La Congrégation de la Mission présente depuis Saint Vincent dans l’Église de Montauban qui fête ses 700 ans

la Congrégation de la Mission présente depuis Saint Vincent dans l’Église de Montauban qui fête ses 700 ans

Cette année, le diocèse de Montauban fait mémoire de son histoire qui s’est ouverte sous le pontificat de Jean XXII, un quercinois qui aura un des plus longs pontificats de l’histoire des papes en Avignon. Homme de caractère fort il sera l’artisan de la réforme de la fiscalité ; un spirituel à qui l’on doit la belle prière « Anima Christi » ; il signera de nombreux motu proprio notamment sur la musique dans la liturgie. C’est lui qui dessinera un nouveau visage des Églises du Sud-Ouest créant sept diocèses dont celui de Montauban.

Crée dans la période de l’inquisition qui voulait lutter contre les hérésies, les autorités montalbanaises vont demander à l’Eglise de leur confier la gestion des hérésies. Ils vont choisir d’intégrer « les valdéistes » et les cathares dans des travaux d’intérêts généraux, les condamnant à reconstruire les édifices endommagés. Plusieurs étant d’excellents artisans, ils vont participer à la reconstruction devenant notables et certains intégrant les consuls de la ville. Heureuse gestion par les autorités de l’apparition de nouveaux courants religieux fractionnant l’espace social commun en invitant chacun à offrir ses compétences pour renouveler l’espace commun, dégageant ainsi une nouvelle unité.

Le diocèse va retrouver une période douloureuse à la naissance du protestantisme qui, faisant de Montauban une place forte de ce culte nouveau, entraine de multiples destructions. L’Eglise catholique ne tentera pas d’apaiser ces tensions fragilisant la vie d’une société bouleversée, en s’inscrivant dans la contre-réforme du concile de Trente. Les lazaristes participeront à cette histoire en formant les prêtres, nourrissant spirituellement les hautes personnalités par des retraites multiples.

Après la révolution, ce sont deux grands évêques venus des Etats-Unis qui vont marquer l’histoire des chrétiens du Tarn-et-Garonne. Particulièrement Monseigneur de Cheveruss qui lorsqu’il quittera la ville pour devenir archevêque de Bordeaux, verra les protestants écrire au pape qu’ils étaient tristes de le voir partir, car avec lui « ils croyaient être devenus épiscopaliens ». Cette période sera suivie par la loi de séparation de l’Eglise et de l’état qui entrainera de grandes souffrances spécialement dans le service de l’éducation.

A l’époque contemporaine, à la fin du XIXème siècle, des saintes et des bienheureuses sont proposées pour continuer la tradition catholique : femmes fortes, témoins de la miséricorde de Dieu et le Père Palau, fondateur des sœurs carmélitaines apostoliques qui s’installera à Livron.

Enfin au XXe, c’est le visage de Mgr Théas qui nous sera proposé… Une personnalité que l’on ne peut oublier pour sa parole haute et forte face à l’idéologie nazie. Sera évoquée aussi la personnalité discrète de Mlle Ginestet : qui offrira ses forces dans l’ombre pour participer au sauvetage de multiples juifs.

Au creux de cette histoire j’ai eu l’honneur de présenter l’histoire que la petite congrégation de la mission a vécue dans le diocèse de Montauban, nous entrainant plus de 300 ans d’histoire commune.

 

Monsieur Vincent et le diocèse de Montauban

Une compagnie naissante qui prêche aux « hérétiques »

Montauban apparait 27 fois dans les écrits de saint Vincent entre 1607 et 1660 et pas moins de 33 fois dans les Annales de 1837 à 1952.

