Fête de l’Epiphanie. Homélie en la Chapelle Saint Vincent de Paul de la Maison-Mère

Fête de l’Epiphanie

Homélie en la Chapelle Saint Vincent de Paul de la Maison-Mère

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, St Mathieu nous dit qu’après avoir surmonté des moments de confusion et d’incertitude « les mages éprouvèrent une très grande joie quand ils virent l’étoile » qui leur signalait la présence du Seigneur.

La joie de la présence du Seigneur : il y a des personnes qui ne peuvent pas imaginer que le fait de rencontrer Dieu peut faire naître la joie dans une existence humaine ! Cela vient peut-être du fait qu’ils ont réprimé d’une façon constante et systématique tout appel intérieur et qu’ils se sont rendus ainsi, insensibles à la présence divine…

D’autres personnes se disent croyantes, mais il leur manque précisément, d’avoir fait l’expérience personnelle de Dieu dans leur vie, en dépassant la croyance et ses seules manifestations extérieures.

En fait, qu’en est-il de cette expérience de Dieu ? Nous pouvons avoir le sentiment d’une certaine présence de Dieu, par la communication intime et personnelle qu’est la prière intérieure ou par des évènements particuliers, ou encore par la Parole de Dieu que nous annonce l’Eglise, c’est vrai. Cependant, il ne suffit pas d’avoir une connaissance intellectuelle de tout le contenu de la Bible pour découvrir et rencontrer Dieu. Il ne suffit pas de lire des dizaines de livres de théologie pour faire l’expérience de Dieu dans sa vie ! Quelqu’un peut être docteur en théologie, en Ecriture Sainte, en spiritualité, sans avoir jamais fait l’expérience de Dieu ! Comment alors faire l’expérience de Dieu dans nos vies, comment le reconnaitre à travers les signes qu’il nous fait ?

He bien, c’est en méditant l’histoire des mages venus d’Orient que nous pouvons recevoir un message important pour nous aujourd’hui, et qui peut nous éclairer dans notre recherche. Dans la première lecture que nous avons entendue, Isaïe prophétisait la gloire de Jérusalem en insistant auparavant sur « les ténèbres qui couvrent les peuples, sur l’obscurité qui recouvre la terre. » Et St Paul parle de « ce mystère caché aux hommes des générations passées. » Ainsi donc, la première condition pour percevoir la manifestation du Seigneur c’est de reconnaître que nous sommes dans les ténèbres, que nous avons besoin de savoir, d’apprendre autre chose et que nous ne pouvons pas le découvrir seuls, pas même avec un doctorat de théologie ou d’Ecriture Sainte dans sa poche !…

 Tels étaient les mages venus d’Orient. Ils ont perçu la lumière d’une étoile et ils ont accepté d’être illuminés par un autre…Ils avaient ce qu’on pourrait appeler une grande curiosité jointe à une profonde humilité… Oui, pour comprendre les signes et pour faire l’expérience de Dieu, il faut d’abord reconnaître la nuit profonde dans laquelle on est plongé, se mettre en mouvement pour en sortir, et accepter d’être éclairé, guidé par un autre. Il faut encore l’ouverture du cœur qui fait saisir les appels inattendus et souvent hors de l’ordinaire.

Oui, vraiment les mages sont pour nous des modèles d’une foi humble qui les pousse à sortir d’une situation confortable et d’une tranquille sécurité pour se mettre en marche vers l’inconnu, guidés par le signe ténu d’une étoile qui les guide, puis disparait pour réapparaitre et les mettre en présence de cette réalité si humble et tellement ordinaire et banale : une étable, Marie, Joseph et l’enfant !

Le philosophe Pascal a dit un jour que « Dieu est assez caché pour que ceux qui ne le cherchent pas de tout leur cœur ne le découvrent pas…mais il est aussi assez révélé pour que ceux qui le cherchent de tout leur cœur puissent le découvrir un jour. »

Ainsi, c’est parce que l’étoile de Dieu s’était déjà levée dans leur cœur que les Mages ont su la reconnaître dans un ciel peuplé de myriades d’étoiles… Finalement, ils n’ont fait que rechercher celui qu’ils avaient déjà trouvé dans leur cœur : « Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas déjà trouvé. »

De la même manière, nous ne pourrons jamais faire l’expérience de Dieu, reconnaître les signes de sa présence si nous ne sommes pas habités par une présence. Une présence qui ne se manifeste qu’aux cœurs purs et aux cœurs simples, ceux qui ont fait de la recherche de Dieu, le sens et le but de leur vie. Et puis, finalement, on peut le dire : « qui cherche trouve et l’on ne trouve que ce que l’on recherche ! » Et, l’on pourrait dire également : « Dis-moi ce que tu as trouvé et je te dirai ce que tu cherchais au plus profond de toi-même…sans peut-être te l’avouer à toi-même … »

Ainsi donc, il est bon de nous demander aujourd’hui, chacune et chacun :

  • de travail, la santé, l’amour, que sais-je encore …Qu’est ce qui occupe tes pensées, ton cœur au cours de tes journées ?
  • Tu te poses beaucoup de questions sur le sens de la vie, du mal, de la souffrance et de la mort, mais es-tu vraiment un chercheur de Dieu ? C’est-à-dire, le cherches-tu non seulement avec ton intelligence mais aussi avec ton cœur ?
  • Connaître Dieu d’une façon intellectuelle c’est très bien et cela peut aider. Mais le connaître avec le cœur c’est infiniment mieux. Et, pour cela, il faut fréquenter le Christ, rester avec le Christ, passer du temps avec lui pour devenir son ami et pour que sa présence change ta vie ! Alors, combien de temps consacres-tu chaque jour pour « demeurer avec lui ? »
  • S’il t’arrive d’être triste ou déprimé, n’est ce pas parce que tu as cherché la Joie en dehors de celui qui, seul, peut remplir l’immensité de ton cœur ?

Enfin, en ce début d’une nouvelle année, à l’occasion de la fête de l’Epiphanie (manifestation du Seigneur aux païens) que l’exemple des mages nous apprenne à partir, à risquer un nouveau départ. Qu’il nous apprenne le détachement qui donne la liberté d’être et de devenir. Le détachement qui fait place à la simplicité, à l’humilité, et qui ouvre le cœur. Qu’il nous apprenne à quitter ceci ou cela : ce qui nous retient trop loin de Lui, le Christ. Que l’exemple des mages nous apprenne à Le reconnaitre et à prendre le risque de le suivre, lorsqu’apparaîtra son étoile dans le ciel de nos vies. Amen

Alain PEREZ, CM 🔸

Tels étaient les mages venus d’Orient. Ils ont perçu la lumière d’une étoile et ils ont accepté d’être illuminés par un autre…Ils avaient ce qu’on pourrait appeler une grande curiosité jointe à une profonde humilité…