Le Prêtre selon Saint Vincent et aujourd’hui


Le Prêtre selon Saint Vincent et aujourd’hui

(Message vincentien aux prêtres d’aujourd’hui)

Conférence donnée lors de la Récollection de Carême – Diocèse d’Amiens – Follevile 2 mars 2017

« Si l’on veut exprimer en une phrase l’idée du sacerdoce présentée par saint Vincent de Paul, on peut dire que pour lui, le prêtre est un homme appelé de Dieu à participer au sacerdoce de Jésus Christ pour prolonger la mission rédemptrice de Jésus Christ, en faisant ce que Jésus Christ a fait, de la manière dont il l’a fait » (Jacques Delarue). Voilà donc la pensée profonde de saint Vincent sur le sacerdoce.

Cependant, cette pensée n’a pas jailli en lui comme par génération spontanée, ni à partir d’un enseignement reçu ou dans un approfondissement personnel de la doctrine. La conception du sacerdoce, chez saint Vincent, s’est forgée à partir de la réalité concrète de son expérience. Et d’abord, à partir de l’expérience de sa propre vie.

L’expérience de Saint Vincent

En effet, il semble que la perspective du sacerdoce lui ait été proposée par les vues intéressées de son père. Et c’est ainsi qu’il est entré dans les vues de son père avec une précipitation manifeste, puisqu’il reçoit l’ordination sacerdotale le 23 septembre 1600 des mains de l’évêque de Périgueux, qui était alors aveugle et moribond ! Vincent n’avait que dix-neuf ans !

Cet empressement excessif, il ne l’oubliera jamais ; cela le marquera à un tel point que, lorsqu’on lui proposera de faire entrer un de ses neveux dans les ordres pour des motifs qui n’étaient pas parfaitement purs, il s’y opposera en disant : « Pour moi, si j’avais su ce que c’était quand j’eus la témérité d ‘y entrer, comme je l’ai su depuis, j’aurais mieux aimé labourer la terre que de m’engager en cet état redoutable. » (Lettre au chanoine de Saint-Martin – 1658)

De la même manière, il écrivait à Monsieur Dupont-Fournier, avocat à Laval, le 5 mars 1659 : «… il faut donc être appelé de Dieu à cette sainte profession … l’expérience que j’ai des désordres arrivés par les prêtres, qui n’ont pas tâché de vivre selon la sainteté de leur caractère, fais que j’avertis ceux qui me demandent mon avis pour le recevoir, de ne s’y engager pas, s’ils n’ont une vraie vocation de Dieu, une intention pure d’y honorer Notre Seigneur par la pratique de ses vertus et les autres marques assurées que sa divine bonté les y appelle. Et je suis si fort dans ce sentiment que, si je n’étais pas prêtre, je ne le serais jamais. C’est ce que je dis souvent à tels prétendants, et ce que j’ai dit plus de cent fois en prêchant aux peuples de la campagne. »

Ce thème de « la dignité sacerdotale », chez saint Vincent, peut nous sembler aujourd’hui excessif et tout à fait anachronique. Mais comme je le disais plus haut, la conception du sacerdoce qui était la sienne s’était forgée à partir de la réalité concrète de son expérience. Or, l’expérience de saint Vincent – dans les premières années de son sacerdoce et à travers les différents ministères qui ont été les siens, en tant que curé de paroisse ou à l’occasion de son préceptorat dans la famille de Gondi – l’a amené à constater l’état déplorable du clergé à son époque.

Le « haut clergé » vivait à la cour ou sous l’influence des grands, et le « bas clergé » vivait dans les campagnes, souvent misérable et ignorant. Les uns et les autres perdaient de vue leur caractère d’hommes de Dieu. Quant au « bas clergé », il était tellement mêlé au peuple dont il avait la charge, qu’au lieu de l’aider à bien vivre, le plus souvent il en partageait les vices, les excès et la saleté à un point tel que « Le nom de prêtre était devenu synonyme d ‘ignorant et de débauché ». (Amelotte, t.11, p.96) De même, un évêque confiait un jour avec tristesse à saint Vincent : « J’ai horreur quand je pense que dans mon diocèse, il y a presque sept mille prêtres ivrognes ou impudiques qui montent tous les jours à l’autel et qui n’ont aucune vocation ». (Abelly. Vie de saint Vincent de Paul, liv. I, chap. XXII)

On pourrait épiloguer encore longtemps sur l’état déplorable du clergé de France au XVIIème siècle. Toujours est-il qu’à travers ses différents ministères, saint Vincent découvre la très grande détresse spirituelle du pauvre peuple des champs, et que la cause principale de cet état lamentable, c’est l’incapacité des prêtres qui ont charge d’âmes dans ces régions. Ainsi, à partir de ces expériences, vont s’enraciner dans son esprit deux convictions intimement liées :

  • Il faut courir au secours du pauvre peuple des campagnes qui se damne dans l’ignorance,
  • Et pour cela, il faut des prêtres, de bons prêtres, zélés et instruits.

Pour répondre à ce double et urgent besoin, saint Vincent organise des missions sur les terres des Gondi ; et, grâce à l’aide de Monsieur et Madame de Gondi, il fonde en 1625 une société de missionnaires, la Congrégation de la Mission. Fondation qui facilitera le renouvellement périodique des missions qui étaient des temps fort d’évangélisation des campagnes.

De la même manière, pour ne pas perdre le fruit des missions, il voit la nécessité de laisser sur place un clergé capable de poursuivre l’œuvre entreprise. Un clergé bien formé qui aidera les pauvres gens à se maintenir dans de bonnes dispositions. Et c’est ainsi qu’à l’invitation de l’évêque de Beauvais, qui avait déjà accueilli des missionnaires sur son diocèse pendant une vingtaine de jours, il entreprend la préparation des ordinands du diocèse à leur ministère sacerdotal futur. C’était en septembre 1628.

Cependant, qu’est-ce-que quelques jours pour former un bon prêtre et pour qu’il puisse le demeurer ? Conscient de cet inconvénient, et sur la suggestion d’un des ordinands, saint Vincent organise en 1633, dans la maison de Saint Lazare, des réunions hebdomadaires, le mardi. Le but de ces réunions est d’aider les ecclésiastiques à se maintenir « dans la sainteté de leur vocation… en conférant ensemble des vertus et dysfonctions propres à leur ministère ».

Puis, aux grés des expériences, ce fût vers 1636, un premier essai de séminaire pour des enfants, au collège des Bons Enfants. Essai infructueux qui poussera saint Vincent à établir plutôt des grands séminaires qui accueilleront des jeunes gens de vingt à trente ans. Et c’est ainsi que, pour les Lazaristes, les séminaires deviendront, après les missions, la principale activité de la Congrégation.

Voilà donc, tracés à grands traits et rapidement, le contexte et les évènements qui ont conduit saint Vincent à œuvrer avec d’autres, à la renaissance qui renouvela l’Église de France au XVIIe siècle. Il est intéressant de constater que cette renaissance fût avant tout une œuvre sacerdotale. Ce sont les prêtres qui en ont été les instruments, et ils l’ont été en acceptant de se former et de se réformer en profondeur !

Aujourd’hui, alors que l’Église traverse bien des zones de turbulences, ne faut-il pas penser, de la même manière, que la « renaissance » ne pourra s’opérer que par une formation et une réforme en profondeur du clergé ?

En tout cas, il m’a semblé important de rappeler, au moins d’une façon partielle, ce contexte et ces évènements, avant de partager quelques convictions vincentiennes aux prêtres d’aujourd’hui. Car, me semble-t-il, en tenant compte des transpositions qui s’imposent bien sûr, l’expérience de saint Vincent, son cheminement, peuvent être pour nous une source d’inspiration lorsque nous essayons de dessiner le profil du prêtre aujourd’hui.

En effet, on peut le constater chaque jour : la France est devenue un pays de mission comme au temps de saint Vincent, et cela depuis quelques décennies déjà ! En conséquence :

Il parait nécessaire, comme au temps de saint Vincent, de donner une formation vraiment missionnaire à tous ceux qui aspirent à travailler à la construction du Royaume de Dieu, et spécialement aux prêtres.

La formation spirituelle

Justement, le document paru en 2002, « Repartir du Christ » – de la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique -propose, au n°20, un élément qui me parait capital pour la formation : « La vie spirituelle doit être en première place dans les projets des Familles de vie consacrée, en sorte que tous les Instituts et que toutes les communautés se présentent comme des écoles de spiritualité évangélique authentique. »

Le document continue : « Repartir du Christ signifie proclamer que la vie consacrée est une sequela Christi spéciale, « mémoire vivante » du mode d ‘existence et d’action de Jésus comme Verbe incarné par rapport à son Père et à ses frères. Cela comporte une communion d’amour particulière avec lui, qui est devenu le centre de la vie et source permanente de toute initiative… il s’agit d ‘une expérience de partage, d’« une grâce spéciale d’intimité », il s ‘agit de « s’identifier à lui, en ayant les mêmes sentiments et la même forme de vie » ; il s’agit d’une vie « saisie par le Christ ».

Lorsque nous lisons ces lignes, comment ne pas nous souvenir de la lettre que saint Vincent écrivait à Antoine Durand (XI, 343-344) et la fameuse phrase : « Il faut, Monsieur, vous vider de vous-même pour vous revêtir de Jésus-Christ ! » N’est-ce pas là, la première exigence qui incombe à un missionnaire ? Nous le savons bien par expérience, la tentation est toujours présente, de transformer notre travail pastoral en notre œuvre propre, d’utiliser notre ministère pour attirer l’attention sur nous-mêmes et nous faire valoir ! D’où l’insistance de saint Vincent sur la pureté d’intention qui nous fait renoncer aux vues humaines pour vraiment essayer d’accomplir l’œuvre de Dieu. D’où son insistance également sur l’humilité, car sans humilité il ne peut plus être question pour un missionnaire de faire l’œuvre de Dieu. Par contre, « si vous agissez bonnement et simplement, voyez-vous, disait saint Vincent, Dieu est obligé en quelque façon de bénir ce que vous direz, de bénir vos paroles : Dieu sera avec vous » (Entretien du 8 Juin 1658, XII, 23.)

