‘ Laudato Sí ‘. Nos fondateurs et le respect intégral de la Création.
Fiche Vincentienne 105. Au temps de st Vincent de Paul … et aujourd’hui
EDITORIAL.
Nos fondateurs face au respect intégral de la création
De fait, l’écologie est apparue d’abord comme science au cours du XIXème siècle. Elle a été initiée par Ernst Haeckel, biologiste allemand. Il la présente en 1866 dans son ouvrage Morphologie générale des organismes comme « la science qui étudie les rapports entre les organismes et le milieu où ils vivent »[1]. Cette étude scientifique amène à observer et comprendre les interactions qui se jouent entre les différentes composantes et leur milieu naturel même, du plus petit ensemble jusqu’au tout connu que forme la biosphère. Progressivement, par l’ampleur du domaine d’études, l’écologie va être appliquée dans différents secteurs d’activités de l’homme, de l’agriculture jusqu’à la politique. Nous pouvons souligner, à ce propos, que le terme écologie vient du grec oikos (maison, habitat) et logos (discours) : elle est la science de la maison, de l’habitat.
D’où la pertinence du propos du Pape François, dans son encyclique Laudato Si’, et de son discret sous-titre « Sur la sauvegarde de la maison commune ». Après une analyse de la situation actuelle de la question écologique et une observation sur une tendance à des spécialisations qui peuvent amener à considérer l’homme hors nature, le Pape met en avant l’approche d’une écologie intégrale (cf. chapitre 4), semble-t-il, développée récemment. Pour tous les hommes, l’écologie porte donc la question du vivre ensemble de tous les êtres vivants … Qui pourrait ne pas être concerné ?
A ce titre, nous pouvons nous laisser interroger dans notre tradition vincentienne : en quoi et comment celle-ci peut-elle nous aider à prendre part à une écologie intégrale ? Au-delà d’un anachronisme évident de langage, de contexte, de culture, nous voulons risquer de trouver des échos chez st Vincent et ste Louise sur cette question fondamentale de l’habitation du monde par l’homme. Par leur foi et leur pratique, ils peuvent être des témoins et promoteurs d’une habitation attentive et respectueuse de tout le créé, même si nous n’oublions pas, du fait de l’écart historique, qu’ils ne font pas ressortir une pensée globalisante sur la question.
Le Berceau de st Vincent de Paul, le 30 mai 2018
« Des cieux nouveaux, une terre nouvelle » pour une écologie intégrale
Cette « sauvegarde de la maison commune », dont parle le Pape François dans le titre de son encyclique Laudato Si’, nous indique les enjeux sous-jacents à ce qu’il appelle une écologie intégrale. Car c’est bien de la vie et même de la survie de notre terre, notre maison commune, qu’il s’agit. Comme le texte de l’encyclique le souligne au chapitre 4, tout est intimement lié, et les problèmes actuels requièrent un regard qui en tienne compte. Une écologie intégrale a clairement des dimensions humaines et sociales (cf. n.138). Il ne s’agit donc pas uniquement de questions d’environnement au sens strict, mais aussi de la relation de l’homme et de la société avec la nature comme de ce qui concerne le vivre ensemble entre les hommes et les femmes qui habitent cette maison commune. Donc, si notre relation à la nature est bien concernée, la relation à l’homme et à la vie en société l’est tout autant. La nature n’est pas séparée de nous, pas plus qu’elle ne serait que notre simple cadre de vie. Nous sommes inclus en elle, nous en sommes partie prenante, et nous sommes enchevêtrés avec elle. De plus, nous devons toujours nous rappeler que la terre ne nous appartient pas. Elle nous est confiée. Elle est donc fondamentalement une terre du partage et de la fraternité. Et une réponse aux défis qui nous sont posés, requiert une approche intégrale à la fois pour préserver la nature et en même temps pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus (cf. n°139). Il s’agit de donner une réponse valable à cette question essentielle : comment allons-nous habiter notre « maison commune », quelle doit être la qualité des relations entre les vivants et avec l’ensemble de l’univers ? Dans un monde tenté par la possession, l’avidité du gain, l’écologie intégrale appelle à une certaine sobriété de vie. Il ne s’agit pas de nier les besoins matériels ni de rêver d’un retour au temps de la ‘machine à vapeur’ ! Ce qui est en cause, c’est notre manière de vivre, de produire, de consommer. C’est notre style de vie qu’il s’agit de réviser. L’intellectuel chrétien Jean Bastaire parle de « la révolution de la sobriété ». Car elle est respect de tout ce qui sort des mains du créateur, elle est incitation à ne porter atteinte à la dignité d’aucune créature.
