Prier et garder la foi : ce sont deux questions sont liés. Il semble qu’il a un lien entre la prière et la présence des disciples de Jésus dans le monde. Il est important de persévérer dans la foi, mais comment demeurer dans la foi sans la prière ?
Roberto Gomez
HOMELIE du 29° DIMANCHE. TEMPS ORDINAIRE (Cycle C)
Chères sœurs et chers frères, La parole de Dieu en ce dimanche pose devant nos yeux deux figures : la veuve qui prie sans cesse et Moïse. Et la même parole de Dieu nos pose deux questions :
Pourquoi est-il nécessaire de prier sans cesse ?
Et lorsque le Fils de l’Homme viendra, trouvera-il la foi sur la terre ?
Prier et garder la foi : ce sont deux questions sont liés. Il semble qu’il a un lien entre la prière et la présence des disciples de Jésus dans le monde. Il est important de persévérer dans la foi, mais comment demeurer dans la foi sans la prière ?
Peut-être avez-vous le sentiment que Dieu n’écoute pas nos demandes, qu’il ferme ses oreilles à nos supplications. 600 ans avant Jésus-Christ, le prophète Habacuc se plaignait déjà du silence de Dieu : « Jusques à quand, Seigneur, appellerai-je au secours sans que tu écoutes, crierai-je vers toi à la violence sans que tu sauves ? » (Hb 1,2). A cette impression de non-écoute de Dieu, Jésus oppose la parabole de la pauvre veuve de l’évangile : Observez avec quelle ténacité cette pauvre veuve insiste et obtient à la fin l’attention d’un juge inique ! Comment pourriez-vous penser que votre Père céleste, bon et fidèle, et puissant, qui ne désire que le bien de ses enfants, ne vous rende pas justice le moment venu ?
Notre Dieu attend de nous la persévérance à l’exemple de la veuve de l’évangile. Elle insiste, elle persiste, ne se décourage pas, appelle et rappelle… elle assomme le juge inique, dit littéralement l’évangile. Voilà la première figure proposée par l’évangile. Une pauvre personne qui ne se décourage pas et obtient justice par son entêtement et sa ténacité.
L’autre figure proposée par la Parole de Dieu dans le livre de l’Exode, c’est Moïse qui prie pendant que Josué livre bataille contre les Amalécites. Et lorsque Moïse ne peut plus tenir les bras levés, apparaissent Aaron et Hour pour le soutenir dans son attitude de suppliant : « Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort ». Dieu a besoin des mains levées de son serviteur ! Les bras levés de Moïse font penser à ceux de Jésus sur la croix : les bras ouverts et cloués avec lesquels le Rédempteur a vaincu la bataille décisive contre l’ennemi. Sa lutte, ses mains levées vers le Père et ouvertes sur le monde demandent d’autres bras, d’autres cœurs qui continuent à s’offrir avec son même amour, jusqu’à la fin du monde.
La pauvre veuve de l’évangile et Moïse le suppliant, répondent l’une et l’autre à la question de la nécessité de prier sans cesse et à celle posée par Jésus : est-ce que à son retour, trouvera-t-il la foi sur la terre ?
Je ne sais pas vous, mais j’ai rencontré plusieurs veuves et plusieurs moïses dans ma vie de prêtre y compris dans ce cartier, dans cette chapelle. Je pense en particulier à un de nos voisins, Mr Taupin (pour ne pas le nommer). A la fin de sa vie d’homme, veuf et croyant, il me répétait sans cesse les paroles de son père, chaque fois que je lui portais la communion : « L’autre est plus important que soi-même ». Je pense également à tant de personnes qui prient sans cesse dans leur solitude (mes pauvres parents pour ne pas les nommer encore ainsi que vos parents ou grand-parents), qui dans leur grand âge ne lâchent pas la foi, ni la prière, ni la charité, ni l’espérance chrétiennes … Ces personnes-là font tenir le monde. J’en suis persuadé… On pourrait penser à une force, qui en silence et sans bruit, change le monde et le transforme petit à petit en Royaume de Dieu… Voilà le miracle de la foi et de la prière.
Chers amis,
Ce monde si beau et si menacée en même temps a besoin de priants et persévérants dans la foi. Les deux choses vont ensemble ! La prière n’est pas une fuite de la réalité, elle n’est pas non plus l’évasion dans un rêve, la prière n’est pas une manière de prétendre forcer la main de Dieu … Par contre, la prière est un service rendu à toute l’humanité ; elle est une forme d’espérance, peut-être même la plus haute expression de la foi dans la puissance et la patience de Dieu qui ne ferme pas ses oreilles aux cris de nos cœurs et de nos âmes. Ne nous décourageons pas face à l’apparent silence de Dieu. Ce silence est un temps donné à notre propre conversion. Sans nous il ne peut rien faire !
Je vous pose une question qu’en même temps je me la pose : l’un des causes du mal-être et du mal vivre dans le monde et dans nos sociétés, ne serait-ce pas précisément le manque de foi ? Si nous allons mal, si nous ne pensons qu’à nous-mêmes et à notre petit bonheur égoïste, si les idéologies qui se déguisent de mille de manières triomphent des valeurs authentiques de l’évangile… si notre monde ne tourne pas si bien que nous pouvons le souhaiter… Si toute cela va ainsi… ne serait-ce que nous avons déserté la foi et renoncé à la force transformatrice de l’évangile ?
La parole de Dieu nous appelle à la persévérance dans la prière et dans la foi. Elle nous redit quelle est notre place de disciples de Jésus dans le monde et dans l’histoire. Gardons l’exhortation adressée par Paul à son fils Timothée : demeure ferme dans ce que tu as appris… Annonce la Parole, insiste en chaque occasion, à temps et à contretemps, admoneste, aavertis, encourage exhorte… avec une patience inlassable et le souci d’instruire (cf. 2 Tm 3, 14.16; 4, 2).
A la fin de cette semaine de prière pour l’évangélisation, n’oublions pas de nous laisser évangéliser nous-mêmes par le Christ Jésus et par la force de l’Évangile !


Homélie de Mgr Michel PANSARD, Évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes, en la solennité de saint Vincent de Paul, le 27 septembre 2025 à la chapelle saint Vincent de Paul à Paris
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