Fête de Sainte Louise de Marillac

Oui, ce qui fait la sainteté de Louise de Marillac c’est, avec la grâce de Dieu, d’avoir su transformer ses blessures en sources d’eau vive où les autres (les pauvres, les petits, ses sœurs de communauté) venaient s’abreuver

Fête de Sainte Louise de Marillac

Pendant longtemps, trop longtemps sans doute,  Louise de Marillac a été considérée par certains comme une femme insignifiante, pas très équilibrée et vivant dans l’ombre de St Vincent. Il est vrai que depuis son enfance, la vie ne l’a pas épargnée : étant une enfant naturelle, elle n’a pas connu sa mère, et les difficultés familiales, la maladie, l’angoisse et la nuit de la foi l’ont visitée, creusant en elle de profondes blessures…

Eh bien, paradoxalement, je dirais que c’est justement tout cela qui la rend si proche de nous et finalement si sympathique ! En effet, Louise de Marillac n’a pas été une « super-femme », une privilégiée, une héroïne. Elle n’est pas née sainte, mais elle l’est devenue, en parcourant un chemin humain et spirituel bien chaotique parfois… A travers ses difficultés personnelles et ses blessures, elle a connu de grandes purifications et des « lâcher-prise » qui l’ont fait grandir et mûrir. Et c’est ainsi que, peu à peu, ont été imprimés en elle, les traits d’une sainteté que l’on pourrait définir comme « sainteté à visage humain ».

Oui, ce qui fait la sainteté de Louise de Marillac c’est, avec la grâce de Dieu, d’avoir su transformer ses blessures en sources d’eau vive où les autres (les pauvres, les petits, ses sœurs de communauté) venaient s’abreuver. En effet, nous le savons par expérience : n’est- ce pas souvent par les choses qui nous blessent que nous devenons vulnérables, et donc ouvert aux autres et véritablement humains ?!

Mais, comment Louise a-t-elle pu décentrer son regard d’elle-même, de ses difficultés et de ses souffrances personnelles, pour le centrer sur ceux qui souffrent, et trouver ainsi son équilibre ? Sans aucun doute, par sa relation à Dieu et par son amour de Jésus vivant au milieu des hommes, et d’une manière spéciale, par son amour de Jésus vivant dans son Eucharistie et dans les démunis.

Oui, dans l’Eucharistie, notre Dieu a manifesté la forme extrême de l’amour, bouleversant les critères de pouvoir qui règlent trop souvent les rapports humains et affirmant de façon radicale le critère du service : « si quelqu’un veut être le premier de tous, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Marc 9,35).

De plus, et « ce n’est pas un hasard, si dans l’Evangile de St Jean, nous ne trouvons pas le récit de l’institution de l’Eucharistie mais celui du lavement des pieds : en s’agenouillant pour laver les pieds de ses disciples, Jésus explique le sens profond de l’Eucharistie. Et St Paul rappelle avec vigueur, que n’est pas permise une célébration où ne resplendit pas la charité manifestée dans le partage concret avec les plus pauvres. » (Mane nobiscum Domine n°28).

St Vincent vivait déjà, sans doute, ces deux exigences fondamentales du service des pauvres. Ainsi, au cours des missions qu’il donnait dans les campagnes, il laissait souvent, comme signe concret de sa prédication dans les villages, une association destinée au service des pauvres et des malades. Mais, pour visiter et animer durablement ces associations, il fallait une femme au grand cœur et intelligente. Et c’est ainsi que St Vincent a vu en Louise de Marillac, la femme capable d’assumer cette responsabilité. Ce fût un choix pertinent !

 En effet, en réalisant ce service, Louise apprit à sortir d’elle-même, à ouvrir son cœur aux nécessités des frères les plus pauvres, isolés et abandonnés. Elle comprit que c’était là une façon de réaliser la mission du Christ : annoncer l’Evangile en témoignant par la charité.

Louise de Marillac y a investi toutes ses forces et toute son intelligence. Elle affronta avec courage et habileté les charges qui lui étaient confiées, devenant une véritable missionnaire de la Charité, animée par la conviction que « l’amour est inventif jusqu’à l’infini »…. Et, finalement,  ce sont les pauvres eux-mêmes qui la sauvèrent, comme ils avaient sauvé Vincent de Paul auparavant…

Dans son testament spirituel, Louise de Marillac a transmis aux premières Filles de la Charité cette perle précieuse qui avait donné force, lumière et couleur à son existence. Ainsi, après un si long chemin tissé d’inquiétudes et d’épreuves, Louise de Marillac recommandait à ses Filles l’essentiel. C’est-à-dire, à l’imitation de celui du Christ, son testament ne connait qu’un seul verbe : AIMER. « Mes chères sœurs, écrit-elle, ayez bien soin du service des pauvres, et surtout de bien vivre ensemble dans une grande union et cordialité, vous aimant les unes les autres, pour imiter l’union et la vie de Notre-Seigneur. Priez bien la Sainte Vierge qu’elle soit votre unique Mère. »

En ce jour où nous faisons mémoire de Ste Louise, remercions Dieu de l’avoir donnée à l’Eglise et à la Compagnie des Filles de la Charité. Prions aussi pour qu’à l’exemple de Ste Louise, nous sachions cheminer nous aussi vers la sainteté, en devenant chaque jour un peu plus humbles, simples et aimants …Un peu plus humains, finalement !…  

Que Ste Louise intercède aussi pour nous ! Qu’elle nous accompagne sur notre chemin de sainteté, nous les gens ordinaires, avec nos qualités et nos défauts, nos handicaps moraux et spirituels… Que l’exemple et la prière de Ste Louise nous obtienne la grâce de savoir nous abaisser et descendre dans notre pauvreté, avec confiance, puisque la puissance de Dieu se déploie toujours dans la faiblesse. Qu’à la prière de Ste Louise, Dieu nous accorde le don de la sainteté. Nous nous savons pécheurs et nous tombons sans cesse. Mais aussi, nous nous relevons sans cesse pour reprendre la route, parce que nous croyons à l’Amour de Dieu et nous savons, grâce à Jésus, qu’il est et qu’il sera toujours plus grand que notre cœur.

