Monsieur Vincent à Marseille

Monsieur Vincent à Marseille

Si le cœur de saint Vincent pouvait parler, que dirait-il aux chrétiens de Marseille ? Sans doute nous redirait-il, comme il le fit jadis à ses compagnons, que « la charité est la marque infaillible des vrais enfants de Dieu »

Pour la Famille vincentienne, 2017 est une année jubilaire, comme cela nous a été présenté dans le précédent numéro de notre revue diocésaine. Car c’est en 1617 que Vincent de Paul, né en 1581 près de Dax et ordonné prêtre à Périgueux en 1600, a vécu deux expériences décisives qui ont changé sa vie. Un jour de janvier 1617, près d’Amiens, il est appelé auprès d’un homme mourant qu’il écoute longuement en confession. Vincent découvre alors l’ampleur de la misère spirituelle du peuple des campagnes. Dans sa prédication du 25 janvier 1617, il invite les fidèles à la confession. Le besoin d’être écouté et de recevoir le pardon de Dieu est si grand qu’il faut appeler les jésuites d’Amiens pour aider à la tâche !

Quelques mois plus tard, Vincent accepte la responsabilité de la paroisse de Châtillon-sur-Chalaronne, près de Lyon, où l’archevêque voulait implanter un centre de missions. Il y arrive le 1er août. Or, un dimanche, on vient le prévenir avant la messe que les membres d’une famille vivant dans une maison isolée à l’écart du village sont tous malades, sans qu’aucun puisse secourir les autres. Il en parle en chaire, invitant les bonnes volontés à venir en aide à cette famille. Et devant l’ampleur de la réponse – tant de gens vont chez cette famille pour apporter de l’aide « qu’on aurait dit une procession » –, Vincent prend conscience non seulement de l’ampleur de la misère matérielle de nombreuses familles pauvres, mais aussi de la force de la générosité, à condition qu’elle soit quelque peu organisée.

Ce sont ces deux prises de conscience de 1617 qui ont entraîné Vincent de Paul dans une série d’initiatives pastorales, toujours adaptées aux besoins concrets, matériels et spirituels, et qui sont à l’origine de la grande famille vincentienne que l’on connaît aujourd’hui. La misère, Vincent l’avait lui-même connue dans les années qui suivirent son ordination presbytérale, lorsque le bateau qui le conduisait de Perpignan à Marseille s’était fait arraisonner par des pirates et qu’il avait été emmené comme esclave à Tunis. La misère, Vincent la mesura aussi lorsque, nommé par le roi aumônier général des galères, il vint à Marseille en 1622. On raconte, mais c’est sans doute une légende, qu’il prit pendant plusieurs semaines la place d’un forçat encore plus miséreux que les autres. Ce qui est sûr, c’est qu’il appuya de toutes ses forces le projet de construction d’un hôpital pour les forçats, qui fut installé en 1646 au-dessus de la salle d’armes de l’arsenal des galères, à l’emplacement de l’actuelle rue Glandevès.

Si le cœur de saint Vincent pouvait parler, que dirait-il aux chrétiens de Marseille ? Sans doute nous encouragerait-il à nous faire proches de tous ceux qui « galèrent »aujourd’hui, de quelque façon que ce soit, matériellement ou spirituellement. Sans doute nous redirait-il, comme il le fit jadis à ses compagnons, que « la charité est la marque infaillible des vrais enfants de Dieu » et qu’il leur faut, pour bien la vivre, soigner leur vie de prière : « Tenons pour maxime indubitable qu’à proportion que nous travaillons à la perfection de notre vie intérieure, nous nous rendrons plus capable de produire du fruit envers le prochain. »  Mais aux Filles de la Charité, qu’il avait fondées en 1634 avec Louise de Marillac, il donnait ce conseil resté célèbre : « Mes filles, sachez que, quand vous quitterez l’oraison ou le service de la sainte messe pour le service des malades, vous n’y perdrez rien, puisque c’est aller à Dieu que de servir les pauvres, et vous devez regarder Dieu en leurs personnes. »

Merci aux Conférences et aux Équipes Saint-Vincent, merci aux frères Lazaristes et aux communautés des Filles de la Charité qui font battre chaque jour dans notre diocèse le cœur toujours vivant et débordant de tendresse de saint Vincent de Paul.

+ Jean-Marc AVELINE,
évêque auxiliaire de Marseille 🔸

Si le cœur de saint Vincent pouvait parler, que dirait-il aux chrétiens de Marseille ? Sans doute nous encouragerait-il à nous faire proches de tous ceux qui « galèrent » aujourd’hui, de quelque façon que ce soit, matériellement ou spirituellement.

Explications :
Article publié sur le site du Diocèse de Marseille : https://marseille.catholique.fr/