Mais nous nous trouvons aussi face à une autre interrogation qui inquiète l’humanité depuis toujours : Quelle est la place de l’homme dans l’univers ? Certes, il n’est pas le centre absolu, il n’est pas Dieu. Pourtant toute créature participe à l’être de Dieu et en cela elle a sa valeur propre. De plus, si nous avons de profondes connivences avec l’ensemble de la création, nous ne pouvons pas dissocier notre propre devenir de celui de l’ensemble de l’univers dont nous sommes solidaires. Pour nous chrétiens, l’histoire du salut concerne l’ensemble de la création (cf. Gn 9, 9-11). La création toute entière est orientée vers l’accueil du Fils de Dieu dont l’incarnation est l’accomplissement de l’acte créateur et non le rattrapage d’une création déchue par le péché ! La création toute entière est promise à une filiation divine. Rappelons-nous saint Paul : « la création attend avec impatience la révélation des Fils de Dieu » (Rm 8, 19). La résurrection du Christ constitue les prémices des Cieux nouveaux et de la Terre nouvelle annoncés par les Ecritures. Jean Bastaire a écrit : « Pour le chrétien, l’écologie ne renvoie donc pas au concept de nature, mais à celui de création » (in. Approche franciscaine de l’écologie). Si nous voulons ‘sauvegarder la maison commune’, sauvegarder le créé, une véritable conversion intérieure est nécessaire, car il s’agit de réparer le mal profond qui touche le cœur de l’homme et sa relation à la nature. C’est en quelque sorte passer de l’homme ancien à l’homme nouveau. C’est vivre l’espérance d’une création renouvelée, des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle libérés par le Christ, porter un regard neuf sur l’ensemble du créé et y voir les signes de Dieu. Une solide réflexion théologique sur l’Incarnation, dont le mystère est au cœur de la spiritualité vincentienne, doit nous permettre d’acquérir une intelligence profonde des choses créées à commencer par l’homme et sa dignité.
Certes, l’écologie intégrale nous invite à reconnaître la valeur et le prix d’un morceau de pain ou d’un verre d’eau. C’est sans doute élémentaire ! Mais plus que cela, il s’agit de contribuer à une conception renouvelée de la vie des nations ! Si nous voulons sauvegarder notre « maison commune », une solidarité authentique doit aussi être instaurée entre nations plus développées et pays moins avancés économiquement ou socialement. Il est urgent de s’attaquer aux formes structurelles de la pauvreté pour arriver à un juste équilibre écologique. Nous retrouvons là aussi l’un des enjeux du prochain synode convoqué par le Pape François sur l’Amazonie : « La défense de la terre n’a d’autre finalité que la défense de la vie » déclarait-il lors de sa rencontre avec les représentants des peuples d’Amazonie, au cours de son voyage au Pérou (19 janvier 2018). En réalité, l’écologie dépasse la simple sauvegarde de la nature car elle concerne la « culture » des sociétés humaines. « La culture de nos peuples est signe de vie. L’Amazonie, outre qu’elle constitue une réserve de biodiversité, est également une réserve culturelle que nous devons sauvegarder face aux nouveaux colonialismes » déclarait-il encore.
Et si saint Vincent nous invitait lui aussi à une écologie intégrale ! A sa manière bien sûr, mais réellement, concrètement, à travers sa manière de concevoir sa relation à l’autre, particulièrement aux pauvres, à leur environnement et par-delà à la nature. Il nous rappelle aussi que c’est ensemble que nous pouvons bâtir une société basée sur la sobriété, la simplicité, le sens du partage, de l’échange, ou encore le refus du gaspillage. Nous ne pouvons oublier que la Mission est annonce de la Bonne Nouvelle à toute la création. « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Evangile à toute la création » (Mc 16, 15). Travailler au développement de l’homme c’est aussi travailler au développement de la création. C’est la création toute entière qui est en gestation (cf. Rm 8, 16-23).
Au temps de st Vincent de Paul … Nos fondateurs et le respect intégral de la création
La nécessité de sauvegarder la nature, d’habiter le monde de façon raisonnée, de s’engager dans une écologie intégrale, est la grande découverte (ou redécouverte) de notre 21° siècle.
Le Pape François, tout au long de sa lettre encyclique Laudato si s’engage et nous engage dans la protection de ce qui est faible, fragile, petit ; qu’il s’agisse de notre « sœur la terre » ou de « tout homme » dans sa globalité. La terre crie en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et l’abus des biens confiés par Dieu. L’homme crie lui aussi – surtout le plus pauvre, le plus abandonné, le plus maltraité – en raison de la confiscation par quelques-uns des richesses de la maison commune.
En leur temps, sans commune mesure avec notre monde contemporain, et sans utiliser le mot « écologie », qui est un vocable de notre époque, st Vincent de Paul et ste Louise de Marillac se sont eux aussi mobilisés pour le développement durable de tout être humain (dignité, respect, service corporel et spirituel, autonomie, promotion de tous le plus loin possible …) mais aussi pour la sauvegarde de toutes les dimensions de « la maison commune » (économie, modération, partage équitable, recyclage, refus de la surconsommation, respect des choses à disposition…).
Nous retrouvons des traces de cette double préoccupation dans leurs écrits.
« Sauvegarder la maison commune » a clairement des dimensions humaines, sociales, culturelles, spirituelles, que nous pouvons repérer au travers de ces 3 chapitres :
- Le principe du bien commun
- Le bon sens de l’écologie
- Le développement intégral de l’homme.
Dans et avec notre tradition vincentienne, entrons dans une habitation renouvelée du monde dont nous ne sommes ni propriétaires, ni dominateurs, ni exploiteurs, mais seulement locataires, co-gestionnaires, acteurs et essentiellement serviteurs.