Enfin, n’oublions jamais que l’expérience de l’ Amour de Dieu nous renvoie toujours à l’Amour des petits, à la responsabilité et au service de nos frères, spécialement les plus petits et les plus pauvres. Nous inspirant de l’exemple de Ste Louise, au lieu de tant discourir sur la pauvreté, les injustices et les pauvres, ayons le courage de nous compromettre et de nous engager dans des réalisations concrètes. Comme Ste Louise, ayons le courage de voir, de dénoncer, d’agir et de servir.

C’est cela emprunter le chemin de la « sainteté à visage humain », celle dont le monde d’aujourd’hui a tant besoin !

Publications : HISTOIRE DES FILLES DE LA CHARITÉ. I : Histoire des Filles de la Charité XVIIe – XVIIIe siècle. II : Le Temps des Cornettes. Histoire des Filles de la Charité XIXe – XXe siècle

HISTOIRE DES FILLES DE LA CHARITÉ

Vol I : Histoire des Filles de la Charité XVIIe – XVIIIe siècle.

Vol II : “Le Temps des Cornettes”. Histoire des Filles de la Charité XIXe – XXe siècle

Matthieu Brejon de Lavergnée

Il n’existait encore aucune synthèse digne de ce nom sur l’une des congrégations féminines les plus importantes par le nombre et l’extension : à leur apogée dans les années 1960, les Filles de la Charité étaient 45 000 ; elles sont encore présentes aujourd’hui dans une centaine de pays. Ce volume se présente comme le premier d’une histoire qui fera l’objet d’un second tome couvrant la période contemporaine depuis la Révolution. Il concerne la France et accessoirement la Pologne, seul pays dans lequel la congrégation a essaimé avant le XIXe s. Cette étude fouillée fera référence pour longtemps, écrite dans un style limpide, appuyée sur une exploitation rigoureuse des archives ; elle est munie d’une solide bibliographie, d’un index et de notes abondantes, éclairée par de nombreuses cartes et par la publication de documents significatifs en annexe de chaque chapitre. Connu pour ses travaux sur la Société Saint-Vincent-de-Paul et le catholicisme social au XIXe s., l’auteur se montre parfaitement à l’aise dans la période moderne.

Vol I : Histoire des Filles de la Charité (XVIIe-XVIIIe siècles)

Les Filles de la Charité sont aujourd’hui la principale congrégation féminine hospitalière et enseignante avec vingt mille sœurs dans près de cent pays. Des clairs-obscurs de la photographie des années 1950 aux jubilatoires cornettes au vent des 2 CV de Louis de Funès, de la piété chatoyante des deux millions de fidèles qui défilent chaque année dans la chapelle de la médaille miraculeuse rue du Bac aux iconoclastes défilés de mode qui réinventent leur coiffe, qui ne connaît les célèbres sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ?

Leur histoire n’a pourtant jamais été écrite. L’ouverture des archives privées de la Compagnie, croisées avec les archives publiques, a enfin permis d’y remédier.

Fruit d’un travail de plusieurs années, ce premier volume court de la fondation par Vincent de Paul et Louise de Marillac d’une confrérie de bonnes filles au service des pauvres, nourrie par la spiritualité de l’imitation de Jésus-Christ propre à l’« École française », à la suppression des sœurs par la Révolution. Au croisement de l’histoire des femmes et de l’histoire religieuse, cette étude montre combien les Filles de la Charité contribuent à la reconnaissance d’un statut inédit et ambigu dans la société post-tridentine : ni religieuses ni mariées, mais « séculières ». Assurément, la Compagnie a offert un cadre favorable à bien des femmes trempées pour des destins hors normes, conduisant de petites paysannes à la Cour, des cœurs intrépides en Pologne, des âmes généreuses au « martyre de la charité » dans des villes décimées par la peste.

À l’heure du 350e anniversaire de la mort des fondateurs (1660), cet ouvrage permet de redécouvrir la figure méconnue de Louise de Marillac et met en lumière une œuvre constamment replacée dans son contexte religieux, social et politique. Essai d’histoire totale d’une congrégation religieuse, il éclaire ainsi l’histoire de l’ancienne France, de ses splendeurs aussi bien que de ses misères.

EAN : 9782213662572
EAN numérique :  9782213664682
Code article :  3626934
Parution : 13/04/2011
708 pages
Format : 153 x 235 mm

 

Vol. 2 : “Le Temps de Cornettes”. Histoire des filles de la Charité XIXe – XXe

Qui ne connaît, au moins par leur riche iconographie, les célèbres cornettes des Filles de la Charité  ?
Fondée par saint Vincent de Paul et Louise de Marillac au XVIIe siècle, la petite communauté parisienne a rapidement gagné la France des villes et des villages pour devenir la principale congrégation de sœurs actives à la fin de l’Ancien Régime. «  La rue pour cloître  »  : telle était la règle de vie originale de ces femmes, ni cloîtrées ni mariées mais célibataires vouées au service des pauvres.
Après un premier tome consacré à la période moderne, Matthieu Brejon de Lavergnée aborde ici les deux siècles suivants, entre Révolution française et Deuxième Guerre mondiale. «  Le temps des cornettes  »  : c’est celui d’un nouveau contrat social entre États et Églises pour répondre aux pauvretés de l’âge industriel comme à la forte demande d’éducation, de santé et de loisirs des sociétés urbanisées. Sensibles à la conjoncture politique, les Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul connaissent aussi exil et martyre en France, au Mexique ou en Chine. L’échelle des cornettes est désormais globale, de l’Europe à ses espaces coloniaux comme aux nouveaux mondes américains. Missionnaires, elles exportent un culte marial si français depuis les apparitions de Catherine Labouré en 1830. Mais encore institutrices, infirmières, éducatrices ou syndicalistes, elles accompagnent les nouveaux fronts de la professionnalisation féminine au XXe siècle. Elles contribuent ainsi à redessiner les rapports de genre au sein de sociétés dures aux femmes. Féministes, les bonnes sœurs  ? La question mérite d’être posée.
C’est tout l’intérêt de cet ouvrage, appuyé sur de riches archives, que d’évoquer avec rigueur le rôle capital joué par des générations de femmes qui ont lié horizon spirituel et travail social.
EAN : 9782213709796
EAN numérique : 9782213711102
Code article : 2028653
Parution : 30/05/2018
700 pages
Format : 153 x 235 mm

Pour que ce soit ce qui a l’air de paraître, les origines des Filles de la Charité doivent encore chercher ailleurs, après leur fondatrice, Louise de Marillac, ou la première des servantes des pauvres, Marguerite Naseau, loin aussi de Paris qui a été vu. Elles se trouvent ailleurs, dans une modeste paroisse de Bresse. Un prêtre, Vincent de Paul, pose sans savoir la première pierre d’un édifice à venir. Lui-même croit fermement que Dieu seul est à l’œuvre

L’Auteur
Maison d’Edition
Les éditions Fayard,
13 Rue du Montparnasse,
75006 Paris
Tél : 01 45 49 82 00
Pour en savoir plus :

www.fayard.fr

 

HOPITAUX DE VICHY. Historique de la présence des Filles de la Charité

HOPITAUX DE VICHY

Historique de la présence des Filles de la Charité

Chers frères, sœurs et amis : L’invitation de ces jours vient du Seigneur, le Seigneur de la Charité comme le nommait sainte Louise et du Cœur de saint Vincent présent ici, à Vichy.

L’histoire de Vichy est très riche, des documents nombreux et très anciens l’attestent, et vous la connaissez mieux que moi. La richesse de Vichy ce sont « LES EAUX » et tout ce qu’elles ont fait de Vichy, grâce à ses administrateurs dans de nombreux domaines : géographique, historique, politique, médical, pour un bon épanouissement de tout homme.

Ce sont aussi ses curistes qui ont fait VICHY permettant des découvertes médicales pour un retour en santé et favorisant un brassage des personnes au plan national et international. Qui ne connait pas les pastilles ?

En arrière fond, pour comprendre notre présence de Filles de la Charité à Vichy il faut nous situer dans les époques de ces derniers siècles et de leurs turbulences : les guerres et la présence des armées, la pauvreté entrainant la maladie, la misère, la mortalité et le manque de ressources.

Et, en plus, il faut citer tous les différents passages vécus par la société ….

 ….. la Royauté, l’Empire, la République, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, les guerres mondiales et leur cortège de drames.

L’histoire continue de s’écrire en gardant la mémoire d’une naissance…. celle du charisme vincentien en 1617. En effet,

La Congrégation de la Mission fut conçue le 25 janvier 1617 à FOLLEVILLE (elle naîtra officiellement en 1625).

La Confrérie des dames de la Charité vit le jour à Chatillon en cette même année 1617

Sainte Louise et saint Vincent fondent la Compagnie des Filles de la Charité le 29 novembre 1633 et, à partir de 1643, apparait le sceau de la petite Compagnie qui porte notre devise La Charité de Jésus Crucifié nous presse, elle représente un cœur enflammé sur lequel se détache Jésus crucifié.

Notre mission sera de répondre aux besoins des Pauvres où que nous soyons et quel que soit notre service :

« Toutes données à Dieu pour servir les Pauvres ».

« Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à Moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

« Servant les Pauvres on sert Jésus Christ ».

La Charte des Filles de la Charité est claire et s’adapte aux besoins des temps, des lieux et des circonstances, mais c’est une grande nouveauté pour la vie religieuse, à cette époque.

« Elles considèreront qu’elles ne sont pas dans une religion, cet état n’étant pas convenable aux emplois de leur vocation.

Néanmoins, à raison qu’elles sont plus exposées aux occasions de péché que les religieuses obligées à la clôture, n’ayant

  • POUR MONASTERE QUE LES MAISONS DES MALADES ET CELLE OU RESIDE LA SUPERIEURE,
  • POUR CELLULE UNE CHAMBRE DE LOUAGE,
  • POUR CHAPELLE l’EGLISE PAROISSIALE,
  • POUR CLOITRE LES RUES DE LA VILLE,
  • POUR CLOTURE L’OBEISSANCE, NE DEVANT ALLER QUE CHEZ LES MALADES OU AUX LIEUX NECESSAIRES POUR LEUR SERVICE,
  • POUR GRILLE LA CRAINTE DE DIEU,
  • POUR VOILE LA SAINTE MODESTIE…. »

Saint Vincent de Paul quittait cette terre en 1660, son message reste d’une brûlante actualité et est bien vivant dans le monde d’aujourd’hui.

35 ans après la mort de saint Vincent, les Filles de la Charité arrivent à VICHY

Développons rapidement ce que fut la présence des Sœurs dans l’hôpital et la ville 

En 1696, l’établissement de l’hôpital est confirmé, il prend le titre de « hôpital des Pauvres de VICHY». Le texte de reconnaissance officielle, que l’on appelle lettres patentes, est signé par LOUIS XIV en mars 1696.

L’arrivée des Filles de la charité à Vichy remonte à l’année 1696, date à laquelle le Directeur de l’hôtel Dieu fit doter l’établissement de trois religieuses de saint Vincent de Paul.

« Dans le courant d’août 1696, trois sœurs de charité avaient été envoyées pour desservir l’hôpital par Monsieur Jolly, second successeur de Mr Vincent et par dame Mathurine Guérin, deuxième supérieur de la communauté».

Après une expérience de sept années, l’on s’aperçut de part et d’autre de la nécessité d’un traité signé le 25 août 1703 (voir en ANNEXE).

Les hôpitaux de l’époque répondaient à beaucoup de besoins ; dans les premiers règlements on trouve cet énoncé : Sont reçus : les malades civils, hommes, femmes, enfants, atteints de maladies aigues ou blessés accidentellement, les malades militaires ou marins, les galeux, les teigneux, les femmes enceintes….

L’hospice reçoit les vieillards indigents et valides des deux sexes, les incurables indigents, les orphelins pauvres, les enfants trouvés et abandonnés, des vieillards valides ….

