Visite de Provinces en Amérique Latine.
Juillet 2018
Dans la ligne du partenariat que nous avons avec la COLOMBIE et sur invitation du Visiteur, le P. Orlando ESCOBAR, je me suis rendu dans ce pays pour connaître un tant soit peu la réalité de la Province, ses implantations, ses lieux de formation que nous soutenons financièrement et rencontrer les confrères, découvrir un peu la mission.
Sachant mon déplacement en Colombie qui a duré 10 jours, le P. Rolando GUTIERREZ, lors de son passage à Paris pour le CIF, m’a invité à venir au COSTA RICA où j’ai passé 4 jours. Etant sur le continent, j’ai accepté l’invitation. S’est rajouté dans la suite, l’invitation du P. José UBILÚS à venir au PEROU où j’ai passé 4 jours. Le P. Roberto GOMEZ m’a accompagné durant ce voyage, sauf au Pérou. Il fut un bon et nécessaire interprète.
Le COSTA RICA est une Vice-Province qui a été portée, soutenue par la Province d’Allemagne ; il reste encore un confrère allemand, Bernard KOCH, né en 1927. C’est en 1955 qu’est née la Vice Province ; depuis, il n’y a plus de liens avec l’Allemagne. Accolé à la maison provinciale, un collège où travaillent des confrères mais ça devient lourd.
A San José, j’ai rencontré le Vice Visiteur, le P. William BENAVIDES, avec l’économe de la Vice Province. Le P. William a présenté la Vice Province avec ses 3 maisons, celle provinciale avec le collège, celle de formation avec les cours de philo et de théo et celle de la mission de TALAMNACA, dans le diocèse de Limon, que j’ai pu visiter. La richesse de cette Vice Province se résume à la présence de 9 confrères, de 11 séminaristes dont 3 sont au Séminaire Interne au Guatemala et 8 autres jeunes sont en discernement. 2 jeunes seront ordonnés diacres d’ici la fin de l’année.
Les séminaristes, durant leurs études, travaillent sur un secteur paroissial et les samedis vont dans des bidonvilles à la rencontre des gens.
Les jeunes en discernement se retrouvent une fois par mois à la maison de Formation à IPÍS pour partager entre eux et le P. Rolando ; ils participent à 3 temps de mission chez les Indigènes et, une fois par mois, ils ont une rencontre avec d’autres jeunes de différentes Congrégations. Ils veulent permettre aux jeunes de connaître différentes propositions vocationnelles. Cette expérience avec les Vocations a commencé en 2009, où est mis en avant l’accompagnement, la proximité avec les Pauvres et le partage de la mission. La Famille Vincentienne est active aussi dans ce travail des vocations. L’accent est mis sur deux points : la culture des vocations et la mission chez les Indigènes.
C’est vous dire la dynamique qu’il y a et combien l’espérance est vivante. L’unité de la Vice Province fait sa force. Comme le disait Rolando, tout en reconnaissant un besoin de confères missionnaires, ‘nous ne connaissons pas le découragement mais nous avons une grande confiance en la Providence’.
J’ai eu la joie de visiter la mission de Talamanca, près du Panama où deux confrères, dont un frère, ont la charge d’animer et d’accompagner le peuple Indigène, oubliés et laissés sur le bord du chemin. L’accès n’est pas des plus simples, voiture, pirogue et moto et de longues heures. Lors de mon passage, les séminaristes et 3 jeunes en discernement ont passé 8 jours en mission ; je vous assure que c’est formateur à la mission et à l’esprit vincentien. Nous avons célébré avec une communauté, moment fort de communion fraternelle. Il y avait présents de nombreux enfants et jeunes dont certains se préparent à la communion et à la confirmation.
Seule la Congrégation de la Mission en porte le souci et le territoire où ils vivent est immense. Les confrères ont le soutien de l’évêque du lieu, Mgr Javier qui a rebaptisé sa cathédrale et son Diocèse : St Vincent de Paul ; ce n’est pas neutre ! j’ai eu la joie de le voir, alors qu’il participait avec son presbyterium à une rencontre de formation. Il est vrai que dans l’ensemble des églises du pays, il y a une statue de St Vincent, signe de reconnaissance de la part des prêtres qui ont été formés par la Congrégation de la Mission.
