La santé de notre confrère Bernardo lui jouant quelques tours, il a été décidé de le placer à l’EHPAD du Berceau de st Vincent de Paul.
Vincent Goguey
Un départ bien particulier
La santé de notre confrère Bernardo lui jouant quelques tours, il a été décidé de le placer à l’EHPAD du Berceau de st Vincent de Paul. J’ai été amené à faire son déménagement avec Célestin, notre économe provincial, qui a eu entre-autres, la lourde tâche de gérer tous les papiers administratifs de notre confrère.
Bernardo était aumônier de la maison de retraite de nos sœurs, Filles de la Charité de Château-L’Evêque en Périgord, depuis une dizaine d’années. Il a rempli son ministère avec discrétion et régularité, diffusant sans cesse sa joie de vivre et sa disponibilité et, dès qu’il en avait l’occasion, il touchait du clavier de son piano pour mettre de la musique au service de tous et donner joie et entrain. L’une de ses difficultés concerne sa mémoire immédiate, cela qui l’amène à avoir quelques embarras de repérage dans les évènements, les personnes rencontrées etc.
Son départ fut particulier. Dix jours avant son départ, toutes les résidentes de la maison de retraite se sont retrouvées en confinement strict dans leur chambre à cause de la corona. A part quatre personnes, toutes les autres étaient positives au test bien qu’elles n’eussent aucun symptôme conséquent (hormis deux d’entre elles). La situation était donc préoccupante même s’il n’y avait pas lieu de s’affoler avant l’heure. Bernardo cherchait nos sœurs de tous côtés pour célébrer la messe ; il oubliait l’information donnée par les sœurs dès le premier soir, et ensuite par le personnel. Préoccupation et inquiétude d’une situation jamais encore vécue : comment arriver à trouver des points de repères ? Mais nous avons pu célébrer deux messes où nous avons rejoint les sœurs, grâce à la sono, installée dans toutes les chambres, reliée au micro de la chapelle. Elles ont donc eu la joie de vivre encore quelque peu, en communion avec leur aumônier, via sa voix, toujours aussi juste pour chanter les louanges de Dieu.
Pour leur permettre de dire tout de même un au revoir plus proche, nous avons été de chaque côté de la maison afin de saluer nos sœurs depuis les fenêtres de leur chambre. Juste un « adieu » et un « merci » entourés de « l’union de prière » qui continuera à les unir au-delà de la distance.
Les cuisinières, ont eu la possibilité et la délicatesse de lui offrir un dernier cadeau en direct, permettant à l’émotion du moment de s’exprimer.
Oui, cette pandémie nous donne des situations relationnelles inédites. Il nous faut apprendre à vivre ainsi pour le moment. Elle nous apprend à nous recentrer sur l’essentiel, à vivre certains renoncements accompagnés de frustrations, sans pour cela nous départir de l’espérance de l’union qui nous évite l’isolement total. L’espérance, source de paix intérieure.
Notre cher frère est arrivé à bon port dans sa nouvelle résidence. Il va lui falloir quelques jours pour s’adapter à de nouveaux repères qui forgeront son quotidien. Par chance il a retrouvé un autre confrère, Jean-Joie arrivé ici depuis quelques mois. Tous deux ont été élèves à l’école apostolique du même lieu. Une belle occasion de se remémorer quelques bons souvenirs d’époque. Pour cela la mémoire ancienne est restée intacte.
Depuis nos sœurs de château l’évêque sont sorties de leur confinement et peuvent apprécier pleinement l’arrivée du printemps dans le grand parc de leur propriété. La vie continue !