Au sein du peuple de Dieu et pour lui, le prêtre ordonné rend visible d’une manière particulière ce sacerdoce. En présidant la célébration eucharistique et en administrant les sacrements, il est au service de la croissance et de l’unité de l’Église, Corps du Christ.

A l’appel de Dieu (Interview)

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Perceval PONDROM

C’est la journée des vocations le 8 mai.

Pour vous, Perceval Pondrom, qui êtes séminariste, comment concevez-vous la vocation ?

Je conçois la vocation, en général, comme l’appel de Dieu, adressé à chaque homme et chaque femme, à faire connaissance, entrer en relation avec lui et approfondir cette relation tout au long de sa vie. Dieu vient à la rencontre de chacun de nous, au sein de notre histoire personnelle, pour nous inviter à l’aimer et à aimer nos frères et sœurs dans un même mouvement. Comme cet appel s’inscrit dans une histoire personnelle, forcément particulière, il prend pour chacun une forme différente. Pour moi, « ma » vocation s’inscrit dans mon histoire et ma vie personnelles : le cours de ma vie, mes études, mes relations, mes joies et mes peines, ont éveillé un désir de suivre Jésus-Christ dans la Congrégation de la Mission.

Quel a été votre parcours avant le séminaire ?

J’ai fait des études d’électronique à l’Institut Supérieur d’Electronique de Paris (ISEP), puis à l’Université technique de Darmstadt en Allemagne. Après avoir travaillé quelques années en Autriche dans l’industrie médicale, j’ai fait une thèse, à nouveau à Darmstadt. À ce moment je suis entré en relation avec la communauté jésuite de Francfort et j’ai commencé à me poser la question de la vie religieuse. Pour approfondir cette question, j’ai servi pendant deux ans comme volontaire en Inde, près de Calcutta, dans un centre d’art et de culture dirigé par le prêtre jésuite Saju George, où on enseigne aux jeunes gens marginalisés la danse et la culture afin de leur inculquer estime de soi et discipline, qui sont la base de la réussite scolaire. J’y donnais notamment des cours d’anglais. C’est après mon retour en Allemagne et un an dans une communauté de discernement animée par les Jésuites que j’ai demandé à poursuivre mon chemin avec la Congrégation de la Mission.

Vous désirez entrer dans la Congrégation de la Mission dite des Lazaristes ? Comment sentez-vous cet appel ?

D’une certaine manière, j’ai été attiré par la Congrégation de la Mission dès mes études à l’ISEP : le prêtre accompagnateur de l’aumônerie était alors un lazariste, et j’ai passé un an au foyer d’étudiant de la Maison-Mère, le Centre Fernand Portal. Mais c’est pendant l’année passée en Inde, au milieu des « pauvres de la campagne », qu’a mûri le sentiment d’un appel à m’engager dans une forme de vie dans laquelle le souci des pauvres est central. La Congrégation de la Mission, congrégation de prêtres et de frères fondée par saint Vincent de Paul, fait partie d’un vaste mouvement (avec les Dames de la Charité, aujourd’hui Equipes Saint-Vincent, et les Filles de la Charité) qu’il a contribué à mettre au service de l’annonce de l’Evangile et de la continuation de l’œuvre de Jésus-Christ par excellence qu’est l’exercice de la charité. Saint Vincent implique dans cette mission tous les états de vie (prêtres, laïcs, consacrés) selon le charisme de chacun : tout le monde est concerné par l’annonce de l’Évangile et doit y mettre toute son énergie, et il me semble que c’est un message particulièrement fort pour l’Église aujourd’hui.

Vous suivez en ce moment une année de séminaire interne. En quoi cela consiste-t-il ?

Le séminaire interne correspond plus ou moins au noviciat des congrégations religieuses. C’est une année où on approfondit l’esprit du fondateur de la congrégation, sa mission particulière dans l’Église et le monde d’aujourd’hui, et où on s’exerce à la vie communautaire fraternelle et aux travaux de la congrégation. Concrètement, je vis dans la communauté lazariste d’Amiens, où je participe à la prière, aux temps de partage et de repas communautaire, tout en suivant un programme de formation spécifique : étude de la vie et de l’œuvre de saint Vincent, temps d’enseignement sur la spiritualité, l’histoire de la congrégation, les témoins du charisme vincentien, et des temps d’engagement pastoral, en particulier auprès des sans-abris avec les Sœurs de la Providence de Rouen.