Pour l’avenir, nous avons retenu, avec le P. Visiteur et le P. Rolando, la possibilité d’envoyer des jeunes de France, avec la DCC ou autres, pour une découverte d’une réalité humaine et ecclésiale et soutenir un discernement. Ou envoyer, pourquoi pas, des jeunes qui ont été appelés à entrer au séminaire, dès le début du processus de formation.
Retenu aussi la volonté de garder une ouverture d’échanges entre nos deux Provinces avec la possibilité qu’un confrère du Costa Rica puisse venir pour le travail vocationnel et s’enrichir de nos pratiques. L’idée d’envoyer un diacre est émise pour 3-4 ans ; il pourrait aussi faire des études. Un début appelé à une continuité !
En novembre, le P. Rolando doit venir participer au CIF sur la culture des Vocations. Certains parmi vous pourront le rencontrer à cette occasion.
Le PEROU est une Province qui a fêté les 160 ans de l’arrivée des premiers missionnaires de France. J’avais oublié que l’été était parti pour laisser placer à l’hiver, temps pluvieux et parfois froid. Cela n’a pas empêché le P. José UBILÍUS de m’accompagner pour visiter les monuments du vieux Lima : Palais Présidentiel, la cathédrale, le musée de l’or et surtout les communautés des confrères sur Lima et la Maison Provinciale des Filles de la Charité et une de leurs écoles ; j’avais travaillé avec l’une d’elles en travaillent les confrères est autre chose que de l’entendre et encore je n’ai pas circulé à pied dans les quartiers. Ils ont une belle mission de proximité sur deux paroisses-bidonvilles de plus de 120000 habitants chacune ; il y a un beau dynamisme. C’est d’ailleurs le lieu où notre Frère Maxime M. a fait son Séminaire Interne et croyez-moi, partout où je suis passé, on m’a parlé de lui et demandé de ses nouvelles. Il est dans la mémoire de tous les confrères. Visite de la Maison Provinciale où se trouve un espace pour les confrères âgés qui ont chacun une chambre adaptée et avec la présence de soignants.
Découverte davantage de la paroisse N.D. de la Milagrosa, où vit José U. avec deux confrères âgés, P. César P., espagnol et l’évêque émérite de Titicaca, P. Raimundo R., et un plus jeune, le Directeur des Filles de la l’accompagnement de groupes comme celui des vocations qui animent chaque mois une messe où sont présents de nombreux jeunes dont certains se préparent à la confirmation.
J’ai eu la chance aussi de rencontrer, au Centre Animation Vincentienne, la Famille Vincentienne : AIC, SSVP, JMV, AMM, Groupe Vocations ; cette rencontre s’est continuée un soir, à la paroisse, par un temps de connaissance où chaque groupe a présenté ses activités, ses projets. Un beau moment de partage ; l’esprit de St Vincent est bien vivant et rend heureux de nombreuses personnes et des jeunes. C’est là où j’ai rencontré Vanessa qui est venue en août travailler avec d’autres jeunes, à la Chapelle de la Médaille Miraculeuse. Elle était très heureuse de cette expérience.
Je ne remercierai jamais assez le P. José UBILLÍUS de son invitation, de son accueil, de sa disponibilité. C’est un aperçu de la réalité de cette Province que j’ai eu mais il m’a rendu heureux et cela redonne espoir.
La COLOMBIE est une Province qui vient en 3ème position par le nombre de confrères, après la Pologne et l’Espagne (St Vincent de Paul) ; elle a été érigée comme province en 1913 ; mais elle va fêter en 2020, les 150 ans de l’arrivée des premiers missionnaires venus de France en 1870.
Comme partout, un accueil chaleureux, fraternel, bienveillant. Reçu à bras ouvert partout, avec reconnaissance de ma visite dans leur Province. Les liens tissés dans une histoire sont forts. J’y suis arrivé en période de renouvellement. Les semaines avant mon arrivée, il y avait eu la visite canonique, les retraites annuelles, l’Assemblée Provinciale, la visite du P. Général et les ordinations. S’en sont suivies, la nomination d’un nouveau Provincial, le P. Diego qui était Directeur des Filles de la Charité et qui, à ce poste, à été remplacé par le P. Carlos, Directeur du Théologat, qui avait étudié à Paris et travaillé à Quillan.
