souffrance incompréhensible, dans la mort même, nous ne sommes pas abandonnés. Nous sommes dans un monde animé par la Parole de Dieu, celle de Jésus, et nous sommes entourés par sa puissance mystérieuse. Face à la souffrance, face à la mort, face au chaos, il faut du courage ! Sur le lac, ce moment révélateur de la majesté incompréhensible de Jésus donne ce courage aux disciples. Il nous le donne encore !

Le pape François a affirmé ce 27 mars 2020 : « Embrasser la croix, c’est trouver le courage d’embrasser toutes les contrariétés du temps présent, en abandonnant un moment notre soif de toute puissance et de possession, pour faire place à la créativité que seul l’Esprit est capable de susciter. C’est trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fraternité ainsi que de solidarité. Par sa croix, nous avons été sauvés pour accueillir l’espérance et permettre que ce soit elle qui renforce et soutienne toutes les mesures et toutes les pistes possibles qui puissent aider à nous préserver et à sauvegarder. Étreindre le Seigneur pour embrasser l’espérance, voilà la force de la foi, qui libère de la peur et donne de l’espérance. »