Resituant l’époque durant laquelle St Vincent va se rapprocher de Montauban ; il faut se souvenir que le 7 octobre 1622, le roi Louis XIII avait signé la paix avec les protestants. Montauban et la Rochelle avaient été assignés comme lieux de sureté aux protestants[1]. Quelques années plus tard, en 1629, le Cardinal de Richelieu entrait à Montauban le 20 août, ébranlant la puissance des protestants. L’évêque Mgr de Murviel éloigné de sa ville  avait saisi l’occasion pour ramener à la foi les égarés faisant appel aux Capucins, Cordeliers, Jacobins, Carmes, Jésuites et même Lazaristes.

Si Monsieur Vincent situe l’intuition de la création de la congrégation le 25 janvier 1625 : par la prédication de la confession générale à Folleville –sur les terres des Gondi, proche d’Amiens-, c’est Mme de Gondi qui la fondera –économiquement parlant- le 17 avril 1625.

Dix ans plus tard, le 8 janvier 1632, le roi Louis donne une lettre patente de Metz où il se trouve, scellant l’union de la jeune Congrégation de la Mission avec les religieux chanoines réguliers de saint Lazare, à Paris. C’est alors qu’est mentionnée la présence d’un premier lazariste dans le diocèse de Montauban :

« Les dits prêtres de la congrégation de la mission ont fait en diverses provinces de notre royaume depuis leur établissement et de ce qu’ils font encore journellement à la gloire de Dieu et le salut des âmes de plusieurs de nos sujets, même qu’aucun des dits prêtres, depuis un an a été envoyé par leur supérieur au diocèse de Montauban où ils travaillent à incessamment à déraciner l’hérésie des lieux qui en restent le plus infectés »[2]

En 1634, alors que Monsieur Vincent écrit au pape pour informer de la cession dont a bénéficié la Congrégation de la part des chanoines réguliers de Saint-Lazare, il évoque lui aussi des conversions dans le diocèse de Montauban, comme fruit du travail des missionnaires :

«  L’institut des prêtres de la Mission érigé à Paris par autorité apostolique il y a peu d’année,… ont pour fin spéciale de parcourir les bourgs et villages, afin d’instruire les habitants des vérités nécessaires à salut, sans demander aucun salaire….attendant de Dieu seul la récompense due à leurs travaux, s’acquittent de leur fonction avec tant de zèle, que grâce à eux dans diverses régions et provinces de France au diocèse de Montauban surtout bon nombre d’hérétiques, ainsi que le bruit s’en est répandu dans le pays, a abjuré l’hérésie et embrassé la foi catholique »[3].

Ce n’est qu’en 1645 que nous entendons reparler de Montauban par un courrier qu’adresse Vincent de Paul à l’archevêque de Toulouse au sujet d’un différend que l’évêque coadjuteur de Montauban, Mgr Bertier  -évêque titulaire d’Utique – sacré en 1636, a avec son prédécesseur toujours en fonction : Mgr de Anne de Murviel (1600-1652). Il invite l’archevêque à fixer les devoirs du titulaire afin qu’il permette au coadjuteur d’avoir de quoi vivre sa mission avec décence (II, 504).

Les Lazaristes reçoivent Notre-Dame-l’Orm

 C’est encore la correspondance de Monsieur Vincent qui nous donne le chemin plus précis de la Congrégation de la Mission avec le diocèse de Montauban. Une lettre que Monsieur Vincent adresse à Mgr Bertier en date du 4 mai 1652, nous met au courant que l’abbesse de Fontevraux est entrée en contact avec l’évêque pour faire que le prieuré de Notre-Dame-de -l’Orm soit confié à la congrégation (IV, 380 – 4 mai 1652).

Puis dans une lettre qu’il adresse au supérieur de la mission de Varsovie, Lambert aux Couteaux, le 17 mai, il lui signale qu’il est en possession d’une chapelle que le coadjuteur lui a donné pour y établir trois ou quatre prêtres. Il mentionne qu’elle est mise au nom de Monsieur Bajoue, qui était jusqu’alors supérieur de la Rose (dans le diocèse d’Agen), la maison la plus voisine de Montauban.