Dans le même sens, il disait encore : « …Croyez-moi, Messieurs et mes frères, croyez-moi, c ‘est une maxime infaillible de Jésus-Christ, que je vous ai souvent annoncée de sa part, que, d ‘abord qu’un cœur est vide de soi-même, Dieu le remplit ; c ‘est Dieu qui demeure et qui agit là-dedans ; et c ‘est le désir de la confusion qui nous vide de nous-mêmes, c ‘est l’humilité, la sainte humilité ; et alors ce ne sera pas nous qui agirons, mais Dieu en nous, et tout ira bien. » (Entretien, septembre 1655)

La vie spirituelle est donc l’assise, la base solide sur laquelle se fonde une vie missionnaire. C’est grâce à elle que le missionnaire vit « en pleine docilité à [‘Esprit, docilité qui engage à se laisser former intérieurement par lui, afin de devenir toujours plus conforme au Christ » (La Mission du Rédempteur, n°87). Le temps consacré à la vie spirituelle n’est certainement pas du temps perdu pour la mission car, « plus les personnes consacrées se laissent configurer au Christ, plus elles le rendent présent et agissant dans l’histoire pour le salut des hommes. » (Repartir du Christ n°9).

D’ailleurs, une manière privilégiée de « se revêtir du Christ », c’est de consacrer régulièrement, chaque jour, « des moments appropriés pour un colloque silencieux et profond avec Celui dont nous nous savons aimés, afin de partager avec lui ce que nous avons vécu et recevoir la lumière pour poursuivre notre chemin quotidien » (Repartir du Christ n° 25). Grâce à ce temps fort, le missionnaire évitera la médiocrité dans sa vie humaine et spirituelle, l’embourgeoisement progressif, la mentalité consumériste ainsi que la tentation de l’efficacité et de l’activisme. Oui, un vrai missionnaire, c’est celui qui prend les moyens d’une vie spirituelle authentique : sa vie est la proclamation du primat de la grâce ; sans le Christ, il sait qu’il ne peut rien faire ; il peut tout, en revanche, en celui qui donne la force. « Donnez-moi un homme d’oraison, et il sera capable de tout » (Entretien sans date, XI, 83.) « Il faut la vie intérieure, il faut tendre là ; si on y manque, on manque à tout … Cherchons, Messieurs, à nous rendre intérieurs, à faire que Jésus-Christ règne en nous ... » (Entretien, 21 février 1659) disait saint Vincent.

Le Pape Jean-Paul II, quant à lui, exhortait ainsi les missionnaires, dans sa lettre encyclique « La Mission du Rédempteur » : « Que les missionnaires réfléchissent sur leur devoir de sainteté que le don de la vocation leur demande, en se renouvelant de jour en jour par une transformation spirituelle et en mettant à jour continuellement leur formation doctrinale et pastorale. Le missionnaire doit être « un contemplatif en action ». La réponse aux problèmes, il la trouve à la lumière de la parole divine et dans la prière personnelle et communautaire. Le contact avec les représentants des traditions spirituelles non chrétiennes, en particulier celles de l’Asie, m’a confirmé que l’avenir de la mission dépend en grande partie de la contemplation. Le missionnaire, s’il n’est pas un contemplatif, ne peut annoncer le Christ d ‘une manière crédible ; il est témoin de l’expérience de Dieu et doit pouvoir dire comme les Apôtres : « Ce que nous avons contemplé …, le Verbe de vie…, nous vous l’annonçons » (1Jn 1, 1-3).

En relisant ce dernier texte de Jean-Paul II, me revient en mémoire cette anecdote que j’ai vécue lorsque j’étais missionnaire en République Dominicaine. Mon travail me conduisait à participer de temps en temps à des rencontres de réflexion ou des récollections avec des jeunes. Au cours d’une récollection, un jeune du groupe parlait du prêtre qui venait d’organiser des missions dans son village. Le prêtre en question était un jeune prêtre, récemment ordonné, plein d’espérance, de dynamisme et de projets ! Parlant donc de ce prêtre, le jeune disait : « Oui…le Père untel …il est très généreux, très sympathique … mais on a l’impression qu’il est vide ! »

J’avoue que la réflexion de ce jeune m’a fortement interpellé et m’a fait beaucoup réfléchir, et j’ai compris alors la parole de saint Augustin qui disait un jour :« Il prêche inutilement la parole de Dieu au-dehors, celui qui ne l’écoute au-dedans.» A partir de cette réflexion, j’ai longtemps médité aussi, le texte de Maître Eckhart, ce mystique rhénan du XIIIe-XIVe siècle qui disait :« Les gens ne devraient pas tant se préoccuper de ce qu ‘ils doivent faire ; ils feraient mieux de s ‘occuper de ce qu’ils doivent être. Si nous-mêmes et notre manière d ‘être sommes bons, ce que nous ferons rayonnera. »

Oui, on peut se le demander : comment être et être bons sans une vie intérieure réelle et profonde ? En effet, n’est-ce pas grâce à l’oraison, à la prière, que nous nous habituons à regarder le monde et les autres avec le regard de Dieu ? N’est-ce pas grâce à l’oraison, à la prière que nous apprenons à agir et à aimer ce monde, comme Dieu agit et aime ? Oui, vraiment, c’est l’oraison qui nous aide à retrouver le sens de Dieu, qui nous aide à revenir à notre cœur, c’est-à-dire au centre de notre être.

Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de revenir à notre cœur ! En effet, nous vivons aujourd’hui une crise de l’intériorité, une intériorité généralement pauvre et superficielle et qui se manifeste dans une certaine difficulté à cesser d’agir pour se concentrer dans le silence. Cette carence débouche fréquemment sur des conduites activistes, impulsives ou agressives, et ces conduites s’expriment parfois dans des ambiances de bruit continuel ou dans des musiques qui dispersent au lieu d’aider à occuper et à enrichir notre espace intérieur. Or, disait le Pape Paul VI : « Il faut que notre zèle évangélisateur jaillisse d’une véritable sainteté de vie alimentée par la prière et surtout par l’amour de l’Eucharistie, et que, comme nous le suggère le Concile, la prédication, à son tour, fasse grandir en sainteté le prédicateur… Le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s ‘ils voyaient l ‘invisible ». (Annoncer l’Evangile, n°76). C’est là un texte missionnaire significatif ! Il fait comprendre finalement « qu’on est missionnaire avant tout par ce que l’on est… avant de l’être par ce que l’on dit ou par ce que l’on fait. » (La mission du Rédempteur, n° 23).

En fait, saint Vincent voulait que le prêtre « vive en état d’oraison », que l’oraison envahisse toute sa vie, spécialement son activité pastorale. C’est ainsi, en effet, que le missionnaire ne sera pas un homme divisé qui poursuit dans l’action et la contemplation deux fins incompatibles : son engagement pastoral, au lieu de diminuer son union à Dieu, au contraire la fera croître, et sa vie de prière sera une force incomparable pour le service et l’évangélisation de ses frères ! Et cela aura des conséquences directes sur sa mission, si l’on en croit encore saint Vincent :« Si celui qui conduit les autres, disait-il à Antoine Durand, celui qui les forme, qui leur parle, n’est animé que de l’esprit humain, ceux-là qui le verront, qui l’écouteront, et s ‘étudieront à l’imiter, deviendront tout humains : il ne leur inspirera, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse, que l’apparence de la vertu et non pas le fond … il leur communiquera l’esprit dont lui-même sera animé … Au contraire, s’il est plein de Dieu, toutes ses paroles seront efficaces, et il sortira une vertu de lui qui édifiera … » (XI – 343).

Lorsque, répondant à l’appel du Christ, nous lui donnons notre vie par le sacerdoce ou la vie consacrée, nous le faisons avec l’intention et le propos fondamental de faire de Dieu le pôle qui oriente tous les projets et toutes les dimensions de notre vie. A cause de cela, le meilleur service que nous pouvons rendre aux hommes d’aujourd’hui, c’est d’être radicalement ce que nous devons être et que l’on attend de nous : des hommes de Dieu, avec Dieu, pour Dieu, et qui voient en toutes choses la présence de Dieu. D’ailleurs, s’il est évident que les hommes attendent le pain matériel, il est tout aussi évident qu’ils attendent aussi un pain essentiel qui rassasie la faim et qui sauve : le pain de Dieu !

Notre vocation de prêtres, de missionnaires, c’est donc, selon l’heureuse expression de Paul VI, d’être des « spécialistes de Dieu ». Non des spécialistes qui savent beaucoup sur Dieu ou qui peuvent en parler avec érudition, mais des spécialistes au sens de faire plus vivement l’expérience de Dieu en suivant le Christ, et en faisant de cette expérience le projet fondamental de leur vie. C’est ainsi que notre vie sera évangélisatrice, justement par sa façon d’être spéciale qui met Dieu au centre de notre existence… Parce que le milieu actuel n’est plus celui d’un christianisme collectif, K. Rahner disait : « Le croyant de demain, ou bien sera un « mystique », c’est-à-dire quelqu’un qui a expérimenté quelque chose, ou bien il cessera d ‘être croyant. » Cela n’est-il pas valable également pour « le croyant prêtre » ou le « croyant missionnaire » ?

Ceci dit, le prêtre peut être appelé, dans certains cas, à vivre sa mission en exerçant une profession ou une activité bénévole. Il sera par exemple, professeur, éducateur, infirmier, assistant social, permanent ou bénévole dans une association, ouvrier en usine, etc… Ce qui est important et décisif pour le missionnaire, c’est l’esprit et la motivation pour laquelle il a adopté telle profession ou telle activité. La profession, l’activité sont en elles-mêmes indifférentes ; elles sont et doivent être parfois, notre manière de nous insérer dans le monde, de vivre la mission. Cependant, elles ne peuvent en aucun cas être une manière de nous évader de notre véritable identité de prêtre, de missionnaire.