  • EN 1818 les sœurs sont au nombre de huit

Certaines années les sœurs étaient nombreuses à la communauté de l’hôpital, parfois jusqu’à 50..

  • Entre 1890 et 1997 un registre des sœurs témoigne du passage de 200 sœurs qui ont servi à l’hôpital

Les sœurs étaient polyvalentes, infirmières, beaucoup de pharmaciennes pour la préparation des médicaments, des sœurs pour l’orphelinat, des sœurs pour l’école, car le souci de l’éducation se faisait sentir.

Autrement dit ce n’est pas le centre hospitalier de nos jours.

  • En 1881 ouverture de la Maison de Charité, du Bureau de Bienfaisance et d’une École

C’est la pleine période des difficultés pour les écoles et les sœurs cherchent comment être fidèles aux directives sans abandonner un enseignement privé. La maison fermera en 1904

  • En 1942 ouverture de la Maison de Cure rue Victoria (elle durera jusqu’en 1973)

Cette maison a été créée pour répondre aux besoins des PAUVRES, c’est-à-dire présenter une formule d’accueil moins coûteuse que l’hôtel le temps d’une cure thermale, elle s’adresse aux sœurs le plus souvent, mais est ouverte aux laïcs. Cette communauté abrite aussi une association de dames de la Charité et le mouvement des enfants de Marie.

En l’année 1972 : 5248 journées de cure figurent au registre.

Pour la période hors des saisons de cure, les chambres sont disponibles pour un foyer de midinettes et d’étudiantes. Cette maison est ouverte pour favoriser l’accueil à la cure et les sœurs participent à la pastorale de la paroisse.

Les temps changent l’hôpital s’agrandit et l’essor de la médecine se développe

L’Esprit souffle où il veut

Dans l’Eglise aussi, ça bouge. Le Concile nous a invitées à l’aggiornamento pour un meilleur service.

C’est une grande mutation qui s’opère pour beaucoup de communautés hospitalières vu la diminution des vocations.

Dans le diocèse de Moulins, des fermetures s’imposent, il faut réorganiser en fonction des âges certaines communautés.

QUE DEVONS NOUS GARDER ? Que devons-nous abandonner…… à regret ?

Proche de l’enceinte de l’hôpital existant, un nouveau bâtiment de 5 étages est construit au milieu des préfabriqués et des anciennes constructions.

En 1969, date de mon arrivée à la communauté de Vichy, nous étions 16 sœurs et nous savions qu’après de mûres réflexions un passage allait avoir lieu en fidélité à la mission.

 10 sœurs allaient partir rejoindre une autre communauté et 6 resteraient travailler à l’hôpital sans y habiter. Nous ne serions pas sur place 24 h sur 24 !

Notre statut de personnel congréganiste change pour celui de salariées parce que, une fois de plus, la justice nous appelait à une conversion.

La vie change avec les allées et venues de la maison à l’hôpital, les repas ne sont plus ceux de l’hôpital tout prêts, il y a la vie dans le voisinage, la fréquentation de la Paroisse, beaucoup de découvertes à voir et à vivre au quotidien.

Nous étions les unes infirmières, les autres surveillantes avec des horaires différents. La maison était ouverte, le groupe de jeunesses mariales grandissait, le tout pour un meilleur service de nos frères les Pauvres.

En 1972, six sœurs ont continué à travailler, en habitant rue de Thiers et ensuite boulevard Carnot jusqu’au 18 juin 1997

En résumé, elles ont traversé les divers déménagements de l’hôpital et leur présence a duré 300 ans

Maison du Boulevard Carnot 1989-1997

De nouveaux appels se précisent au service de l’hôpital et en pastorale. Une communauté quitte Vichy et leur logement en plein centre-ville, appartenant à la paroisse, est proposé aux sœurs.

Deux sœurs seront au service de la Communauté. Trois sœurs continuent leur service à l’hôpital comme aide-soignante, infirmière et surveillante générale.

Une sœur catéchiste est nommée en qualité d’aumônier du collège des Célestins.

Les services sont nombreux : soutien scolaire, jeunesses mariales, conférence de jeunes vincentiens, chorale, service de la Paroisse et de l’aumônerie de l’hôpital.

Le 15 juin 1997, 301 ans après l’arrivée des premières Filles de la Charité, l’Eucharistie de départ des sœurs a été célébrée.

Le 19 MAI 1998, à l’occasion de la réouverture après des travaux de rénovation de la chapelle de l’hôpital, une plaque souvenir a été posée en reconnaissance aux Filles de la Charité.

Sainte Louise au moment de la Fondation ne comprenait pas ce désir de Dieu pour la Compagnie « car il devait y avoir en Allant et Venant » (chose inconcevable pour des religieuses à l’époque)

Deux verbes aller et venir, deux verbes de la vie de tous les jours que Jésus utilise : allez à ma vigne, allez par toute la terre Et : Viens suis moi…. Venez les bénis de mon Père ….

« Pour être vraies Filles de la Charité, il faut faire ce que le Fils de Dieu a fait sur la terre ». St Vincent

« Il a passé en faisant le bien … »

 « L’appel entendu par les premières sœurs est toujours celui qui à travers le monde, suscite et rassemble les Filles de la Charité [1]»

Pour nous, cela se traduit par une exigence dans l’adaptation à l’aujourd’hui de Dieu dans notre vie de servante vécue en humilité, simplicité et Charité.

Toutes paroles de Jésus dans l’Evangile ont quelque chose à voir un jour ou l’autre avec l’humble quotidien, tout évènement peut faire germer une parole de vie.

Notre lot c’est donc d’aller et venir entre communautés, entre pays avec d’autres pour l’annonce du Royaume :

  • Aller et venir dans la confiance fait partie de notre histoire sacrée.
  • Aller et venir en Eglise avec Jésus reçu dans sa Parole et ses sacrements.
  • Aller et venir dans notre monde dans sa réalité.
  • Aller et venir au service des Pauvres et vivre avec eux leur mystère douloureux et joyeux dans l’amitié
  • Aller et venir en réseau, en association, entre croyants et hommes de bonne volonté
  • Aller et venir à l’intérieur de nos communautés, appelées et assemblées dans le pardon et la joie
  • Aller et venir pour recevoir et bâtir la Paix

Voici un bon résumé du charisme vincentien !