Quelques brèves visites culturelles et religieuses
La cathédrale de sel à ZIPAQUIRA. Une merveille sous terre, taillée dans les galeries de sel par les mineurs après leurs heures de travail avec un splendide chemin de croix.
Le Sanctuaire de MONTSERRAT qui culmine à plus de 3000 m et qui domine une bonne partie de la ville de Bogota.
Les thermes dans les environs de Santa Rosa, aux pieds de cascades merveilleuses. Un bain de 3 heures dans une eau chaude, sous un ciel étoilé, quel régal et doux temps de pause.
La traversée des Andes avec un paysage magnifique, des cultures diverses sur des terrains plus que pentus sur lesquels broutent des vaches.
Une ferme du café à Santa Rosa avec une explication détaillée sur la fabrique du café, de la cueillette à la tasse ; puis visite d’une entreprise qui collecte, trie, sèche, torréfie, moud le café pour exportation. Le café n’aura plus jamais pour moi le même goût !
Le Sanctuaire National à Nuestro Senor de los Milagros de Buga.
Quelques rencontres de communautés
Une avec les séminaristes diocésains au grand séminaire d’El ESPINAL pendant plus d’une heure. C’est un confrère qui en est le Directeur, le P. Sébastian. Les séminaristes ont montré un intérêt pour la formation chez nous, par la mission que nous vivons, notamment avec l’Islam, la vie de notre Eglise, les vocations.
Une autre avec la communauté de SANTA ROSA de CABAL qui a été école apostolique et qui est maintenant la maison d’accueil pour la Province, pour des groupes dont la Famille Vincentienne. C’est la maison où sont arrivés et se sont installés les 1ers confrères français.
Une autre à CARTAGO, une des maisons où sont accueillis les confrères âgés, dans un cadre merveilleux, pacifique avec un climat tempéré. Certains ont à charge une chapelle/sanctuaire.
Une à CALI sur la 3ème chaine des Andes. Les confrères ont une paroisse à charge, plus le Sanctuaire de la Médaille Miraculeuse et c’est la maison du Directeur des Filles de la Charité de la province de Cali, (il y en a un autre à Bogota pour la province de Bogota et Venezuela). Un confrère de 89 ans continue la mission à moto comme il l’a fait toute sa vie ; les km, dit-il, ne lui font pas peur. Rencontre aussi à la Fundacion Vicentina Luisa de Marillac, dirigée par Teresita, maison où sont accueillies des personnes âgées, seules, sans ressources ; nous y avons célébré, pris le café ensemble, dansé au rythme de la musique locale. Un bon moment vincentien.
Une autre à la maison Provinciale à BOGOTA; cette maison accueille sans cesse les confrères de passage. Il y a toujours du monde à table, un peu à l’image de notre Maison Mère. C’est là que j’ai retrouvé le P. Nestor, Régional au Rwanda et qui était passé au Berceau.
Enfin la maison de formation à FUNZA. Il y a d’une part le Séminaire Interne avec comme Directeur, le P. Alexander qui a quitté Toulouse l’an passé. Il y a 14 séminaristes. D’autre part, il y a le séminaire de Théologie sur 4 ans avec une trentaine de séminaristes dont 2 ont été ordonnés diacres peu avant mon arrivée. Le Recteur en est un ancien qui a fait des études en France, le P. Carlos CARDONA ; depuis il a été nommé Directeur des Filles de la Charité. Pendant plus de 2 heures, nous avons rencontré les jeunes et les professeurs ; échange riche et intéressant sur le monde, l’église de France, la mondialisation et les migrations, la formation etc. ; les sujets n’ont pas manqué.
Rencontre avec la Famille Vincentienne. A Cali avec les A.M.M. dont Marie est la présidente et qui nous a servi de chauffeur et de guide le temps de notre présence ; avec les Filles de la Charité dans différents lieux ; avec les Louise de Marillac.
Partout, des églises pleines, ferventes, avec une liturgie animée et bien vivante.