C’est pourquoi, il est important et essentiel pour le missionnaire de toujours se demander comment réaliser ce service. Autrement dit, il est essentiel de savoir s’il aide le autres en étant éducateur, infirmier, ouvrier en usine, etc., comme peuvent le faire tout autre éducateur, infirmier, assistant social, permanent. Il est essentiel de savoir s’il le fait à partir de sa situation de prêtre ou de missionnaire. Ou bien sa situation ne devra pas paraître. En ce cas-là, pourquoi est-il prêtre ? Est-il nécessaire d’être prêtre pour aider les autres ?

De toute façon, que l’on soit engagé dans la pastorale ordinaire ou dans une profession salariée ou bénévole, « sans une vie intérieur d’amour qui attire le Verbe, le Père, l’Esprit, il ne peut y avoir de regard de foi ; en conséquence, la vie perd progressivement son sens, le visage des frères devient terne, et il est impossible d’y découvrir le visage du Christ, les évènements de l’histoire demeurent ambigus, voir privés d’espérance, la mission apostolique et caritative se transforme en activités qui n’aboutissent à rien. » (Repartir du Christ. n°25)

Le Père Arrupe, ancien Général des Jésuites, disait : « Toute application du charisme et toute réforme doivent être réalisées par des hommes de grande stature spirituelle, d ‘un esprit surnaturel sans faille j Celui-ci comporte un zèle ardent -pour la gloire de Dieu et le service de l’Église, une humilité sincère, une obéissance à toute épreuve et une compréhension profonde de l’Evangile. » (L’espérance ne trompe pas. P.70)

Précisément, saint Vincent fait partie de ces hommes de grande stature : il a aimé les hommes parce qu’il a connu et aimé Dieu et voulu uniquement le servir. Ce Dieu, connu et fréquenté fidèlement dans l’oraison, l’a façonné pour en faire un géant de la Charité dont les réalisations audacieuses pour le service des pauvres n’ont pas fini de nous étonner.

Après un siècle ou le spiritualisme verbal a trop souvent servi d’alibi pour refuser de voir et de combattre l’injustice, la tentation est grande aujourd’hui de tomber dans l’excès inverse et, sous prétexte d’action efficace, de négliger, relativiser ou minimiser l’importance de l’oraison dans notre vie missionnaire. L’erreur serait d’autant plus grave que l’oraison est finalement la source de l’action. L’exemple des grands mystiques est là pour le prouver : que ce soit saint Bernard de Clairvaux, Thérèse d’Avila, Ignace de Loyola, pour n’en citer que quelques-uns. Ils rappellent à notre monde en pleine mutation que toute réforme revient essentiellement à creuser plus profondément dans les ressources non épuisées de la vie intérieure. Car, ce ne sont pas les hommes « en-dehors », perpétuellement extravertis, affectés par « le prurit » de l’activisme, qui font les réformes ; ce sont les hommes « en-dedans », c’est-à-dire ceux qui sont tellement habités par la présence à eux-mêmes et à Dieu, que c’est cette présence qui les a finalement habilités pour une réforme en profondeur.

En disant cela, il ne s’agit pas de relativiser ou même nier l’importance de l’engagement dans l’activité missionnaire ou dans une profession, bien sûr ! D’ailleurs saint Vincent nous enseigne à nous méfier de tout amour prétendu de Dieu qui en resterait à de pieux sentiments. Comme saint Jean, il sait que l’amour de Dieu ne se paie pas de mots et risque de n’être que pure tromperie s’il ne débouche sur l’amour effectif, toujours prêt à payer de sa personne pour l’amour de Dieu et du prochain. Des dehors édifiants et des pensées élevées ne sauraient suffire à la vérité de l’amour !Il disait donc à ses missionnaires : « Aimons Dieu, mes frères, aimons Dieu, mais que ce soit aux dépens de nos bras, que ce soit à la sueur de nos visages …Bien souvent tant d ‘actes d ‘amour de Dieu, de complaisance, de bienveillance, et d ‘autres semblables affections et pratiques intérieures d ‘un cœur tendre, quoique très bonnes et très désirables, sont néanmoins très suspectes, quand on n’en vient point à la pratique de l’amour effectif. » (Extrait d’entretien, n°25.)

Nous nous souvenons sans doute aussi comment Paul VI faisait un lien entre évangélisation et promotion humaine, développement, libération, dans l’exhortation apostolique « Annoncer l’Evangile ». Pour lui, il n’est pas possible de proclamer le commandement nouveau sans pro­ mouvoir, dans la justice et la paix, la véritable, l’authentique croissance de l’homme. Il disait dans son allocution pour l’ouverture de la troisième Assemblée Générale du synode des évêques (27 septembre 1974) : «Il est impossible d ‘accepter que l’œuvre d’évangélisation puisse ou doive négliger les questions extrêmement graves, tellement agitées aujourd’hui, concernant la justice, la libération, le développement et la paix dans le monde. Si cela arrivait, ce serait ignorer la doctrine de l’Evangile sur l ‘amour envers le prochain qui souffre ou est dans le besoin ».

Alors, dans notre vie missionnaire, s’agit-il de choisir l’amour affectif ou l’amour effectif, le spirituel ou le temporel ? Faux débat auquel répondrait sans doute saint Vincent en disant :

« Que les prêtres s’appliquent au soin des pauvres ; n’a-ce pas été l’office de Notre Seigneur et de plusieurs grands saints, qui n’ont pas seulement recommandé les pauvres, mais qui les ont eux-mêmes consolés, soulagés et guéris ? Les pauvres ne sont-ils pas les membres affligés de Notre Seigneur ? Ne sont-ils pas nos frères ? Et si les prêtres les abandonnent, qui voulez-vous qui les assiste ?De sorte que s’il s ‘en trouve parmi nous qui sont à la mission pour évangéliser les pauvres et non pour les soulager, pour remédier à leurs besoins temporels, je réponds que nous les devons assister et faire assister en toutes les manières, par nous et par autrui… Faire cela, c’est évangéliser par paroles et par œuvres, et c’est le plus parfait, et c ‘est aussi ce que Notre Seigneur a pratiqué et ce que doivent faire ceux qui le représentent d’office et de caractère, comme les prêtres ». (Entretien sans date, XI, 77)

Faire l’expérience de Dieu

Ceci dit, le plus important pour un prêtre, un missionnaire, ce n’est pas tant de « faire des choses » et « en faire beaucoup », mais de faire encore plus attention à la qualité évangélique de ce que nous faisons. Cela, pour que ce que nous faisons puisse être lu par les hommes et les femmes d’aujourd’hui, comme « Bonne Nouvelle » de Jésus Christ.

Dans l’Église, dans nos communautés missionnaires, on travaille beaucoup, avec une très grande générosité et une très grande bonne volonté, mais il semble parfois que ce qui compte le plus c’est tel ou tel travail, tel ou tel engagement pastoral. Conséquence de tout cela, on commence à développer ce qu’on pourrait appeler « l’épiderme de la foi », c’est-à-dire un christianisme sans intériorité. Cependant, c’est une certitude, nous aurons beau restructurer, moderniser, planifier nos différents engagements, nos communautés n’auront pas pour autant plus de force évangélique si elles ne font pas cette expérience fondamentale : l’expérience de Dieu.

C’est en regardant le Christ, en l’écoutant que nous pourrons connaître le Dieu invisible. Le Dieu de Jésus Christ se révèle à nous à travers l’Evangile de saint Luc et spécialement, les paraboles. Dans ces paraboles, Jésus exprime le mystère insondable de l’amour que Dieu a pour nous. Il le décrit avec des traits profondément humains qui disent le cœur du père, le cœur de Dieu. A travers toute sa vie, tout son enseignement, le Christ a voulu nous montrer l’amour de Dieu envers nous. Et c’est là l’expérience la plus importante que nous puissions faire dans notre vie ! C’est à partir de cette expérience que nous pourrons comprendre l’amour que Dieu a pour nous et le communiquer aux autres. Cette expérience est fondamentale pour un baptisé, un prêtre, un missionnaire, et elle change complètement son cœur et sa vie.

Une petite anecdote pour comprendre l’importance de cette expérience ! :

C’était à la fin d’un souper dans un château anglais. Un acteur de théâtre, célèbre, entretenait les hôtes en déclamant des textes de Shakespeare. Au cours de la soirée, il proposa qu’on lui suggère d’autres textes. Un prêtre assez timide demanda à l’acteur s’il connaissait le psaume 22. L’acteur répondit :« Oui, je le connais, mais je suis prêt à le réciter à une condition : qu’ensuite vous le récitiez vous-même. » Le prêtre fût un peu gêné, mais il accepta.

L’acteur fit une interprétation remarquable, avec une diction parfaite :« Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, etc. » Vint alors le tour du prêtre qui se leva et récita les mêmes paroles du psaume. Quand il termina, il n’y eu pas d’applaudissements cette fois-là, mais un profond silence et des larmes qui perlaient sur certains visages.

L’acteur resta en silence pendant quelques instants, puis il se leva et dit : « Mesdames, messieurs, j’espère que vous vous êtes rendu compte de ce qui s’est passé cette nuit : moi je connaissais le psaume, mais cet homme connaît le Berger !… »

Oui, la crise actuelle de certaines images de Dieu ne signifie pas que la foi chrétienne devient invivable ! Non, il s’agit pour nous prêtres, missionnaires, de communiquer à nos contemporains l’expérience d’un Dieu Amour. La nouvelle culture qui est en train de surgir aujourd’hui est indifférente face à un Dieu « tout puissant ». Cependant :

Elle est capable de regarder et d’écouter des témoins et des chercheurs d’un Dieu au visage renouvelé. C’est-à-dire, des témoins :

  • D’un Dieu qui aime – ami de l’homme, humble serviteur de ses créatures, celui qui est venu chez nous, non pas pour être servi mais pour servir.
  • Un Dieu capable de compatir, de comprendre et d’accueillir tous les humains.
  • Un Dieu qui habite le cœur de chaque homme et accompagne chaque être humain dans son malheur.
  • Un Dieu qui souffre dans la chair de ceux qui ont faim et de tous les miséreux de la terre.

