Le bureau de la Famille vincentienne a convoqué, pour une deuxième rencontre, les délégués des 170 branches (congrégations et associations) des quelque deux millions de vincentiens de par le monde, qui continuent de faire brûler le charisme de saint Vincent et de sainte Louise. Trois jours, du jeudi 14 au samedi 16 novembre, au cours desquels plus de 300 délégués se sont rassemblés chaque matin au Théâtre Ghione
Bernard Massarini
« Maintenir le feu de la charité allumé ». Famille Vincentienne – Rome 2024.
Le bureau de la Famille vincentienne a convoqué, pour une deuxième rencontre, les délégués des 170 branches (congrégations et associations) des quelque deux millions de vincentiens de par le monde, qui continuent de faire brûler le charisme de saint Vincent et de sainte Louise. Trois jours, du jeudi 14 au samedi 16 novembre, au cours desquels plus de 300 délégués se sont rassemblés chaque matin au Théâtre Ghione, tout proche de la basilique Saint-Pierre et chaque après-midi à la Casa Tra Noi, sur le lieu d’hébergement.
* La session s’est ouverte le jeudi 14 novembre à 15 h avec l’intervention du le P. Dennis Holtschneider cm qui nous a rappelé les quatre grandes intuitions que nous allions laisser résonner en nous durant ces journées :
- La spiritualité,
- La collaboration,
- L’innovation,
- L’appel d’une nouvelle génération.
Nous avons d’abord remis des diplômes commémoratifs à plusieurs institutions (congrégations associations, coordinations) qui fêtaient leurs anniversaires :
- 400 ans : Congrégation de la Mission
- 175 ans : Sœurs de la Charité de Kortemark (Belgique), Sœurs de la Charité du Bon et Perpétuel Secours (Italie), Sœurs Missionnaires de l’Immaculée Conception (Italie), Sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul (Halifax, Canada)
- 125 ans : Sœurs de Sainte Marthe d’Antigonish (Canada)
- 100 ans : Religieuses de Notre-Dame du Sacré-Cœur (Canada)
- 75 ans : Institut des Filles de Notre-Dame des Grâces (Brésil)
- 50 ans : Sœurs de la Charité de Saint Vincent de Paul (Inde)
- 25 ans : École de Théologie Vincent de Paul (Salvador)
Puis le Père Tomaž Mavrič cm, supérieur général de la Congrégation de la Mission, nous a invité à nous mettre dans les pas de saint Vincent de Paul, nous abandonnant à la Providence, afin qu’étant sous la mouvance de l’Esprit, nous soyons guidés dans le service des pauvres auxquels nous sommes appelés.
Nous avons ensuite échangé avec nos voisins de séance en commençant par nous présenter puis en exprimant les lumières reçues dans ce qu’avait exprimé le Père Tomaž Mavrič cm. Ensuite nous avons partagé chacun la conviction que nous retenions pour guider nos actions. La soirée s’est achevée par une agape fraternelle.
* Vendredi matin, dans son homélie, le P. Joseph V. Agostino nous a interpellé rappelant que Jésus agit à travers nous, que notre mission est d’aller là où le Seigneur nous appelle, que la grâce de Dieu se manifeste de manière inattendue. Il a conclu en disant que le charisme vincentien a prospéré depuis plus de 400 ans, qu’il nous revenait maintenant de parler avec le cœur et de faire pleinement confiance en l’amour de Jésus.
Le temps de travail a commencé par la présentation d’une vidéo – elle sera prochainement partagée sur les chaînes officielles de FAMVIN – montrant quelques engagements dans diverses initiatives de solidarité menées par plusieurs branches de la Famille Vincentienne dans le monde : des programmes d’aide aux sans-abris et des projets de développement communautaire. La Famille Vincentienne est devenue un phare d’espoir dans de nombreuses communautés défavorisées à travers le globe.
Dans un second temps, nous avons écouté Mgr Anthony Onyemuche Ekpo, jeune évêque nigérian qui a grandi et exercé ses premiers ministères en Australie et qui aujourd’hui est membre du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral. Il remplaçait le cardinal préfet parti exprimer la solidarité du pape aux personnes victimes des inondations à Valence (Espagne).
Il nous a présenté l’histoire de la création du dicastère et nous a exprimé sa joie de venir en aide aux Églises qui ont repéré des situations bafouant la justice sociale et les droits humains fondamentaux et qui mettent en œuvre des réponses concrètes.
Nous avons alors pris un court temps d’échange sur ce que sa présentation nous a offert comme source d’espérance dans nos divers services.L’après-midi a été consacré à des ateliers. J’ai assuré la traduction des échanges au cours de l’atelier sur l’éducation. Il a eu comme coordinatrice une professeure de langue, membre de l’équipe de direction de l’Université Saint-John de New-York. Elle a donné la parole à deux éducateurs : une professeure de langue de l’Université Saint-John qui a parlé de la pédagogie vincentienne et un confrère philippin, ancien président de l’Université Adamson, qui nous a présenté la tradition éducative vincentienne en Asie (Philippine, Indonésie, Japon, Vietnam et Chine). Cette tradition asiatique concerne plus de 100 confrères exerçant soit dans l’enseignement supérieur soit dans les nombreux établissement primaires et secondaires. Il a terminé en présentant quelques défis, entre autres, le manque de personnel vincentien qualifié et la pauvreté des ressources économiques. Il a insisté sur la nécessité que toutes les structures aident leurs publics à pourvoir avoir accès à l’internet, accès si décisif pour être significatifs dans le champ de l’éducation contemporaine.