Vous étudiez particulièrement saint Vincent de Paul. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Au cours de ce séminaire interne, j’étudie la vie de saint Vincent de Paul et son « œuvre », notamment à travers sa correspondance et les conférences qu’il a données aux confrères de la Congrégation de la Mission et aux Filles de la Charité. Saint Vincent n’a pas laissé d’écrits théologiques ou philosophiques systématiques, il ne nous reste qu’une petite partie de sa correspondance et des conférences prises en notes par des auditeurs. Quand on lit une de ces conférences, il est assez facile de s’imaginer Monsieur Vincent en quelque sorte présent en face du lecteur, de façon très vivante, interrogeant ses interlocuteurs et attentif à leurs réponses, souvent s’en émerveillant. Ce qui me frappe particulièrement, ce sont ses mentions fréquentes du désir et du « plaisir de Dieu ». Par exemple, quand il présente aux Filles de la Charité leurs règles et leur expose les raisons de les suivre, il a cette formule que je trouve extraordinaire : « la bonté de Dieu, la volonté de Dieu, le plaisir de Dieu et la joie de Dieu ». Pouvons-nous imaginer que, dans nos petites actions, nous pouvons faire la joie de Dieu ? Le Dieu de saint Vincent n’est pas un Dieu lointain et autosuffisant mais un Dieu qui se fait proche, « Emmanuel », Dieu-avec-nous, et qui chérit tellement ses enfants qu’il éprouve une véritable joie à leur voir mener une vie accomplie de fils et de filles à l’image de son Fils Jésus qu’il nous donne comme modèle.

Dans un monde parfois loin de Dieu, comment vous situez-vous en tant que chrétien et en tant que futur prêtre ?

Je trouve la relation du monde contemporain à Dieu complexe et passionnante. Si on regarde les chiffres de la pratique religieuse, on a l’impression d’une absence de Dieu, d’une indifférence à Dieu. En échangeant avec des jeunes gens, je me suis rendu compte que la grande majorité se présentent maintenant comme agnostiques ou athées. Pourtant il me semble en même temps qu’ils ont une grande soif de sens et d’engagement. Quand j’étais en relation avec la trentaine de volontaires qui partaient en même temps que moi dans leurs pays de mission, j’étais frappé par leur générosité à se mettre au service d’enfants, d’hommes et de femmes souffrant, qui me faisait honte quand j’en venais à considérer ma propre tiédeur. Les moins croyants n’étaient pas les moins fervents. C’est peut-être un rôle que j’ai comme chrétien, lazariste et peut-être futur prêtre de porter un regard de foi et d’espérance sur toutes ces personnes qui s’engagent et de reconnaître la présence de Dieu dans leurs actions, tout en témoignant de ma propre foi en nommant le Dieu auquel je crois. Peut-être que l’un ou l’autre aura le désir de donner un nom à ce Dieu qu’ils servent en quelque sorte de façon anonyme et implicite.

Que signifie être prêtre pour vous ?

Être prêtre c’est d’abord être chrétien et participer, en tant que baptisé, à l’unique sacerdoce du Christ. Tout chrétien est appelé à contribuer par sa vie à la sanctification du monde. Au sein du peuple de Dieu et pour lui, le prêtre ordonné rend visible d’une manière particulière ce sacerdoce. En présidant la célébration eucharistique et en administrant les sacrements, il est au service de la croissance et de l’unité de l’Église, Corps du Christ. Par son service, il doit aider l’ensemble des chrétiens à participer à la mission de Jésus Christ de glorifier son Père et de rendre présent concrètement son amour dans le monde.

Interview donnée par Perceval PONDROM au numéro 90 de la revue  de l’Archiconfrérie de la Sainte-Agonie

www.sainte-agonie.fr

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