Partage familial avec les parents de nos confrères
A Bogota, une journée avec les parents de Roberto G., et une partie de ses sœurs, neveux, nièces ; la famille est grande et très unie.
A Pereira (dans la région du café) un repas chez la sœur du P. Alvaro R., Matilde. On avait déjà rencontré une nièce à Bogota.
A Cali, un repas avec les parents d’Alexis Cerquera, chez eux.
Des moments heureux, intenses, à faire connaissance, à partager en toute simplicité.
Avant mon départ pour le retour, avec le nouveau Visiteur et 3 de ses nouveaux membres du Conseil, nous avons fait une rencontre. J’ai pu ainsi, le remercier pour sa disponibilité puisque je lui ai fait changer son agenda et le remercier pour l’accueil reçu partout et par chacun. Il a demandé des nouvelles des confrères qui sont actuellement en France et nous avons fait un bilan de ces échanges de confrères pour études et mission, qui nous apparaît à tous les deux, positif et donc à continuer, en demandant aux confrères d’écrire plus régulièrement aux deux Visiteurs pour leur partager ce qu’ils vivent et deviennent.
- Nous avons préparé l’envoi du P. Alexis VARGAS qui a rejoint la communauté de Villepinte pour 3 ans de mission qui se poursuivront par des études.
- Ensuite, le P. Diego nous a présenté la Province avec ses 32 maisons, 163 confrères prêtres, 11 Frères (54 ans de moyenne d’âge), 4 diacres, 21 étudiants, 1 stagiaire, 14 au Séminaire Interne, 60 en philosophie et 6 en discernement. L’âge moyen étant de 54 ans. Ils sont présents dans 12 pays avec la formation, l’économie et le suivi des jeunes comme défis à relever. La Province soutient la formation avec spécialisation des confrères : 10 sont envoyés en étude chaque année. Ils sont présents au niveau provincial et au niveau diocésain avec un accent pour une formation de qualité. La C.M. est très reconnue et appréciée par l’histoire et la place qu’elle a prise dans les séminaires. La semence a été bonne, les fruits aujourd’hui sont beaux.
- Au niveau vocations, ils sont bénis par Dieu. Il y en a en général, plus dans la CM que dans les diocèses ; les jeunes sont pour la mission et ont des racines chrétiennes profondes. Ils sont en lien avec le Costa Rica qui ont un apport riche, en se basant sur la place et le rôle de la famille humaine. Il y a tout un travail avec les Filles de la Charité qui tiennent un rôle important dans les vocations, même si elles en ont moins. Il y a une bonne collaboration avec elles et la Famille Vincentienne ; les confrères sont demandés en Amérique latine.
- Nous avons repris la convention de notre collaboration, qui avait été signée par nos prédécesseurs et qui date du P. Sylvestre ; nous avons choisis de la travailler dans chacun de nos conseils ; l’aspect du soutien financier a été abordé et il sera revu un peu à la baisse. La situation de la Province n’est plus tout à fait la même et une autonomie est réussie. Certes, la Province a en charge la Région du Rwanda/Burundi où ils sont présents depuis 20 ans avec 10 ordinations autochtones et le Venezuela qui a demandé son rattachement à la Colombie ; il y a peu de vocations au Venezuela et les confrères dont le nombre baisse sont de plus en plus âgés.
- Le bilan est plus positif que négatif : rencontre avec les lieux et les origines du Charisme, richesse spirituelle, soutien économique, bonne collaboration mutuelle depuis de longue date. Pour l’avenir, il serait mieux que les confrères envoyés soient mieux préparés à l’avance par une session pour découvrir l’église de France et la société.
En conséquence, nous continuons.
La Province de Colombie va fêter les 150 ans de l’arrivée des confrères français. Il y a certainement un travail d’archives à faire et à réfléchir. Affaire à suivre !
« C’est à Medellin que l’église entière est devenue vincentienne »
Mr Tulio Botero Salzar cm
(Archevêque de Medellin en 1969, lors de la Conférence de Medellin où l’église latino-américaine a fait le choix préférentiel des pauvres).
Christian MAUVAIS, CM – Visiteur Province de France 🔸
C’est à Medellin que l’église entière est devenue vincentienne