Dans son message pour la 4ème journée mondiale des Pauvres de ce jour, le pape François reprend cette invitation du livre de Ben Sira : ‘tends ta main au pauvre’. Une invitation pour nous à recentrer notre regard sur l’essentiel ; à surmonter les barrières de l’indifférence qui peuvent toujours s’installer et nous éloigner les uns des autres ; invitation à nous mobiliser pour le développement des talents reçus et que nous ne pouvons garder jalousement entre nos mains : tends ta main au pauvre, ouvre-toi à l’autre !
P. Christian Mauvais, cm
Nos mains tendues pour développer nos talents ! Homélie dimanche 15 novembre. Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse – Paris
Dans son message pour la 4ème journée mondiale des Pauvres de ce jour, le pape François reprend cette invitation du livre de Ben Sira : ‘tends ta main au pauvre’. Une invitation pour nous à recentrer notre regard sur l’essentiel ; à surmonter les barrières de l’indifférence qui peuvent toujours s’installer et nous éloigner les uns des autres ; invitation à nous mobiliser pour le développement des talents reçus et que nous ne pouvons garder jalousement entre nos mains : tends ta main au pauvre, ouvre-toi à l’autre !
Les occasions ne manquent pas de tendre la main mais, spontanément, vers qui ou vers quoi le faisons-nous et avec quelle intention ! n’oublions pas que chacune de nos actions n’a d’autre but que l’amour et que rien ne doit nous en détourner. L’amour est partagé, dévouement et service envers autrui ; cette expérience est possible parce qu’elle s’enracine dans le fait que nous sommes les premiers aimés et éveillés à l’amour. Dieu, le 1er, nous a tendu sa main, par amour. Cette conviction peut motiver nos choix, affermir nos initiatives pour que nos talents soient mis au service de l’autre, notamment de celui qui est démuni en lui tendant la main. Par amour. Dans l’amour.
La main est le prolongement de ce qu’il y a dans le cœur ; qu’y a-t-il dans le nôtre, quelle est cette lumière qui l’habite, quelle est cette grâce qui l’anime ?
Aujourd’hui, il y a encore malheureusement trop de mains qui se tendent pour blesser, pour diviser, pour écraser, pour salir et même pour tuer ; des mains qui se tendent pour chercher à amasser pour soi ; des mains prisonnières des poches où elles sont enfermées comme paralysées à l’image de celles du 3ème serviteur qui enterre le seul talent qui lui a été remis ! il n’y a pas que la peur pour nous empêcher de faire fructifier nos talents, il y a l’indifférence, l’égoïsme. L’autre n’existe pas et sa présence ne nous mobilise plus. Attention aussi à la passivité et à l’endormissement qui peuvent nous gagner et dans lesquels le Seigneur peut nous surprendre.
Ces mains inertes qui ne s’ouvrent plus, qui ne se tendent plus en direction de l’autre, trahissent un rejet de la personne ; elles trahissent un regard devenu malade car indifférent au présent et au devenir de l’autre, de cet autre qui peut devenir mon frère.
Ces mains fermées sur elles-mêmes, qui demeurent dans les ténèbres, demandent à être guéries pour qu’elles retrouvent la direction du frère avec qui construire une histoire. Sachant que ces mains-là, peuvent être aussi les nôtres parfois et plus souvent qu’on ne le pense !
Par notre manière d’être, de vivre, rendons concret cet appel : ‘tend ta main au pauvre’, pour réveiller et rendre chacun vigilant, attentif à celui qui se tient là, à ses côtés. Voilà un lieu où nous pouvons investir nos talents pour que la compassion gagne du terrain, pour que les liens deviennent humains et nous rapprochent, pour que la parole soit libérée et ouvre au débat, au dialogue ! tendre la main peut devenir un lieu de reconnaissance de ces blessures et chemin de guérison.
Tous nous avons reçu, gratuitement, un ou plusieurs talents ; nous les avons reçus dans nos mains pour qu’elles s’ouvrent, se tendent vers l’autre. Tous, nous avons la confiance totale de celui qui nous les donne pour les faire fructifier ! ce don de l’Amour, est un don qui nous laisse toute initiative pour être créatifs ou non, d’oser nous risquer ou de nous laisser guider par la peur.
Nous serons félicités, non pas pour le résultat, le nombre de fruits obtenus mais sur notre capacité à oser, à inventer pour le bien de l’autre, à choisir et à décider de tendre la main au pauvre pour que lui-même puisse développer ses talents ; Heureux es-tu car tu as pris des risques en t’engageant au service des autres. Heureux es-tu car tu as tendu la main au pauvre et que tu as créé une relation humaine avec lui, avec un cœur qui l’écoute et l’accueille. Heureux es-tu d’avoir posé avec d’autres, des gestes simples et quotidiens, gestes qui donnent un sens à la vie, qui l’embellissent, l’enrichissent d’humanité.
Heureux es-tu parce que le choix que tu fais de consacrer une attention respectueuse aux autres, aux besoins nombreux du pauvre, tu le fais gratuitement au nom de l’humanité qui vous est commune. Il n’y a pas de calcul dans la démarche faite par amour. Heureux es-tu car tu as osé t’approcher faisant mûrir les fruits que sont ‘le bien de l’autre, sa joie, sa dignité’.
Et si les mains qui ne se tendent pas au pauvre sont nombreuses, celles qui se tendent à lui sont beaucoup plus nombreuses encore et les événements vécus depuis mars dernier nous en donnent bien des exemples qui nous montrent que nous nous sentons de plus en plus responsables les uns des autres, que nous avons besoin les uns des autres pour grandir en humanité.
Demandons à l’Esprit de nous aider à voir les dons que nous avons reçus et à nous en réjouir car ils sont une grâce pour l’autre ! que l’Esprit nous éclaire sur la façon la meilleure de les faire fructifier en tendant la main à nos frères et sœurs. Qu’il nous montre les peurs qui peuvent tuer nos initiatives, nos élans, nos engagements et nous aide à les surmonter !
‘Tend la main au pauvre’ et tu ne seras pas surpris par la venue du Seigneur car c’est à lui que tu la tends cette main. Approche-toi de lui comme il s’approche de toi dans l’Eucharistie qui se vit réellement dans toute rencontre du pauvre, pour te rendre inventif et sans peur envers lui. Amen !