Le monde a besoin, aujourd’hui, de mystiques, de maîtres spirituels qui, par leur expérience, interpellent et éclairent ceux qui cherchent. « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins », disait Paul VI. Et il ajoutait :

« On répète souvent, de nos jours, que ce siècle a soif d ‘authenticité. A propos des jeunes, surtout, on affirme qu’ils ont horreur du factice, du falsifié, et recherchent par-dessus tout la vérité et la transparence. Ces « signes du temps » devraient nous trouver vigilants. Tacitement ou à grands cris, toujours avec force, l’on demande :

  • Croyez- vous vraiment à ce que vous annoncez ?
  • Vivez-vous ce que vous croyez ?
  • Prêchez-vous vraiment ce que vous vivez ?

Plus que jamais le témoignage de la vie est devenu une condition essentielle de l’efficacité profonde de la prédication. Par ce biais-là, nous voici, jusqu’à un certain point, responsables de la marche de l’Evangile que nous proclamons ». (Annoncer l’Evangile, n° 41, 76)

A nous donc de relever les défis ! Cela parce que, malheureusement, dans l’Église et dans nos communautés, on trouve des personnes qui font beaucoup de choses pour lesquelles on les respecte et quelquefois on les admire. Mais ils sont peu nombreux ceux qui apprécient ce qu’elles sont et leur façon de vivre ! L’Église n’est pas une ONG, même si l’engagement au service des démunis est une condition nécessaire pour rendre témoignage de l’Evangile !

Ce qui était nouveau chez le Christ, c’est qu’il annonçait Dieu lui-même, il le cherchait, il l’expérimentait, il le vivait. C’est pour cela qu’il fascinait et interpellait ceux qui le voyaient vivre. On l’admirait non seulement pour ce qu’il faisait, mais les gens se sentaient en harmonie avec ce qu’il était, ce qu’il expérimentait et ce qu’il vivait. Et c’est peut-être ce qui manque le plus dans notre Église et dans nos communautés. Il manque des personnes qui soient beaucoup plus que ce qu’elles font et qui suscitent chez ceux qui les voient vivre de la sympathie et le désir de vivre comme elles. Nous manquons de mystiques, de prophètes, de témoins !

On peut trouver aujourd’hui dans l’Église, chez les prêtres, des gestionnaires, des juristes, des canonistes, des théologiens, des sociologues, des spécialistes en ceci ou cela, et c’est très bien ! Il faut qu’il y en ait ! Cela peut être un atout intéressant pour la mission ! Cependant, peut-on dire qu’on y trouve non seulement des gens qui savent et qui font, mais aussi des gens qui rayonnent quelque chose, qui transmettent quelque chose, qui suscitent une espérance et l’envie de vivre ? Notre plus grande erreur aujourd’hui c’est, je crois, de vouloir remplacer par l’organisation, le travail, l’activité, ce qui ne peut naître que de la force de l’Esprit. Cet Esprit demandé, accueilli, contemplé et prié dans une vie spirituelle authentique.

« L’avenir de la mission – en Europe aussi – dépend en grande partie de la contemplation ».

C’est pourquoi, il est tellement important aujourd’hui de ne pas être des naïfs et de savoir discerner ! En effet, nous pouvons nous extasier à juste titre devant les réalisations du monde moderne ! Cependant il faut savoir que, si nos sociétés sont si créatives et efficaces, c’est parce que, bien des fois, elles dépossèdent les personnes. Elles leur prennent leur âme en les vidant de leur intériorité et de leur spiritualité. Et le malheur, c’est que l’on rencontre beaucoup de personnes très occupées et efficaces, mais qui ont perdu leur singularité et leur parole intérieure ! Or un homme qui ne s’habite plus lui-même devient l’homme du dehors, l’homme perdu, absent à ceux qui l’entourent, un homme malheureux qui rend malheureux les autres et ne sait plus communiquer avec les autres…

* * *Voilà quelques convictions qui m’habitent au sujet du prêtre et du missionnaire que nous devrions être aujourd’hui ! Ces convictions ont grandi en moi, à partir de mon expérience personnelle et communautaire, dans différents ministères en France et à l’étranger. Maintenant, pour terminer, je voudrai encore vous partager un texte de Madeleine Delbrel que j’ai médité souvent et qui peut-être vous aidera, vous aussi, à mieux vivre votre vocation de prêtres et de missionnaires ! C’est mon vœu le plus cher !

Ce que Madeleine Delbrel attendait des prêtres :

L’absence d’un vrai prêtre est, dans la vie, une détresse sans nom. Le plus grand cadeau qu’on puisse faire, la plus grande charité qu’on puisse apporter, c’est un prêtre qui soit un vrai prêtre. C’est approximation la plus grande qu’on puisse réaliser ici-bas de la présence visible du Christ…

Dans le Christ, il y a une vie humaine et une vie divine. Dans le prêtre, on veut retrouver aussi une vie vraiment humaine et une vie vraiment divine. Le malheur c’est que beaucoup apparaissent comme amputés soit de l’une, soit de l’autre.

Il y a des prêtres qui semblent n’avoir jamais eu de vie d’homme. Ils ne savent pas peser les difficultés d’un laïc, d’un père ou d’une mère de famille, à leur véritable poids humain. Ils ne réalisent pas ce que c’est vraiment, réellement, douloureusement qu’une vie d’homme ou de femme.

Quand les laïcs chrétiens ont rencontré une fois un prêtre qui les a « compris », qui est entré avec son cœur d’homme dans leur vie, dans leurs difficultés, jamais plus ils n’en perdent le souvenir.

A condition toutefois que, s’il mêle sa vie à la nôtre, ce soit sans vivre tout à fait comme nous. Les prêtres ont longtemps traité les laïcs en mineurs ; aujourd’hui, certains, passant à l’autre extrême, deviennent des copains. On voudrait qu’ils restent pères. Quand un père de famille a vu grandir son fils, il le considère toujours comme son fils : un fils, homme.

On a besoin également que le prêtre vive d’une vie divine. Le prêtre, tout en vivant parmi nous, doit rester d’ailleurs.

Les signes que nous attendons de cette présence divine ?

  • La prière : il y a des prêtres quon ne voit jamais prier (ce qui s’appelle prier)!
  • La joie : que de prêtres affairés, angoissés !
  • La force : le prêtre doit être celui qui tient. Sensible, vibrant, mais jamais écroulé !
  • La liberté : on le veut libre de toute formule, libéré de tout préjugé !
  • Le désintéressement : on se sent parfois utilisé par lui, au lieu qu’il nous aide à remplir notre mission !
  • La discrétion : il doit être celui qui se tait (on perd espoir en celui qui nous fait trop de confidence) !
  • La vérité : qu’il soit celui qui dit toujours la vérité !
  • La pauvreté : c’est essentiel. Quelqu’un qui est libre vis-à-vis de l’argent ; qui ressent comme une « loi de pesanteur » qui l’entraîne vers les plus petits, vers les pauvres !
  • Le sens de l’Église enfin : qu’il ne parle jamais de l’Église à la légère, et comme étant du dehors ! Un fils est tout de suite jugé, qui se permet de juger sa mère…

Mais souvent une troisième vie envahit les deux premières et les submerge : le prêtre devient l’homme de la vie ecclésiastique, du « milieu clérical » : son vocabulaire, sa manière de vivre, sa façon d’appeler les choses, son goût des petits intérêts et des petites querelles d’influences, tout cela lui fait un masque qui nous cache douloureusement le prêtre, ce prêtre qu’il est sans doute demeuré par derrière…

L’absence d’un vrai prêtre dans une vie, c’est une misère sans nom, c’est la seule misère !

signature 🔸

L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins

Paul VI

http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/ccscrlife/documents/rc_con_ccscrlife_doc_20020614_ripartire-da-cristo_fr.html

C’est à une Église en prière qu’est accordé le don de l’Esprit !


La joie du Christ, Bonne Nouvelle, soit toujours avec nous !

Alger, 3 mai 2016 En la fête de St Philippe et St Jacques

C’est d’Alger où je suis en visite que je vous transmets ces quelques nouvelles J’ai eu la joie de célébrer ce 30 avril la fête du diocèse d’Alger: Notre Dame d’Afrique et de retrouver des visages connus. Je n’ai pu malheureusement rester à la 1ère rencontre mariale islamo-chrétienne, étant invité dans une famille et à une fête du ‘savoir, de la science’ avec l’association ‘El Nour’ (la Lumière) au milieu d’enfants et de femmes qui apprennent à lire et à écrire.

1. Quelques nouvelles de nos confrères :

Le P. Mathew KOCHUPARAMBIL de la communauté de Villepinte, a perdu son papa début d’avril. Il avait eu la chance de pouvoir le voir et d’être à ses côtés au moment de son départ vers le Père. Mathew a participé aussi à une rencontre de sa province. Nous continuons de l’accompagner de notre prière fraternelle ainsi que sa famille.

Le P. Claude LAUTISSIER  de la Maison Mère, a un genou tout neuf qui lui permet de se déplacer avec plus d’aisance même s’il se fait aider, pour l’instant, de deux cannes. Il est toujours dans un suivi médical au niveau cardiaque. Le P. Stan KOTEWIC de Valfleury a dû être amputé d’une jambe (en dessous du genou) suite à des problèmes de circulation sanguine. Je l’ai rencontré vendredi dernier et je l’ai trouvé serein, courageux dans cette épreuve, confiant pour la suite. Il doit rejoindre une maison de repos à Chavannes près de St Chamond où il lui sera confectionné une prothèse et où il fera de la rééducation. Le P. Jean-François DESCLAUX, après des ennuis de santé au niveau cardiaque et une convalescence à Lyon, a retrouvé sa maison. De même, le P. Jean-Pierre RENOUARD qui a subi une intervention au niveau de ses cordes vocales. Il y a un mieux.

Nous nous réjouissons des améliorations qu’ils connaissent et continuons de les soutenir par notre prière et notre amitié. Prenons soin de notre santé. Elle est un bien précieux qui nous permet d’être au monde et présent à nos frères.

