Homélie 200e anniversaire de l’arrivée des confrères à l’actuelle « Maison-Mère ». Fête de la Conversion de Saint Paul et fondation de la Congrégation de la Mission

Homélie 200e anniversaire de l’arrivée des confrères à l’actuelle « Maison-Mère ». Fête de la Conversion de Saint Paul et fondation de la Congrégation de la Mission

Homélie prononcée lors de la messe à la chapelle saint Vincent de Paul le 25  janvier 2018. A cette occasion les Lazaristes de la Province de France célébraient la clôture de l’Année Jubilaire Vincentienne

 

Lectures : Ac 22, 3-16 ou Ac 9, 1-22 ; Mc 16, 15-18.

Chapeau

Nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer le 200ème anniversaire de l’arrivée des confrères dans cette maison, peu de temps après le rétablissement de la Congrégation, après la Révolution française. Je suis heureux de savoir que vous allez marquer ce bicentenaire par d’autres événements et festivités. La Congrégation de la Mission est présente ici, à la rue de Sèvres, depuis 200 ans, et je suis certain que ceux qui fréquentent cette Chapelle voudront participer à quelques-unes de ces activités.

Nous clôturons aussi l’année jubilaire, durant laquelle nous avons célébré le 400ème anniversaire du charisme vincentien. Avec l’Église, nous marquons la fête de la Conversion de Saint Paul. Comme vous le savez tous, Saint Vincent de Paul a toujours considéré ce jour comme étant celui de la fondation de la Congrégation, parce qu’à cette date, il y a 401 ans, il a prêché ce qu’il appelait le premier sermon de la mission.

La première lecture d’aujourd’hui nous donne un compte rendu de la conversion de Saint Paul. Luc inclut trois versions dans ses Actes. Dans la première, Luc se rappelle le moment où cela s’est passé, peu de temps après la mort d’Etienne et la persécution qui a suivi. Pendant cette période, Paul, alors Saul, s’efforçait de détruire le nouveau Chemin. Cependant, à cause de sa rencontre avec Jésus sur la route vers Damas, il cessa de persécuter les adeptes du Seigneur pour devenir le plus grand missionnaire de l’Église, l’Apôtre des Gentils.

Paul, lui-même, raconte les deux dernières versions de cet événement, d’abord dans son procès devant les Juifs et ensuite au roi Agrippa quand il fut emprisonné à Césarée. Pourquoi Paul répète-t-il cette histoire ? Je crois que c’est parce que cette rencontre personnelle avec Jésus a été le tournant de sa vie. Il désirait le garder toujours frais dans son esprit. Il pouvait bien s’en être rappelé à plusieurs reprises, et l’avoir partagé avec d’autres plus souvent que les trois fois racontées dans les Actes des Apôtres. Cette rencontre personnelle avec Jésus signifiait tout pour lui. Elle a littéralement changé sa vie.

Vincent de Paul a eu deux moments semblables dans sa vie. Le premier, nous le célébrons aujourd’hui, c’est l’anniversaire de son sermon dans l’église de Folleville, qu’il donna, à la demande insistante de Madame De Gondi, après avoir reconnu la pauvreté spirituelle de la population rurale. Le deuxième, comme nous le savons, se passa sept mois plus tard, dans la ville de Châtillon-les-Dombes, quand il se rendit compte de leur pauvreté matérielle. Ces deux événements ont transformé sa vie et il racontait fréquemment ce qui était arrivé. Il rappelle l’histoire de la confession du paysan de Gannes quatre fois dans les conférences aux confrères et une fois dans une conférence aux Filles de Charité. Il raconte l’histoire de Châtillon deux fois aux premières Sœurs. Ces moments-là sont ceux que nous connaissons, mais on pourrait dire avec certitude que ce ne furent pas les seuls moments où il se souvint de l’histoire de ces deux expériences. Elles étaient beaucoup trop importantes dans sa vie pour ne pas se les rappeler fréquemment.

