Or, si l’on nous demandait d’expliquer, de rendre compte de la Résurrection de Jésus à nos contemporains … je suis sûr que nous aurions du mal à trouver des mots pour en rendre compte. Nous aurons du mal d’en convaincre plus d’un. Imaginez donc, la situation des premiers croyants ! Le mot Résurrection lui-même n’existait pas.

Homélie. Veillée Pascale 2025. Chapelle saint Vincent, Paris

Joyeuses Pâques, frères et sœurs !!!

Nous sommes ici dans cette chapelle en train de célébrer la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ. Peut-être, cela nous semble facile et aller de soi !

Or, si l’on nous demandait d’expliquer, de rendre compte de la Résurrection de Jésus à nos contemporains … je suis sûr que nous aurions du mal à trouver des mots pour en rendre compte. Nous aurons du mal d’en convaincre plus d’un.  Imaginez donc, la situation des premiers croyants ! Le mot Résurrection lui-même n’existait pas.

Les récits des évangiles rendent compte de la difficulté de disciples et des premiers croyants à rendre compte de l’événement de la Résurrection. Avant de dire la résurrection, il fut nécessaire d’être transformés totalement par la Ressuscité. Ils ont dû relire les Écritures et faire mémoire de la vie et de enseignements de Jésus.

Nous venons de lire l’évangile de Luc : il raconte que devant le tombeau vide, ou mieux encore devant le tombeau OUVERT, les femmes qui viennent au sépulcre à la pointe de l’aurore, sont désemparées. Elles tremblent et sont saisies de crainte. En venant au tombeau de bon matin ce jours-là, leur propos était tout autre. Elles désiraient oindre le corps du défunt avec les aromates préparés par elles-mêmes. Quelle surprise, la pierre est roulée, le tombeau est OUVERT.

A leur tour, les disciples de Jésus ne croient pas le récit des femmes. Pour le moment le tombeau OUVERT reste un mystère, un mystère fermé.  

Cela dit, le message est clair :

« Pourquoi cherchez-vous le VIVANT parmi les morts ?

Il n’est pas ici. Il est ressuscité ».

Quoi ? Comment ? Qu’est-ce que cela ?

 En effet, la résurrection du Christ est quelque est quelque chose de complètement nouveau ; elle est au-delà de l’horizon de toute expérience. Pour le moment, il est difficile de la comprendre et puis quasiment impossible de l’exprimer par des mots.

La difficulté des femmes et des disciples de Jésus à croire en la résurrection, rend compte de la nouveauté de celle-ci : elle n’est pas le miracle de la réanimation d’un cadavre ; elle n’est pas non plus une vision au sens que nous entendons à ce mot. La résurrection de Jésus est une autre chose que le retour à la vie de Lazare,  la réanimation de la fille de Jaïre ou de jeune homme de veuve de Naïm.

Mais retenons bien ceci : dans la résurrection du Fis de l’homme, quelque chose de totalement nouveau, d’inédit s’est produit ! Le Pape Benoit XVI dit quelque chose de profond à ce propos : « La Résurrection de Jésus fut l’évasion vers un genre de vie totalement différent, vers une vie qui n’est plus soumise à la loi de la mort et du devenir mais qui est située au-delà de cela, une vie qui a inauguré une nouvelle dimension de l’être-home ? C’est pourquoi la Résurrection de Jésus n’est pas un événement singulier (…), que nous pourrions négliger et qui appartiendrait seulement au passé, mais elle est une sorte de mutation décisive (…) un saut de qualité. Dans la Résurrection de Jésus, une nouvelle possibilité d’être homme a été atteinte, une possibilité qui intéresse tous les hommes et ouvre un avenir, un avenir d’un genre nouveau pour tous les hommes[1] ».

Alors frères et sœurs, pendant ce temps pascal qui s’ouvre et nous est donné pour célébrer la Résurrection du Christ d’entre les morts, (50 jours), prenons le temps d’abord d’écouter les témoins de la résurrection, laissons-nous d’abord transformer intérieurement par cet événement qui « fait partie de l’histoire et qui pourtant, fait éclater le domaine de l’histoire et va au-delà de celle-ci[2] ». Laissons-nous ouvrir au mystère de l’intérieur. Que nos propres tombeaux soient ouverts.

Si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi notre foi… Il se trouve même que nous sommes de faux témoins de Dieu, puisque avons attesté contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ (1 Co 15,14s.).

Peut-être commençons par dire et comprendre ceci ces soir : « Parce que Christ est ressuscité, je crois ». Oui, nous croyons, parce que le Christ est ressuscité.  ( K. Rahner Traité Fondamental de la foi, 273).

 

[1] Joseph Ratzinger, Jésus de Nazareth. De n’entrée à Jérusalem à la Résurrection. Ed. du Rocher, Vatican, 2011, p. 278.

[2] Idem p. 308.

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