Être l’Église et célébrer l’Espérance. 3e et dernière partie

Être l’Église et célébrer l’Espérance.

3e et dernière partie

Réflexion donnée aux prêtres et diacres (et leurs épouses) lors de la récollection diocésaine de Carême. Diocèse d’Amiens. Maison des Petites Soeurs des Pauvres, 15 février 2018

… et célébrer l’espérance

 

Faire naître l’Église, c’est avoir toujours l’entêtement de faire naitre des communautés d’Église avec l’espoir qu’on ne peut rien contre cet élan. Car l’Espérance est spécifique de la tradition chrétienne.

La théologie c’est l’amour qui nait de l’honnêteté et de la fidélité. Face au monde souffrant, c’est affronter la vérité de la réalité. Les yeux ouverts et le cœur prêt à répondre comme le Christ à la souffrance, avec des entrailles de miséricorde. Une théologie centrée sur la miséricorde comme réaction à la souffrance de l’autre, à la manière du samaritain, à la manière de Jésus. Une miséricorde vigoureuse, agissante, qui correspond par la foi et l’espérance au Dieu de la vie qui promet la justice et la vérité. La théologie éclaire et permet la miséricorde mais elle doit s’exercer de telle façon qu’elle soit l’expression de la miséricorde de Dieu. On ne peut alors ignorer la notion de péché tant personnel que structurel dont la principale caractéristique est peut-être celle d’ôter de la vie à d’autres. Le Christ exige un engagement radical. Avec des conséquences concrètes, parfois même la persécution. Notre foi en la résurrection du Christ nous permet d’affirmer que nous croyons en un Dieu de la Vie qui triomphe de la mort. Les pauvres crucifiés, punis car exclus du système et défigurés paradoxalement apportent de la lumière à notre monde.  C’est impossible à expliquer, il faut en faire l’expérience. Que cela se fasse chair en nous. (Ste Bernadette : je ne suis pas chargée de vous le faire croire, mais si de vous le dire…)

 

La compassion humanise

Des personnes souffrent de se sentir indignes ou traitées sans dignité. Et avec l’indignité va la peur. Mais il y a aussi une sainteté dans ce monde globalisé. Une sainteté des personnes, de celles qui veulent survivre et s’aident mutuellement.

La majorité des êtres humains n’a pas droit à la parole. Le monde ne cherche pas à nommer les personnes. On donne des noms aux comètes, aux météorites, aux ouragans. Mais connaissons-nous le prénom des mendiants aux portes de nos églises ? Sans nom, sans existence il n’y a rien à faire. Aucune interpellation n’est possible.

Ne pas nommer est un acte anti divin, Parce que Dieu est celui qui nomme. Et en nommant, il donne la vie. Donner la vie pour aider l’autre, pour le faire exister, pour l’aimer est signe d’un amour plus grand, plus fort.

Le christianisme, d’une religion sensible à la souffrance s’est converti peu à peu en une religion du péché. Le péché est un esclavage, nous n’y échappons pas ! Prenons l’exemple de la femme adultère qu’ils vont lapider. Elle est adultère ! D’abord ils vont la lapider. Et là est sa souffrance !  Et après vient son péché. Mais au lieu de regarder sa souffrance d’abord, les présents voient son péché. Seul Jésus voit d’abord sa souffrance ! Bien sûr, il faut accueillir le pécheur, reconnaître le péché et sauver la personne. Qu’est ce qui permet de réagir face à la crise, l’oubli, l’insulte ? La miséricorde.  La miséricorde n’est pas une recette, ni un sentiment mais une intuition, une réaction face à la souffrance de l’autre.

Jésus était sensible à la souffrance. Il semble qu’il ne pouvait pas voir un aveugle, un muet, une femme courbée ses entrailles se nouaient et il lui fallait agir. Mettre les pauvres au cœur du christianisme coûte. S’ils ne sont pas au centre de nos projets, ils sont dans un coin. Et de là à les exclure, il n’y a qu’un pas. Mais les mettre au centre de quoi ? Nous recherchons le succès comme critère d’évangélisation.  Nous recherchons le pouvoir sans même nous en rendre compte souvent. Or les pauvres n’ont pas de succès dans le monde. Partager un peu la douleur des pauvres nous donne la force. On peut prendre peur, s’en aller loin.  Et si nous mettions nos forces dans Jésus de Nazareth ? Donner la vie pour aider l’autre, pour l’aimer est le signe d’un amour plus grand, plus fort !