C’était une pratique courante d’y envoyer le supérieur de la mission voisine, afin de lui donner charge de la mission naissante en vue d’une nouvelle fondation. C’est effectivement lui qui va devenir supérieur de cette première maison. Le bénéfice sous le nom de Monsieur Bajoue était la cure de Saint-Aignan et son annexe Castelferus près de Castelsarrasin, où s’élevait le sanctuaire de Notre-Dame de l’Orm dont ils vont prendre en charge le pèlerinage. Un recueil des prêtres de la mission dit qu’ils ont aussi fait des missions dont nous n’avons malheureusement pas de détails.

Monsieur Bajoue était né à Céaux, dans la Vienne, vers 1609, dans le diocèse de Poitiers. Il fut reçu à st-Lazare le 1er décembre 1640 déjà prêtre, et en 1649 Monsieur Vincent lui confie la mission de la Rose.

Nous apprenons dans un courrier que Monsieur Vincent écrit à Lambert aux Couteaux, supérieur à Varsovie, le 3 janvier 1653, qu’il a envoyé Monsieur Cuisot, en mission à Cahors conférer avec l’évêque sur le dessein de son séminaire, et il avise qu’il fait rentrer un missionnaire (Monsieur le Vazeux) de Rome en vue de le joindre à l’équipe d’Agen ou celle de Montauban. L’histoire de l’église de Montauban de l’abbé Daux, dit que l’évêque avait recueilli des sujets pour le séminaire sous la responsabilité du chapitre cathédral en son palais épiscopal proche de l’église saint Jacques. Suite à l’épidémie de peste, l’évêque s’était réfugié à Montech avec son chapitre cathédral, où il avait reçu les séminaristes dans la maison qu’il avait acquise pour son usage personnel, maison qu’il avait laissée aux séminaristes. C’est dans ce lieu que les lazaristes donneront les premiers cours aux jeunes candidats au sacerdoce.

Une lettre de mai 1653 que Monsieur Vincent écrit à Monsieur Bajoue montre que l’on cherche les candidats qui suivront le séminaire et que l’on cherche à s’assurer qu’il y a des bénéfices afférents à ce service. Cela confirme la pratique de Monsieur Vincent qui ne commençait pas de nouveaux services tant qu’ils n’étaient fondés. Il répondait avec prudence aux nécessités de l’Eglise. En juillet 1653, Monsieur Bajoue afferme le bénéfice de Brial à Montech où il se trouve, afin d’assurer des ressources à l’équipe du séminaire, le bénéfice ne sera entériné officiellement qu’en 1656 (le 13 août).

Une session du chapitre cathédral de juillet 1653, sur proposition du sieur d’Aignan, qui avait été curé de Montech et chanoine de la Collégiale St Etienne de Tescou puis archidiacre de la cathédrale, obtient d’affecter une somme importante pour la construction du séminaire : 1200 livres. L’évêque voulant assurer la stabilité de cette création sollicite une patente du roi, ce qui est octroyée en mars 1654. Monsieur. Bajoue saisit le père Passeron au sujet du bénéfice de Brial qu’il remporte le 23 juin 1653. Cet épisode terminé, c’est Monsieur Lièbe François que deviendra le supérieur de la maison.

François Lièbe était d’Arras. Il sera supérieur de la maison qui comptait 3 autres prêtres dont un gersois qui avait fait ses vœux à Montech et Monsieur Edme Barry (futur supérieur de N-D de l’Horm) auquel il fallait ajouter  l’ancien supérieur et deux frères. Monsieur Lièbe terminera sa charge en 1657 pour rejoindre Richelieu, mais déçu de ce changement, il abandonnera la compagnie.

Lui succède Monsieur Edme Du Barry, un irlandais qui avait été chassé par les persécutions et fut placé à Notre-Dame-de-l’Horm devenant supérieur jusqu’en 1664 avant de le redevenir en 1675 jusqu’en 1680.