2. Visites de communautés

Je poursuis, avec Pierre l’assistant, la visite des communautés et j’y trouve un réel plaisir. Découvrir des réalités humaines, des histoires, des situations, des lieux d’apostolat, faire davantage connaissance avec les confrères, c’est une belle richesse et c’est encourageant. Savoir accueillir une réalité concrète et non idéalisée,  accepter les limites, les difficultés rencontrées, se réjouir des réalisations, entendre des appels, des souhaits, prier et célébrer ensemble c’est s’enrichir. Tout cela m’est bénéfique et m’éclaire.

Ce lundi 26 avril, avec Frédéric P. conseiller, j’ai rendu visite à notre confrère Jack Y. à Rome. Nous avons pris le temps de l’écouter et de comprendre la situation passée et actuelle. Nous avons aussi abordé d’autres points pratiques……durant la semaine il rencontrait quelques hauts responsables de l’Eglise. Nous avons eu la joie de partager ensemble un repas avec les confrères de la maison provinciale : Jean Landousies (qui vient de changer de décennies) et Patrick Issomo. Moment convivial qui fait du bien. Jack salue fraternellement les confrères de la Province.

3. Rappels

La prochaine rencontre des supérieurs se tiendra à la Maison Mère le 11 mai prochain. Nous continuerons à travailler le Projet Provincial autour de la notion de la Nouvelle Evangélisation et de l’itinérance.

  • Profitez de vous inscrire auprès  de vos supérieurs pour la retraite de fin août, animée par le P. Vernaschi à l’abbaye de Solignac.
  • Transmettez  leur aussi un exemplaire de votre testament qu’ils pourront remettre à l’économe provincial

4. Calendrier du visiteur

Jeudi 5 mai à La Rochelle, ordination épiscopale de Mgr Georges COLOMB, ancien Père Général des Missions Etrangères de Paris
Du 6 au 8 maivisite de la communauté du Berceau avec l’assistant
Du 9 au 10 maivisite de la communauté de Bondues avec l’assistant
Le 11 mairencontre des supérieurs de communautés
Le 12 maipréparation de l’Assemblée Générale avec les délégués
Le 13 et 14 maiconseil provincial
Le 18 maivisite au séminaire d’Orléans avec le P. Benoit K.
Du 21 au 25 maivisite à la Vice Province St Cyril et Méthode
Du 26 au 29 maimariage d’une filleule en famille

Le Cénacle : Passage nécessaire ! Lieu de conversion, de naissance.

La fête de l’Ascension met un terme aux apparitions de Jésus Ressuscité à ses amis. Ils se sont retrouvés entre eux. Ils sont entrés dans une nouvelle relation avec lui. Ils ont accueilli le don de sa Paix, paix qui les a réconciliés avec eux-mêmes. Ils ont accueilli la confiance de Christ. Ils ont fait une expérience unique de la présence de leur Seigneur qu’ils retrouvent dans la prière, dans leur rencontre fraternelle régulière. Jésus s’élève vers son Père d’où il est venu et il leur demeure présent. Eux se retrouvent au Cénacle.

Le Cénacle c’est se retrouver ensemble avec Marie dans une prière commune en préparation d’accueil de l’Esprit ; temps de l’attente qui est celui de la maturation. Cette attente ne peut se faire sans Marie. Demander l’Esprit ne peut se faire sans la présence de Marie. Elle a été prise sous son ombre et c’est par lui qu’elle a façonné, donné un corps à Jésus pour nous le donner, pour que nous le touchions de nos mains, pour que nous le voyions de nos yeux, l’entendions de nos oreilles, que nous goûtions la joie de sa présence. Marie nous a été donnée pour Mère. Prenons-la chez nous.

Le Cénacle est la matrice dans laquelle nous sommes façonnés. Nous sommes le fruit des entrailles de Marie ; elle nous met au monde comme fils ; elle nous fait à l’image de son 1er né, dans l’Esprit. C’est là, dans cet être-ensemble avec Marie que nous sommes formés pour sortir au grand jour sur les routes des hommes d’aujourd’hui et leur faire découvrir les merveilles de Dieu dans leur vie et s’en réjouir avec eux. Matrice d’où sort l’Eglise audacieuse, joyeuse, qui se risque.

Nous-mêmes comme Province, prenons le temps de nous retrouver en communauté dans le Cénacle. Prenons Marie avec nous. Elle connaît l’action transformatrice de l’Esprit en elle ; elle nous partage son expérience, elle nous entraine dans cette expérience. Prenons avec nous le Projet Provincial, c’est notre écriture qui doit s’incarner dans une proximité aux Pauvres renouvelée, dans des engagements précis pour une promotion de l’homme dans sa totalité.

Avoir le désir d’une Pentecôte pour la Province ; désirer sortir, devenir itinérants pour témoigner du Christ, de sa force de Vie ; désirer être guéris de nos peurs, de nos méfiances, des nos enfermements ; désirer changer quelque chose dans notre manière de vivre notre charisme, oser d’autres chemins. Désirer et avoir la volonté de s’y engager. Ensemble.

Allons au Cénacle. Prenons Marie avec nous. Supplions-la de demander à son Fils de nous revêtir de l’Esprit pour changer notre écoute des personnes, de leurs situations, pour changer notre présence au monde, en fidélité à l’intuition de St Vincent que nous fêterons d’ici quelques mois.

Le Cénacle passage nécessaire pour naitre comme missionnaires audacieux. Heureux. Fraternels. Le cénacle est le lieu où Jésus nous confirme dans notre rôle de témoins. Bon temps dans la salle haute, le Cénacle, vers Pentecôte. Joyeuse conversion.

C’est à une Eglise en prière qu’est accordé le don de l’Esprit !

P. Christian Mauvais,
cm Visiteur de la Province de France ♦

C’est à une Église en prière qu’est accordé le don de l’Esprit !

P. Christian MAUVAIS

Sainte Louise de Marillac, femme de Miséricorde


Sainte Louise de Marillac, femme de Miséricorde

Retranscription de la conférence de Sr Stanisawa fdlc

Bonjour à vous tous et à toutes!

Merci beaucoup pour cette invitation. Je ne suis pas venue ici comme une spécialiste de la spiritualité vincentienne mais comme une des filles de Saint Vincent et de Sainte Louise, et je voudrais vous partager un peu mon expérience et les fruits de ma prière et de mes méditations.

Notre vie est jalonnée par des dates et des événements. Souvent, nous consultons nos agendas pour bien organiser notre travail, nos rencontres ; pour ne pas oublier les fêtes de nos proches et pour, tout simplement, nous ordonner dans notre vie de tous les jours. Je suis sure que le 14 février a été bien noté pour ne pas oublier à venir a u Ressourcement Vincentien.

En feuilletant notre agenda nous voyons que depuis le 8 décembre 2015, l’Eglise est en train de vivre l’Année de la Miséricorde Divine. Nous sont passés par la Porte Sainte et nous sommes entrés dans un nouvel espace spirituel, pour marcher jusqu’au 20 novembre 2016 à la suite de Jésus-Christ qui

est le visage de la miséricorde du Père. » (1) – comme le rappelle le Pape François dans le document publié à cette occasion, dans la BULLE D’INDICTION DU JUBILÉ EXTRAORDINAIRE DE LA MISÉRICORDE (Misericordiae Vultus) : En cette fête de l’Immaculée Conception, j’aurai la joie d’ouvrir la Porte Sainte. En cette occasion, ce sera une Porte de la Miséricorde, où quiconque entrera pourra (écoutons bien) faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. (3)Une Année Sainte extraordinaire pour vivre dans la vie de chaque jour la miséricorde que le Père répand sur nous depuis toujours. …, (alors) laissons-nous surprendre par Dieu. (25)

et faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. (N°3) Les chemins de notre vie ne sont pas toujours clairs. Nous avons besoin de quelqu’un pour nous guider, et ce quelqu’un nous pouvons le trouver parmi les saints : L’Eglise vit la communion des saints. (25) Nous connaissons beaucoup de saints. Rappelons-nous, par exemple : dans la Chapelle de la Médaille Miraculeuse nous sommes entourés de Saints. Jésus lui-même, Il est là, ainsi que la Sainte Vierge qui a honoré ce lieu par ses Apparitions, saint Vincent de Paul est là, Sainte Catherine Labouré, et aussi Sainte Louise de Marillac. C’est cette dernière, la Fondatrice de la Compagnie des Filles de la Charité, que je vous propose aujourd’hui comme guide, car elle a beaucoup d’expérience.

Justement, elle peut nous aider à « faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. » (n°3). Louise de Marillac est née le 12 août 1591 à Paris.

Elle est passée par différentes étapes dans sa vie, qui n’était pas du tout facile :

  1. Enfant et jeune fille
  2. Epouse, mère et grand-mère
  3. Au service des plus pauvres dans la Confrérie de la Charité
  4. Fondatrice des Filles de la Charité avec Saint Vincent de Paul

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas étudier toute la biographie de Sainte Louise, mais je vous invite à relire avec moi quelques événements de sa vie, pour constater trois aspects : comment Louise accueillait, vivait et transmettait l’Amour de Dieu au quotidien. Comment elle « a fait l’expérience de l’amour de Dieu qui console, pardonne, et donne l’espérance. ». Louise – « femme de Miséricorde ». Qu’est-ce que cela veut dire ? J’ai envie de répondre tout simplement : elle est une femme de Miséricorde parce qu’elle aimait, qu’elle était bonne, pleine de tendresse et de compassion, compréhensive et douce …: dans ses gestes, dans ses actions et dans ses paroles… Mais ce n’est pas tout. La réponse n’est pas si simple. La vie est plus exigeante. Allons donc plus loin…

Louise désirait connaître et accueillir la miséricorde et le pardon de Dieu. Pourquoi ? Parce que, souvent, elle se sentait coupable, par exemple: à cause du mystère de sa naissance, des difficultés avec son fils, des mauvais exemples qu’elle s’imaginait donner aux Filles de la Charité, etc.

