HOPITAUX DE VICHY
Historique de la présence des Filles de la Charité
Chers frères, sœurs et amis : L’invitation de ces jours vient du Seigneur, le Seigneur de la Charité comme le nommait sainte Louise et du Cœur de saint Vincent présent ici, à Vichy.
L’histoire de Vichy est très riche, des documents nombreux et très anciens l’attestent, et vous la connaissez mieux que moi. La richesse de Vichy ce sont « LES EAUX » et tout ce qu’elles ont fait de Vichy, grâce à ses administrateurs dans de nombreux domaines : géographique, historique, politique, médical, pour un bon épanouissement de tout homme.
Ce sont aussi ses curistes qui ont fait VICHY permettant des découvertes médicales pour un retour en santé et favorisant un brassage des personnes au plan national et international. Qui ne connait pas les pastilles ?
En arrière fond, pour comprendre notre présence de Filles de la Charité à Vichy il faut nous situer dans les époques de ces derniers siècles et de leurs turbulences : les guerres et la présence des armées, la pauvreté entrainant la maladie, la misère, la mortalité et le manque de ressources.
Et, en plus, il faut citer tous les différents passages vécus par la société ….
….. la Royauté, l’Empire, la République, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, les guerres mondiales et leur cortège de drames.
L’histoire continue de s’écrire en gardant la mémoire d’une naissance…. celle du charisme vincentien en 1617. En effet,
La Congrégation de la Mission fut conçue le 25 janvier 1617 à FOLLEVILLE (elle naîtra officiellement en 1625).
La Confrérie des dames de la Charité vit le jour à Chatillon en cette même année 1617
Sainte Louise et saint Vincent fondent la Compagnie des Filles de la Charité le 29 novembre 1633 et, à partir de 1643, apparait le sceau de la petite Compagnie qui porte notre devise La Charité de Jésus Crucifié nous presse, elle représente un cœur enflammé sur lequel se détache Jésus crucifié.
Notre mission sera de répondre aux besoins des Pauvres où que nous soyons et quel que soit notre service :
« Toutes données à Dieu pour servir les Pauvres ».
« Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à Moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
« Servant les Pauvres on sert Jésus Christ ».
La Charte des Filles de la Charité est claire et s’adapte aux besoins des temps, des lieux et des circonstances, mais c’est une grande nouveauté pour la vie religieuse, à cette époque.
« Elles considèreront qu’elles ne sont pas dans une religion, cet état n’étant pas convenable aux emplois de leur vocation.
Néanmoins, à raison qu’elles sont plus exposées aux occasions de péché que les religieuses obligées à la clôture, n’ayant
- POUR MONASTERE QUE LES MAISONS DES MALADES ET CELLE OU RESIDE LA SUPERIEURE,
- POUR CELLULE UNE CHAMBRE DE LOUAGE,
- POUR CHAPELLE l’EGLISE PAROISSIALE,
- POUR CLOITRE LES RUES DE LA VILLE,
- POUR CLOTURE L’OBEISSANCE, NE DEVANT ALLER QUE CHEZ LES MALADES OU AUX LIEUX NECESSAIRES POUR LEUR SERVICE,
- POUR GRILLE LA CRAINTE DE DIEU,
- POUR VOILE LA SAINTE MODESTIE…. »
Saint Vincent de Paul quittait cette terre en 1660, son message reste d’une brûlante actualité et est bien vivant dans le monde d’aujourd’hui.
35 ans après la mort de saint Vincent, les Filles de la Charité arrivent à VICHY
Développons rapidement ce que fut la présence des Sœurs dans l’hôpital et la ville
En 1696, l’établissement de l’hôpital est confirmé, il prend le titre de « hôpital des Pauvres de VICHY». Le texte de reconnaissance officielle, que l’on appelle lettres patentes, est signé par LOUIS XIV en mars 1696.
L’arrivée des Filles de la charité à Vichy remonte à l’année 1696, date à laquelle le Directeur de l’hôtel Dieu fit doter l’établissement de trois religieuses de saint Vincent de Paul.