Le dernier mot de notre réalité est la bonté. C’est croire qu’en réalité là où le mal a le pouvoir, la bonté a ce pouvoir. Elle peut gagner. Quand ? Comment ?  that is the question….

Jésus agissait et cela produisait de l’admiration.  Le pouvoir du mal peut être vaincu et cela donne de l’espoir. Nous ne sommes pas condamnés à l’échec, c’est ce que le Christ irradiait. La folie, c’est que la vérité et le salut viennent d’un crucifié.  Dans sa dernière semaine de vie, le Christ apparait troublé. Malgré tout il pose un acte d’amour : Il célèbre la Cène. Il ne désespère pas.

  • Qu’est ce qui me donne espoir ? pas de l’optimisme, mais l’espérance.
  • Qu’est ce qui m’empêche de désespérer ?

La vérité

Être vrai génère l’espérance. Dans un monde où le mensonge prédomine, une parole vraie nourrit l’âme. Emmaüs : « notre cœur n’était-il pas brulant ??? »

Souvent nous tuons la vérité. Nous ne lui permettons pas de surgir. Et cela noircit nos cœurs. La lucidité nous manque. La réalité est déformée. Dieu est caché. Et surgissent différents maux : le mensonge, l’ingratitude. Quand la vérité éclate, la lumière surgit de nouveau. Les différents pouvoirs peuvent tuer la vérité. Je pense à Monseigneur Romero, saint Romero d’Amérique comme le proclament les chrétiens d’Amérique Latine. Monseigneur Romero cherchait à faire parler la réalité de ce qui se passait au Salvador, son pays. Et comme on ne laissait pas parler les faits, il a parlé pour eux. Et pour cela il a été tué. Quand quelqu’un dit la vérité il reste toujours l’espérance. C’est bien pour cela que son peuple puis l’Amérique Latine toute entière l’a proclamé saint immédiatement après sa mort. Saint Roméro d’Amérique.

 

L’honnêteté face à la réalité

Laissons Dieu être Dieu. Ne manipulons pas la réalité pour l’ajouter à nos désirs. Laissons les choses être ce qu’elles sont ou… changeons-les !

Grande est la tentation de modifier la réalité et de la rendre conforme à ce que nous voulons qu’elle soit ou comme il nous plait de la montrer.

Par exemple que se passerait-il si l’église disait : « nous avons éduqué dans le pays ceux qui détiennent le pouvoir. Sans aucun doute, depuis notre bonne volonté, en nous trompant peut-être. Et nous désirons en demander pardon. Nous nous efforcerons pour que cela ne se reproduise pas. Nous chercherons à éduquer différemment. En plaçant les pauvres au centre, au cœur, au fondement de nos préoccupations. Et dites-nous si nous avançons, aussi petits soient les pas que nous donnons. » Sûr que cela rendrait l’espérance à bien des personnes. L’espérance ne se mesure pas au succès mais à la force de cette conviction.

La liberté

La personne libre est celle pour qui rien n’est obstacle au bonheur. La réalité tend à nous rendre esclaves. L’amour propre et l’égoïsme aussi. Nous voulons souvent faire le bien et nos limites nous en empêchent. Les institutions humaines développent des espoirs. Pas l’espérance !

Quand nous croisons des personnes capables de faire le bien, même au risque d’y laisser leur vie, cela crée l’espérance ! Beaucoup ont des perspectives et des horizons infinis. Les pauvres non, parce que pour eux vivre est une course d’obstacles. Et malgré tout, il existe des personnes pauvres pour qui aucun obstacle ou rien ne peut les empêcher de faire le bien. Nous en connaissons tous….

La joie

Nous divertir est relativement facile. Divertir pour échapper à la routine. Mais cela entraîne parfois l’ennui. Ce qui s’oppose à la joie, c’est la tristesse ! La joie, c’est de vivre la relation avec d’autres.