*********

Aujourd’hui, la famille vincentienne est toujours présente à Vichy, elle continue sa route ici grâce à la présence de nos frères Lazaristes et des conférences de St Vincent de Paul et grâce à tous ceux et celles qui partagent le charisme vincentien.

Nous sommes réunis ici autour du cœur de saint Vincent. En nous approchant de cette relique, ouvrons notre propre cœur à Jésus, comme le fit saint Vincent, et invitons-le à y entrer, à le transformer à l’image du sien, à l’ouvrir à l’universalité, afin d’être des témoins de l’amour.

La Vierge de la Chapelle de l’hôpital porte le nom de Notre Dame de la Consolation ; qu’elle soit notre Modèle afin de porter à tous ceux que nous côtoyons consolation, écoute et soutien.

Marie Claude Receveur, FdlC 🔸

Toutes paroles de Jésus dans l’Evangile ont quelque chose à voir un jour ou l’autre avec l’humble quotidien, tout évènement peut faire germer une parole de vie

 

[1] Constitutions Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul.

Sainte Louise de Marillac, femme de Miséricorde


Sainte Louise de Marillac, femme de Miséricorde

Retranscription de la conférence de Sr Stanisawa fdlc

Bonjour à vous tous et à toutes!

Merci beaucoup pour cette invitation. Je ne suis pas venue ici comme une spécialiste de la spiritualité vincentienne mais comme une des filles de Saint Vincent et de Sainte Louise, et je voudrais vous partager un peu mon expérience et les fruits de ma prière et de mes méditations.

Notre vie est jalonnée par des dates et des événements. Souvent, nous consultons nos agendas pour bien organiser notre travail, nos rencontres ; pour ne pas oublier les fêtes de nos proches et pour, tout simplement, nous ordonner dans notre vie de tous les jours. Je suis sure que le 14 février a été bien noté pour ne pas oublier à venir a u Ressourcement Vincentien.

En feuilletant notre agenda nous voyons que depuis le 8 décembre 2015, l’Eglise est en train de vivre l’Année de la Miséricorde Divine. Nous sont passés par la Porte Sainte et nous sommes entrés dans un nouvel espace spirituel, pour marcher jusqu’au 20 novembre 2016 à la suite de Jésus-Christ qui

est le visage de la miséricorde du Père. » (1) – comme le rappelle le Pape François dans le document publié à cette occasion, dans la BULLE D’INDICTION DU JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE (Misericordiae Vultus) : En cette fête de l’Immaculée Conception, j’aurai la joie d’ouvrir la Porte Sainte. En cette occasion, ce sera une Porte de la Miséricorde, où quiconque entrera pourra (écoutons bien) faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. (3)Une Année Sainte extraordinaire pour vivre dans la vie de chaque jour la miséricorde que le Père répand sur nous depuis toujours. …, (alors) laissons-nous surprendre par Dieu. (25)

et faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. (N°3) Les chemins de notre vie ne sont pas toujours clairs. Nous avons besoin de quelqu’un pour nous guider, et ce quelqu’un nous pouvons le trouver parmi les saints : L’Eglise vit la communion des saints. (25) Nous connaissons beaucoup de saints. Rappelons-nous, par exemple : dans la Chapelle de la Médaille Miraculeuse nous sommes entourés de Saints. Jésus lui-même, Il est là, ainsi que la Sainte Vierge qui a honoré ce lieu par ses Apparitions, saint Vincent de Paul est là, Sainte Catherine Labouré, et aussi Sainte Louise de Marillac. C’est cette dernière, la Fondatrice de la Compagnie des Filles de la Charité, que je vous propose aujourd’hui comme guide, car elle a beaucoup d’expérience.

Justement, elle peut nous aider à « faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. » (n°3). Louise de Marillac est née le 12 août 1591 à Paris.

Elle est passée par différentes étapes dans sa vie, qui n’était pas du tout facile :

  1. Enfant et jeune fille
  2. Epouse, mère et grand-mère
  3. Au service des plus pauvres dans la Confrérie de la Charité
  4. Fondatrice des Filles de la Charité avec Saint Vincent de Paul

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas étudier toute la biographie de Sainte Louise, mais je vous invite à relire avec moi quelques événements de sa vie, pour constater trois aspects : comment Louise accueillait, vivait et transmettait l’Amour de Dieu au quotidien. Comment elle « a fait l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. ». Louise – « femme de Miséricorde ». Qu’est-ce que cela veut dire ? J’ai envie de répondre tout simplement : elle est une femme de Miséricorde parce qu’elle aimait, qu’elle était bonne, pleine de tendresse et de compassion, compréhensive et douce …: dans ses gestes, dans ses actions et dans ses paroles… Mais ce n’est pas tout. La réponse n’est pas si simple. La vie est plus exigeante. Allons donc plus loin…

Louise désirait connaître et accueillir la miséricorde et le pardon de Dieu. Pourquoi ? Parce que, souvent, elle se sentait coupable, par exemple: à cause du mystère de sa naissance, des difficultés avec son fils, des mauvais exemples qu’elle s’imaginait donner aux Filles de la Charité, etc.

I. Enfant rejetée par sa famille

Même si Louise faisait partie d’une grande famille : les « de Marillac », son enfance a été marquée par la souffrance : elle a ignoré qui était sa mère. Le mystère qui entourait sa naissance l’a écrasée et a été pour elle une source de grande souffrance. Elle était profondément aimée par son père mais éloignée, rejetée par le reste de sa famille.

*au Couvent des Dominicaines de Poissy

D’abord, encore petite, Louise a été placée par son père au couvent des Dominicaines de Poissy où habitait sa grand-tante. En utilisant le langage d’aujourd’hui, nous pouvons dire, qu’elle a été placée dans une maison d’enfants. Louise a su bien profiter de ce temps de formation. A Poissy elle a été formée à la piété et elle y a reçu une très bonne et complète éducation.