Avons-nous une histoire semblable à raconter ? Avons-nous eu une rencontre personnelle avec Jésus, une conversion qui a marqué significativement qui nous sommes et ce que nous faisons de notre vie ? Je suis certain que oui, bien que peut-être elles ne soient pas aussi spectaculaires que celles de Paul et de Vincent. Néanmoins, nous devons aussi continuer à nous souvenir de ce moment, à le partager peut-être avec d’autres, comme une manière de le revivre, de louer et remercier Jésus de son action dans notre vie.

Pour nous en tant que missionnaires, l’Évangile d’aujourd’hui est tout à fait approprié puisqu’il est précisément l’envoi en mission des apôtres par Jésus, après sa résurrection, « Allez dans le monde entier et proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15). Parce que nous sommes appelés à suivre Jésus Christ, Evangélisateur des pauvres, notre mission est de leur annoncer la Bonne Nouvelle. Si Vincent n’avait pas choisi, pour notre devise, la citation d’Isaïe, qui se trouve dans Luc 4, 18, il pourrait avoir choisi cette citation de Marc. Il nous rappelle certainement notre appel missionnaire.

Notre année jubilaire a commencé à des dates différentes dans plusieurs pays du monde, et donc, elle s’est clôturée à diverses dates. Cependant, nous considérons aujourd’hui, 25 janvier 2018, la date officielle de clôture. Par conséquent, aujourd’hui marque également le début du cinquième siècle du charisme vincentien. L’histoire des quatre siècles passés nous laisse à croire que, si nous sommes fidèles, le Seigneur Jésus ne manquera pas de bénir la Congrégation de la Mission et la Famille vincentienne tout entière. Il y a eu, bien sûr, beaucoup de hauts et de bas, des joies et des peines pendant les 400 années passées. Néanmoins, Dieu continue de susciter des missionnaires selon son esprit. Vincent lui-même a encouragé ses confrères à cet égard :

« Donnons-nous à Dieu, Messieurs, pour aller par toute la terre porter son saint Evangile ; et en quelque part qu’il nous conduise, gardons-y notre poste et nos pratiques jusqu’à ce que son bon plaisir nous en retire. Que les difficultés ne nous ébranlent pas ; il y va de la gloire du Père éternel et de l’efficacité de la parole et de la passion de son Fils. Le salut des peuples et le nôtre propre sont un bien si grand, qu’il mérite qu’on l’emporte, à quelque prix que ce soit ; et n’importe que nous mourions plus tôt, pourvu que nous mourions les armes à la main ; nous en serons plus heureux, et la Compagnie n’en sera pas plus pauvre, parce que sanguis martyrum semen est Christianorum [le sang des martyrs est la semence des chrétiens]. Pour un missionnaire qui aura donné sa vie par charité, la bonté de Dieu en suscitera plusieurs qui feront le bien qu’il aura laissé à faire »[1].

Prions donc pour que nous, ainsi que ceux qui suivent nos pas, puissions rester fidèles à notre appel pour un autre 100, 200, 400 ans et au-delà, aussi longtemps que Jésus continuera de nous envoyer porter la Bonne Nouvelle aux pauvres (cf. Lc 4, 18).

Tomaž Mavrič, CM – Supérieur Général 🔸

L’histoire des quatre siècles passés nous laisse à croire que, si nous sommes fidèles, le Seigneur Jésus ne manquera pas de bénir la Congrégation de la Mission et la Famille vincentienne tout entière. Il y a eu, bien sûr, beaucoup de hauts et de bas, des joies et des peines pendant les 400 années passées. Néanmoins, Dieu continue de susciter des missionnaires selon son Esprit.

NOTES :

[1] SV XI p. 412-413, Extrait d’Entretien n° 170.

 

TOUTES LES CONFÉRENCES ET PARTAGES DE CES JOURNÉES DE CÉLÉBRATION (24 ET 25 JANVIER 2018) APPARAÎTRONT DANS LE PROCHAIN CAHIERS SAINT VINCENT – BULLETIN DES LAZARISTES DE FRANCE DU MOI DE MAI 2018
Pout toute information vous pouvez envoyer un courrier au P. Benoît Kitchey CM à l’adresse mail : benoitkitchey@hotmail.com