Je reprends ici le principal d’un article écrit lors du premier confinement et publié sur Cmission. Je précise simplement que j’étais seul à la communauté durant tout le premier confinement. Ce temps de confinement est une très belle grâce à vivre et à longueur de journée je rends grâce à Dieu.
Vincent Goguey
Relecture de ces temps de confinement
Pour le premier confinement
Je reprends ici le principal d’un article écrit lors du premier confinement et publié sur Cmission. Je précise simplement que j’étais seul à la communauté durant tout le premier confinement.
Ce temps de confinement est une très belle grâce à vivre et à longueur de journée je rends grâce à Dieu.
Qu’est ce qui me rend si heureux ? Question délicate mais qu’il faut oser se poser pour justifier une telle joie intérieure qui illumine chacune de mes journées.
- Ne plus être pressé par le temps ou par des occupations, des contraintes d’horaires, de rendement, d’efficacité.
- Avoir la tête qui se vide car les préoccupations de travail disparaissent laissent de la place pour penser autrement mon quotidien, et par là, ce que je fais de ma vie. Le questionnement peut dans un premier temps déstabiliser, peut-être même apeurer car nous faisant entrer dans notre propre obscurité mais une fois la vue habituée à cette réalité, il t’est donné de mieux comprendre qui tu es. Cela donne une orientation à ce que tu dois vivre ici-bas.
- Joie d’avoir de réels temps de prière, de méditation et de « vagabondage de l’esprit », qui sont au-delà des temps peut-être parfois un peu trop rituel ou routinier. Ne pas avoir besoin de regarder la montre pour ne pas rater le rendez-vous suivant fait entrer dans le monde de la gratuité, notion très rare en notre temps de la rentabilité.
- Ne plus être dans le « faire » qui trop souvent défini notre identité m’amène à mieux découvrir ce que je suis. Mystère incroyable dans l’hyper petitesse de ma réalité.
- Pour appréhender au mieux ces réalités-là, il faut du silence, du silence et encore du silence.
Dois-je vous avouer que ce temps béni est aussi, une grande remise en cause de ce que nous vivons en Eglise dans le domaine pastoral ? Avec tous nos projets pastoraux, nos réunions etc. ne cherchons-nous pas à meubler le vide du présent pour tenter de nous faire croire qu’on fait quelque chose pour le royaume de Dieu ? Comme une justification de notre existence durant notre passage sur Terre…
J’ai participé, à raison de trois matins par semaine, à « la bonne soupe », lieu caritatif (principalement tenu par la SSVP) pour la préparation de repas pour les personnes nécessiteuses (on a commencé par une quarantaine par jours et on a fini dans une moyenne de 90 avec des pics à 120) le lieu était ouvert 6 jours sur 7. Ce fut un service très fructueux pour moi.
Sur le plan pastoral, j’ai lancé deux séries de questions où j’invitais les internautes à me répondre pour publier leurs partages sur mon facebook. Le premier sujet : Qui est le Christ pour moi ? le second : la messe mais pour quoi faire ? Ce fut une occasion pour bien des gens d’oser se poser avec rigueur pour mettre par écrit une réponse personnelle. Il y a eu de très bons échanges à partir de là.
Quelques personnes m’ont demandées de participer à des rencontres skype pour tenter de mettre des mots sur ce qu’elles vivaient durant ce confinement. Ce groupe a continué après le confinement.
Pour le second confinement
La communauté du Périgord ayant été fermée officiellement le 1° novembre, je suis arrivé à ma nouvelle communauté le 3 novembre. C’est donc là, au Berceau que j’ai vécu le second confinement. Ce fut là aussi un bon temps d’adaptation pour moi à ma nouvelle communauté. Ça faisait tout de même près de 8 ans que je n’étais plus réellement en communauté (avec les missions scolaires on était en binôme et en Périgord, j’étais là aussi principalement en binôme).
En communauté nous avons pris davantage de temps ensemble pour la lecture suivie de st Vincent (lecture de Coste, à raison de deux fois une heure par semaine) et une troisième rencontre hebdomadaire pour partager sur fratelli tutti. Sur un site comme le Berceau il y a toujours de quoi s’occuper (rangement, remise en état, nettoyage etc.) cela m’a permis de faire quelques petites affaires concrètes sur place et donc de trouver un certain équilibre intérieur.
Sur le plan pastoral, je n’ai rien fait de particulier (excepté quelques coups de fil ou courriel avec des personnes que j’accompagne).
D’une manière générale
Coté ecclésial, nous sommes encore dans un certain déni de réalité ne voulant pas voir en face l’hyper fragilité des communautés paroissiales. La moyenne d’âge avoisine les 80 ans. Je suis tout à la fois émerveillé de leur vitalité, de leur manière de concrétiser leur foi mais je vois aussi la très grande difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité, de construire du neuf à partir de là. Nous vivons un total chamboulement ecclésial. Le confinement ne fait qu’accélérer ce processus. Je perçois cela comme un temps supplémentaire de purification de la vie ecclésiale pour en ressortir renouvelé. L’église est très chronophage pour les quelques-uns qui désirent s’y investir car on veut tout tenir. Ce n’est pas source de réalisation de soi sur un chemin spirituel.
Surement l’Église s’occupe beaucoup trop d’elle-même actuellement, alors qu’elle est resplendissante lorsqu’elle se met au service du monde. D’où la question à se poser en préalable : quels sont les pauvretés ou souffrances actuelles de notre monde et comment pouvons-nous y répondre à partir de l’annonce de l’évangile ?