1. Le principe du bien commun
Tous les petits et les pauvres profitent du travail de la vie missionnaire et de la vie charitable. Les créations de st Vincent et de ste Louise contribuent au bien commun. La vie communautaire, si chère à l’intuition des fondateurs, et si profitable à l’efficacité apostolique dans toute son acception conjointe, annoncer et servir, implique une recherche du bien commun. Elle participe à l’intégralité de la création et de sa plus-value.
Louise, en précurseur, ne gaspille rien et songe avant l’heure au recyclage de l’eau :
« L’eau … est fort bonne dans la lessive »
« Nous vous envoyons un demi-boisseau d’excellents pois, nous avons acheté tous des meilleurs à cause que les fèves de haricots sont trop chères, nous en aurons pourtant et nous vous (en) enverrons. Ces pois-ci n’ont pas besoin d’être passés. Nous vous achèterons des bouquets, s’il plaît à Dieu, en allant à la foire de Saint-Germain. Nous vous enverrons aussi une morue, il la faut bien laver et ratisser, et puis la faire sécher, et après la couper par morceaux, et à mesure que vous en aurez à faire, la détremper. L’eau en laquelle vous l’avez lavée est fort bonne dans la lessive ». (ES 440, à Sr Julienne Loret)
« Prendre soin des enfants trouvés »
« Prendre soin des enfants, c’est, en quelque façon, se faire enfant, et prendre soin des enfants trouvés, c’est prendre la place de leurs pères, ou plutôt celle de Dieu, qui a dit que, si la mère venait à oublier son enfant, lui-même ne l’oublierait pas. Si Notre-Seigneur vivait encore parmi les hommes et qu’il vit des enfants abandonnés de père et de mère, comme ceux-ci le sont, croyez-vous, Messieurs, croyez-vous, mes frères, qu’il voulût aussi les abandonner ? » (Sur la fin de la Congrégation, 6 décembre 1658 – XII, 89)
La fourmi est travailleuse à souhait et amasse pour la communauté. Et les pauvres gens ont droit à ce qu’il leur est dû :
« Elle le porte à la communauté »
« La fourmi, mes chères sœurs, c’est un petit animal à qui Dieu a donné une telle prévoyance que tout ce qu’elle peut amasser pour l’hiver durant l’été et le temps de la moisson, elle le porte à la communauté. Voyez-vous, mes chères sœurs, elle ne se l’approprie point pour son usage particulier, mais le porte pour les autres dans le petit magasin de la communauté.
Les mouches à miel font de même durant l’été. Elles font leur provision du miel qu’elles recueillent sur les fleurs, pour vivre durant l’hiver, et le portent, comme les fourmis à la communauté. Ce ne sont que de petits animaux, des plus petits qui soient sur terre, et Dieu leur a imprimé cet instinct de travailler de sorte qu’il nous renvoie à elles pour apprendre de leur exemple à travailler par prévoyance. » (Sur l’amour du travail, 18 novembre 1649 – IX, 488-489)
« Ce qui leur est justement dû »
« Il n’y a plus de moyen de résister à la pitié que ces pauvres gens nous font en demandant ce qui leur est justement dû ; non seulement pour leurs peines, mais pour avoir avancé le leur, auprès duquel ils se voient mourir de faim, et sont contraints de venir des trois ou quatre fois de bien loin, sans avoir de l’argent. Nous y sommes pour beaucoup, pour la nourriture des nourrices et souvent sept ou huit enfants sevrés et argent prêté, mais ce n’est pas notre intérêt qui nous fait parler, quoique si la chose continue il faudra bien nous consommer. » (ES 315, 29 janvier 1650)
2. Le bon sens de l’écologie
Le bon sens en écologie veille sans cesse à la dignité de l’homme et à son autonomie. Il vise à les rendre sujets, auteurs et acteurs de leur avenir, de leur devenir et de leur insertion sociale, sans en faire des assistés. St Vincent de Paul et ste Louise de Marillac, comme Jésus Christ visaient toujours l’autonomie dans leurs rencontres des hommes.
2.1 L’écologie économique et sociale
Les affaires économiques ont toujours une répercussion sur les relations sociales ; Les enfants, les malades, les démunis, les pauvres honteux…etc…ne doivent pas être victimes des mécanismes économiques, des négligences et mêmes des perversions possibles du système.