Lorsqu’il commence sa mission de supérieur en 1657 il reçoit 3 confrères et verra le personnel augmenté de 2. Durant son supériorat le séminaire est transporté à Notre-Dame-de-l’Horm. Car la communauté étant à Notre-Dame-de-l’Horm et le séminaire à Montech la vie communautaire n’était pas aisée et une partie de la communauté était consacrée aux missions, l’autre au séminaire. Dès l’hiver 1656, comme le révèle une lettre de Vincent, le transfert du séminaire s’est effectué de Montech à Notre-Dame-de-L’Horm.

C’est encore dans une lettre de Monsieur Vincent à Monsieur Edmond Barry du 18 juillet 1657 ; au sujet des conflits nombreux concernant les bénéfices de Castelferus, Brial, et Notre Dame de l’Horm, qu’il exprime le souhait de voir le séminaire transféré à Montauban.

Dans une autre correspondance à Monsieur Barry, le jour de Noël 1658, nous apprenons que la somme de 2000 livres a été affectée pour l’installation du séminaire à Montauban et que l’évêque souhaite être assuré que cela soit fait. Ce transfert n’aura lieu que dans les derniers jours de la vie de Monsieur Vincent. Le journal de ses derniers instants (XIII, 182) note que le séminaire est transféré à Montauban et que la conduite temporelle et spirituelle du séminaire est confiée aux missionnaires avec pouvoir perpétuel de faire des missions.

C’est le 16 septembre, tout proche de sa mort – le 27 – qu’il signera le dernier texte authentifiant sa décision de créer la communauté missionnée pour la formation des prêtres du diocèse de Montauban.

La Congrégation de la Mission installe la mission dans le diocèse
De l’établissement du séminaire à Montauban à la révolution

Le registre des ordinations révèle que les premières ont été célébrées en 1664. Une retraite ayant eu lieu dans le bâtiment le 11 décembre. C’est donc en septembre 1664 que s’opéra le transfert du séminaire de Notre-Dame-de-l’ORM à Montauban. Ce transfert se fit au quartier Montauriol en proximité de la demeure épiscopale. Nous savons d’autre part, que l’évêque de retour de la cour avait célébré la messe en l’honneur du Saint-Esprit, le 13 du mois d’octobre. En 1667, tous les revenus sont affermis. Le 3 mai, par l’affectation de 500 livres sur les bénéfices du diocèse pour loger les clercs de façon digne, Monsieur Donat Cruoly est nommé nouveau supérieur tandis que Monsieur Barry demeure au sanctuaire.

Le séminaire de Montauban aura 18 supérieur de son ouverture jusqu’à la révolution.

1664-1665 Cruoly Donat                              1704-1716 Chauvin Antoine

1665-1675 Amirault Claude                         1716-1720 Périer Marin

1675-1680 Barry Edmond                             1720-1733 Monin Simon

1680-1682 Piot Pierre                                    1733-1736 Aïenel Nicolas

1682-1686 Doué Jean                                    1736-1739 De Lacoste Etienne

1686-1690 Amirault Claude                           1739-1750 Bastit Guillaume

1690-1696 De Lalande François                    1751-1765 Brousse Marc-Antoine

1696-1703 Renault Mathurin                         1765-1782 La Bastide Jacques

1703-1704 Duchesne Fiacre-And.                  1783-1791 Compans Jean-Jacques

Le premier était Irlandais les 4 autres étant originaires de la région : Lot (Vigan, St Julien-de-la-Serre), Lot-et-Garonne (Foulayronnes) ; Ariège (Alors). Dès le 3e supérieur (Monsieur Amirault) le personnel passe à 13 membres qui rejoignent l’équipe du séminaire et celle des missions.

