Puisse la Congrégation continuer sa marche afin de se revitaliser et de continuer à porter le feu de la charité que saint Vincent a reçu et partagé.

Revitaliser l’esprit missionnaire – Jubilé des 400 ans

Ayant été appelé à assurer la traduction (de l’espagnol au français), j’ai eu l’opportunité de participer aux fêtes du Jubilé des 400 ans de la fondation de la Congrégation de la Mission à Paris durant le Triduum (du 27 avril au 1er mai) puis lors de la rencontre des visiteurs de la Congrégation (du 2 au 11 mai 2025).

Triduum

Deux interventions ont marqué le triduum :

  • La conférence du P. Andrès MOTTO cm, directeur du CIF sur saint Vincent et l’épiscopat. Il a su nous présenter un saint Vincent de Paul pédagogue, doué d’un grand sens du discernement et d’une profonde confiance dans les choses simples de la vie par laquelle Dieu nous parle. À certains évêques qui refusaient leur nomination, il les invitait à s’abandonner à la Providence comme Jésus l’a fait. Et à ceux qui désiraient cette charge, il leur rappelait le bienfait de rester sur le chemin sur lequel Dieu les avait placés, continuant à donner le meilleur d’eux-mêmes afin que le Royaume de Dieu grandisse.
  • La conférence de Mgr Joseph DORÉ, archevêque émérite de Strasbourg, qui a évoqué l’Eglise de demain. Il nous a rappelé que, même à l’époque des réseaux sociaux et des moyens de communication de masse, l’Eglise est la proposition du Royaume faite par Jésus et qu’elle devra continuer sa marche en retrouvant sa force. Elle le fera dans une synodalité où chacun, à sa juste place et dans cette grande famille, donnera le ton pour que continue de s’exprimer le projet d’amour de Dieu pour les humains, tel que Jésus l’a inauguré.

Nous avons passé la journée du 29 avril sur les terres picardes, jadis des Gondi, à Gannes puis à Folleville pour la messe anniversaire. Pour nombre de confrères qui ne connaissaient pas les lieux, ce fut un temps de recueillement, avec les célébrations de l’eucharistie et du sacrement de la réconciliation, et de partage fraternel autour d’un repas sous un soleil rayonnant.

Session des Visiteurs

Puis du 2 au 11 mai, commençait la session des Visiteurs, qui a lieu tous les six ans en alternance avec l’Assemblée Générale. Elle avait pour objectif d’évaluer la mise en œuvre des lignes d’action prises lors de la dernière assemblée générale, ainsi que des 11 points proposés par le supérieur général afin de revitaliser la « petite compagnie » instituée par Monsieur Vincent Depaul il y a 400 ans.

Les échanges ont porté sur la vie spirituelle, la formation et le renouvellement de nos missions. Plusieurs contributions de confrères ont ponctué le travail par régions linguistiques ou par continents.

  • Au sujet de la vie spirituelle

La réflexion et les échanges se sont déroulés en trois temps : 1) la communication du P. Vinicius Augusto RIBEIRO cm, sur la Dimension contemplative du charisme missionnaire vincentien, 2) celle du P. Corpus DELAGADO intitulée Style de vie, Guide Pratique de la communauté locale et 3) celle du P.  Manuel GINETE présentant la Ratio Formationis mise à jour.

  • Vinicius Augusto RIBEIRO nous a invité à revenir au cœur de la mission vincentienne qui est offre de l’amour du Père, caractérisée par notre confiance en la Providence à la manière de saint Vincent. Une confiance non seulement exprimée par des pratiques pieuses mais par un retour à l’esprit missionnaire de notre fondateur : donner à goûter la Bonne Nouvelle aux plus pauvres qui nous sont confiés, après avoir pris le temps de renaître à la contemplation, comme Jésus, prenant soin de ne pas seulement veiller à remplir les requis de la vie consacrée, mais savoir goûter au cœur à cœur avec Dieu, à la suite de Jésus.
  • Pour bien vivre dans cette dynamique, Corpus DELAGADO nous a présenté un document Guide de la communauté vincentienne, fruit d’un long travail de réflexion. Il s’agit d’un ensemble de textes choisis qui aideront les communautés à rédiger leur projet communautaire de telle sorte que chaque membre ait sa juste place dans la construction de la communauté locale et qu’elles puissent mieux répondre à l’appel à suivre le Christ évangélisateur des pauvres.
  • Enfin, Manuel GINETE a présenté la nouvelle version de la Ratio Formationis : elle constitue le texte de référence pour la Congrégation et toutes les provinces. Elles pourront à partir de ce document réviser leurs projets de formation respectifs qui intègrent les nouvelles sciences humaines permettant une approche plus complète des diverses dimensions de la vie de consacré : formation humaine, spirituelle, théologique, psychologique et spirituelle. L’échange a fait apparaître un point important : une place spéciale à la philosophie. Cette discipline est en effet nécessaire pour permettre aux futurs missionnaires, qui vont être exposés dans des sociétés multiculturelles et multi religieuses, d’acquérir des outils de réflexion et ensuite de déployer leurs énergies et leur intelligence au service de la mission.

La Commission Internationale des Vocations est intervenue et a insisté sur le fait que chaque province puisse être novatrice dans sa façon d’animer la pastorale des vocations. Elle nous a présenté son travail de soutien aux provinces et a annoncé ses prochaines sessions. La dernière session qui avait eu pour thème «  les frères dans la CM » nous a justement invité à repenser notre posture ainsi que notre façon de nous dénommer : en quittant l’unique dénomination « prêtres de la mission » pour devenir « missionnaires vincentiens », ou simplement « vincentiens » ou encore « lazaristes », cela permettra d’ouvrir à nouveau la voie à la vocation de frère.