« Ne point laisser mourir de faim ces pauvres petits enfants »
« Je ne pense pas que l’on puisse aller acheter du blé, n’y en ayant point aux villages circonvoisins ; et, d’aller plus loin, il y aurait grand danger de perdre l’argent. Je l’ai mandé à Mademoiselle de Lamoignon qui m’a mandé, pour cela, la même chose qu’à votre charité, et lui ai mandé que votre sentiment hier, était que l’on en prit à la Grève, et que Messieurs de la ville jugent sûr de le faire conduire par quelques archers que l’on payerait de leur peine. Je ne pense point qu’il y ait autre expédient pour ne point laisser mourir de faim ces pauvres petits enfants. » (ES 397, à Monsieur Vincent)
« Chacun est traité de même à son tour quand il est malade »
« …Tous ne peuvent pas suivre le train ordinaire ; par exemple, les infirmes et les malades ne peuvent pas s’accommoder aux usages communs ; il leur faut une chambre à feu, des gens pour les servir et des vivres d’une autre façon, convenablement à leurs incommodités. Est-ce là une singularité ? Non, parce que chacun est traité de même à son tour quand il est malade, et qu’on garde mieux l’uniformité en donnant aux malades les soulagements qu’on peut, qu’en faisant autrement, puisque c’est dans la nécessité de l’état où ils sont… » (Sur l’uniformité, 23 mai 1659 – XII, 252)
« Pourvoir aux nécessités des autres »
« Mais aussi je prie et je recommande autant que je le peux à ceux qui ont soin de la pauvreté, de pourvoir aux nécessités des autres, de ne leur laisser rien manquer, de demander, toutes les semaines, soigneusement une fois, et plutôt deux fois qu’une, à un chacun ses nécessités, et d’y pourvoir ; et je vous supplie tous de les dire. Celui qui a soin de pourvoir à messieurs les prêtres, qu’il en ait grand soin. Ceux qui en ont la charge envers nos frères, ceux du séminaire, en un mot tous ceux à qui l’on donne cette charge, je leur recommande d’être fort ». (Sur la pauvreté, 13 aout 1655 – XI, 251)
« Nous sommes obligées »
« Vous verrez que les pauvres honteux seront délaissés du secours que leur apporte la nourriture apprêtée et les remèdes, et le peu d’argent que l’on leur donne, ne sera point employé à leurs nécessités. Nous sommes obligées en tant que nous le pouvons d’empêcher cela, par de très humbles et charitables remontrances. » (ES 521, 13 octobre 1656)
2.2 L’écologie quotidienne
Avec st Vincent de Paul, ste Louise de Marillac reste toujours très attentive aux choses concrètes, domestiques, pratiques, de la vie ordinaire.
« Informez-vous… si ce miel blanc vient naturellement »
« Je vous remercie de tout mon cœur des belles et bonnes pommes que vous nous avez envoyées, il me semble que vous m’aviez mandé autrefois que vous deviez faire du miel. Informez-vous, je vous prie, si ce miel blanc vient naturellement, ou s’il y a de la façon à le faire parce que comme le sucre enchérit extrêmement, on s’en pourrait servir à faire des sirops et même des confitures. » (ES 373, à Sr Julienne Loret)
« Le meilleur usage que l’on peut faire des remèdes est de s’en servir rarement »
« Voilà des pilules que je lui envoie, et la méthode pour en faire ; vous en pourrez garder quelques-unes pour vous, au cas que vous croyiez en avoir besoin ; mais vous savez que le meilleur usage que l’on peut faire des remèdes est de s’en servir rarement. Vous direz à cette bonne damoiselle le bien que cela fait, et qu’elles servent à être exempte d’un plus grand assujettissement, à quoi ses grandes infirmités l’ont réduite tous les jours. » (ES 211, à Sr Jeanne Lepintre)
« Que nous puissions bientôt le voir reverdir »
« Je vous prie que l’on ne laisse point tant sortir les cochons ensemble et surtout qu’ils n’aillent point au jardin, afin que nous puissions bientôt le voir reverdir. Je crois que vous prenez garde à la nourriture de la vache et autres bêtes, l’excès leur nuit plutôt… ». (ES 282, Avril 1649)
« Les œufs sont chers en cette saison »
« Je pense que le meilleur froment ici coûterait peut être bien douze francs, mais quand nous cuirons, ce ne sera pas de celui-là si ce n’est pour mêler moitié seigle. C’est partout que les œufs sont chers en cette saison : nos poules ne nous en donnent presque point quoique nous en ayons grande quantité, mais vous avez d’autres soulagements dans les champs qui vous en peuvent faire passer durant cette grande cherté » (ES 227, 18 octobre 1647)
2.3 L’écologie culturelle
Dans un contexte moins pluriculturel que le nôtre, st Vincent de Paul et ste Louise de Marillac nous invitent déjà au respect des cultures et des coutumes locales, des saisons et des travaux, du nécessaire repos de l’homme…etc… Ils insistent sur « un vivre en harmonie » avec les différences quelles qu’elles soient.
