Frères et Sœurs, Souffrons-nous d’illusion d’optique ? On pourrait se le demander à constater l’acharnement que nous mettons à préférer l’illusion au réel.
Jean-Pierre Renouard
3e dimanche de l’Avent (15 décembre 2019). Le Berceau
Frères et Sœurs, Souffrons-nous d’illusion d’optique ? On pourrait se le demander à constater l’acharnement que nous mettons à préférer l’illusion au réel. Notre cher Dax, à sa manière me fait réfléchir; cette petite ville possède des trésors cachés de la nature, je pense aux rives de l’Adour, au bois sacré de la route d’Yzosse, au parc inattendu du Sarrat, à son Observatoire, route des Pyrénées, un des premiers sites amateurs de France pour son équipement et pour ses travaux. Avons-nous jamais pris le temps de nous attarder à l’un ou l’autre de ces lieux naturels ? Et pourtant nous passons tous beaucoup d’heures dans des endroits plus bétonnés et plus sophistiqués pour ne pas parler avec trop de précisions des bains de foule que nous prenons régulièrement, pas très loin de cette chapelle. Autrement dit nous oublions le réel, la nature, sa beauté, source de la culture et de la méditation, au bénéfice du superficiel et du consumérisme. Le paysan landais, lui, sait naturellement observer. La lunette miniature déposée aujourd’hui devant la lumière de plus en plus envahissante tenue par Jean Le Baptiste, nous convie à cette action déterminante à l‘approche de Noël : regarder, scruter le réel avec insistance, pour mieux le comprendre. Creusons l’Evangile de ce jour et ramassons en quelques échos ici et là.
1° Jean-Baptiste vit dans sa prison une crise intérieure. Il a tout misé sur Jésus et soudain il se prend à douter. Il est perplexe devant les faits et gestes de Jésus, devant ce profil d un messie souffrant qui promet le même sort à ses disciples. Ce n’est pas ce que Jean-Baptiste attendait ; alors il essaie d’obtenir des éclaircissements de Jésus lui-même par des intermédiaires. Et ceux-ci entendent et voient ; ils sont époustouflés par leurs découvertes et que Jésus résume par les paroles du prophète Isaïe déjà entendues dès les débuts de la lecture de la Parole de Dieu : « les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ». Alors avec de telles paroles, avec de tels faits et de tels signaux, tous les doutes tombent ! Le messager qu’est Jean ne s’est pas trompé et il devient lui-même un signe. C’est l’heure des petits ; c’est l’heure de la joie. Il évite les égarements, les illusions et anticipe la vocation de Jésus en donnant sa vie pour la vérité lumineuse qu’il vit, la vraie grandeur étant dans la claire vision de Dieu et dans ce qui l’annonce.
2° Au moment où notre société vacille sur elle-même, chacun voyant midi à l’heure de sa porte, le véritable réconfort vient du sens de la vie et pour les chrétiens, le sens de la foi. Mais encore faut-il activer celle-ci. Nous aussi nous sommes comme emprisonnés, ligotés dans nos certitudes, nos opinions toutes faites, mais souvent incapables de percevoir autre chose et de recevoir celles des autres. Alors Jésus nous invite à regarder avec les yeux de la foi : il y a des cœurs droits et sincères dont le témoignage nous parle, des personnes dont la beauté d’une vie donnée nous émerveille. Regardez, regardons bien : des chrétiens montrent leur foi en Jésus, des amis peut-être ; ils donnent de leur temps à Le faire connaître et aimer, ils font vivre son Eglise ; ils la soutiennent et la portent dans ses adversités et malgré ses fautes. Le Pape François remarquait récemment qu’il y a plus de persécutions aujourd’hui que dans toute l’histoire de l’Eglise. De vrais pasteurs donnent leur vie pour leur troupeau. Oui, les œuvres du Christ continuent à travers celles vécues par et dans le moindre des gestes de solidarité qui se donnent et s’échangent. Si ce dimanche de la joie, nous tous qui vivons l’Eucharistie, nous apportons notre ‘verre d’eau’ à plus malheureux que nous (un sourire, une parole de paix ou de réconfort, une aide utile du moment) oui ! Alors nous sommes des messagers de l’Evangile que le monde attend même inconsciemment.
3° Il reste aussi un autre regard à porter : passer de l’extériorité à l’intériorité. Il ne suffit pas de comprendre la nature et les autres mais nous sommes invités à scruter notre propre cœur. Qui sommes-nous ? Que vivons—nous ? Que désirons-nous ? Vers qui allons-nous ? Chacune et chacun porte en soi une richesse intérieure étonnante et tonifiante. Mettons-nous à l’affût. « Notre avenir est au-dedans » dit le poète chrétien. Plus je me connais, plus je sais que je suis un être habité et désireux d’entrer en conversation. Petit à petit bâtissons ce foyer de notre Rencontre. Dieu frappe à notre cœur. Si toi, ami € de Dieu, tu prends le temps de découvrir, d’aimer et d’échanger avec Lui, tu seras déjà comblé au-delà de tout.
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Curieux parcours que ce Jour du Seigneur …dimanche de la joie…dimanche des signes de la foi… Avec en prime, la patience nous dit st Paul… Car on ne naît pas chrétien, on le devient. Et nous avons tous à consentir au rythme lent et progressif de la grâce de Dieu. La patience est l’apanage du laboureur et elle a valeur exemplaire car il faut compter avec le temps pour passer de la semence au fruit. St Vincent qui avait vu, touché et aimé cette vie de la terre nous a laissé ces mots afin de nous aider à voir Dieu à l’œuvre: « Le temps fait tout. J‘expérimente cela tous les jours parmi nous » (II, 146)
AMEN.