Homélie 400e anniversaire du charisme vincentien. Mgr Georges PONTIER, Archevêque de Marseille

Homélie 400e anniversaire du charisme vincentien

Église Saint-Vincent-de-Paul–Les Réformés le samedi 7 octobre 2017

Chers frères et sœurs : Au cours de cette célébration, nous rendons grâce pour tous les dons que Dieu a faits et continue de faire à son Église par saint Vincent de Paul : sa vie, sa foi, son témoignage, son action, son rayonnement toujours actuel. Et nous le faisons avec la présence d’une relique : son cœur. On aurait pu avoir une autre relique de saint Vincent de Paul. Nous avons son cœur. Je trouve cela plein de sens et plein d’enseignement pour nous.

L’évangile que nous venons d’entendre a nourri saint Vincent. Il parle de cœur, du cœur de ceux qui ont du cœur, qui se laissent toucher par le sort de leurs frères, qui se mettent en mouvement pour ceux qui manquent de vêtements, de boissons, de pays et de compatriotes, d’habits, de santé, de liberté, de dignité, de culture, d’amitié. Nous savons que ce qui a mis en marche Vincent de Paul, c’est la vue du sort des plus pauvres, privés de ce qui nourrit le corps et de ce qui fait vivre l’âme. Il a été bouleversé et désormais, ce qui a orienté sa vie, ce fut la proximité, le soin des pauvres. Il n’a pas limité ce soin aux seuls besoins du corps. Il s’est soucié aussi du soin de leur âme. Il savait que la découverte de l’amour de Dieu est la seule découverte qui puisse conduire durablement au bonheur, à la paix et à la sérénité. Il a entraîné des hommes et des femmes à sa suite. Il a créé de nombreuses œuvres. Il a fondé des congrégations religieuses, les Filles de la Charité, aidé en cela par Louise de Marillac, et les Prêtres de la Mission, consacrés à la formation des prêtres et habités du souci des pauvres.

Saint Vincent de Paul n’a pas été seulement touché par la vue des plus pauvres. Il l’a été aussi par sa contemplation du cœur de Dieu, du cœur du Christ. Souvent, dans la révélation biblique, l’œuvre de Dieu est présentée comme une réponse à la vue de la misère humaine et au désir de la soulager. Il a vu la manière dont le Christ, durant sa vie terrestre, s’est rendu proche des malades, des étrangers, des pécheurs, des exclus. Il a admiré le cœur du Christ, le cœur de Dieu. Il s’est laissé envahir par cette compassion. Et il a été très loin. Le message de la parabole que nous venons d’entendre l’a marqué. Le Fils de l’homme considèrera comme fait à lui-même ce qu’on aura fait pour ceux qui souffrent ici-bas, et il considèrera comme lui étant refusé à lui ce qui leur aura été refusé. Il comprend que le rapport à Dieu est en toute chose, qu’il est dans toute notre vie. Aussi expliquera-t-il aux premières religieuses qu’on ne quitte pas Dieu quand on part de l’oraison pour rejoindre les plus pauvres. « Cela s’appelle, dit-il, quitter Dieu pour Dieu. » Prière et action ne font qu’un en Lui. Et cela n’était pas pour dévaloriser le moment de la prière. Bien sûr que non. C’était seulement pour révéler la grandeur spirituelle de la charité, du service des pauvres auxquels le Christ s’est identifié.

Chers frères et sœurs, notre désir est bien de vivre en témoins du Christ, en missionnaires de l’Évangile. Retenons de la manière dont saint Vincent de Paul l’a fait ce lien entre l’amour de Dieu et l’amour des pauvres. Retenons l’importance de ce temps donné à Dieu, dans la contemplation de son Sacré Cœur, de ce cœur qui a tant aimé le monde pour laisser l’Esprit de Dieu faire de nos cœurs des cœurs semblables au sien. Aimer, toujours aimer, aimer tout homme comme un frère ou une sœur quelles que soient son apparence, sa race, sa religion. Aimer et ne faire qu’aimer nous dépasse. C’est l’œuvre de Dieu en nous. Et parfois, et souvent, Dieu passe par les pauvres pour changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair. Il met sur notre route ces frères éprouvés de diverses manières, pour creuser en nous un cœur compatissant, tendre et fort comme celui de Dieu, un cœur qui se détourne de lui-même et s’ouvre aux autres, un cœur capable de saigner d’amour, un cœur capable d’aimer au-delà des injures ou des déceptions.

Amis Vincentiens, je voudrais vous remercier pour votre place dans la vie de notre Église diocésaine. Je voudrais vous encourager aussi. Laissez-vous conduire par saint Vincent de Paul dans ce double amour : dans le concret de la proximité des plus pauvres et dans le ressourcement spirituel en Dieu. Laissez Dieu vous faire un cœur, un vrai cœur de fils et de filles de Dieu. Aidez aussi nos communautés chrétiennes à ne pas séparer les choses. Ayez une charité imaginative, inventive. Repérez les nouvelles formes de pauvretés, les nouveaux pauvres. Faites-vous proches d’eux. Aidez-nous à avoir du cœur, pas un cœur qui ne bat que pour nous-mêmes ou pour quelques-uns, mais qui batte pour tous, pour tous ceux que nous côtoyons dans les diversités de notre diocèse.

Faisons nôtre cette prière écrite par saint Vincent de Paul : « Ô Sauveur de nos âmes, qui, par votre amour, avez voulu mourir pour les hommes, qui avez quitté en quelque façon votre gloire pour nous la donner et, par ce moyen, nous faire comme des dieux, nous rendant semblables à vous autant qu’il est possible, imprimez en nos cœurs la charité, afin qu’un jour nous puissions aller nous joindre à cette belle Compagnie de Charité qui est dans le ciel… Faites donc, ô Seigneur, que nous soyons tout remplis de dilection pour vous, pour le prochain, et pour nous-mêmes… »

Amen.

+ Georges PONTIER
Archevêque de Marseille🔸

Amis Vincentiens, je voudrais vous remercier pour votre place dans la vie de notre Église diocésaine. Je voudrais vous encourager aussi. Laissez-vous conduire par saint Vincent de Paul dans ce double amour : dans le concret de la proximité des plus pauvres et dans le ressourcement spirituel en Dieu. Laissez Dieu vous faire un cœur, un vrai cœur de fils et de filles de Dieu. Aidez aussi nos communautés chrétiennes à ne pas séparer les choses. Ayez une charité imaginative, inventive.

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