« Quand vous verrez que c’est la coutume »
« Peut-être trouvez-vous étrange la nourriture de ce pays-là, qui est de potage à l’huile. Mais quand vous verrez que c’est la coutume, et que la personne que je crois que vous aimez le mieux ne relève jamais de maladie qu’il mange du potage à l’huile pour se mettre en appétit le peuple ne vous fera pas tant de pitié. Enfin la bonne Madame espère que votre charité fera là grand fruit et je l’ai toujours cru. » (ES 614, aux Filles de la Charité d’Ussel)
« C’est la coutume du pays »
« Si Dieu permet que vous demeuriez nous ferons ce qu’il nous a témoigné être nécessaire. Il m’a parlé de l’assaisonnement de votre pot ; je crois que vous ne devez point faire de difficulté de mettre un peu de clous de girofle dedans, puisque c’est la coutume du pays. » (ES 295, à Sr Jeanne Lepintre)
« Comme l’on a fait dans un village, l’on s’en va en un autre »
« L’on a pour maxime de ne point prêcher, catéchiser, ni confesser dans les villes où il y a évêché et de ne point sortir d’un village que tout le peuple ne soit instruit des choses nécessaires au salut et que chacun n’ait fait sa confession générale ; et l’on va en peu de lieux où il reste quelqu’un qui y manque. Comme l’on a fait dans un village, l’on s’en va en un autre, où l’on fait de même. L’on travaille depuis environ la Toussaint jusques à la Saint Jean et l’on laisse les mois de juillet, août et septembre et une partie d’octobre au peuple pour faire la moisson et les vendanges ; et comme l’on a travaillé vingt jours ou environ, l’on se repose huit ou dix jours ; puis l’on retourne au travail, n’étant point possible de subsister longtemps au-delà à ce travail sans ce repos et celui d’un jour par semaine. » (A Jeanne de Chantal, 14 juillet 1639 – I, 564-565)
« Comme on le mange en ce pays »
« Le riz cuit à l’eau, comme on le mange en ce pays, n’est pas de si bonne nourriture ; il n’est pas facile de s’y accoutumer. Le vin de miel n’est pas sain, et il est bien rare. On peut apporter des farines de France de pur froment, qui se gardent trois et quatre ans, tant pour servir de matière de consécration, que pour faire du pain sur mer et ici dans un petit four. Le vin de garde n’est pas moins nécessaire pour la messe et pour conserver la santé en ce pays, où l’on est fort sujet à de grandes maladies et à la mort, à moins que d’avoir de bons aliments et médicaments et autres rafraîchissements que vous pourrez apprendre de ceux qui ont été sur mer, et de ceux qui ont vécu dans ce pays. Car de se fier, comme nous avons fait, à de belles promesses, cela est fâcheux d’acheter auprès des Français au quadruple de ce qu’il coûterait en France encore ne trouve-t-on quelquefois pour quoi que ce soit ce qu’on pouvait facilement apporter de France à bon marché et qui est pourtant nécessaire, comme il a fallu que j’aie fait pour me conserver, sans pourtant me délicater. » (De Charles Nacquart à St Vincent – III, 584-585)
2.4 Décroissance et pauvreté
Vivre en décroissance et dans la sobriété, c’est ne pas s’encombrer, apprendre à consommer autrement, renoncer au superflu, ne pas focaliser sur la possession mais privilégier un juste positionnement de l’homme dans son milieu. Ce mode de vie peut avoir des consonances avec la pauvreté vincentienne.
« Vous avez pauvreté en tout »
« Le premier conseil évangélique enseigne la pauvreté, et c’est par où Notre-Seigneur commence quand il enseigne le chemin de la perfection à celui qui le veut suivre ; et, par la miséricorde de Dieu, mes filles, c’est par où vous commencez. Car, à votre entrée ici, vous ne possédez rien ; si vous avez quelque chose, vous y renoncez, selon le précepte évangélique. A la maison, vous avez pauvreté en tout. Vous êtes vêtues de la moindre étoffe, aucune coiffure n’est plus simple que la vôtre, dans votre vivre se remarque la frugalité que je vous disais tantôt être une marque de la conduite de Dieu sur votre œuvre ; et tout le reste, par sa grâce, est dans une très grande pauvreté. » (Sur les Règles, 30 mai 1647 – IX, 314)
« C’est assez que l’on ait les remèdes ordinaires et plus nécessaires »
« Que nos Sœurs n’aillent plus chercher les herbes à mi les champs. Il ne faut pas tant raffiner à votre apothicairerie, c’est assez que l’on ait les remèdes ordinaires et plus nécessaires, autrement l’on dépenserait bien inutilement beaucoup d’argent. » (ES 213, à Sr Jeanne Lepintre)
« Ne rien avoir qui ne nous soit donné »
« Mes sœurs, mettons-nous-en la présence de Notre-Seigneur, et voyons si nous sommes bien aises de suivre Notre-Seigneur et la sainte Vierge dans leur pauvreté, de ne rien avoir qui ne nous soit donné. Si vous trouvez que cela soit, Dieu en soit béni ! Mais, si nous sentons quelque répugnance pour cette règle, c’est le signe que nous avons l’esprit du monde. Oui, si nous avons peine qu’on nous baille des habits, du linge ou autres choses rapiécées, c’est l’esprit d’orgueil et du monde qui est en nous ; et une fille qui se trouve dans cet état ne doit pas avoir de repos qu’elle n’ait obtenu, par prières et autres moyens, le moyen d’en sortir ; et dans ses oraisons, elle doit toujours tendre à incliner sa volonté de ce côté-là, jusqu’à ce qu’elle se sente portée à aimer la pauvreté et cette pratique de ne rien demander ni refuser. » (Usage des biens mis à la disposition des sœurs, 5 août 1657 – X, 299)
« Etre contents de ce que Dieu nous a donné »
« Or sus, Dieu soit béni ! Ces moyens suffiront avec les autres qu’un chacun de vous avez pensés, puisque vous n’avez pas le temps d’en dire davantage et que déjà j’ai été trop long. Messieurs et mes frères, nous demanderons tous unanimement à Dieu cet esprit de pauvreté ; et je vous supplie, Messieurs et mes frères, je vous en conjure, par la pauvreté du Fils de Dieu, par les entrailles de la miséricorde de J.-C., par tout ce qui vous est cher, de ne laisser passer jour aucun sans produire quelque acte de la sainte pauvreté, de ne point murmurer, d’être contents de ce que Dieu nous a donné. Ah ! nous serions heureux de souffrir quelque chose pour la sainte pauvreté, d’être mal logés, incommodés en mission ici ou ailleurs. Combien d’hommes au monde qui sont à découvert ! Et le Fils de Dieu même ! ‘Les renards ont leurs tanières et les oiseaux du ciel leurs nids mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête’ (Mt 8,20). » (Sur la pauvreté, 13 août 1655 – XI, 251-252)
Le développement intégral de l’homme
« Corporellement et spirituellement » Ces deux adverbes de nombreuses fois répétés par st Vincent de Paul comme par ste Louise de Marillac, nous révèlent clairement leur conception de la nature humaine, leur intuition d’un service global pour un développement durable, harmonieux et même audacieux de tout homme et de tout l’homme.
« Spirituellement … et corporellement »
« Elle sera instituée en l’Église Paroissiale, dans la chapelle du Très Saint Sacrement, lieu d’union pour honorer Notre-Seigneur Jésus patron d’icelle et sa Sainte Mère ; et pour assister les pauvres malades de ladite Paroisse : spirituellement, en procurant que ceux qui mourront partent de ce monde en bon état, et que ceux qui guériront fassent résolution de ne jamais plus offenser Dieu. Et corporellement en leur administrant ce qu’il leur faudra pour leur nourriture et médicaments ; et finalement pour accomplir l’ardent désir que Notre-Seigneur a que nous nous aimions les uns et les autres. » (ES 704, Règlement de la Charité)
« Joignez à cela la vertu »
« Ce n’est pas assez de porter les médecines, la nourriture et même d’instruire les malades, si vous ne joignez à cela la vertu que Dieu demande de vous, et l’intention qu’il veut que vous ayez en ces bonnes œuvres. » (Sur la pratique du règlement, 22 janvier 1645 – IX, 223)
« Que tous les autres pauvres gens… gagnassent leur vie »
« Vous pourriez leur recommander en passant de préparer quelque morceau de terre, de le labourer et fumer, et de prier Dieu qu’il leur envoie quelque semence pour y mettre, et, sans leur rien promettre, leur donner espérance que Dieu y pourvoira.
On voudrait faire aussi que tous les autres pauvres gens qui n’ont pas des terres gagnassent leur vie, tant hommes que femmes, en donnant aux hommes quelques outils pour travailler, et aux filles et femmes des rouets, et de la filasse ou de la laine pour filer, et cela aux plus pauvres seulement. À cette heure que voilà la paix, chacun trouvera à s’occuper, et les soldats ne leur ôtant plus ce qu’ils auront, ils pourront amasser quelque chose et se remettre peu à peu ; et pour cela, l’assemblée a pensé qu’il faut les aider à ce commencement et leur dire qu’il ne faudra plus s’attendre à aucun secours de Paris. » (A Jean Parre, 9 août 1659 – VIII, 72-73)
… et aujourd’hui – TEMOIGNAGE
Écologie Humaine
Les moines de l’abbaye de Maylis, dans les Landes, ont été provoqués il y a deux ans à adopter l’écologie pour protéger la culture de leur plante. Stimulés ensuite par le texte Laudato Si’ du Pape François, ils choisissent de faire un pas de plus en élargissant l’écologie à leur vie ordinaire.
L’écologie est la « science de la maison commune » (oikos logos), c’est-à-dire celle qui étudie les relations entre tous les vivants, dans l’ensemble de la création.
Il y a bien sûr une dimension agricole de l’écologie : manière naturelle de cultiver.
Il y a une dimension environnementale : tri et recyclage des déchets, économies d’énergie.
Il y a une dimension sociétale au sens où l’on prend conscience du lien entre le respect de l’environnement et les conséquences sur d’autres personnes humaines : jeter les déchets dans les rivières pollue celles-ci au point que d’autres manqueront d’eau pour boire.
Il y a aussi une autre dimension, purement humaine, concernant par exemple l’organisation de la communauté, ou la manière de vivre communautairement. Essayons de préciser un peu cette dimension.
Le premier niveau pourrait être celui du respect de chaque personne.
L’écologie respecte les plantes, chacune selon sa particularité, sa spécificité. On ne force pas une plante à produire un fruit qui ne lui correspond pas. Dans un ensemble, chacune apporte sa particularité, sa grâce. Et l’ensemble est beau de la diversité réunie. Qu’en est-il dans nos communautés ? Certes les frères sont là pour servir selon la mission de la communauté, ils sont là au service de la communauté dans sa mission. Et l’on est bien obligé de remplir l’organigramme de la communauté pour qu’elle fonctionne. Oui, jusqu’à un certain point.
Si les frères sont « utilisés » selon des missions qui ne leur correspondent pas du tout, ils ne donneront pas de bons fruits. Peut-être qu’en fonction des aptitudes et inaptitudes des frères, on sera obligé de modifier l’organisation de la communauté, peut-être aussi sa mission… Ne vaut-il pas mieux modifier la mission d’une communauté en fonction des compétences ou charismes des frères, plutôt que de maintenir coûte que coûte une mission pour laquelle on n’a plus les moyens de l’assumer ?
Dans cet éclairage du respect de la vocation de chacun, nous nous sommes demandé, en communauté, si notre équilibre monastique entre prière – travail – détente – vie communautaire était bien conforme à ce que nous sommes, et ne nécessiterait pas des réajustements. La réflexion est en cours.
Une autre facette de ce respect des personnes s’exprime dans une bonne conduite, un savoir-vivre, qui fait attention aux autres. Prise de conscience que si je ne range pas un outil, le frère qui viendra ensuite perdra du temps à le chercher, s’énervera peut-être, se découragera et ne fera jamais ce qu’on attend de lui… ou bien il se constituera sa propre réserve d’outils qu’il défendra en chasse gardée… au détriment de l’esprit communautaire !
Un second niveau va déployer tout ce qu’on regroupe sous le terme d’écosystème, dans l’environnement.
* La science de l’agriculture montre à quel point tous les éléments d’un même ensemble environnemental sont en relation les uns avec les autres. Pour pousser, une plante a besoin :
- d’un sol qui va lui communiquer de la nourriture variée,
- d’autres plantes à côté d’elle qui vont favoriser sa protection ou son éclosion,
- de champignons, d’insectes qui apporteront d’autres éléments, d’abeilles pour la polliniser, etc.
Dans un écosystème, tous avancent en lien et dépendance avec tous.
Qu’en est-il de nos communautés ? Une vraie communauté n’est pas un agglomérat d’individus placés côte à côte, sans relations entre eux. N’est-ce pas la charité qui doit nous unir, en nous constituant dépendant les uns des autres ? C’est-à-dire, d’abord en relation les uns avec les autres ? Si chacun a sa petite vie, totalement indépendante de celle des autres, où est la mise en commun, où est l’œuvre commune, où est la communion ?
Regarder notre communauté comme un écosystème, commence par favoriser la communication entre les membres, de manière que tous sachent ce que vivent les autres.
Dans notre communauté cela nous a conduits à établir une réunion hebdomadaire « d’ouverture des agendas », où chacun annonce les grandes activités qu’il prévoit pour la semaine prochaine. Cela permet parfois des mutualisations de forces, mais surtout de s’intéresser à ce qui habite les frères. L’activité de chacun devient celle de tous.
* Un autre éclairage que nous donne la dimension d’écosystème pour une communauté, est celui-ci. Autrefois quand nous repérions une maladie dans nos cultures, le réflexe était de téléphoner au conseiller agricole, qui préconisait tel produit chimique, à tel dosage, pendant une durée déterminée, et si c’était insuffisant on ajouterait tel autre produit etc… C’est une attitude de force volontariste : je veux tel résultat, j’en prends les moyens !
L’attitude écologique est différente. Une plante est malade, c’est le signe qu’il lui manque des ressources pour réagir devant un virus ou je ne sais quel intrus. Commençons par travailler sur l’écosystème, afin d’aider la plante à se fortifier intérieurement, en la nourrissant mieux, en appelant, par le biais d’autres plantes, des insectes qui fourniront ce qui manque. C’est-à-dire veillons à la qualité de son environnement. De celui-ci dépend la force qu’aura notre plante pour résister elle-même aux difficultés.
Le parallèle avec la vie communautaire est immédiat. Soit les frères sont considérés comme des ressources humaines, desquelles on veut tirer tout le possible… Soit on veille d’abord à soigner le tissu humain de la communauté, la qualité de relations, d’entre aide qui fait que les frères se sentiront bien et pourront donner toute leur richesse personnelle, au service de la mission communautaire. Si un frère se sent aimé, respecté, considéré, il aura beaucoup plus de force pour dépasser les difficultés de la vie.
À partir de là, se pose la question : quand il y a des décisions importantes à prendre pour la communauté, est-ce uniquement le supérieur qui s’investit ? Ou bien les frères sont consultés, écoutés positivement, et ensuite il faudra bien trancher ? Si les frères se sentent partie prenante de la décision, même s’ils avaient une position qui n’a pas été retenue, ils pourront s’investir davantage dans le sens qui aura été décidé.
Dans cette lumière, dans notre communauté, nous voudrions établir une réunion mensuelle (?) où seraient abordés des sujets de vie commune, pour que tous les frères aient la possibilité de donner leur avis. Mais pour l’instant nous avons encore du mal à mettre cela en place.
* Enfin, n’oublions pas que si une plante n’est jamais isolée, mais dépend d’un écosystème, de même un écosystème n’est pas isolé, lui non plus. Il dépend de tout un réseau d’écosystèmes, en relation et dépendance les uns avec les autres : la communauté dépend de la congrégation, de l’ensemble de la vie religieuse. Elle dépend aussi d’un diocèse, et finalement de l’Église dans son ensemble. L’art de « faire Église » est une manifestation de l’écologie intégrale suscitée par le pape.
La communauté est également située dans un environnement humain, dont elle ne saurait s’isoler complètement. Elle a à recevoir de ceux qui l’entourent, et à leur donner.
Finalement, qu’apporte la sensibilité écologique, dans nos vies communes ?
À un premier niveau, il semble bien que nous n’ayons rien appris de neuf : le respect des personnes fait partie du message essentiel de l’Évangile, tout le reste en découle. Convenons pourtant que l’éclairage écologique met l’accent sur certains points (par exemple la compréhension de la communauté comme un écosystème) nous permettant ainsi de nous réapproprier à frais nouveaux des fonctionnements que nous avons sans cesse besoin de dépoussiérer.
Cependant si nous creusons un peu plus, ce qui apparaît c’est l’unité de la création, où tout semble régi par un ordonnancement commun. Le logos de la création, la pensée créatrice, est la même pour toutes les créatures. L’homme a beau être au sommet de la création, il demeure au sein de celle-ci. Et nous découvrons que les lois qui régissent un sain fonctionnement social sont les mêmes qui régissent une agriculture naturelle : il s’agit toujours de ‘faire un dans la diversité’. L’écosystème environnemental met cela en œuvre sans se poser de questions… les sociétés humaines, doivent le redécouvrir avec leur raison. Mais le processus du bon fonctionnement est le même.
Comme c’est étrange… d’où peut-elle venir, cette similitude ? Cette unité dans la diversité serait-elle la marque de fabrique du Créateur lui-même ? La création, une dans sa diversité, serait-elle ainsi un reflet de son Créateur, Lui-même un et trine ?
L’encyclique Laudato Si l’affirme clairement : « Pour les chrétiens, croire en un Dieu qui est un et communion trinitaire, incite à penser que toute la réalité contient en son sein une marque proprement trinitaire. » (LS 239)
Mais si c’est vrai pour l’environnement naturel, qui transmet un reflet de la Trinité, que penser de nos communautés ecclésiales ? N’ont-elles pas, quelque part, la même mission : manifester dans leur fonctionnement l’unité dans la diversité ?
François You – Abbé de Maylis
Pour prolonger, personnellement et en équipe
- Quelle place occupe l’écologie intégrale dans nos engagements respectifs ? Pourquoi ?
- Quelles conséquences Laudato Si’ peut-elle avoir sur le plan collectif et personnel ?
- Le Pape parle « d’écologie humaine », comment la mettons-nous en œuvre ou la proposons-nous ?
- Quelles attitudes adoptons-nous face au consumérisme ?
Voilà, mes chères soeurs, la conduite de Dieu, souverain de tout le monde, à qui toutes les créatures doivent un honneur infini. Nous le voyons vivre du labeur de ses mains et dans le plus bas et pénible emploi du monde …
St Vincent, Sur l’amour du travail, 28 novembre 1649 – IX,491-492
Bibliographie
– Elena Lasida, Le goût de l’autre, Albin Michel (dans deux chapitres)
– Olivier Le Naire, Pierre Rabhi, semeur d’espoirs. Entretiens, Actes Sud, coll. Domaine du possible, 2013
– Patrice de Plunkett, L’écologie de la Bible à nos jours. Pour en finir avec les idées reçues
– « S’engager pour le climat », Cahiers de l’Atelier n°544, janvier-mars 2015
– Collectif Sauver la création. Écologie enjeu spirituel, Actes du colloque organisé par l’Observatoire Foi et culture de la Conférence des évêques de France, Parole et Silence, 2014 ; Présentation : l’écologie, un enjeu spirituel pour notre temps
La Sainte Trinité dans l’unité de son essence m’a créée pour lui seul, et m’aimant de toute éternité, a vu que je ne pouvais être ni subsister hors lui, lequel étant mon principe et seule origine, veut aussi et doit être ma fin, ayant créé toutes les créatures pour me servir de moyens pour y parvenir, comme sont les bornes qui conduisent les eaux à leur source.
Ste Louise de Marillac, ES 706 A19
, CM 🔸
Il est urgent de s’attaquer aux formes structurelles de la pauvreté pour arriver à un juste équilibre écologique
Explications :
[1] Cf. M. Lamotte et C-F Sacchi, « Ecologie », in Encyclopedia Universalis France, 1980
Prière pour notre terre (LS 246)
Dieu Tout-Puissant
qui es présent dans tout l’univers
et dans la plus petite de tes créatures,
Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,
répands sur nous la force de ton amour pour que
nous protégions la vie et la beauté.
Inonde-nous de paix, pour que nous vivions
comme frères et sœurs
sans causer de dommages à personne.
Ô Dieu des pauvres,
aide-nous à secourir les abandonnés
et les oubliés de cette terre
qui valent tant à tes yeux.
Guéris nos vies,
pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs,
pour que nous semions la beauté
et non la pollution ni la destruction.
Touche les cœurs
de ceux qui cherchent seulement des profits
aux dépens de la terre et des pauvres.
Apprends-nous à découvrir
la valeur de chaque chose,
à contempler, émerveillés,
à reconnaître que nous sommes profondément unis
à toutes les créatures
sur notre chemin vers ta lumière infinie.
Merci parce que tu es avec nous tous les jours.
Soutiens-nous, nous t’en prions,
dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix.
Pape François