I. Enfant rejetée par sa famille

Même si Louise faisait partie d’une grande famille : les « de Marillac », son enfance a été marquée par la souffrance : elle a ignoré qui était sa mère. Le mystère qui entourait sa naissance l’a écrasée et a été pour elle une source de grande souffrance. Elle était profondément aimée par son père mais éloignée, rejetée par le reste de sa famille.

*au Couvent des Dominicaines de Poissy

D’abord, encore petite, Louise a été placée par son père au couvent des Dominicaines de Poissy où habitait sa grand-tante. En utilisant le langage d’aujourd’hui, nous pouvons dire, qu’elle a été placée dans une maison d’enfants. Louise a su bien profiter de ce temps de formation. A Poissy elle a été formée à la piété et elle y a reçu une très bonne et complète éducation.

*« une bonne fille pauvre »

Mais, après la mort de son père, elle avait13 ans, Louise a dû quitter le couvent, et a été placée dans un foyer, toujours séparée de la famille…Louise a 13 ans ; elle sait, elle comprend… En elle la blessure s’élargit ; c’est la vocation à la souffrance qui s’affirme. La dame responsable de ce foyer la préparait à mener une vie familiale ainsi qu’aux différents travaux domestiques. Ici, nous avons une bonne occasion de voir que Louise avait bon coeur et un esprit pratique. Le foyer était pauvre, la dame avait beaucoup de peine à le faire subsister. Alors Louise se montre inventive et créative. Vite, elle trouve le moyen de l’aider : à ses compagnes, elle propose de faire du travail à domicile pour gagner de l’argent.

Comment ne pas admirer cette enfant qui donne du bien-être par son travail à une personne qui, pour elle, est étrangère ! Dans ce foyer, Louise trouve la paix, mais elle souffre toujours. Un jour elle a compris qu’elle n’était pas comme les autres. Elle aurait pu se révolter, mais ce n’était pas son style. Elle ne se révolte pas mais elle souffre, comme pliée sous un fardeau reçu mystérieusement de son berceau.

Il est très fréquent de voir les enfants, nés de mère inconnue, qui sont persuadés de ne pas mériter d’être aimés. Ils se perçoivent comme des êtres sans valeur. Il a fallu du temps à Louise de Marillac pour dépasser le regard très négatif qu’elle portait sur elle-même. Elle se sentait même « abandonnée de Dieu… ». Tous ces sentiments la rendaient malade. Louise se sentait coupable et désirait connaître le pardon de Dieu.

Elle cherchait Dieu et son vrai visage. Et nous savons que Dieu vient toujours à la rencontre de l’homme. Louise l’a cherché à sa façon, selon son tempérament et dans le contexte de son époque. D’abord, Dieu était pour elle plutôt un Dieu sévère et exigeant. Dès son enfance elle a eu le goût et la facilité de la méditation. Et cela l’aidait beaucoup. En cherchant Dieu, elle priait et méditait. La réflexion sur le Sacrement de Baptême reçu le jour de sa naissance lui a fait prendre conscience qu’en cet instant elle était devenue l’enfant de Dieu. Elle a compris alors qu’elle était aimée, aimée de Dieu, de ce Dieu qui est plein de douceur et de tendresse.

Peu à peu le regard de Louise change. Sans trop s’en rendre compte, elle était en train d’accueillir l’Amour de Dieu, de Dieu qui est le Père des orphelins, de Dieu qui, dans sa Miséricorde, est en même temps le Père et la Mère. Louise commence à faire l’expérience de l’amour de Dieu qui console, qui pardonne, et qui donne l’espérance.

Un jour elle a écrit :

Je soussignée, en la présence de Dieu éternel, (j’ai) considéré que, au jour de mon baptême je fus vouée et dédiée à mon Dieu pour être sa fille, et … (j’ai considéré) aussi l’immense miséricorde de l’amour et la douceur avec laquelle ce très bon Dieu m’a toujours maintenue dans le désir de le servir …
(Acte de Protestation E. 692)

Grâce à la prière et à l’esprit de foi, Louise commence à accueillir et à vivre la Miséricorde de Dieu dans son coeur. Enfin elle se sent aimée par Dieu. Plus tard, elle transmettra son expérience aux plus pauvres. Grâce à sa propre expérience, Louise était très sensible au regard porté sur les nombreux « enfants trouvés », dont elle assurera l’éducation avec les Filles de la Charité. Par leur Baptême, ces enfants sont devenus, eux aussi, enfants de Dieu. Comme Vincent de Paul, Louise combattra avec force l’opinion de son époque qui ne voyait en eux que des enfants du péché. Quelle belle action de Dieu Miséricordieux dans la vie de Sainte Louise ! Passons maintenant à la deuxième étape de sa vie.

II. Epouse et mère

A. Mariage forcé contre son gré

Louise est une fille belle, pieuse et cultivée. La famille décide de la marier. Antoine Le Gras, l’un des secrétaires de la Reine, devient son époux. Le nouveau foyer se sentait porté par la faveur et l’espérance. Les parents se réjouirent à la naissance de leur fils Michel. Louise était heureuse, mais Antoine tombe malade, son tempérament se modifie, il devient irritable, difficile à vivre pendant 4 ou 5 ans. C’était pour Louise une croix très lourde. Elle ne comprenait pas le changement de caractère de son mari, devient triste, angoissée, s’enferme dans sa chambre et se réfugie dans la prière.

Dans sa méditation quotidienne, elle contemple le Christ, plein de tendresse et de compassion, pour tous ceux qu’il rencontre. Elle apprend de Jésus comment accepter la douleur et elle accueille la Miséricorde de Dieu, sa patience, sa douceur pour pouvoir vivre ces mêmes vertus et les transmettre à son mari. Elle ouvre son coeur et, malgré ses doutes et ses crises, elle le soigne avec amour. Elle l’assiste et se sent utile. Elle a eu la consolation de le voir de plus en plus calme. Jésus la console. Elle remarque qu’il y a une grâce spéciale pour les malades dans la charité envers eux.

Dans une de ses lettres elle partage (au père Hilarion Rebours): « J’étais seule avec lui pour l’assister dans ce passage si important, et il témoigna tant de dévotion…son esprit était attaché à Dieu ». Antoine lui a demandé de prier pour lui. Louise disait que ces paroles étaient à jamais gravées dans son coeur. Voilà comment Louise accueille, vit et transmet la Miséricorde de Dieu, sa douceur, sa tendresse et sa patience dans les situations très concrètes de sa vie quotidienne, d’abord envers les plus proches : son mari et aussi son fils Michel.

B. Relation avec son fils

Dès la naissance de Michel, Louise était très préoccupée. Saura-t-elle nourrir, élever ce tout petit enfant un peu prématuré ? Qui va pouvoir la conseiller ? Elle n’a ni mère, ni belle-mère. Michel a 12 ans quand son père meurt. Il devient de plus en plus instable. A la moindre réaction de Michel, à chaque problème de santé, Louise s’inquiète. Elle aime tant son fils qu’elle voudrait le savoir toujours heureux. Louise désire que Michel devienne prêtre. Les années passent et Michel se sent mal à l’aise face à son avenir.

Quel déchirement pour Louise lorsqu’elle apprend que son fils préfère se donner la mort plutôt que d’être contraint de devenir prêtre ! Peu après, Michel, au cours d’une discussion assez violente avec sa mère, lui annonce brutalement sa décision: il ne veut pas devenir prêtre. C’est un moment très dur pour la mère. Il faudra du temps à Louise pour reconnaître qu’elle doit laisser à son fils toute liberté de choisir son orientation de vie. Durant de longs mois, elle souffre et se culpabilise.

Sa souffrance devient plus intense lorsque Michel disparaît de Paris. Il est parti vivre à la campagne avec une fille qu’il souhaitait épouser. L’absence se prolonge près de 6 mois. Louise, malgré tout, retrouve son fils avec joie. Comme le père de l’enfant prodigue, elle lui ouvre largement les bras.

Quelques mois plus tard, sentant l’atmosphère détendue, elle souhaite avoir une explication avec son fils. Celui-ci ne le supporte pas, il claque la porte et disparaît à nouveau. Quelle souffrance pour cette mère qui a une grande affection pour son fils. Comme beaucoup de mères angoissées et meurtries, Louise n’a pas su dire à son fils tout cet amour qui brûle au fond de son cœur. Peut-être, ses paroles ont été maladroites, dites avec trop d’ardeur et elles ont été très mal reçues.

Et dans cette situation encore, la contemplation du mystère de la mort de Jésus sur la Croix l’aide beaucoup. Louise regarde la Vierge Marie qui a vécu l’échec apparent de son Fils et Elle ne s’est pas culpabilisée. Louise réfléchit sur ce qu’elle considère comme un échec dans l’éducation de son fils. Elle reconnaît qu’elle s’est montrée une mère très sensible, voire captative. Son attitude peut s’expliquer par toute la souffrance vécue et peu partagée durant sa propre enfance. Louise aimait son fils, l’accueillant avec ses manques, ne le rejetant pas lorsqu’il brisait son coeur de mère. Cela, c’est la miséricorde ! En apprenant à respecter la liberté de Michel, elle s’est libérée elle-même, comprenant que l’amour seul est source et finalité de cette liberté. 

Alors, Dieu la console et lui donne l’espérance. En janvier 1650, a été célébré le mariage de Michel. L’année suivante, Louise se réjouie de la naissance de sa petite-fille Louise-Renée.

III. Au service des plus pauvres

Louise de Marillac, femme de piété profonde, puisait en l’Eucharistie la force et la lumière. C’est justement le jour de la Pentecôte 1623, durant la Messe à l’église Saint Nicolas des Champs, qu’elle a reçu une grâce extraordinaire, un éclair spirituel qui perce les ténèbres et qui oriente l’avenir, mais qui demande, par la suite, un engagement personnel. En ce dimanche de Pentecôte, Louise retrouve la certitude de la foi. Sa mission lui est précisée. Le Seigneur lui fait comprendre qu’elle sera en une communauté consacrée au service des Pauvres. Elle a compris que l’amour de Dieu ne peut se limiter à une pure expérience spirituelle, il doit prendre corps dans une charité active auprès du prochain.

