Je voudrais ce soir centrer mon homélie sur la crèche qui résume à elle seule le message central de la nuit de Noël. Notre crèche est particulièrement belle cette année, n’est-ce pas ? Je me propose donc de faire une exégèse (mon exégèse) qui est certainement différente de celle de l’artiste qui trois nuits durant a construit pièce après pièce, la scène tout imprégnée d’évangile que nous avons devant nos yeux.

Chercher Dieu, l’attendre, le guetter, le désirer… voilà aussi le message de la crèche. Homélie de la nuit de Noël 2025 à la chapelle saint Vincent de Paul, à Paris

Chères sœurs, chers frères :

Je voudrais ce soir centrer mon homélie sur la crèche qui résume à elle seule le message central de la nuit de Noël. Notre crèche est particulièrement belle cette année, n’est-ce pas ?

Je me propose donc de faire une exégèse (mon exégèse) qui est certainement différente de celle de l’artiste qui trois nuits durant a construit pièce après pièce, la scène tout imprégnée d’évangile que nous avons devant nos yeux. 

La première chose sur laquelle je voudrais insister est le fait que pour apprécier notre crèche il faut entrer en elle, passer par elle… la traverser ou mieux encore faire un voyage de l’intérieur. Cela, en empruntant le chemin qui conduit de Jérusalem au portal de Bethléem. Ce chemin est géographique mais aussi et surtout hautement spirituel et symbolique. Ce chemin-là, est le chemin que l’Enfant-Dieu a choisi d’emprunter pour venir à notre rencontre. Arrêtons-nous et apprécions cela. Tout un Dieu, le Dieu créateur et sauver se fait tout petit, rentre dans notre histoire et l’assume dans sa totalité jusqu’à dans l’épaisseur de la chair, de notre chair :  « Et le Verbe s’est fait homme et a habité parmi nous ». Quel mystère ! Ce mystère-là nous l’appelons l’INCARNATION. A ce propos, le pape Benoit XVI aimait dire qu’en Jésus-Christ, Dieu s’est abrégé, Dieu s’est fait tout petit pourque l’humanité n’aie pas peur de lui.

Pour que nous puissions comprendre qui est Dieu, en Jésus-Christ il adopte et il nous adopte : il adopte la manière de naître des hommes, la manière de vivre des humains et ainsi il nous fait passer du côté des enfants de Dieu… Il nous adopte, c’est à dire que nous devenons des enfants de Dieu grâce à l’incarnation de son Fils bien-aimé. Dieu nous adopte en son Fils.

Visiter une crèche, l’admirer, « la contempler et la prier » (pourrions-nous dire), est une invitation à entrer dans le mystère Dieu pour le comprendre de la manière la plus simple et la plus pédagogique qui soit.  Oui, on ne comprend pas Dieu que de l’intérieur… autrement dit, c’est en se plaçant sous le mystère de Dieu, à l’intérieur du mystère qu’est Dieu, que nous pouvons mieux le connaître et nous laisser aimer. Le résultat d’une telle expérience est la joie ! A ce propos, l’évangile selon saint Luc remarque la joie des bergers. D’abord, il sont dans la crainte. Alors, l’ange leur dit :

« Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ».

En cette nuit de Noël, contemplons de l’intérieur (non pas de l’extérieur) ce chemin qui a conduit Maire, Joseph et leur petit enfant de Jérusalem à Bethléem. Ou pour le dire d’une autre manière, admirons le chemin qui a conduit l’Enfant-Dieu du ciel jusqu’à la terre !  Pour nous rencontrer, pour se laisser rencontrer, Dieu a traversé nos routes humaines voulant les éclairer de sa parole et de sa présence. Tout cela est raconté par les évangiles d’une manière lumineuse. saint Luc insiste, par exemple, sur le fait que Jésus est née dans un moment précis de l’histoire : au moment l’empereur Auguste recensait pour la première fois, toute la terre… cela aussi à l’époque où Quirinius gouvernait la Syrie…  Jésus n’est donc pas un mythe ni une légende. Il est réel ! Il s’est incarné réellement.  Ce premier recensement de toute la terre est une indication d’ordre historique mais aussi théologique : l’universel et le particulier se rencontrent comme se rencontrent le ciel et la terre… ainsi il est rendu possible à l’humanité de rencontrer Dieu dans sa propre chair et dans propre l’histoire.

Il y a aussi un autre aspect sur lequel nous pouvons nous arrêter en contemplant la crèche, (notre crèche) : il s’agit est de la présence de nombreux hommes et femmes sur la route de Jérusalem à Bethléem. On peut en effet apprécier des berges ici et là, des musiciens, des travailleurs, des vendeurs, quelque part une femme qui cherche de l’eau… et… la nature endormie … et Jérusalem qui attend les lampes allumées. Nous pouvons supposer que ces hommes et ces femmes sont bien occupés mais ils attendent, ils guettent, ils espèrent la venue d’un Messie, d’un sauveur. Auguste, le grand empereur dans l’apogée de son règne, n’est pas désigné comme étant le messie attendu. Le salut ne vient pas des hommes ni de la terre ! Or, sans le savoir, en ordonnant le premier recensement de toute la terre, Auguste contribue à la réalisation de la prophétie selon laquelle le Messie devait naître de la lignée de Juda, à Bethléem, la patrie du roi David, selon la prophétie de Michée (Miche 5,1). Ces gens qui guettent tout en travaillant sur la route de Jérusalem à Bethléem, le savaient.

Chercher Dieu, l’attendre, le guetter, le désirer… voilà aussi le message de la crèche. Nous avons besoin de la présence de Dieu et de son amour dans notre monde et dans notre histoire. Mais qui cherche Dieu ? Qui cherche Dieu hier comme aujourd’hui ? Très souvent ce sont les personnes les plus simples, les personnes qui ont disposé une place pour Dieu dans leurs vies.  Dans l’évangile de Luc, ce sont les bergers qui se déplacent les premiers, puis ils deviennent des témoins, des annonciateurs d’une joie simple et indicible. Ils ont contemplé et rencontrée l’Enfant-Dieu qui ne leur a pas fait peur. Au contraire, désormais ils ne pouvaient plus taire leur joie et « ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant ». Des hommes et des femmes de bonne volonté ont alors chanté avec les anges :  « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

Une fois de plus, nous constatons que souvent il n’y pas de place pour le Messie de Dieu chez les habitants de la ville… ni pour Dieu ni pour son envoyé…  dans la  ville des hommes guettent la puissance, l’extraordinaire. Or, le petit Enfant-Dieu sans pouvoir se révèle à ceux qui rentrent dans son mystère qui se laissent rencontrer et qui le reconnaissent comme étant la lumière et la vie, la joie et le salut tant désirés.

Si Jésus revenait aujourd’hui sur terre comme le premier soir de Noël, où pourrait-il naître ? Où devrait-il naître ?  Dans les pays le moins croyants ? Chez les plus croyants des pays ? Sans doute, peut-être, il devrait naître dans nos cœurs. Le cœur est l’endroit le plus pauvre et à la fois le plus riche apte à accueillir un tel mystère d’amour. Nos cœurs mais aussi nos maisons devraient être la crèche la plus apte où nous pouvons accueillir celui qui est venu dans notre histoire, marcher sur nos chemins pour nous conduire vers Dieu le Père, plénitude d’amour et de joie.

Joyeuse fête de Noël à toutes et à tous !

 

Roberto Gomez cm

Chapelle saint Vincent de Paul

Le 24 décembre 2025

 

« … La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ».

Lettre de saint Paul à Tite 2,11

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