Le service

L’espérance nait aussi de gens serviables, heureux de rendre service. « La solidarité est la tendresse des pauvres » Pedro Casaldaliga.

Se pencher, laver les pieds. La solidarité c’est se porter les uns les autres, donner chacun le meilleur de ce qu’il est et de ce qu’il a. C’est être prêt à recevoir de l’autre le meilleur de ce qu’il peut donner. C’est ne pas se croire si petits, si médiocres pour n’avoir rien à donner. Ni se croire si arrogants pour n’avoir rien à recevoir. Être communauté, c’est fondamentalement cette double attitude : donner et recevoir, se nourrir les uns des autres.

Les talents

Le talent chrétien porte en lui une certaine folie. Nous vivons dans un monde qui nous impose une civilisation de la richesse. Mas cette civilisation ne nous permet pas de nourrir toute la planète. Et elle ne nous rend pas civilisés. Pire, elle nous en empêche !

Ellacuria proposait une civilisation de la pauvreté. Pas la misère ! Une austérité partagée. Et donc une civilisation de la pauvreté où les besoins vitaux sont satisfaits et d’où émerge l’immense spiritualité des pauvres. Cette spiritualité quand les pauvres donnent le meilleur d’eux-mêmes. Par la solidarité, l’accueil, le pardon. La spiritualité est l’esprit dans lequel se vit le matériel.

 

La prière

Quelque chose qui nous dépasse mais ne nous anéantit pas. Nous nous sentons petits mais dans la joie. Elle nous nomme pour nous bénir. La bénédiction est toujours un cadeau, on ne peut pas la marchander. Ou sinon elle devient appropriation. Vivre la vie comme une bénédiction, c’est comprendre qu’elle ne m’appartient pas.

Nous n’avons pas inventé le monde et nous ne pouvons pas détruire une si belle création. Nous n’en avons pas le droit. Nous pouvons manipuler, mais quelque chose de Dieu reste indéfini. Prier, c’est entrer en harmonie, connaître, le connaître Lui.

Il y a une réalité dans laquelle Dieu se rend présent. En tout.  Cette réalité que nous ne pouvons pas réduire se convertit en présence de Dieu. Dans le pauvre Dieu surgit. Dans le peuple crucifié Dieu surgit.

Le mystère

Ce que nous vivons est un mystère. Et aucune intelligence ne peut l’englober.

Quand nous sommes à bout, il y a toujours un point d’appui, et malgré notre arrogance nous ne pouvons soumettre, ni même rapetisser le mystère de Dieu.

« HEUREUX LES PAUVRES EN ESPRIT » Mt 5, 3

Combien de fois n’ai-je pas entendu : « il n’y a pas que les pauvres matériellement parlant, que fais-tu des pauvres en esprit ? »

Hélas, ce sont souvent les mêmes qui se justifient en prétendant être détachés des biens matériels mais qui poussent de grands cris quand on touche à leur portefeuille ou qui ne donnent qu’en s’assurant d’une réduction d’impôts en contrepartie !

On peut aussi entendre cette béatitude comme « heureux les appauvris par l’esprit ». Ce sont ceux que la miséricorde a conduit à avoir faim et soif de justice et qui se sont ainsi appauvris en se privant non seulement d’une bonne réputation mais aussi de mille possibilités de promotion sociale.

Ou encore ceux que la pauvreté n’a pas transformés en gens aigris, rancuniers ou envieux.  (prière Fratello)

 

SEIGNEUR JESUS,

Tu nous aimes et nous accueilles tels que nous sommes.

Tu es venu parmi les pauvres.

Comme beaucoup d’entre nous tu as connu l’humiliation et le rejet.

Pourtant tu as tout pardonné.

Donne-nous ton esprit d’Amour,

Qu’il nous aide à prier pour les riches,

Pour tous les responsables de l’injustice et de la haine

Qui n’ont pas de compassion, afin qu’ils se convertissent.

Que nous puissions leur sourire avec le cœur et désirer pour eux le bien.

Seigneur, conduis-nous vers le Père, pauvres et riches, comme des frères.

AMEN ET MERCI.

