Ces deux jours de formation intense ont produit du bien-être, de la joie, une complicité renforcée et une joie de se (re)découvrir frères les uns des autres.

Concrétisons la fraternité joyeuse

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Vincent GOGUEY

Lorsqu’un jeune homme décide d’entrer dans une congrégation religieuse, il y a bien évidemment tout d’abord une rencontre personnelle avec le Christ. Cette rencontre peut être de l’ordre du coup de foudre ou à l’occasion d’un cheminement, d’une découverte grandissante à la suite de rencontres ou d’évènements particuliers.

Pour choisir une congrégation il y a bien souvent une double entrée possible, par la connaissance du fondateur via ses écrits ou via un des membres de cet institut. Nous y entrons pour la spiritualité, pour un aspect de l’évangile mis en exergue, pour un moyen original de vivre la vocation ou encore le style d’apostolat à y vivre. Certains seront touchés par l’importance de l’étude biblique ou les recherches théologiques, la place centrale de la prière, d’autres par le fait d’être missionnaire sur des terres lointaines ou encore vis-à-vis du public dont il faut se mettre au service.

Très souvent l’un des attraits que l’on retrouve pour entrer dans la congrégation est la relation qui se tisse entre les confrères. Cela commence très souvent par un contact particulier, un témoignage, une manière d’être accueilli etc. Ces rencontres trouvent leur place dans un élément essentiel à toute vie de congrégation : la vie communautaire qui tend à vivre au mieux la dimension fraternelle.

Si nous prenons cette route de la vie communautaire c’est bien qu’en premier nous reconnaissons un besoin vital, en nous, de vivre avec d’autres pour une mission commune. Ce besoin se trouve motivé et transformé en moyen, en exigence par la parole même du Christ : « c’est à la manière dont vous vous aimez, qu’on reconnaitra que vous êtes mes disciples ».

Si au départ nous trouvons tout facile et beau à vivre, un peu comme de jeunes amoureux qui se découvrent et voient tout avec les lorgnettes des amoureux aveuglés, au fil du temps on s’aperçoit des imperfections dans les rencontres de confrères ou simplement dans le quotidien de la vie communautaire. Tout comme un couple débute aisément et parfois, peut peiner au fil des ans avec les habitudes et les coups durs de la vie, il en est de même pour le monde religieux. Le quotidien n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut donc prendre les moyens adaptés pour relever ce défi proposé par le Christ.

Lors de nos rencontres provinciales annuelles de lazaristes, il y a toujours de la joie des retrouvailles, de savoir que les confrères œuvrent aux mêmes objectifs que nous, même s’ils ont d’autres moyens pour les atteindre selon la mission qui leur sont confiés. La fraternité est belle et bien palpable, réelle. La difficulté peut venir davantage du quotidien de la vie communautaire où il faut apprendre à accepter l’autre avec ses grandeurs… et ses limites qui peuvent parfois nous agacer !

Le Visiteur et son Conseil ont décidé de nous proposer une formation pour permettre au plus grand nombre de confrères, de se questionner, se laisser bousculer sur cette question centrale de notre vie de congrégation : la fraternité.

Cela s’est vécu durant nos deux jours de rencontres annuels de formation. Nous avons eu une équipe d’accompagnants pour nous aider à regarder de près les fonctionnements de nos relations entre confrères. Apprendre à repérer tout d’abord les côtés positifs de l’autre, percevoir ce qu’il me renvoie, comment ça me touche, tant en positif qu’en difficulté. Analyser ce qui se joue en soi pour éviter de reporter tous les problèmes chez l’autre mais découvrir comment je peux me situer autrement. Trouver des moyens ou des moments pour réaliser des rencontres « en vérité » où les éléments bloquants d’une relation puisse être énoncés afin de les dépasser. Pour cela la communication non violente a de bons outils pour nous permettre d’acquérir des relations plus ajustées. L’un des atouts de cette formation, loin d’être dans la théorie statique, nous a amené via des exercices interactifs, nous impliquant très personnellement à être au plus proche de notre réalité communautaire. C’est « en direct » que nous avons pu évaluer la qualité de nos liens et avoir la joie d’une fraternité renouvelée. Le Christ nous invite bien à la correction fraternelle, à un chemin de vérité qui rend libre et à la joie de la réconciliation en apprenant à accueillir l’autre tel qu’il est et non tel que nous aimerions qu’il soit.

Ces deux jours de formation intense ont produit du bien-être, de la joie, une complicité renforcée et une joie de se (re)découvrir frères les uns des autres.

Cet aspect de notre vie consacrée est essentiel pour avoir le baume au cœur pour retourner à la mission d’une manière renouvelée et avec plus de zèle. Les rires, les anecdotes, les boutades sont venus enrichir nos relations et nous ont mis d’entrée de jeu comme bénéficiaires de ces efforts relationnels nécessaire à tout bon compagnonnage.

Nous avons conclue notre rencontre provinciale, comme chaque année par une célébration solennelle pour la conversion de st Paul qui se trouve être aussi la fête de la fondation de la Congrégation de la Mission. Puis tout le monde repart ragaillardi pour la mission !

Vincent Goguey cm.

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