Les sources de financement de l’œuvre vont être augmentées par l’évêque (Mgr Bertier) en 1667, il affecte 500 livres sur les bénéfices du diocèse. En 1669 les bénéfices de Brial et Corbarieu sont quant à eux, affectées au séminaire. Les accords exigeaient qu’acceptant les bénéfices, les lazaristes veillent à la maintenance de l’église et au soutien des œuvres de charité.

Le supériorat de Monsieur Chauvin qui dura 14 ans, commence avec une équipe de 14 confrères prêtres et 3 frères coadjuteurs. Il va acquérir de nombreux terrains pour financer le service. Sous son mandat, le ministère des missions est suspendu en 1714, puis abandonné faute de ressources. C’est Monsieur Perrier son successeur qui fermera ce service. Ces difficultés sont en partie occasionnées par le système Law et le régime des billets de banque.

Sous le supériorat de La Bastide, en 1672, le sanctuaire de Notre-Dame de l’Orm est quitté pour être confié aux religieux de l’observance de st Francois (mission qu’ils occuperont jusqu’en 1790).

En 1673 pour tenter d’aider le séminaire affronte une baisse de ressources économiques, pour limiter cela, une patente royale affecte 500 livres au séminaire sur l’assiette du diocèse. En juin de l’année suivante Mgr Bertier meurt.

Selon le décret du 19 novembre 1789, Monsieur Compans devra dresser la liste des bénéfices du séminaire pour l’Assemblée provinciale de la Haute-Guyenne, ce qu’il fera en 1790. Les biens du séminaire sont mis en vente en 1791. Le 17 avril est vendue la métairie de Bressol, le 12 mai, la pièce de terre de Bressol, le 29 mai, une autre sur Bressol, le 26 juin une autre sur la paroisse de Corbarieu. C’est le 2 avril 1792 qu’est mis en vente le séminaire acheté par un négociant Naaman Laurent.

Ce que devinrent les missionnaires est incertain. De Monsieur Compas le supérieur, nous n’avons aucune données, Monsieurs Combrousse et Brunies se sont retirés, le premier dans le diocèse de Périgueux après avoir transité par Cahors comme Monsieur Brunies qui lui termina à Lalbenque.

Nous ne sommes pas en mesure de décrire de façon détaille la réalité séminaire jusqu’à la révolution. Nous ne sommes pas en mesure de dire exactement le nombre de candidats, l’importance numérique de l’équipe en charge, le nombre d’ordination, le contenu de l’enseignement tout au long de cette période. Nous avons des rapports de visites des maisons, des rapports de délibération du chapitre cathédrale, le registre des ordinations, certaines ordonnances épiscopales ainsi que le mémoire de ceux qui ont fait des retraites durant cette période qui donnent à connaitre certains de ses éléments.

Les données numériques sur l’équipe du séminaire laissent à penser qu’ils n’ont jamais été un grand nombre : trois au plus comprenant un supérieur et deux professeurs dont l’un assurait l’économat. A ces derniers on ajoutait le maître de chant (qui pouvait être un frère) plus un domestique un médecin et un chirurgien qui venait assurer la coupe de cheveux 2 fois par semaine. En 1789 le rapport de visite montre que la fonction de maitre de cérémonies et de chant est précisée.

Le registre des visites nous permet de penser que le séminaire de Montech n’avait pas plus de 10 candidats mais que leur nombre a augmenté. En 1657, St Vincent dans un courrier qu’il adressait au supérieur rendait grâce, disant : « Je loue Dieu que votre séminaire se multiplie ». Lorsque l’établissement s’installe à Montauban, l’inventaire laisse à penser qu’il y avait cinquante chambres dont 10 étaient réservées aux retraitants. Mais il semble que le nombre n’ait jamais dépassé la trentaine.

Nous savons que chaque séminariste devait contribuer à sa formation en assurant une pension en 1660 de 100 livres. Au XVIIIe elle avait doublée mais nous savons que certains avaient des places fondées parce qu’ils étaient candidats pauvres (à Montauban il n’y a eu qu’une place fondée).