Louise ne parle pas beaucoup de la Miséricorde de Dieu, mais elle la découvre, grâce aussi à la rencontre avec Saint Vincent de Paul qui l’oriente vers le service des plus pauvres. Vincent de Paul devient son nouveau directeur spirituel. Il l’accueille avec patience et bonté, il l’aide à se décentrer d’elle-même et à s’ouvrir aux autres. Il découvre chez Louise une riche personnalité qui ne demande qu’à s’épanouir. Il lui demande d’abord de préparer des vêtements pour les pauvres.

Dans les villes et villages où il prêche la mission, Monsieur Vincent regroupe des femmes bénévoles pour visiter les pauvres malades. Ces associations s’appellent « Confréries de la Charité ». Elles se multiplient ; certaines sont très vivantes, d’autres rencontrent des difficultés. Vincent se rend compte que, pour maintenir la ferveur de ces groupes dans les services rendus aux pauvres, des visites régulières sont nécessaires. Il a en Louise de Marillac la personne qui lui faut. Et, à partir du mois de mai 1629, Louise commence à parcourir les routes de la France pour visiter les Confréries en vue d’un meilleur service des plus pauvres. Elle réunit les membres de l’association, les encourage dans leur travail, réanime leur ferveur. Si cela lui parait être nécessaire, elle réajuste le règlement. Elle visite elle-même les malades, rencontre les petites filles pauvres sans instruction et s’efforce de leur trouver une maîtresse d’école. Son enthousiasme était très communicatif.

* Fondatrice des Filles de la Charité avec Saint Vincent de Paul

Un jour, une fille de la campagne, Marguerite Naseau, vient trouver Vincent pour être employée aux tâches les plus basses que ne pouvaient assurer les dames des Confréries. Elle s’est fait, dans son amour tout évangélique, la servante des plus délaissés. Son exemple a été communicatif. C’est ainsi qu’est née la Compagnie des Filles de la Charité.

Le 29 novembre 1633, Louise accueille, dans sa propre maison rue Saint Victor à Paris, quelques filles de villages qui servent dans les Confréries de la Charité. C’est le début de la Compagnie des Filles de la Charité. D’emblée, Louise se sent responsable de la formation de ces filles, tant au plan humain qu’au plan spirituel. D’abord elles prennent soin des pauvres malades chez eux, dans les villes et les campagnes, puis, au fur et à mesure des besoins, celui des malades dans les hôpitaux, des petites filles à instruire, des enfants trouvés, des prisonniers, des soldats blessés, des réfugiés, des personnes âgées, des malades, et autres… Le sceau de la Compagnie avec la phrase qui dit : « La Charité de Jésus crucifié nous presse », exprime l’unité profonde avec la Charité de Jésus Christ, qui anime et enflamme le cœur de la Fille de la Charité. Louise s’efforce d’enseigner aux Sœurs le projet de cette nouvelle communauté : “se consacrer à Dieu et vivre en communauté pour servir le Christ dans les pauvres“. Pour ces jeunes, il n’était pas toujours facile de vivre ensemble quotidiennement, de servir avec douceur et amabilité des malades difficiles, de se retrouver chaque jour pour prier. Louise les accompagne, les aide personnellement et aussi par ses lettres. Ses lettres sont à la fois un soutien pour toutes les Sœurs qui sont parties loin de Paris et, lorsque cela est nécessaire, elles sont aussi un rappel de la finalité de la Compagnie. Si les Sœurs ne sont pas tout à fait fidèles, elle se sent coupable de ne pas leur donner un bon exemple.

Au long des jours souvent surchargés, Louise de Marillac constate que de nombreux pauvres sont soulagés par les Filles de la Charité. Combien d’enfants ont pu vivre grâce aux dons des Dames de la Confrérie de Hôtel Dieu, chargées de cet œuvre et aux soins attentifs des Sœurs éducatrices. Louise perçoit que toutes ces femmes portent une vraie attention à la souffrance de ceux et celles qu’elles rencontrent. Une forte certitude l’habite progressivement : Dieu a pitié de tous ceux qui souffrent, Dieu n’abandonne pas le pauvre et le pécheur.

Sans crainte, elle demande aux Filles de la Charité au service des galériens, des soldats blessés, des mendiants, etc., de respecter et d’aimer chaque personne créée à l’image de Dieu et réconciliée par le Christ mort et ressuscité. Elle leur demande de savoir découvrir et faire jaillir la petite étincelle de divinité qui réside au fond de chacun. A une Sœur elle a écrit :

Pour l’amour de Dieu, ma chère Sœur, pratiquez une grande douceur envers les pauvres et tout le monde; et essayez de contenter autant de paroles que d’actions; cela vous sera facile si vous conservez une grande estime de votre prochain…

En 1638, elle entreprend, à l’appel de Vincent, une lutte concrète contre le fléau de l’abandon d’enfants. Tous les deux s’y engagent totalement avec ce qui fait leur richesse et leur force, leur amour du prochain et leur esprit pratique. Louise découvre la Miséricorde de Dieu davantage encore en voyant que les pauvres souffrent beaucoup de la faim pendant la guerre, mais que Dieu ne les abandonne pas : en effet, malgré les obstacles, les dames de la Charité arrivent à les nourrir. Louise, elle aussi, se sent pauvre mais elle devient encore plus sûre que, pour elle également, Dieu est Miséricorde. Elle connaît sa propre faiblesse, sa tendance à s’arrêter sur ce qui lui paraît mauvais en elle, mais elle réalise davantage que tout être humain est aimé de Dieu. Elle médite la vie de Jésus qui, tout au long de sa vie publique, proclame – par ses paroles et par ses actes – que Dieu accueille toute personne, sans s’arrêter à sa faute, à ses erreurs, à ses infidélités. Quel réconfort !

CONCLUSION

Louise a découvert personnellement cette tendresse et cette bonté de Dieu, cet amour qui rejoint l’autre au plus profond de son être, qui fait confiance au-delà de ce que l’homme pouvait espérer. Comme son attention se concentre sur Dieu et les pauvres, elle se décentre tout naturellement de sa propre culpabilité. Alors elle peut accueillir la bonté de Dieu qui ne se lasse pas de faire confiance. Elle comprend combien Dieu l’invite à s’accepter avec ses limites et ses qualités. La découverte de la Miséricorde de Dieu va de pair avec la reconnaissance de son péché. Ce que Louise regardait en elle comme fautes devient source d’humilité et elle peut écrire :

Me confiant en l’infinie miséricorde de mon Dieu, je lui demande pardon de tout cœur

Le regard sur son péché ne la trouble plus, car elle a compris l’immense bonté de Dieu qui, sans cesse, pardonne et appelle à l’Amour. Elle se transforme en femme paisible et calme. Ayant appris à reconnaître la grandeur de tout homme, Louise apprend à s’aimer au-delà de toutes les misères qu’elle regarde en elle. Elle devient plus libre et s’engage de plus en plus dans le service des pauvres.

Louise de Marillac a fait l’expérience de la miséricorde de Dieu

  • pour elle-même, dans ses difficultés
  • pour les pauvres à travers les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles.

Aujourd’hui, le Pape François a un grand désir que le peuple chrétien réfléchisse sur les oeuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience, souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le coeur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine. La prédication de Jésus nous dresse le tableau de ces oeuvres de miséricorde, pour que nous puissions voir si nous vivons, oui ou non, comme ses disciples… et comme Louise de Marillac.

En souvenir de cette réflexion je vous offre l’image de Jésus « Sacré-Coeur» peinte par Ste Louise de Marillac. Au dos de cette image vous trouvez les oeuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Cela peut nous aider dans notre réflexion personnelle qui doit mener toujours vers l’action concrète. Louise de Marillac a bien compris et accompli ces oeuvres en servant Jésus Christ dans la personne des pauvres, par elle-même, ainsi que par les Soeurs et les laïcs qu’elle a formés.
Sr Stanisawa fdlc ♦

Louise a découvert personnellement cette tendresse et cette bonté de Dieu, cet amour qui rejoint l’autre au plus profond de son être.

Sr Stanisawa
Images :

Redécouvrons *les oeuvres de miséricorde corporelles:

1) donner à manger aux affamés,
2) donner à boire à ceux qui ont soif,
3) vêtir ceux qui sont nus,
4) accueillir les étrangers,
5) assister les malades,
6) visiter les prisonniers,
7) ensevelir les morts.

*les œuvres de miséricorde spirituelles:

1) conseiller ceux qui sont dans le doute,
2) enseigner les ignorants,
3) avertir les pécheurs,
4) consoler les affligés,
5) pardonner les offenses,
6) supporter patiemment les personnes ennuyeuses,
7) prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

La Création entre Croyants


La Création entre Croyants

Qu’il est bon de se retrouver dans ce collège d’Aubervilliers, Notre Dame des Vertus de la Seine Saint Denis pour permettre aux collégiens de réfléchir le mystère de l’Univers. Nous avions déjà eu ce même bonheur au collège Sainte Marie à Stains, ville du même département si souvent stigmatisé à tort par les médias.

Semaine après semaine nous continuons donc nos missions sur le thème principal cette année : la Création. Ici notre public est vraiment international et interreligieux : Hindous ; Bouddhistes ; Juifs ; Chrétiens ; Musulmans et … quelques rares non croyants ou athées (ils sont l’exception !). Oui qu’il est bon de se trouver devant un public de croyants pour aborder ce si grand mystère qu’est notre Univers ; l’originalité de cette planète si fertile et se laisser interroger sur son origine et sa raison d’être.

Pour une fois nous n’avons pas à prouver l’existence de Dieu, elle est évidente et acquise. Qu’il est bon de ne pas avoir à se justifier à tout instant de nos prérequis avant d’avancer un argument. Qu’il est bon de ne pas avoir à calculer chaque mot, chaque notion à aborder pour savoir si ça va heurter ceux qui se disent athées ! Car dans ces cas là, ils se retirent de la discussion, sont dédaigneux et quelque peu hautain lorsque nous évoquons notre Créateur !