 

Les appauvris de ce système doivent être défendus, appuyés, aidés. Mais ils ne doivent pas être adulés. Ils sont de la même pâte humaine que nous.  Il ne suffit pas de leur donner à manger tant qu’il y aura tant d’inégalités criantes. En finir avec la faim dans le monde est urgent, mais c’est seulement le premier pas.  Les premiers soins sont nécessaires mais ils ne guérissent pas la société : tant que certains auront beaucoup plus, les pauvres mangeront sans doute mais ils voudront toujours avoir plus et ressembler aux premiers. Ou ils auront peur de perdre ce qu’ils ont obtenu et ils peuvent devenir aussi injustes que les premiers.  C’est sans doute ce risque qui retient tant de pauvres à l’heure d’intégrer les structures sociales. Si ces structures demeurent anti fraternelles, le manque de fraternité menace tout le monde.

« Tu as devant toi la vie et le bien, la mort et le mal. Tu dois choisir. » Deut 30, -19

Compassion, attention, miséricorde

Si nous voulons une société et une culture vraiment humaines et écologiquement soutenables, à la hauteur de la dignité des plus vulnérables, et de l’urgent besoin de veiller à notre maison commune, nous ne pouvons pas continuer à confier la question de l’attention au domaine privé, individuel ou familial. Ou la déléguer seulement aux femmes comme si elles étaient essentiellement plus responsables que les hommes dans la protection de la vie.

Dans la tradition judéo-chrétienne, et au cœur de notre foi, Dieu se révèle dans l’histoire créatif, généreux, compatissant, tendre et libérateur. Dieu est juste et il aime la justice. Dans la Bible, il se révèle miséricorde. Dans des actes concrets, c’est plus qu’une simple activité. C’est une qualité intérieure qui se manifeste par l’amour et la bienveillance, la gratuité et le don.  Et qui culmine dans le pardon. Source de joie contemplative. Un appel à une communauté de vie et d’amour engagés –l’alliance-.

Osée dénonce les prêtres qui privent le peuple de la connaissance de Dieu. Ce manque de loyauté et de connaissance de Dieu conduit à ce que l’homme créé par amour et pour aimer, se transforme en loup pour l’homme.

La colère de Dieu et sa miséricorde sont le signe de son indignation face à la détresse des plus pauvres. Yahvé se fâche parce que le peuple est infidèle à sa promesse d’amour à cause de la dureté de son cœur. L’amour c’est l’image de Dieu en nous.  Comme le dit un poète cubain ; « seul l’amour engendre ce qui dure, seul l’amour peut transformer la boue en miracle ».

Jésus ne voulait pas seulement guérir. Il voulait configurer les personnes. Suivre Jésus, c’est aimer comme Lui. Nous sommes appelés à être des passeurs de vie divine. A choisir ce et ceux que Dieu aime.

E.G. 53 : « De même que le commandement de « ne pas tuer » pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire « non » à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale ». Une telle économie tue.  Il n’est pas possible que le fait qu’une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid, ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de 2 points en bourse en soit une. (Célébration morts de la rue. DD et FSCA) voilà l’exclusion. On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture se jette quand il y a des personnes qui souffrent de la faim. C’est la disparité sociale. Aujourd’hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort, où le puissant mange le plus faible.  Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées : sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie. On considère l’être humain en lui-même comme un bien de consommation qu’on peut utiliser, et ensuite jeter. Nous avons mis en route la « culture du déchet » qui est même promue. Il ne s’agit plus simplement du phénomène de l’exploitation et de l’oppression, mais de quelque chose de nouveau : avec l’exclusion, reste touchée, dans sa racine même, l’appartenance à la société dans laquelle on vit, du moment qu’en elle, on ne situe plus dans les bas-fonds, dans la périphérie ou sans pouvoir, mais on est dehors.  Les exclus ne sont pas des exploités, mais des déchets, des restes. »

 

Luc 19, 1-10 ZACHEE

La transformation de Zachée a à voir avec l’expérience d’un Dieu qui nous désire et qui nous aime sans conditions. Par sa rencontre avec Jésus, Zachée fait l’expérience d’un Dieu qui désire être reçu dans chaque vie humaine, même la plus débridée. Un Dieu qui ne juge pas et qui offre sa bénédiction à celui qui lui offre l’hospitalité. Un Dieu capable de transformer le cœur de celui qui lui ouvre les portes avec confiance et le laisse entrer dans sa vie. Un Dieu qui nous appelle à une plénitude qui dépasse nos désirs et nos limites, nos succès et nos échecs, et qui, par-dessus le marché s’offre à nous.