Nous ne possédons pas le texte règlement du séminaire mais sommes en droit de penser qu’il était calqué sur celui du collège des Bons Enfants. Nous savons lors des visites de 1655 que les séminaristes étaient tenus à ½ h d’oraison quotidienne, celle de 1666 nous rapporte que l’on invite à veiller à des dispositions du jardin pour éviter que les séminaristes n’aient l’occasion de se relâcher. Lors de celle de 1769 est noté qu’il faut ne pas laisser la coutume mondaine des perruques laisser gagner les clercs.

Le contenu de la formation était conditionné par le statut des lazaristes qui ne leur permettait pas de faire des cours mais seulement de donner des entretiens sur l’Ecriture Sainte, sur la liturgie. La formation pastorale quant à elle était soignée : formation à la prédication notamment. Une visite faite en 1667 rapporte qu’elle doit être faite au réfectoire.

Le registre des ordinations pour sa part entre 1664 et 1726 montre que pour les clercs tant diocésains qu’étranger, elles furent célébrées dans la chapelle épiscopale, dans celle du séminaire, peu le furent à la cathédrale certaines se firent dans la chapelle des jésuites, celle des Carmes, et dans les églises saint Barthélemy de Lauzerte, celle de Beaumont, celle de Saint-Sauveur à Castelsarrasin et celle de Notre-Dame-de-l’Orm. Si l’évêque était absent elles avaient lieu dans le diocèse de Cahors…

L’œuvre des retraites

De l’ouverture jusqu’en 1720 le registre des retraites était tenu, cependant des lacunes figurent dans ce registre. Y participaient des chanoines, des curés et quelques laïcs de haut rang : avocats, des conseillers du présidial, des lieutenants généraux, des religieux cisterciens d’abbaye voisines (de Belleperche). La plupart du diocèse quelques-uns de ceux de Rodez, d’Albi, d’Agen, de Cahors et de Toulouse.

Les missions

Durant cette longue période de nombreuses missions vont être données dans ce long temps. Nous n’avons elles sont évoquées dès 1632 comme un motif qui appui la reconnaissance de la Congrégation car elle obtient le retour à la foi des hérétiques. Mais à la différence des autres maisons elles n’étaient pas fondées économiquement. Nous en ignorons la raison mais sommes en droit de penser que les jésuites avaient déjà mission pour cela. Nous savons qu’elles ont été arrêtées en 1714 car la visite de 1715 demande qu’elles soient rétablies mais ce ne fut jamais observé.

Nous savons que de 1673 à 1714 une aide de 500 livres de St Lazare aidait à ce qu’elles puissent être données. Un registre des missions qui avait été établi d temps de Monsieur Vincent témoigne de ce service. Il était demandé à chaque maison ayant cette activité un recueil annotant combien de missions faites depuis l’établissement de la mission, les mois et années, le lieu dans le diocèse, situation du lieu par rapport à la ville, le nombre de communiants, le nombre de missionnaires, durée, évaluation, la période la plus propice, si une charité a été établie, s’il y a des « hérétiques », quels sont les lieux les plus abandonnés.

Au séminaire de Montauban existait ce registre de 1673 à 1714. Elles toucheront 120 paroisses dont six dans les diocèses voisins d’Albi, de Castres et de Rodez.

Seules quelques-unes voient la création d’une charité, d’autres ayant déjà une confrérie du Très-Saint-Sacrement ; nous apprenons aussi que des séminaristes faisaient les catéchèses durant ces temps spéciaux pour les paroisses.

 

Les Filles de la Charité

C’est dès 1685, que les Filles de la Charité rejoignent le diocèse de Montauban. Elles sont 4 dans le contrat passé à saint Lazare, le 13 août arrivé pour le service de la santé.