« Dans le courant d’août 1696, trois sœurs de charité avaient été envoyées pour desservir l’hôpital par Monsieur Jolly, second successeur de Mr Vincent et par dame Mathurine Guérin, deuxième supérieur de la communauté».
Après une expérience de sept années, l’on s’aperçut de part et d’autre de la nécessité d’un traité signé le 25 août 1703 (voir en ANNEXE).
Les hôpitaux de l’époque répondaient à beaucoup de besoins ; dans les premiers règlements on trouve cet énoncé : Sont reçus : les malades civils, hommes, femmes, enfants, atteints de maladies aigues ou blessés accidentellement, les malades militaires ou marins, les galeux, les teigneux, les femmes enceintes….
L’hospice reçoit les vieillards indigents et valides des deux sexes, les incurables indigents, les orphelins pauvres, les enfants trouvés et abandonnés, des vieillards valides ….
- EN 1818 les sœurs sont au nombre de huit
Certaines années les sœurs étaient nombreuses à la communauté de l’hôpital, parfois jusqu’à 50..
- Entre 1890 et 1997 un registre des sœurs témoigne du passage de 200 sœurs qui ont servi à l’hôpital
Les sœurs étaient polyvalentes, infirmières, beaucoup de pharmaciennes pour la préparation des médicaments, des sœurs pour l’orphelinat, des sœurs pour l’école, car le souci de l’éducation se faisait sentir.
Autrement dit ce n’est pas le centre hospitalier de nos jours.
- En 1881 ouverture de la Maison de Charité, du Bureau de Bienfaisance et d’une École
C’est la pleine période des difficultés pour les écoles et les sœurs cherchent comment être fidèles aux directives sans abandonner un enseignement privé. La maison fermera en 1904
- En 1942 ouverture de la Maison de Cure rue Victoria (elle durera jusqu’en 1973)
Cette maison a été créée pour répondre aux besoins des PAUVRES, c’est-à-dire présenter une formule d’accueil moins coûteuse que l’hôtel le temps d’une cure thermale, elle s’adresse aux sœurs le plus souvent, mais est ouverte aux laïcs. Cette communauté abrite aussi une association de dames de la Charité et le mouvement des enfants de Marie.
En l’année 1972 : 5248 journées de cure figurent au registre.
Pour la période hors des saisons de cure, les chambres sont disponibles pour un foyer de midinettes et d’étudiantes. Cette maison est ouverte pour favoriser l’accueil à la cure et les sœurs participent à la pastorale de la paroisse.
Les temps changent l’hôpital s’agrandit et l’essor de la médecine se développe
L’Esprit souffle où il veut
Dans l’Eglise aussi, ça bouge. Le Concile nous a invitées à l’aggiornamento pour un meilleur service.
C’est une grande mutation qui s’opère pour beaucoup de communautés hospitalières vu la diminution des vocations.
Dans le diocèse de Moulins, des fermetures s’imposent, il faut réorganiser en fonction des âges certaines communautés.
QUE DEVONS NOUS GARDER ? Que devons-nous abandonner…… à regret ?
Proche de l’enceinte de l’hôpital existant, un nouveau bâtiment de 5 étages est construit au milieu des préfabriqués et des anciennes constructions.
En 1969, date de mon arrivée à la communauté de Vichy, nous étions 16 sœurs et nous savions qu’après de mûres réflexions un passage allait avoir lieu en fidélité à la mission.
10 sœurs allaient partir rejoindre une autre communauté et 6 resteraient travailler à l’hôpital sans y habiter. Nous ne serions pas sur place 24 h sur 24 !
Notre statut de personnel congréganiste change pour celui de salariées parce que, une fois de plus, la justice nous appelait à une conversion.
La vie change avec les allées et venues de la maison à l’hôpital, les repas ne sont plus ceux de l’hôpital tout prêts, il y a la vie dans le voisinage, la fréquentation de la Paroisse, beaucoup de découvertes à voir et à vivre au quotidien.
Nous étions les unes infirmières, les autres surveillantes avec des horaires différents. La maison était ouverte, le groupe de jeunesses mariales grandissait, le tout pour un meilleur service de nos frères les Pauvres.