Il nous a créés à son image dans notre capacité à aimer et à vivre libres et il nous invite chaque jour à grandir à sa ressemblance. C’est-à-dire à murir dans l’Amour. Il nous rappelle que la mesquinerie et l’égoïsme nous rapetissent individuellement et collectivement. Tandis que la tendresse pleine de compassion et intelligente nous épanouit et nous permet de goûter ensemble les beautés de la vie.

Un Dieu dont le projet pour la création et pour l’humanité est un projet de bonheur. Que tous nous ayons la vie, et la vie en abondance et que notre joie soit totale.

Zachée, riche publicain de Jéricho, collecteur d’impôts au service des romains, les occupants. Petit, il monte sur un sycomore, l’arbre de la protection et de la sécurité.

Jésus voit Zachée malgré la foule. Et il s’invite chez lui. Lui qui est souvent méprisé. Scandale pour la foule ! Zachée s’est enrichi sur le dos de tous. Il n’est pas fréquentable. Surtout pas par quelqu’un qui se prétend envoyé de Dieu ! A la fin du repas, dont nous ne savons rien, Zachée est touché, transformé.

La Bonne Nouvelle proclamée dans cet épisode c’est que la Bonne Nouvelle n’est pas réservée aux gens « bien ». L’amour de Dieu manifesté par Jésus rejoint tout homme, chacun est vu là où il est, et il est vu par Jésus même s’il est mal vu par les hommes. L’Amour de Dieu ne se mérite pas. Pas besoin de conversion préalable ! « Deviens vertueux et après j’irai manger chez toi. » l’amour de Dieu, parce qu’il est infini est gratuit. Seule condition : accepter de le recevoir. Alors, peut-on faire n’importe quoi et être l’ami de Dieu ? Non ; c’est parce qu’il a été retourné par cet amour gratuit et non mérité que Zachée a converti sa vie. Juste avant Jésus avait dit : « il est plus facile à un chameau d’entrer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. » Ce qui est impossible pour les hommes est possible à Dieu.

  • Zachée en est la preuve vivante. Zachée reçoit Jésus avec joie.
  • Etre sauvé, c’est reconnaître Jésus comme le Sauveur. L’accueillir comme présence de Dieu.

Jésus fait le 1er pas : « Aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi ». Et Zachée est tout à fait libre. Il aurait pu recevoir Jésus poliment, sans s’engager en profondeur, sans que cela ne change sa vie.

Il était libre aussi de saisir l’invitation de Jésus et d’en faire l’aujourd’hui de son salut. C’est seulement quand Zachée exprime sa décision de changer de vie : « voilà Seigneur », seulement à ce moment là Jésus parle de salut : « Aujourd’hui le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham ». Zachée est justifié car il a ouvert les yeux, il a fait la vérité.

Fils d’Abraham équivaut ici à fils de la promesse. Le salut est toujours offert à tous car Dieu Lui est fidèle. 2Tim 2, 13 : « si nous lui sommes infidèles, lui demeure fidèle car il ne peut se renier lui-même. »

* Le salut est CADEAU. POUR NOUS AUSSI…

Zachée est justifié parce qu’il accueille le salut donné par Dieu. Zachée n’est pas la cause de son salut, son attitude d’accueil est indispensable pour que le salut advienne pour lui à ce moment là.

Jéricho fut la 1ère ville de la Terre promise conquise par les tribus d’Israël. C’est aussi pour Jésus la dernière étape de la montée à Jérusalem. Où s’accomplira le salut pour l’humanité toute entière. En s’invitant chez Zachée, Jésus révèle qui est Dieu, irrésistiblement attiré par ceux qui sont en train de se perdre. Sur son arbre Zachée était bien. Il pouvait voir tout en se tenant à distance.

Jésus perçoit le désir profond de Zachée. Il éveille en lui ce qu’il a de meilleur, il vient lui révéler sa face lumineuse. Jésus nous révèle aussi son désir le plus profond : DEMEURER EN CHACUN DE NOUS.

Zachée est enfermé dans les complexités de sa vie. Il est rejeté. Il se sent inférieur de par sa petite taille. Il ne s’aime pas et on ne l’aime pas. Et c’est lui que Jésus appelle par son prénom. Zachée accepte de recevoir Jésus. On ne sait rien de ce qu’ils se sont dit . Mais on voit Zachée complètement transformé. Son cœur est devenu aimé et aimant.

Jésus révèle à Zachée un 3ème regard : pas le regard des autres, ni le sien propre, mais le regard de Dieu qui lui signifie un amour plus grand que celui qu’il imaginait. Ce que Jésus change en Zachée, c’est son expérience de Dieu, et donc son lien à Dieu.

Pourquoi ne pas profiter de ce temps de carême pour restaurer et ajuster notre relation à Dieu ?

Riches et pauvres sont bienvenus à la table du Seigneur. C’est l’honnêteté qui fait la différence. Zachée, quand il comprend cela trouve la vraie richesse de son existence.

L’appel de Jésus sonne comme une prière. Pour rencontrer Jésus, il faut descendre. Jésus nous prie de le laisser nous rejoindre.
Le pardon offert de Jésus, inconditionnel, révèle a Zachée tout ce qu’il y a de tordu, de banal, de non ajusté dans sa vie. Ses yeux et son cœur s’ouvrent à l’injustice qu’il a pu commettre. Ses richesses lui brûlent les doigts. Désormais, elles seront instrument de partage, pour soulager la détresse.

Le fruit de la conversion, c’est la joie. Une joie profonde, communicative. En rencontrant Jésus, Zachée découvre qu’il avait rendez vous avec lui-même, avec la part de sa personnalité qui était restée dans l’ombre.

Pour vivre une rencontre comme celle qu’a vécue Zachée, il faut un grand désir de rencontrer le Christ, tel que je suis, même si je me sens mal, pêcheur, complètement abattu. Il faut aussi une confiance totale. Jésus ne critique, ni ne rejette personne. Tous ont une place dans son cœur. Même ceux qui se croient perdus. Jésus n’essaie pas de nous éviter. Il s’approche, nous appelle par notre prénom, nous soigne. Il aime notre misère. Malgré notre fragilité et nos infidélités.

Combien de fois Jésus devras tu m’appeler et me dire : « où es tu ? Descends. Descends de ta vie, de ton monde, parce que je veux entrer chez toi, je veux être avec toi. » Combien de fois je construis mes propres refuges, je vis mes caprices, ma vie ?

Que nous puissions vivre cette rencontre de cœur à cœur.
Dans le silence de notre intériorité :
J’ai soif de te rencontrer Seigneur !
Je marche à tâtons,
Je te cherche dans le noir,
Désirant te trouver.
Aide-moi à apprendre depuis mon expérience et ce que je vis,
Les traces de tes pas, l’écho de ta voix, la proximité de ton regard complice.
Apprends-moi à boire dans le puits de ma vie
Pour trouver l’eau fraîche qui révèle ta présence, ta proximité, ta consolation.
Apprends-moi la fécondité de l’attente
Et montre-moi comment faire germer cette semence par la vie,
Ses désirs, ses tensions, ses rêves et ses douleurs,
Que je garde enfouis profondément dans mon cœur
Assoiffé de rencontre et de sens.

 

Marie Madeleine « l’apôtre des apôtres »

Nommée ainsi par le Pape François, le 3 juin 2016. Marie Madeleine, femme de Galilée, proche de Jésus, 1er témoin de la résurrection.

3 pistes pour aujourd’hui :

  • La place de la femme dans l’Eglise
  • La nouvelle évangélisation
  • La grandeur de la miséricorde divine

Sainte Marie Madeleine est un exemple d’évangélisatrice vraie et authentique. Qui annonce avec joie le message central de Pâques.

Elle a suivi jésus jusqu’au pied de la croix. Quand elle revient, elle pleure parce qu’elle ne trouve pas le corps du Seigneur. Le Christ a une attention particulière envers celle qui le cherche avec angoisse. Et il se laisse reconnaître comme le Maître. Il change ses larmes en joie pascale. Elle est la 1ère à voir le sépulcre vide et la 1ère à écouter la vérité de la résurrection.