*« une bonne fille pauvre »

Mais, après la mort de son père, elle avait13 ans, Louise a dû quitter le couvent, et a été placée dans un foyer, toujours séparée de la famille…Louise a 13 ans ; elle sait, elle comprend… En elle la blessure s’élargit ; c’est la vocation à la souffrance qui s’affirme. La dame responsable de ce foyer la préparait à mener une vie familiale ainsi qu’aux différents travaux domestiques. Ici, nous avons une bonne occasion de voir que Louise avait bon coeur et un esprit pratique. Le foyer était pauvre, la dame avait beaucoup de peine à le faire subsister. Alors Louise se montre inventive et créative. Vite, elle trouve le moyen de l’aider : à ses compagnes, elle propose de faire du travail à domicile pour gagner de l’argent.

Comment ne pas admirer cette enfant qui donne du bien-être par son travail à une personne qui, pour elle, est étrangère ! Dans ce foyer, Louise trouve la paix, mais elle souffre toujours. Un jour elle a compris qu’elle n’était pas comme les autres. Elle aurait pu se révolter, mais ce n’était pas son style. Elle ne se révolte pas mais elle souffre, comme pliée sous un fardeau reçu mystérieusement de son berceau.

Il est très fréquent de voir les enfants, nés de mère inconnue, qui sont persuadés de ne pas mériter d’être aimés. Ils se perçoivent comme des êtres sans valeur. Il a fallu du temps à Louise de Marillac pour dépasser le regard très négatif qu’elle portait sur elle-même. Elle se sentait même « abandonnée de Dieu… ». Tous ces sentiments la rendaient malade. Louise se sentait coupable et désirait connaître le pardon de Dieu.

Elle cherchait Dieu et son vrai visage. Et nous savons que Dieu vient toujours à la rencontre de l’homme. Louise l’a cherché à sa façon, selon son tempérament et dans le contexte de son époque. D’abord, Dieu était pour elle plutôt un Dieu sévère et exigeant. Dès son enfance elle a eu le goût et la facilité de la méditation. Et cela l’aidait beaucoup. En cherchant Dieu, elle priait et méditait. La réflexion sur le Sacrement de Baptême reçu le jour de sa naissance lui a fait prendre conscience qu’en cet instant elle était devenue l’enfant de Dieu. Elle a compris alors qu’elle était aimée, aimée de Dieu, de ce Dieu qui est plein de douceur et de tendresse.

Peu à peu le regard de Louise change. Sans trop s’en rendre compte, elle était en train d’accueillir l’Amour de Dieu, de Dieu qui est le Père des orphelins, de Dieu qui, dans sa Miséricorde, est en même temps le Père et la Mère. Louise commence à faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, qui pardonne, et qui donne l’espérance.

Un jour elle a écrit :

Je soussignée, en la présence de Dieu éternel, (j’ai) considéré que, au jour de mon baptême je fus vouée et dédiée à mon Dieu pour être sa fille, et … (j’ai considéré) aussi l’immense miséricorde de l’amour et la douceur avec laquelle ce très bon Dieu m’a toujours maintenue dans le désir de le servir …
(Acte de Protestation E. 692)

Grâce à la prière et à l’esprit de foi, Louise commence à accueillir et à vivre la Miséricorde de Dieu dans son coeur. Enfin elle se sent aimée par Dieu. Plus tard, elle transmettra son expérience aux plus pauvres. Grâce à sa propre expérience, Louise était très sensible au regard porté sur les nombreux « enfants trouvés », dont elle assurera l’éducation avec les Filles de la Charité. Par leur Baptême, ces enfants sont devenus, eux aussi, enfants de Dieu. Comme Vincent de Paul, Louise combattra avec force l’opinion de son époque qui ne voyait en eux que des enfants du péché. Quelle belle action de Dieu Miséricordieux dans la vie de Sainte Louise ! Passons maintenant à la deuxième étape de sa vie.

II. Epouse et mère

A. Mariage forcé contre son gré

Louise est une fille belle, pieuse et cultivée. La famille décide de la marier. Antoine Le Gras, l’un des secrétaires de la Reine, devient son époux. Le nouveau foyer se sentait porté par la faveur et l’espérance. Les parents se réjouirent à la naissance de leur fils Michel. Louise était heureuse, mais Antoine tombe malade, son tempérament se modifie, il devient irritable, difficile à vivre pendant 4 ou 5 ans. C’était pour Louise une croix très lourde. Elle ne comprenait pas le changement de caractère de son mari, devient triste, angoissée, s’enferme dans sa chambre et se réfugie dans la prière.

Dans sa méditation quotidienne, elle contemple le Christ, plein de tendresse et de compassion, pour tous ceux qu’il rencontre. Elle apprend de Jésus comment accepter la douleur et elle accueille la Miséricorde de Dieu, sa patience, sa douceur pour pouvoir vivre ces mêmes vertus et les transmettre à son mari. Elle ouvre son coeur et, malgré ses doutes et ses crises, elle le soigne avec amour. Elle l’assiste et se sent utile. Elle a eu la consolation de le voir de plus en plus calme. Jésus la console. Elle remarque qu’il y a une grâce spéciale pour les malades dans la charité envers eux.

Dans une de ses lettres elle partage (au père Hilarion Rebours): « J’étais seule avec lui pour l’assister dans ce passage si important, et il témoigna tant de dévotion…son esprit était attaché à Dieu ». Antoine lui a demandé de prier pour lui. Louise disait que ces paroles étaient à jamais gravées dans son coeur. Voilà comment Louise accueille, vit et transmet la Miséricorde de Dieu, sa douceur, sa tendresse et sa patience dans les situations très concrètes de sa vie quotidienne, d’abord envers les plus proches : son mari et aussi son fils Michel.

B. Relation avec son fils

Dès la naissance de Michel, Louise était très préoccupée. Saura-t-elle nourrir, élever ce tout petit enfant un peu prématuré ? Qui va pouvoir la conseiller ? Elle n’a ni mère, ni belle-mère. Michel a 12 ans quand son père meurt. Il devient de plus en plus instable. A la moindre réaction de Michel, à chaque problème de santé, Louise s’inquiète. Elle aime tant son fils qu’elle voudrait le savoir toujours heureux. Louise désire que Michel devienne prêtre. Les années passent et Michel se sent mal à l’aise face à son avenir.

Quel déchirement pour Louise lorsqu’elle apprend que son fils préfère se donner la mort plutôt que d’être contraint de devenir prêtre ! Peu après, Michel, au cours d’une discussion assez violente avec sa mère, lui annonce brutalement sa décision: il ne veut pas devenir prêtre. C’est un moment très dur pour la mère. Il faudra du temps à Louise pour reconnaître qu’elle doit laisser à son fils toute liberté de choisir son orientation de vie. Durant de longs mois, elle souffre et se culpabilise.

Sa souffrance devient plus intense lorsque Michel disparaît de Paris. Il est parti vivre à la campagne avec une fille qu’il souhaitait épouser. L’absence se prolonge près de 6 mois. Louise, malgré tout, retrouve son fils avec joie. Comme le père de l’enfant prodigue, elle lui ouvre largement les bras.

Quelques mois plus tard, sentant l’atmosphère détendue, elle souhaite avoir une explication avec son fils. Celui-ci ne le supporte pas, il claque la porte et disparaît à nouveau. Quelle souffrance pour cette mère qui a une grande affection pour son fils. Comme beaucoup de mères angoissées et meurtries, Louise n’a pas su dire à son fils tout cet amour qui brûle au fond de son cœur. Peut-être, ses paroles ont été maladroites, dites avec trop d’ardeur et elles ont été très mal reçues.

Et dans cette situation encore, la contemplation du mystère de la mort de Jésus sur la Croix l’aide beaucoup. Louise regarde la Vierge Marie qui a vécu l’échec apparent de son Fils et Elle ne s’est pas culpabilisée. Louise réfléchit sur ce qu’elle considère comme un échec dans l’éducation de son fils. Elle reconnaît qu’elle s’est montrée une mère très sensible, voire captative. Son attitude peut s’expliquer par toute la souffrance vécue et peu partagée durant sa propre enfance. Louise aimait son fils, l’accueillant avec ses manques, ne le rejetant pas lorsqu’il brisait son coeur de mère. Cela, c’est la miséricorde ! En apprenant à respecter la liberté de Michel, elle s’est libérée elle-même, comprenant que l’amour seul est source et finalité de cette liberté. 

Alors, Dieu la console et lui donne l’espérance. En janvier 1650, a été célébré le mariage de Michel. L’année suivante, Louise se réjouie de la naissance de sa petite-fille Louise-Renée.

III. Au service des plus pauvres

Louise de Marillac, femme de piété profonde, puisait en l’Eucharistie la force et la lumière. C’est justement le jour de la Pentecôte 1623, durant la Messe à l’église Saint Nicolas des Champs, qu’elle a reçu une grâce extraordinaire, un éclair spirituel qui perce les ténèbres et qui oriente l’avenir, mais qui demande, par la suite, un engagement personnel. En ce dimanche de Pentecôte, Louise retrouve la certitude de la foi. Sa mission lui est précisée. Le Seigneur lui fait comprendre qu’elle sera en une communauté consacrée au service des Pauvres. Elle a compris que l’amour de Dieu ne peut se limiter à une pure expérience spirituelle, il doit prendre corps dans une charité active auprès du prochain.

Louise ne parle pas beaucoup de la Miséricorde de Dieu, mais elle la découvre, grâce aussi à la rencontre avec Saint Vincent de Paul qui l’oriente vers le service des plus pauvres. Vincent de Paul devient son nouveau directeur spirituel. Il l’accueille avec patience et bonté, il l’aide à se décentrer d’elle-même et à s’ouvrir aux autres. Il découvre chez Louise une riche personnalité qui ne demande qu’à s’épanouir. Il lui demande d’abord de préparer des vêtements pour les pauvres.

Dans les villes et villages où il prêche la mission, Monsieur Vincent regroupe des femmes bénévoles pour visiter les pauvres malades. Ces associations s’appellent « Confréries de la Charité ». Elles se multiplient ; certaines sont très vivantes, d’autres rencontrent des difficultés. Vincent se rend compte que, pour maintenir la ferveur de ces groupes dans les services rendus aux pauvres, des visites régulières sont nécessaires. Il a en Louise de Marillac la personne qui lui faut. Et, à partir du mois de mai 1629, Louise commence à parcourir les routes de la France pour visiter les Confréries en vue d’un meilleur service des plus pauvres. Elle réunit les membres de l’association, les encourage dans leur travail, réanime leur ferveur. Si cela lui parait être nécessaire, elle réajuste le règlement. Elle visite elle-même les malades, rencontre les petites filles pauvres sans instruction et s’efforce de leur trouver une maîtresse d’école. Son enthousiasme était très communicatif.

* Fondatrice des Filles de la Charité avec Saint Vincent de Paul

Un jour, une fille de la campagne, Marguerite Naseau, vient trouver Vincent pour être employée aux tâches les plus basses que ne pouvaient assurer les dames des Confréries. Elle s’est fait, dans son amour tout évangélique, la servante des plus délaissés. Son exemple a été communicatif. C’est ainsi qu’est née la Compagnie des Filles de la Charité.

Le 29 novembre 1633, Louise accueille, dans sa propre maison rue Saint Victor à Paris, quelques filles de villages qui servent dans les Confréries de la Charité. C’est le début de la Compagnie des Filles de la Charité. D’emblée, Louise se sent responsable de la formation de ces filles, tant au plan humain qu’au plan spirituel. D’abord elles prennent soin des pauvres malades chez eux, dans les villes et les campagnes, puis, au fur et à mesure des besoins, celui des malades dans les hôpitaux, des petites filles à instruire, des enfants trouvés, des prisonniers, des soldats blessés, des réfugiés, des personnes âgées, des malades, et autres… Le sceau de la Compagnie avec la phrase qui dit : « La Charité de Jésus crucifié nous presse », exprime l’unité profonde avec la Charité de Jésus Christ, qui anime et enflamme le cœur de la Fille de la Charité. Louise s’efforce d’enseigner aux Sœurs le projet de cette nouvelle communauté : “se consacrer à Dieu et vivre en communauté pour servir le Christ dans les pauvres“. Pour ces jeunes, il n’était pas toujours facile de vivre ensemble quotidiennement, de servir avec douceur et amabilité des malades difficiles, de se retrouver chaque jour pour prier. Louise les accompagne, les aide personnellement et aussi par ses lettres. Ses lettres sont à la fois un soutien pour toutes les Sœurs qui sont parties loin de Paris et, lorsque cela est nécessaire, elles sont aussi un rappel de la finalité de la Compagnie. Si les Sœurs ne sont pas tout à fait fidèles, elle se sent coupable de ne pas leur donner un bon exemple.

Au long des jours souvent surchargés, Louise de Marillac constate que de nombreux pauvres sont soulagés par les Filles de la Charité. Combien d’enfants ont pu vivre grâce aux dons des Dames de la Confrérie de Hôtel Dieu, chargées de cet œuvre et aux soins attentifs des Sœurs éducatrices. Louise perçoit que toutes ces femmes portent une vraie attention à la souffrance de ceux et celles qu’elles rencontrent. Une forte certitude l’habite progressivement : Dieu a pitié de tous ceux qui souffrent, Dieu n’abandonne pas le pauvre et le pécheur.

Sans crainte, elle demande aux Filles de la Charité au service des galériens, des soldats blessés, des mendiants, etc., de respecter et d’aimer chaque personne créée à l’image de Dieu et réconciliée par le Christ mort et ressuscité. Elle leur demande de savoir découvrir et faire jaillir la petite étincelle de divinité qui réside au fond de chacun. A une Sœur elle a écrit :

Pour l’amour de Dieu, ma chère Sœur, pratiquez une grande douceur envers les pauvres et tout le monde; et essayez de contenter autant de paroles que d’actions; cela vous sera facile si vous conservez une grande estime de votre prochain…

En 1638, elle entreprend, à l’appel de Vincent, une lutte concrète contre le fléau de l’abandon d’enfants. Tous les deux s’y engagent totalement avec ce qui fait leur richesse et leur force, leur amour du prochain et leur esprit pratique. Louise découvre la Miséricorde de Dieu davantage encore en voyant que les pauvres souffrent beaucoup de la faim pendant la guerre, mais que Dieu ne les abandonne pas : en effet, malgré les obstacles, les dames de la Charité arrivent à les nourrir. Louise, elle aussi, se sent pauvre mais elle devient encore plus sûre que, pour elle également, Dieu est Miséricorde. Elle connaît sa propre faiblesse, sa tendance à s’arrêter sur ce qui lui paraît mauvais en elle, mais elle réalise davantage que tout être humain est aimé de Dieu. Elle médite la vie de Jésus qui, tout au long de sa vie publique, proclame – par ses paroles et par ses actes – que Dieu accueille toute personne, sans s’arrêter à sa faute, à ses erreurs, à ses infidélités. Quel réconfort !

CONCLUSION

Louise a découvert personnellement cette tendresse et cette bonté de Dieu, cet amour qui rejoint l’autre au plus profond de son être, qui fait confiance au-delà de ce que l’homme pouvait espérer. Comme son attention se concentre sur Dieu et les pauvres, elle se décentre tout naturellement de sa propre culpabilité. Alors elle peut accueillir la bonté de Dieu qui ne se lasse pas de faire confiance. Elle comprend combien Dieu l’invite à s’accepter avec ses limites et ses qualités. La découverte de la Miséricorde de Dieu va de pair avec la reconnaissance de son péché. Ce que Louise regardait en elle comme fautes devient source d’humilité et elle peut écrire :

Me confiant en l’infinie miséricorde de mon Dieu, je lui demande pardon de tout cœur

Le regard sur son péché ne la trouble plus, car elle a compris l’immense bonté de Dieu qui, sans cesse, pardonne et appelle à l’Amour. Elle se transforme en femme paisible et calme. Ayant appris à reconnaître la grandeur de tout homme, Louise apprend à s’aimer au-delà de toutes les misères qu’elle regarde en elle. Elle devient plus libre et s’engage de plus en plus dans le service des pauvres.

Louise de Marillac a fait l’expérience de la miséricorde de Dieu

  • pour elle-même, dans ses difficultés
  • pour les pauvres à travers les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles.

Aujourd’hui, le Pape François a un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse sur les oeuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience, souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le coeur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces oeuvres de miséricorde, pour que nous puissions voir si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples… et comme Louise de Marillac.

En souvenir de cette réflexion je vous offre l’image de Jésus « Sacré-Coeur» peinte par Ste Louise de Marillac. Au dos de cette image vous trouvez les oeuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Cela peut nous aider dans notre réflexion personnelle qui doit mener toujours vers l’action concrète. Louise de Marillac a bien compris et accompli ces oeuvres en servant Jésus Christ dans la personne des pauvres, par elle-même, ainsi que par les Soeurs et les laïcs qu’elle a formés.
Sr Stanisawa fdlc ♦

Louise a découvert personnellement cette tendresse et cette bonté de Dieu, cet amour qui rejoint l’autre au plus profond de son être.

Sr Stanisawa
Images :

Redécouvrons *les oeuvres de miséricorde corporelles:

1) donner à manger aux affamés,
2) donner à boire à ceux qui ont soif,
3) vêtir ceux qui sont nus,
4) accueillir les étrangers,
5) assister les malades,
6) visiter les prisonniers,
7) ensevelir les morts.

*les œuvres de miséricorde spirituelles:

1) conseiller ceux qui sont dans le doute,
2) enseigner les ignorants,
3) avertir les pécheurs,
4) consoler les affligés,
5) pardonner les offenses,
6) supporter patiemment les personnes ennuyeuses,
7) prier Dieu pour les vivants et pour les morts.