Nous sommes rassemblés aujourd’hui, Province de France, pour célébrer les 400 ans de la fondation de notre Congrégation. En 1625, st Vincent de Paul recevait de Madame et Monsieur De Gondi un fonds pour lui permettre de s’appliquer, avec quelques compagnons, « entièrement et purement au salut du pauvre peuple », selon les termes du contrat signé.

Homélie. 400e anniversaire de la fondation de la Congrégation de la Mission. Province de France. Jeudi 22 mai 2025, chapelle st Vincent Paul – Paris.

Nous sommes rassemblés aujourd’hui, Province de France, pour célébrer les 400 ans de la fondation de notre Congrégation. En 1625, st Vincent de Paul recevait de Madame et Monsieur De Gondi un fonds pour lui permettre de s’appliquer, avec quelques compagnons, « entièrement et purement au salut du pauvre peuple », selon les termes du contrat signé. Par ses généreux et pieux fondateurs et son zélé initiateur, la Congrégation de la Mission prend forme. Elle va déployer toute son énergie missionnaire dans les aléas de l’histoire, jusqu’à aujourd’hui, pour vivre aussi fidèlement que possible sa vocation à la suite du Christ évangélisateur des pauvres. Et demain ? Que deviendra-t-elle ? Nul ne le sait … mais la mémoire de l’histoire peut nous permettre de repérer les éléments qui ont fait naître et grandir la Congrégation, comme cet événement de 1625, parmi d’autres. Monsieur Vincent reçoit les moyens de subvenir à ses besoins ordinaires pour pouvoir se consacrer, avec d’autres, au Christ, dans l’annonce de la Bonne Nouvelle de Dieu aux pauvres, suivant une modalité de vie selon un contrat.

Ces trois éléments de l’expérience de st Vincent – recevoir, avec d’autres, selon un contrat – m’interpellent en résonnance avec l’Evangile de ce jour. Avant de quitter ses disciples, Jésus leur affirme : « comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour ». Avec l’amour du Père, Jésus donne à ses disciples tout ce dont ils ont besoin pour vivre. Ils ont le capital nécessaire pour investir leur vie comme disciples du Christ. En célébrant le 400eanniversaire de la fondation de la Congrégation de la Mission, ouvrons à nouveau nos cœurs à ce don fondamental de l’amour de Dieu et cherchons à en vivre vraiment. C’est lui qui est la vraie source de que nous pouvons réaliser dans notre vocation missionnaire, de lui, comme lui. Aimons, de l’amour du Père reçu du Fils. Toute notre vie en vient à consister à aimer. Dans les différents domaines de notre vocation, spirituel, apostolique et communautaire, laissons-nous animer par l’unique vraie source … « je vous ai aimés ». C’est ce que nous sommes appelés à recevoir et à répandre.

Comment réussir ? Jésus dit à ses disciples : « si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour », selon ce que lui-même a vécu, dans sa relation à Dieu le Père. Il s’agit de suivre les enseignements de Jésus, qu’il a donnés par paroles et par actes, avec, en tout premier lieu, le commandement de l’amour. Si nous voulons inscrire nos vies dans la lignée des disciples du Christ, il nous revient comme eux de recevoir tout son amour et d’observer ses commandements. Voilà le capital fondamental que nous pouvons recevoir encore aujourd’hui dans l’héritage de st Vincent de Paul. Au cœur de sa vocation, il a reçu le Seigneur Jésus Christ et cherché à tout vivre de lui, dans les circonstances de son temps. Il a croisé des pauvres des campagnes abandonnés, Madame et Monsieur De Gondi, ses premiers compagnons missionnaires et, avec eux tous, il a partagé cet amour du Christ qui l’appelait à se donner tout entier à son tour. Il a suivi un chemin fondamental discerné avec d’autres et tracé dans un contrat, selon une œuvre majeure – le salut du pauvre peuple qui ensuite peut prendre des formes diverses de circonstances – et avec quelques compagnons. Par cette célébration de la fondation de la Congrégation, retrouvons ces éléments fondamentaux – recevoir, avec d’autres, selon un contrat – pour poursuivre durablement sa vocation missionnaire.

Pour être un peu plus concret, je voudrais encore préciser que recevoir – avec d’autres – selon un contrat – implique pour nous d’accepter de vivre dans ces conditions :

  • recevoir dans la pauvreté, où nous nous situons comme des chercheurs avec Dieu et avec les autres, disposés à vivre du don des autres pour nous tous ;
  • avec d’autres par la communauté et par ce que nous appelons aujourd’hui la synodalité … par la communauté où nous nous retrouvons avec des compagnons que nous n’avons pas choisis mais que Dieu nous a donnés pour réaliser ensemble la Mission du Christ … et par la synodalité, pour désigner cet espace vital du discernement et de la collaboration missionnaires entre nous et avec des laïcs où nous pouvons rencontrer de vrais partenaires missionnaires prêts à nous soutenir ;
  • Et enfin selon un contrat dans l’obéissance, qui permet de demeurer dans le don, suivant une ligne de conduite décrite initialement le 17 avril 1625 dans un contrat, et ensuite transmise dans des références fondamentales qui nous lient en Congrégation, à savoir Jésus Christ la Règle de la Mission, les Règles Communes et les Constitutions.

Avec ces trois éléments repérés dans la fondation – recevoir – avec d’autres – selon un contrat – je nous souhaite une continuation heureuse et féconde de la Mission du Christ, le temps que Dieu voudra. Confions-nous par la prière à sa bonté, pour qu’il nous en donne la grâce

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