Cache-toi, sois disponible ! Homélie du mercredi de cendres à la Maison-Mère

Cache-toi, sois disponible !

Homélie du mercredi de cendres à la Maison-Mère des Lazaristes à Paris

Quand tu fais l’aumône, cache-toi !

Quand tu pries, cache-toi !

Quand tu jeunes, cache-toi !

ton Père voit ce que tu fais dans le secret ; il te le revaudra.

Cache-toi ! Quel est cet appel, entendu tous les ans au début du Carême, pour orienter le chemin qui s’amorce vers la Résurrection de Pâques ?

Cache-toi ! Ce pourrait être un appel à l’intériorité et à la vigueur spirituelle.

L’intériorité

Cache-toi ! L’intériorité à laquelle nous appelle Jésus n’est-elle pas d’abord la capacité à être soi dans la distance avec les modes, dans la distance prise par rapport aux urgences à faire, par rapport au poids des événements et au poids des épreuves, par rapport à la multiplicité des opinions contradictoires. C’est donc un espèce d’enracinement. Cache-toi !

Enracinement dans un “soi” qui ne doit pas être le soi de l’égoïsme, mais qui est notre lieu intérieur. Ce lieu intérieur qui est un espace de réflexion, de pensée, du jugement. Cache-toi ! C’est donc la capacité d’habiter notre intérieur (à condition d’en avoir un) et d’avoir le courage d’être soi. C’est important de descendre dans le mystère de soi-même, le mystère que l’on est à ses propres yeux et aux yeux de Dieu. Cache-toi !

Notre besoin d’intériorité doit être proportionnel à notre engagement. “Il ne me suffit pas d’aimer Dieu, si mon prochain ne l’aime.” (XII 262), dit Vincent de Paul. C’est le risque de l’apôtre.

Cache-toi ! La vie apostolique fait donc surgir le besoin de silence, besoin de retrait, besoin d’une certaine solitude qui n’est pas isolement, d’une solitude qui n’est pas une distance prise avec les autres, mais le moyen de vivre une relation plus profonde. On ne peut pas souhaiter des relations plus profondes avec autrui, sans faire soi-même ce voyage vers l’intérieur de soi et avoir le souci d’une intériorité et d’une consistance. Cache-toi !

 

Vigueur spirituelle

Intériorité et vigueur spirituelle ; les deux choses vont évidemment de pair. Je crois qu’on ne peut pas simplement injecter une exigence spirituelle à quelqu’un qui n’aurait pas d’intériorité. Cela veut dire que ce n’est pas un surplus, ce n’est pas un luxe, c’est une exigence interne à notre vocation de baptisés et de consacrés. C’est la condition de notre expérience de Dieu. C’est d’avoir une vie de foi qui soit à la hauteur de notre développement humain. Cache-toi ! pour te donner les moyens de prier, de servir, de faire silence, les moyens de découvrir et d’approfondir la Parole de Dieu, la tradition de l’Église. Cache-toi ! pour te donner les moyens de développer à la fois ton esprit et ton cœur.

Enfin l’intériorité et la vigueur spirituelle ne sont pas passivité. Elles sont pour nous le moteur de l’action sur nous-mêmes. Ça s’appelle la conversion. “Convertissez-vous !” nous dira-t-on tout à l’heure en recevant  les Cendres.

Pour Vincent de Paul, cette action sur nous-mêmes implique notre disponibilité ; mais une disponibilité active.

“ La disponibilité, dit-il, est un état où se trouve une vertu (une force) par laquelle l’homme se détache des créatures pour s’unir au Créateur. Ce n’est pas seulement une vertu ; en quelque façon, c’est un état qui la comprend et où elle agit ; c’est un état, mais il faut que cette vertu y soit active et que, par elle, le cœur se détache des choses qui le tiennent captif.

Et comment ? Il faut s’étudier pour se connaître ; il faut se dire : « Or ça, mon âme, quelles sont tes affections ? A quoi tenons-nous ? Qu’y a-t-il qui nous captive ? Sommes-nous en la liberté des enfants de Dieu, ou sommes-nous liés aux biens, aux aises, aux honneurs ?» S’examiner pour découvrir nos liens, afin de les rompre.  » (XII, 231b)

Cache-toi ! C’est la conversion qui t’est demandée en ce début de Carême, pour forger ton intériorité et ta vigueur spirituelle ; sois disponible en ce début de Carême pour accueillir le Seigneur qui t’appelle à changer de vie pour l’exubérante rencontre du matin de Pâques.

Claude LAUTISSIER, CM 🔸

Cache-toi ! Quel est cet appel, entendu tous les ans au début du Carême, pour orienter le chemin qui s’amorce vers la Résurrection de Pâques ?

Cache-toi ! Ce pourrait être un appel à l’intériorité et à la vigueur spirituelle.