  • Au sujet de la mission
  • Nos provinces les plus jeunes ont fondé des missions :
  • en Asie : l’Inde du Sud a fondé au Népal, au Sri-Lanka et en Tanzanie, celle du Vietnam au Laos en Corée du Sud, au Japon et au Pakistan.
  • en Afrique : le Nigéria a fondé au Sierra Leone. Le Cameroun a fondé en Nouvelle Guinée.
  • en Amérique du Sud, la Colombie a fondé au Rwanda Burundi.
  • en Amérique du Nord, une mission internationale en Alaska est ouverte.
  • Un Institut de théologie a été établi aux Philippines pour la formation des nôtres. Il accueille aussi les confrères de provinces voisines de l’Indonésie et du Vietnam.
  • Pour les missions paroissiales, l’équipe provinciale des Missions itinérantes aux Philippines a constitué une équipe de prêtres, de religieuses et de laïcs qui proposent et animent des missions. Cette équipe a reçu des confrères des provinces voisines ainsi que du continent africain pour les initier à la façon dont ils peuvent conduire leurs missions paroissiales.
  • Aux Philippines et au Vietnam, de nombreuses plateformes de communication ont été ouvertes pour activer notre présence sur les réseaux sociaux : sites, chaînes de télédiffusion internet. Chaque fois, tous ont insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’être attrayant ou seulement intéressant, mais attirant : il s’agit de donner envie de partager l’esprit de saint Vincent de Paul. Car comme lui-même disait : « Que me sert d’aimer Dieu si mon prochain ne l’aime ».

La session des visiteurs s’est terminée avec une conférence du P. Emeric AMYOT D’INVILLE cm, directeur de l’œuvre « Tanjomoha » à Madagascar. Il a plaidé pour que la Congrégation retrouve son dynamisme devant la déchristianisation des pays occidentaux, la force du prosélytisme évangélique, le retour du paganisme et l’augmentation de la pauvreté. Face à cela, la Congrégation doit écouter les appels à la mission populaire des évêques, les appels à participer à la formation des prêtres. P. Emeric suggère plusieurs points : que nous renouvelions notre approche des missions, que nous osions nous engager dans des régions du monde pauvres ou sans présence de chrétiens, que nous soyons attentifs à créer des espaces de service des pauvres, que nous continuions à former des laïcs pour se donner à la mission. Pour vivre ces appels, il s’agit surtout que nous conservions le primat d’une vie spirituelle ancrée en Christ (en déployant les cinq vertus et en approfondissant les vœux). Il propose même que soit réalisée et éditée un manuel de la prière vincentienne à la manière de saint Vincent, pour nous soutenir et orienter les laïcs travaillant à nos côtés. Il nous invite à retrouver les deux finalités premières : les missions populaires et la formation et l’accompagnement du clergé. Il nous rappelle qu’il nous faut retrouver la flamme des débuts, en entrant dans le même zèle qui animait M. Vincent : nous abandonner à la Providence pour continuer la mission du Christ évangélisateur des pauvres. 

Nous avons eu la présentation de la première phase de rénovation de la Maison-Mère. La cour arrière côté jardin, le grand réfectoire et la chapelle seront les prochaines phases pour faire en sorte que la Maison-Mère continue d’accueillir comme il se doit.
Une présentation du Service de développement international – VSO  – nous a été faite : ce service encourage plus d’une centaine de micro-projets ou projets dans le cadre du changement systémique tant au plan social que dans le cadre de l’écologie intégrale.

 Assemblée de 2028

Tous les participants se sont ensuite penchés sur un possible thème de la prochaine assemblée générale. Il semble se dégager un intérêt commun pour repenser la mission en terme contemporain, n’employant plus les termes « ad gentes », issus d’une période où l’on parlait de pays évangélisés et des autres. Sortant ainsi de la vision d’un monde partagé entre pays développés et pays en voie de développement, nous entrons dans la dynamique d’un monde multiculturel globalisé. Il va nous falloir inventer comment toujours mieux partager les ressources économiques et en personnel, trouvant la façon d’être plus réactifs pour déployer notre charisme propre : l’annonce de la Bonne Nouvelle aux plus pauvres, notre ADN, apprenant à faire que les missions identifiées comme porteuses du charisme puissent continuer à nourrir nos contemporains, en offrant à l’Eglise, les missionnaires nécessaires afin de continuer à faire grandir le Royaume.

Célébrations

Cette rencontre a été rythmée par des célébrations dans des lieux chargés de mémoire : la messe à Folleville, présidée par le P. Gregory GAY cm, ancien supérieur général ; la messe à la chapelle de la Maison-Mère, le jour de clôture du triduum, présidée par le P. Frédéric PELLEFIGUE cm, Visiteur de France ;  à l’église Saint-Eustache présidée par Mgr Emmanuel TOIS, évêque auxiliaire de Paris ; à la Chapelle ND de la Médaille Miraculeuse, le 9 mai, jour de de la fête de sainte Louise de Marillac, présidée par le P Tomaz MAVRIC.

Un vrai moment d’intériorité et de beauté nous a aussi été offert par un spectacle dansant, mené par le ballet Klalahdraya, troupe de jeunes danseuses et danseurs provenant des quartiers pauvres de Calcutta. Ce spectacle a été créé et dirigé pour l’occasion des 400 ans par le P. Saju Georg, jésuite indien. Ils nous ont présenté l’esprit de saint Vincent aux rythmes et aux pas gracieux de l’Inde.

Puisse la Congrégation continuer sa marche afin de se revitaliser et de continuer à porter le feu de la charité que saint Vincent a reçu et partagé.

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