Nous étions 14 réunis pour notre première rencontre via ZOOM, notre rencontre prévue au mois d’avril n’ayant pu se dérouler en raison du confinement dû à la pandémie.
Famille Vincentienne - FRANCE
Post-pandémie : la famille vincentienne de France se retrouve sur zoom
Nous étions 14 réunis pour notre première rencontre via ZOOM, notre rencontre prévue au mois d’avril n’ayant pu se dérouler en raison du confinement dû à la pandémie.
Sont présents : France Morane des Equipes Saint Vincent-AIC France (E.S.V.), Patrick Rabarison de la Congrégation de la Mission (C.M.), Sœur Marie-Vianney Ressegand des sœurs de l’Union Chrétienne de St Chaumond, Sœur Blandine Klein des sœurs de la charité de Strasbourg et Fanny Douhaire, leur chargée de projets, Sœur Nicole Roland et Sœur Pascale Haratik des sœurs de Jeanne Antide Thouret, Michel Lanternier de la Société Saint Vincent de Paul (S.S.V.P.), P. Yves Danjou de l’Archiconfrérie de la Sainte Agonie, Aurélie Madrid de la Jeunesse Mariale Vincentienne, Marie-Pierre Flour, secrétaire et membre de l’Association de la Médaille Miraculeuse, Sœur Marguerite-Marie Nmargo des sœurs de st Vincent de Paul de Lambélé, Sœur Laetitia Tremolet des sœurs du rosier de l’Annonciation et le P. Bernard Massarini, coordinateur.
Le coordinateur propose d’ouvrir par un temps de prière en lisant l’évangile du jour : Mt 5, 38-42 qui se termine par la phrase «Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos », prière avec le texte du jour et la citation d’Ozanam.
Il prolonge en citant Frédéric Ozanam «l’assistance humilie si elle n’est en rien réciproque, si vous ne portez à vos frères qu’un morceau de pain, un poignée de paille que nous n’aurez probablement jamais à lui demander, si vous le mettez dans la nécessité douloureuse d’un cœur bien fait de recevoir sans rendre ». Après un court silence, la prière du Notre Père est récitée.
Nous commençons par un tour de table pour présenter nos nouvelles associées :
– les sœurs du rosier de l’Annonciation : elles sont reconnues comme association publique de fidèles fondée par Sœur Laetitia Tremolet, actuellement en service à Lourdes et en fondation en Corse. Elles se mettent dans les pas de Louise de Marillac et de Saint Vincent de Paul comme soutien de leur spiritualité. Un charisme au service de toutes les pauvretés (transmission de la foi aux enfants, accompagnement des mères seules en difficultés et auprès des malades).
– les sœurs de Saint Vincent de Paul de Lembélé : elles sont fondées en Belgique en 1811 par un prêtre, qui va les faire naître au Rwanda en 1956. Elles sont présentes dans 7 pays dont l’Ouganda, le Centre-Afrique, le Congo et la Belgique. Elles sont arrivées dans la Somme en 2018 : 3 sœurs, une sœur en catéchèse et service d’Eglise (sacristie et servants de messe), une en aumônerie d’hôpital et une en aumônerie de jeunes pour les établissements publics et privés.
1 – Nos projets communs
Nous commençons l’ordre du jour en nous mettant au courant de nos projets communs. Le projet « Louise et Rosalie » (accueil de jour pour femmes seules à la rue), à la Maison-Mère des Lazaristes, au 95 rue de Sèvres, en partenariat entre E.S.V., S.S.V.P. et C.M. Le confinement a contraint à un arrêt total des travaux qui ont pu reprendre lors du déconfinement. Cet espace d’accueil aura un point sanitaire-douche, une cuisine et un espace d’écoute. L’ouverture prévue en juin est reportée après la Toussaint 2020.
Pour le Projet de Pantin, l’évêque du diocèse de Saint Denis a sollicité la S.S.V.P. pour un accueil de jour pour les SDF (femmes à la rue). Les travaux ont dû être reportés. Ce lieu d’accueil n’ouvrira que courant 2021. La S.S.V.P. a fait appel à la collaboration des Filles de la Charité. Quelques-unes participeront à ce service.
2 – Pauvretés rencontrées du fait de la pandémie
Le coordinateur nous informe que les Vincentiens à l’ONU ont obtenu 4 jours de travail lors de l’assemblée sur les personnes sans-abris qui a conduit à l’adoption d’un texte. Il a partagé lors d’une rencontre ZOOM des visiteurs de la Congrégation de la Mission 3 initiatives nouvelles de la S.S.V.P., 2 des E.S.V., 2 des Sœurs de la Charité de Strasbourg et 2 des Lazaristes qui ont créé des services de proximité de pauvres, d’enfants ou de soignants durant le confinement.