Le travail en équipe s’est terminé en proposant quelques pistes d’action au bureau international : nommer un chargé de l’éducation vincentienne, établir le profil d’un éducateur vincentien, créer un think thank d’éducation vincentienne et organiser un cours web qui proposera une formation à la pédagogie vincentienne.
* Samedi matin, nous avons eu l’occasion de contempler une dizaine d’actions dans l’ère néerlandophone, hispanophone (Espagne comme Amérique du Sud), anglophone (d’Amérique du Nord et d’Asie) et italophone. Cette vidéo a été suivie par une présentation de Nathalie de Monteza, panaméenne, qui en plusieurs points a dressé l’évolution de l’initiative du projet des “13 Maisons”, initiative qui a mobilisé la famille vincentienne. Le début par la Création de la FHA : L’Alliance Famvin pour les personnes sans abri (FHA) en 2017, une action collective pour revitaliser le charisme vincentien à l’occasion du 400e anniversaire de la création des Dames de la Charité. Elle a replacé le problème mondial du ‘sans-abrisme’, qui concerne aujourd’hui 1,6 milliard de personnes dans le monde, au cœur des préoccupations de l’Église.
Cela a conduit les vincentiens présents à l’ONU, pour la première fois en 2020, à faire inscrire à l’ordre du jour de l’ONU, la question des sans-abris. Ce processus s’est conclu par l’adoption de la première résolution de l’ONU mentionnant le sans-abrisme. Elle incite les États membres à évaluer et traiter ce problème. La famille vincentienne a ensuite fait inscrire les personnes sans-abris comme sous indicateur de l’objectif de Développement Durable (ODD) afin de mesurer et d’améliorer l’accès à un logement adéquat.
L’alliance a organisé des conférences internationales sur le sans-abrisme en 2018 (Rome), en 2022 (Séville) et prévoit une conférence en 2025 (Manille). Chaque rencontre a abordé les différents aspects du sans-abrisme, de la situation des réfugiés et des personnes habitant les bidonvilles.
Elle a mis en place un atelier ‘Apprentissage et collaboration’ qui a réuni environ 300 personnes de 30 pays, renforçant la collaboration entre les branches vincentiennes. Elle a ensuite partagé des connaissances pour mieux servir les plus défavorisés. Suite à la conférence de Séville, elle a créé un kit d’outils de plaidoyer, qui va bientôt être disponible en plusieurs langues, afin de guider le travail des branches vincentiennes.
La Campagne des 13 Maisons qui visait à transformer la vie d’au moins 10 000 personnes sans abri en leur fournissant des logements et en promouvant le changement systémique, afin de rompre le cycle de la pauvreté, a dépassé son objectif : elle a permis, à ce jour, d’offrir le logement à quelques 10.318 personnes dans plus de 70 pays. Cela en plus de 110 projets déployés par 30 branches de la famille vincentienne.
Durant l’année jubilaire, l’opération va s’étendre dans 90 pays supplémentaires. Elle portera son attention sur 13 pays.
Nathalie de Monteza a enfin évoqué la vie de bénéficiaires comme Sean en Irlande, Ana en Roumanie et Fatimata au Burkina Faso, soulignant comment les projets vincentiens ont transformé leurs vies, leur fournissant des logements sûrs, renouvelant l’espoir.
Elle nous a appelé à continuer à collaborer avec plus de personnes et d’organisations, tant au sein qu’en dehors de l’Église, rejoignant ainsi la mission vincentienne qui a le pouvoir de transformer la vie des personnes touchées par l’extrême pauvreté. Elle a terminé en relevant le fait que l’esprit vincentien nous pousse à continuer la mission de servir les plus démunis, dans les situations les plus difficiles car il y a de l’espoir et des opportunités pour changer des vies.
La matinée s’est terminée en partageant quelques questions et convictions autour cette réalité dans laquelle nous sommes présents et devons encore faire preuve d’inventivité en famille vincentienne.
L’après-midi : nous avons pris le temps de réaliser la photo de la délégation française comprenant les Lazaristes, les Filles de la Charité, les Sœurs de l’Union Chrétienne, les Sœurs de Jeanne Antide Thouret, les Sœurs de Strasbourg et les membres de la Société de Saint-Vincent-de-Paul.
Le travail d’ateliers suivant nous a donné l’occasion d’échanger sur les conseils nationaux, régionaux et locaux de famille vincentienne. Il avait pour objectif l’objectif de nous inviter à construire une maison vincentienne stable en identifiant ce que nous repérions comme sol, murs ou toit de la famille afin d’en faire une maison vivante, sûre au service concret des plus pauvres : une famille qui soit une vraie expression de l’amour de Dieu pour tous.
Le Congrès s’est terminé par la messe du dimanche 17 novembre, dimanche consacré à la 6ème Journée Mondiale des Pauvres, dans la messe à la basilique Saint-Pierre. La célébration s’est terminée par la bénédiction par le Saint Père des clefs des 13 projets mis en avant dans le cadre de l’année jubilaire. Le Vatican a choisi de suivre celui de la Syrie.
Dimanche soir, j’ai regagné la Via Ezio, où le Bureau International de la Famille Vincentienne se retrouvait. En compagnie de trois autres traducteurs, j’ai accompagné le travail de bureau international de notre famille après cette grande rencontre. Il s’agissait de faire le bilan des activités réalisées et aborder les diverses questions concrètes d’organisation afin que notre grande famille, qui regroupe tant de congrégations et associations dans un grand nombre de pays, continue à vivre.
Le 22 novembre, Bernard Massarini c.m.