Nous avons donc notre base commune que Dieu est le Créateur de l’Univers et de tout ce qui existe. Mais la foi ne résout pas tout, il va falloir batailler sur certains points quelque peu épineux.

Sous forme de questions / réponses je les amène à bien prendre conscience de la grandeur de ce monde qui est infini « imagine, ça ne se termine pas, mais en plus il n’y a ni haut, ni bas ! un truc de fou ! » Cela les déstabilise quelque peu, car le savoir intellectuellement est une chose mais tendre à l’intégrer en soi est une autre paire de manches ! Il faut laisser quelque peu le silence pour que ça descende jusqu’au fond de notre être ! Pour continuer leur déstabilisation je leur donne quelques autres données basiques de notre planète : Une journée, c’est 24h00, le temps nécessaire pour que la Terre fasse une fois un tour sur elle-même. Là, elle tourne à 1800 km / heure, le TGV est un tortillard. Puis il lui faut un an pour faire une fois le tour du soleil, et là nous tournons à 30km seconde : un truc de fou. Enfin ce n’est pas fini, le soleil n’est pas fixe dans l’Espace, lui et tout le reste des autres planètes et étoiles tournent aussi, il leur faut 225 millions d’années pour faire une fois le tour de la galaxie, qu’on appelle aussi la voie lactée !

Les yeux des jeunes sont écarquillés, on voit bien que ça rentre difficilement dans leur tête et pour cause, nous ne sommes pas en capacité de saisir de telles dimensions, de les imaginer, c’est déroutant. Pas bien évident de comprendre qu’on vit sur un truc rond qui pèse des milliards de milliards de tonnes et qui tient tout seul dans le Cosmos !

Mais une fois tout cela énoncé quelle est la question qui peut surgir ? D’où cela vient-il ?

Mais de Dieu, monsieur !

Je vous pose une question piège, soyez donc vigilant. Qui a raison ? Est-ce les scientifiques qui nous disent qu’il a fallu 13 milliards 700 000 ans pour que l’Univers soit ainsi ou est-ce les textes sacrés qui nous disent que Dieu a fait la création en 6 jours et se reposa le 7° ?

C’est la religion ! est la réponse qui arrive le plus spontanément.

Faites attention, j’ai dit qu’il y avait un piège ! Les deux n’ont pas à s’opposer. En France on est borné là-dessus, car il y a une idéologie qui cherche à toujours discréditer les religions mais en fait ‘sciences’ et ‘religions’ ne répondent pas à la même question. Le scientifique est un curieux qui cherche à répondre à la question COMMENT. Si je prends une comparaison, c’est un mécanicien qui démonte le moteur d’une voiture, il te nomme toutes les pièces et te fait comprendre comment ça fonctionne. Les religions et la philosophie, répondent à la question « POURQUOI », qui se décline en trois sous autres questions : d’où venons-nous ? Que faisons-nous ici sur Terre ? Où allons-nous ? Si je garde ma comparaison, c’est le conducteur du véhicule. L’un et l’autre n’ont pas à s’opposer. Il est d’ailleurs intéressant, pour l’anecdote de se rappeler que le premier à avoir parlé de la théorie qu’on a appelée « le big bang » est monsieur Lemaitre, qui avait la particularité d’être prêtre !

Les jeunes ont du mal à suivre mes explications, ça s’embrouille en eux, entre ce qu’ils ont appris auprès de leurs parents qui donnent souvent l’explication très proche du créationnisme et les données scientifiques. Ils sont quelque peu scindés en eux. Je reprends donc : Moi, prêtre catholique, je ne crois pas que Dieu se soit amusé à faire des pâtés de sables en les jetant dans l’Univers en disant que celui-ci, soit Saturne, et celui-là Jupiter etc. Par contre je crois fondamentalement que nous venons de Dieu. La Bible ou le Coran, ne nous disent pas « comment » ça c’est fait mais bien « pourquoi » Dieu nous a créés. Je ne crois pas non plus que Monsieur Adam et Madame Eve aient existé.

Là les jeunes ouvrent de grands yeux où l’on voit qu’ils sont interloqués. Comment un prêtre peut-il penser ainsi ?

Si tout a commencé avec Adam et Eve et qu’ils ont eu 3 enfants qui ont été des fils… Ne croyez-vous pas qu’on aurait un petit problème à être 7 milliards sur Terre aujourd’hui ?

La Bible n’est pas un livre de réponses scientifiques par contre je sais qu’il y a de vraies vérités qui nous disent des choses bien plus importantes sur notre existence. Je vous en donne deux parmi d’autres à partir de ce récit de la création de l’Humain.

La première : il est dit que pour créer Adam, Dieu a pris de la terre, et il est vrai qu’à ma mort mon corps va retourner en terre. Mais pour donner vie, Dieu a insufflé son souffle de Vie en Adam. Nous avons le souffle de Dieu en nous. Cela le scientifique ne peut pas l’observer.

La seconde : notre foi, nous révèle que Dieu est Unique et qu’il nous a créés à son image et sa ressemblance. Il y a là quelque chose de très mystérieux. Regardez ce pouce (je leur mets en avant l’un de mes pouces) il y a eu des milliards d’hommes avant moi, il y en aura des milliards après moi, et pourtant ce pouce est absolument unique. Il n’y a pas deux empreintes identiques ! Je suis créé à l’image de Dieu Unique et je suis unique. Et bizarrement, alors qu’on devrait tous se ressembler car ayant le même modèle de départ, on se retrouve tous différents. Et l’un des défis de l’humanité est de savoir jongler intelligemment entre ces trois données qui nous caractérisent tous : nous sommes « uniques » ; « semblables » (car ayant le même modèle de départ) et donc « différents ».

Notre défi est donc bien de rentrer dans une compréhension intelligente des Écritures pour comprendre un peu mieux le mystère de notre existence en ce monde.

Mais monsieur, qui a créé Dieu ?

Très bonne question, garçon. Ma réponse va surement t’étonner car nous sommes paramétrés depuis que nous sommes petits à ce que chaque chose ait un commencement et une fin mais pour nous croyants, Dieu est celui qui n’a jamais commencé à exister ! Dieu est celui qui a toujours existé ! D’ailleurs qu’est-ce que ça voudrait dire que Dieu ait commencé à exister, ça voudrait dire qu’il y a quelqu’un d’autre qui l’aurait créé ! Dieu est vraiment ce mystère de Vie, cet être suprême qui est là depuis toujours et c’est pour cela qu’il est Créateur de toute chose, de toute vie, tout vient de lui !

Avec Éric (le confrère avec qui je fais ces missions), nous savons bien que nous aurons encore bien des fois à revenir sur ces éléments de compréhensions qui nous constituent, tant le chantier est énorme. Ces missions restent passionnantes auprès de ces jeunes avides de savoir pour mieux comprendre leur propre foi.

Nous initions ainsi, petitement les jeunes à réfléchir avec d’autres sur les questions de vie tout en leur apprenant à ne jamais chercher à imposer notre point de vue à l’autre : tout un défi pour notre société où l’on ne sait guère plus écouter ce que l’autre a à nous dire de ce qu’il comprend du mystère de Vie. A chacun de le relever !

Vincent Goguey CM ♦

Notre défi est de rentrer dans une compréhension intelligente des Écritures!

Vincent Goguey CM

Un sanctuaire pour se poser et se reposer


Un sanctuaire pour se poser et se reposer

pour ne pas rendre vain tant d’effort…

Bonjour chers Confrères,

Une bonne partie d’entre vous connaissent notre grande propriété de Notre Dame de Prime Combe à coté de Sommières dans le Gard. Une partie des bâtiments abrite une communauté de Bénédictins de l’espérance (frères ayant un handicap) depuis 1997. La chapelle principale a été totalement refaite où la messe est célébrée dès que c’est possible. Le reste des bâtiments est inutilisés.

Depuis plusieurs années, Eric Saint Sevin (économe à l’époque de la province du Sud) a patiemment aménagé une partie ce lieu pour qu’il puisse servir d’une manière ou d’une autre. Les méandres administratifs et les obligations de sécurité sont difficiles à gérer mais sa ténacité a eu gain de cause. Aujourd’hui une partie est « ouvrable » en tant que gîte d’étape. Alors, pour ne pas rendre vain tant d’effort, nous nous lançons dans cette ouverture, dès ce 15 juin et pour tout l’été pour une première expérience.

Voici le site qui vous donne les informations utiles pour connaitre ce lieu et les conditions. N’hésitez pas à faire connaitre le lieu, c’est un manière d’être présent à des personnes loin de l’église.

L’histoire de ce sanctuaire commence au IX° siècle. Après une longue histoire faite de hauts et de bas, l’aventure continue, ce lieu de pèlerinage a maintenant un gîte d’étape qui nous permet de vous accueillir.

Notre Dame de Prime Combe, un sanctuaire dans un magnifique cadre de verdure de Garrigue Gardoise. Elle vous accueille pour le temps d’une pause, pour une ou plusieurs nuits dans un calme de grande qualité. C’est une région où il est facile de faire des randonnées à la journée pour revenir se ressourcer au point de départ.

Que vivre en venant là?

Dans un monde de plus en plus stressé, comprimé, n’ayant plus le temps de rien, surtout des choses simples et des rencontres gratuites, ce lieu à pour but de permettre la rencontre. Nore conviction: la rencontre de l’autre dans sa différence est source d’enrichissement et d’interpellation pour chacun. De la connaissance de l’autre nait le respect et ouvre un horizon pour un chemin commun. Permettre la rencontre de personnes venant d’horizons différents. Le temps de la pause peut être l’occasion de découvrir ce lieu de pèlerinage dédié à Notre Dame du Bon Secours.  Vivre un temps de méditation à la chapelle ; de rencontrer un prêtre pour un entretien personnel ; susciter un échange sur des sujets en lien avec le sens de la vie, le devenir de notre société, de notre monde. De rencontrer d’autres randonneurs et participer à un temps de discussion sur des thèmes variés.

Vincent Goguey ♦

Pour ne pas rendre vain tant d’effort, nous nous lançons dans cette ouverture, dès ce 15 juin et pour tout l’été pour une première expérience.

Vincent Goguey