Deux cent ans plus tard, en 1839, elles sont 14. En 1968, le rapport provincial qui compte leur histoire mentionne qu’elles sont à l’hôpital : un établissement de 471 lits, 335 à l’hospice et 239 à l’hôpital des aliénés. En 1830 avaient été ajoutées, 50 chambres militaires. En 1867, on avait aussi pris en charge un établissement pour jeunes ménagères (orphelines). Les sœurs se sont impliquées dans la santé et l’éducation. Elles quitteront Montauban en 1968.

 

Après la révolution

Après la fermeture à la révolution, c’est le 27 mai 1804 que la Congrégation est rétablie en France. En 1808 le séminaire reprend dans le bâtiment du couvent des carmes, dans la côte de Sapiac, derrière la cathédrale. Il est sous la direction de Mr Gratacap, et accueille un quercinois dans l’équipe : Mr Perboyre, oncle de Jean-Gabriel qui y restera un certain temps aussi, avant de partir pour St Flour. Il sera martyr en Chine.

Nous avons des rapports de visites de la Congrégation qui nous parlent de trois confrères les années 1821, 1822 et 1823, bien que la congrégation ne soit à nouveau instituée  par décret impérial qu’en 1827[4].

 

L’époque moderne

En 1929, le séminaire se déplacera au couvent capucins sur le quai bordant le Tarn. L’équipe passera de 3  à 6 missionnaires.

En 1966 devant les difficultés d’assurer la continuité de l’établissement est pensé une fusion avec  le diocèse d’ALBI mais cela ne fonctionnera pas, l’essai avec Cahors non plus. Les 50 séminaristes iront à Toulouse en 1970. Le Père Sylvestre qui était alors dans le diocèse de l’équipe enseignante et en ministère sur Lauzerte suivra les séminaristes, il partira aider le séminaire de Viviers, avant de devenir consulteur provincial puis assistant général assurant ce service à Rome, après son élection lors de l’Assemblée Générale de 1974, fonction qu’il occupera jusqu’en 1981. Il revient alors en ministère sur Toulouse puis dès 1982, sur Moissac. Il y sera rejoint par un autre lazariste arrivé de l’Aude : le père Henri Flourens en 1989. En 1990, se joint à eux, moi-même, nouvel ordonné, qui sera demandé pour le service des aumôneries de l’enseignement public. Après un mandat de 4 ans, je serai intégré dans une équipe de mission internationale qui se constitue en Bolivie. Les deux derniers lazaristes atteint, par la baisse de leurs forces, quittent le diocèse : en 1996, le Père Flourens et en 1998, le P. André Sylvestre.

Se clôt un cycle d’histoire où les pères lazaristes sous la conduite de Monsieur Vincent qui avait un lien étroit avec l’évêque, commencent dès 1632 en recevant un sanctuaire marial afin d’avoir un revenu pour soutenir la formation des prêtres. Ils conduisent le sanctuaire conjointement aux missions paroissiales. Lorsque le séminaire est installé à Montauban, l’occasion leur est donnée d’ouvrir leur maison au service des retraites spirituelles aux clercs et laïcs tout en continuant de donner des missions.

A l’exception de la révolution qui interrompra la mission un court moment, la congrégation restera jusqu’en 1966, date de fermeture du séminaire diocésain qui rejoint Toulouse. Elle reprend dans les années 1980 pour le service paroissial sur Moissac, tout d’abord avec un prêtre diocésain auquel vont se joindre deux autres confrères.

Ainsi se sont achevé 366 ans de collaboration entre la petite Congrégation de la Mission et le diocèse de Montauban.

Bernard MASSARINI, CM 🔸

Au creux de cette histoire j’ai eu l’honneur de présenter l’histoire que la petite congrégation de la mission a vécue dans le diocèse de Montauban, nous entrainant plus de 300 ans d’histoire commune.

Bernard Massarini
Notes :

[1] Annales Tome 77, p. 61.

[2] XIII, 256.

[3] Coste I, 167.

[4] Annales T 86, 474.

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