Mr Lanternier, de la Société Saint Vincent de Paul, nous informe des rencontres régulières entre le Ministère de la cohésion sociale et un collectif de 30 associations travaillant avec les populations pauvres.
Ils se sont aperçu que ce sont les étudiants et les jeunes qui sont plus particulièrement précarisés par la pandémie (chômage..). L’Etat a mis 50M€ au service de ces actions. Les bénévoles âgés ont dû se protéger et il a fallu faire appel à des bénévoles extérieurs.
Mr Lanternier déplore la méconnaissance des dispositifs : les 200€ pour les étudiants, les bons d’achats pour les personnes à faible revenus, les moyens mis à disposition par les collectivités territoriales… L’insécurité alimentaire a explosé et il est à craindre que le chômage explose sans pouvoir faire face.
La S.S.V.P. a consacré son énergie à remettre ou conserver le réseau au service et n’a pas eu l’occasion d’être davantage attentive aux personnes. Elle a mis en route un système de rapports que les conseils départementaux sont invités à remonter pour avoir une vue plus générale l’état des situations.
Nouvelle adaptation à faire avec des personnes d’âge avancé et comprendre comment continuer avec les nouveaux visages parus durant cette période.
A Besançon, les sœurs de Jeanne Antide Thouret (S.J.A.T.) ont constaté la paupérisation des étudiants étrangers qui vivaient de travaux intérimaires. L’un d’entre eux n’avait plus rien à manger, ni de quoi payer son loyer universitaire. Les S.J.A.T. lui ont procuré des rations alimentaires et une association a accepté de prendre en charge le coût du loyer. Ce jeune étudiant est reçu en second cycle (Master) sur Paris à la rentrée et cherche un travail d’été en vain.
Toujours à Besançon, « l’escale jeune » s’est retrouvée sur zoom ou Skype et a cherché des réponses aux nouvelles demandes. Il a été proposé de garder le lien par téléphone ou internet avec les personnes seules ou isolées. La rencontre en présentiel avec la pastorale de la santé les a invitées à voir comment continuer la dynamique engagée. Divers projets : repas, fêtes…
Les Equipes Saint Vincent-AIC France n’ont eu que des appels téléphoniques de mères seules pour obtenir une aide alimentaire. Il est triste de constater que beaucoup ne connaissent pas les dispositifs dont ils peuvent bénéficier (peu savent qu’ils peuvent contacter la paroisse de leur quartier ou les services de la mairie). Il faut faire en sorte que l’information soit connue. Les bénévoles âgés des E.S.V. ont dû se mettre à l’abri pour se protéger mais elles sont su s’adapter en s’initiant à la visioconférence zoom pour que leurs élèves en français/langue étrangère ne perdent pas leurs acquis ; elles ont conservé les liens en mettant en place les cours par whatsapp ou autre support. France Morane partage sa crainte de l’augmentation des violences tant pour les femmes que les enfants sans pouvoir encore évaluer combien de personnes suivies sont concernées. Pendant le confinement, la violence intrafamiliale a augmenté de 30%.
Les sœurs de la Charité de Lembélé, dans la Somme, ont accompagné le prêtre lors de la célébration des obsèques avec parfois seulement le cercueil, sans membre de la famille du fait du confinement. Elles ont aussi beaucoup écouté les personnes de leur environnement qui vivaient dans l’angoisse liée à l’isolement dû à une maladie.
Soeur Laetitia, des sœurs du Rosier de l’Annonciation, informe qu’avoir laissé l’église ouverte a permis aux personnes de faire des passages discrets et furtifs. Une grande solidarité les a fait bénéficier de nourriture de la part du maire ou du curé : elles en ont assuré la redistribution aux personnes en difficultés, cela a ouvert de nouvelles relations de proximité.
Faute de pouvoir faire patronage en présentiel, elles ont inventé un patronage en ligne : de courtes vidéos régulières avec un éveil à la foi, prière avec les sœurs, une activité bricolage ou recette et un jingle. De nombreux enfants s’y sont connectés :https://rosierdelannonciation.org/videos-en-ligne-pour-vos-enfants/
Patrick Rabarison (aumônier et prêtre accompagnateur des jeunes du diocèse de St Denis et prêtre de la paroisse de Villepinte) voit exploser la pauvreté relationnelle pendant le confinement car nombreux sont les jeunes qui vivent seuls (étudiants de province venus s’installer dans la région parisienne entre autres). Ces jeunes sont en attente de relations authentiques. La paroisse a proposé des messes et le chapelet en ligne, des échanges par ZOOM.