En 1972, six sœurs ont continué à travailler, en habitant rue de Thiers et ensuite boulevard Carnot jusqu’au 18 juin 1997
En résumé, elles ont traversé les divers déménagements de l’hôpital et leur présence a duré 300 ans
Maison du Boulevard Carnot 1989-1997
De nouveaux appels se précisent au service de l’hôpital et en pastorale. Une communauté quitte Vichy et leur logement en plein centre-ville, appartenant à la paroisse, est proposé aux sœurs.
Deux sœurs seront au service de la Communauté. Trois sœurs continuent leur service à l’hôpital comme aide-soignante, infirmière et surveillante générale.
Une sœur catéchiste est nommée en qualité d’aumônier du collège des Célestins.
Les services sont nombreux : soutien scolaire, jeunesses mariales, conférence de jeunes vincentiens, chorale, service de la Paroisse et de l’aumônerie de l’hôpital.
Le 15 juin 1997, 301 ans après l’arrivée des premières Filles de la Charité, l’Eucharistie de départ des sœurs a été célébrée.
Le 19 MAI 1998, à l’occasion de la réouverture après des travaux de rénovation de la chapelle de l’hôpital, une plaque souvenir a été posée en reconnaissance aux Filles de la Charité.
Sainte Louise au moment de la Fondation ne comprenait pas ce désir de Dieu pour la Compagnie « car il devait y avoir en Allant et Venant » (chose inconcevable pour des religieuses à l’époque)
Deux verbes aller et venir, deux verbes de la vie de tous les jours que Jésus utilise : allez à ma vigne, allez par toute la terre Et : Viens suis moi…. Venez les bénis de mon Père ….
« Pour être vraies Filles de la Charité, il faut faire ce que le Fils de Dieu a fait sur la terre ». St Vincent
« Il a passé en faisant le bien … »
« L’appel entendu par les premières sœurs est toujours celui qui à travers le monde, suscite et rassemble les Filles de la Charité [1]»
Pour nous, cela se traduit par une exigence dans l’adaptation à l’aujourd’hui de Dieu dans notre vie de servante vécue en humilité, simplicité et Charité.
Toutes paroles de Jésus dans l’Evangile ont quelque chose à voir un jour ou l’autre avec l’humble quotidien, tout évènement peut faire germer une parole de vie.
Notre lot c’est donc d’aller et venir entre communautés, entre pays avec d’autres pour l’annonce du Royaume :
- Aller et venir dans la confiance fait partie de notre histoire sacrée.
- Aller et venir en Eglise avec Jésus reçu dans sa Parole et ses sacrements.
- Aller et venir dans notre monde dans sa réalité.
- Aller et venir au service des Pauvres et vivre avec eux leur mystère douloureux et joyeux dans l’amitié
- Aller et venir en réseau, en association, entre croyants et hommes de bonne volonté
- Aller et venir à l’intérieur de nos communautés, appelées et assemblées dans le pardon et la joie
- Aller et venir pour recevoir et bâtir la Paix
Voici un bon résumé du charisme vincentien !
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Aujourd’hui, la famille vincentienne est toujours présente à Vichy, elle continue sa route ici grâce à la présence de nos frères Lazaristes et des conférences de St Vincent de Paul et grâce à tous ceux et celles qui partagent le charisme vincentien.
Nous sommes réunis ici autour du cœur de saint Vincent. En nous approchant de cette relique, ouvrons notre propre cœur à Jésus, comme le fit saint Vincent, et invitons-le à y entrer, à le transformer à l’image du sien, à l’ouvrir à l’universalité, afin d’être des témoins de l’amour.
La Vierge de la Chapelle de l’hôpital porte le nom de Notre Dame de la Consolation ; qu’elle soit notre Modèle afin de porter à tous ceux que nous côtoyons consolation, écoute et soutien.
Marie Claude Receveur, FdlC 🔸
Toutes paroles de Jésus dans l’Evangile ont quelque chose à voir un jour ou l’autre avec l’humble quotidien, tout évènement peut faire germer une parole de vie
[1] Constitutions Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul.