Homélie du Premier Dimanche de l’Avent, Cycle C

Homélie du Premier Dimanche de l’Avent, Cycle C

Frères et sœurs : Les lectures de la Parole de Dieu de ce jour nous placent face à un contraste, pour ne pas dire une opposition : d’un côté nous avons une promesse de paix et de bonheur ; et de l’autre un discours dramatique annonçant le retour du Fils de l’homme.

Le prophète Jérémie annonce en effet paix et bonheur dans un contexte d’instabilité politique : « J’accomplirai la parole de bonheur… Juda sera sauvée et Jérusalem habitera en sécurité ». Cette heureuse promesse est assurée par l’annonce de la naissance d’un Messie, « un Germe de Justice », c’est-à-dire un roi-sauveur et libérateur descendant du roi David, qui venant dans le monde apportera la justice. La naissance de Jésus accompli cette promesse et alors les anges entonnent un chant de joie dans la nuit qui retentit encore dans nos liturgies : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté (Lc 2,14).

L’évangile de Luc, de son côté, sous un ton dramatique et mystérieux, rapporte un « discours eschatologique » de Jésus, juste avant de vivre sa passion : la nature et l’histoire vivront des cataclysmes, les nations seront affolées, les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde… Attention, ne lisons pas dans ces images violentes la description concrète de la fin du monde. Le Christ ne joue pas à faire peur ni à nous paralyser. Il veut plutôt indiquer que la création toute entière vivra un changement et une transformation totale grâce à l’arrivée du Fils de l’homme. Rappelez-vous que la présence de Dieu sur la montagne de Sion dans l’Ancien Testament provoqua des phénomènes cosmiques semblables : des voix puissantes, le tonnerre, la foudre, la nuée… et dans le campement tout le monde trembla (Ex 19,16). Telle est la sainteté de Dieu ! Ainsi… de manière semblable, la présence du Fils de l’homme à la fin de temps, marquera la fin d’un monde tel que nous le connaissons et inaugurera une nouvelle création. L’image de l’enfantement peut nous aider à mieux faire comprendre qu’il n’y a pas de naissance sans rupture, ni douleur, ni déchirure. St Paul le dit en d’autres termes dans la lettre aux Romains : « nous le savons en effet, la création toute entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8,22).

Qui pourra tenir debout devant le Fils de l’homme le jour de sa manifestation ? Qui pourra cheminer dans l’espérance et la sérénité vers ce moment-là ? Nous pouvons souligner trois recommandations qui se dégagent de la Parole de Dieu qui sont autant d’attitudes à éveiller pendant ce temps de l’Avent.

« Tenez-vous sur vos gardes ! » Littéralement l’on doit traduire « prenez garde à vous-mêmes » ou encore « méfiez-vous de vous-même ». Qu’est-ce que cela veut-dire ? Très souvent il nous arrive de penser qu’il n’y pas d’au-delà, de vie après la mort ni d’éternité… Et cela est tragique !!! Et l’on se met à vivre comme des païens, à penser que l’histoire est un éternel retour, que la vie n’a ni sens, ni direction. On imagine que l’on tourne comme une roue dans le vide ! L’incarnation du Christ, nombreux sont ceux qui n’y croient pas, et encore ils sont nombreux ceux qui ignorent que la manifestation de Dieu dans notre nature humaine change et transforme complétement la condition humaine. Ce siècle qui commence avec de graves crises s’installe dans la grisaille et la morosité parce qu’il rejette la transcendance, et perd le sens et le goût de l’éternité. Alors oui ! Prend garde à toi-même, ne laisse pas ton cœur s’alourdir ; mais dresse-toi, relève la tête et collabore avec Dieu qui vient nous délivrer, c’est-à-dire briser les chaines qui nous retiennent et nous empêchent de regarder l’humanité et le monde avec foi, espérance et amour.

« Restez éveillés et priez en tout temps » : il s’agit de la seconde recommandation. C’est une invitation à ne pas s’endormir, ni s’appesantir ; à être alerte pour se défendre contre toute invasion qui arracherait de nous la foi et la confiance. A plusieurs reprises, Jésus dans l’évangile, parle d’un bon serviteur qui reste fidèle jusqu’au bout de la nuit en attendant l’arrivée de son maître : « heureux ces serviteurs que le maître à son arrivée trouvera en train de veiller » (Lc 12,37). Prier pour puiser des forces, pour creuser en nous le désir de Dieu. Pour que le désir de Dieu ne disparaisse de la face de la terre.

L’attente du temps de l’Avent et les lumières de Noël, émerveillent les yeux des enfants, font renaître le sourire des jeunes et conforte l’attente des vieillards. Le désir de Dieu s’enracine ; le besoin de sa présence se fait ressentir de plus en plus. Pour le croyant, plus on avance en âge plus on désire Dieu ; le grand âge est un Avent prolongé.

« Donne à tes Fidèles, Dieu tout puissant, d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur ». Voilà la troisième attitude à éveiller pendant ce temps de l’Avent. Il s’agit de la prière d’ouverture de notre célébration proclamée au début de cette eucharistie. Cette prière belle et toute simple donne la tonalité à ces semaines qui nous conduiront aux fêtes de Noël. Le désir d’aller à la rencontre du Christ sur les chemins de la justice vient du Christ lui-même qui nous attire tel un aimant puissant et nous conduit vers l’éternité. Le Psaume 24 que nous avons proclamé va dans le même sens : « Seigneur enseigne-moi tes chemins, fais-moi connaître ta route, dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve ». Le Christ est à la fois celui qui nous attire vers lui et il est encore le chemin.

Alors Seigneur notre Dieu : « donne à tes fidèles cette volonté, c’est-à-dire cette détermination, cette inclinaison, cette bonne pente, ce ferme propos… car dans la vie spirituelle il s’agit de vouloir avec Dieu »1.

P. Roberto GOMEZ, CM 🔸

L’attente du temps de l’Avent et les lumières de Noël, émerveillent les yeux des enfants, font renaître le sourire des jeunes et conforte l’attente des vieillards. Le désir de Dieu s’enracine ; le besoin de sa présence se fait ressentir de plus en plus. Pour le croyant, plus on avance en âge plus on désire Dieu ; le grand âge est un Avent prolongé.

Note :

1. Patrick HALA, La spiritualité de l’Avent à travers les collectes, Angers, Edition de Solesmes, 2004, p.18.