Suite à la mort de Georges Floyd, l’émotion des jeunes de la communauté afro-antillaise est forte en Seine-St Denis. Un grand courant de colère s’est levé et il a fallu tenter de canaliser cette situation explosive. Le service diocésain des jeunes a tenté une action pédagogique en trois temps auxquels plusieurs paroisses se sont jointes : 1/écouter les expressions de mal-être autour du racisme (cellules d’écoute avec leur curé et des animateurs laïcs) en apprenant à mettre des mots dessus et en invitant à formuler leur colère en prière. 2/recontextualiser les choses par un temps de formation. Cela a abouti à un chemin de croix pour associer les souffrances ressenties à la passion de Jésus souffrant (belle dévotion des jeunes au chemin de croix). 3/prévoir dans les prochaines semaines d’organiser des temps de rencontres entre jeunes et policiers. Il est important d’être artisan de paix et de tenir compte des souffrances de chacun. La S.S.V.P. se tient disposée à aider ce qui se passe dans la paroisse de Villepinte si cela était nécessaire (à voir comment et pour quel type de service).
En tant que Vincentiens, nous devrons être inventifs pour renouveler notre pratique de l’écoute.
Les Sœurs de la Charité de Strasbourg saluent les jeunes qui sont venus en renfort des équipes. Elles ont rencontré des difficultés dans les EHPAD mais sont reconnaissantes face à la solidarité des équipes de professionnels travaillant dans l’enfance qui se sont proposés pour renforcer la main d’œuvre dans les EHPAD.
Les sœurs de l’Union Chrétienne de St Chaumond ont eu leurs établissements scolaires fermés. Les professeurs principaux ont fait preuve d’inventivité pour garder le contact chaque semaine avec tous les élèves. Le fossé risque de se creuser entre les bons élèves et les élèves en difficultés. A Madrid, le taux de mortalité a été important dans les familles, notamment parmi les grands-parents d’élèves. Les sœurs sur place ont accompagné par téléphone et sur les réseaux sociaux ces familles.
Les activités régulières de la Jeunesse Mariale Vincentienne ont été interrompues depuis le début du confinement. Les responsables d’équipe ont toutefois pu maintenir le lien avec les enfants et les jeunes qu’ils accompagnent, par téléphone ou en les rencontrant depuis la réouverture des établissements scolaires. L’Assemblée internationale qui devait avoir lieu en juillet 2020 a été reportée d’un an, et différentes initiatives ont été mises en place au niveau international, via les réseaux sociaux, afin de maintenir le lien et de partager des nouvelles entre pays.
L’Association de la Médaille Miraculeuse a poursuivi son activité grâce au télétravail. Un temps important a été consacré à l’appel des personnes seules, âgées et/ou malades. Elle a constaté une grande dévotion mariale en ce temps de pandémie : plus de 1000 médailles miraculeuses ont été demandées depuis le début de l’année pour recourir à la protection de Marie.
Le Père Yves Danjou, de l’Archiconfrérie de la Sainte Agonie, n’a pas connu davantage de demandes mais a été en contact avec des personnes éprouvant une plus grande solitude et qui étaient heureuses de bénéficier par exemple de l’extension de la non-expulsion hivernale. La suppression de temps de prière mensuel a été difficile à vire. Ceci a été une invitation à approfondir la spiritualité de Jésus à Gethsémani. Le Père Yves nous partage la mort du Covid-19 de son frère, lui aussi Lazariste. La gestion du deuil a été difficile à vivre mais cela a été l’occasion d’une communication plus profonde avec des amis qui se sont faits proches de lui.
3 – Questions diverses
Après un échange entre le coordinateur et la secrétaire-trésorière, et au vu des comptes de la Famille Vincentienne France, il est proposé de ne pas demander de cotisation annuelle pour 2020, ce qui sera une contribution à l’effort post-pandémie de la famille vincentienne en France pour le travail de chacun.
Nous évoquons la réédition du calendrier des saints vincentiens pour le rendre plus ajusté aux dates changées par la congrégation pour la cause des saints et vérifier ceux qui demeurent mémoire de notre famille et ceux qui ont été transférés dans une autre tradition spirituelle. La décision est positive.
Lorsqu’est évoquée la possibilité de réfléchir à une formation pour nos bénévoles, sans sœurs ni prêtres, avec l’organisme VDP formation (possibilité de rencontre en septembre ou octobre), la présidente des E.S.V pense qu’il serait mieux d’attendre la rencontre de novembre pour en rediscuter car la priorité actuelle sont les actions en lien avec la pandémie.
Le prochain rendez-vous en présentiel de notre comité aura lieu le lundi 16 novembre 2020, à la maison mère des Lazaristes, au 95 rue de Sèvres à Paris. Ce sera aussi l’occasion de visiter le lieu d’accueil « Louise-Rosalie »…