Dans deux jardins différents, deux femmes : L’une a propagé la mort là où régnait la vie. (Eve) La seconde annonce la vie depuis un lieu de mort.

Jean 20, 17-18 : Jésus lui dit : « ne me retiens pas ! Car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Pour toi, va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu. Marie de Magdala vint donc annoncer aux disciples : J’ai vu le seigneur et voici ce qu’il m’a dit. » Marie Madeleine devient messagère de la Bonne Nouvelle de la Résurrection.

François nous le rappelle : les hommes sont restés enfermés dans le Cénacle. Les femmes au contraire, dès l’aube, sont allées au tombeau pour oindre le corps de Jésus. Elles ne sont pas restées prisonnières de leur peine et de leur peur, elles sont sorties, les mains et le cœur pleins de parfum. Marie Madeleine en Jean pleure 4 fois. Profondeur du vide et ignorance du mystère. Elle est tellement préoccupée de retrouver le corps qu’elle ne reconnait pas le Vivant. Seule l’écoute de son nom la ranime.

Comparée à l’attitude des apôtres au cours de la passion, la présence des femmes au calvaire témoigne une fidélité sans faille et une communion persévérante aux épreuves du Christ. Quand les autres sont absents, il reste auprès de la croix ceux qui sont liés à Jésus par amour et maintenant appelés à devenir sa communauté. Marie Madeleine et Jean seront les 1ers et uniques témoins de sa mort et de sa résurrection.

Pour Marie Madeleine, se souvenir des paroles de Jésus ne suffit pas. Elle veut voir le corps de son seigneur parce que pour elle, il signifiait TOUT. Elle vivait grâce à Jésus, elle relit toute sa vie avec Jésus. D’où ses larmes pour la nostalgie de ce qui ne se reproduira plus.

Comme Jésus avait pleuré Lazare mort, Marie Madeleine pleure Jésus mort. Elle est la seule qui pleure Jésus mort. Pierre a pleuré sa trahison. Pierre devrait être l’icône du repentir chrétien et Marie Madeleine l’icône de l’amour pour Jésus.

La question de Jésus à Marie Madeleine est celle qu’il a prononcée aux disciples de Jean le Baptiste ; « que cherchez-vous ? ». C’est la question qu’il nous pose à nous qui voulons être ses disciples. Et chacun, appelé par son nom reconnait la voix du pasteur.

Aussitôt surgit l’ordre : « ne me touche pas ». il n’y a plus de rencontre possible entre deux corps comme avant, puisque maintenant le corps du Christ est celui du ressuscité. Marie Madeleine a vu de ses yeux, a contemplé la Parole qui donne vie. Elle doit maintenant aimer Jésus de façon différente. Elle ne doit plus regarder son passé, avec la nostalgie du vécu, mais regarder l’avenir, le ressuscité pour trouver le Père.

Après sa rencontre avec le ressuscité, Marie Madeleine devient apôtre. Elle est envoyée vers les disciples, ses frères, pour leur annoncer le message de Pâques. Et obéissante, elle leur déclare : « j’ai vu le Seigneur ». Elle croit au Christ, à partir de l’écoute de la voix du Seigneur, par elle tellement désirée et de sa présence. Elle croit alors fermement que le Christ est le Fils de Dieu. Celui qu’elle a vu ressuscité il est vrai Dieu, lui qu’elle avait tellement aimé de son vivant.

Le fils de Dieu a voulu manifester la gloire de sa résurrection à cette femme marquée par le péché et sanctifiée par le repentir. Elle, la contemplative fut le premier témoin de la résurrection sans laquelle notre foi est vaine.

Bernadette CAFFIER, Missionnaire Diocésaine – Amiens 🔸

La théologie c’est l’amour qui nait de l’honnêteté et de la fidélité. Face au monde souffrant, c’est affronter la vérité de la réalité. Les yeux ouverts et le cœur prêt à répondre comme le Christ à la souffrance, avec des entrailles de miséricorde. Une théologie centrée sur la miséricorde comme réaction à la souffrance de l’autre, à la manière du samaritain, à la manière de Jésus.

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