L’Ascension de Jésus avait plongé ses disciples dans un confinement volontaire au Cénacle d’où ils n’osaient sortir. Ils avaient verrouillé les portes de cette chambre haute par peur. Ils attendaient, sans savoir exactement leur sort. Il faudra la foudre de Pentecôte (ou plutôt ses langues de feu) pour qu’ils puissent sortir de leur confinement volontaire pour parler à la foule.

Homélie. 7e dimanche de Pâques, année A, (Ac 1, 12-14 ; 1 P 4, 13-16 ; Jn 17, 1b-11a). 24 mai 2020

L’Ascension de Jésus avait plongé ses disciples dans un confinement volontaire au Cénacle d’où ils n’osaient sortir. Ils avaient verrouillé les portes de cette chambre haute par peur. Ils attendaient, sans savoir exactement leur sort. Il faudra la foudre de Pentecôte (ou plutôt ses langues de feu) pour qu’ils puissent sortir de leur confinement volontaire pour parler à la foule. Le Cénacle est ainsi le confinement d’où jaillit l’élan missionnaire qui caractérise l’Église. Au Cénacle, ils se rassemblent, ils se tiennent ensemble, ils vivent ensemble, ils ne se quittent pas, ils ne se dispersent pas, ils vivent en communauté et ce sera une des caractéristiques des premiers chrétiens : la vie en communauté, la “vie ensemble” avec tout ce que cela suppose de partage, de dévouement, de tolérance, d’amour des autres, d’ouverture aux autres. Peut-être est-ce parce que nous avons perdu cette chaleur, cette vie commune, cette proximité entre nous que certains sont partis sur la pointe   des pieds   pour aller chercher   dans   des   sectes cette vie fraternelle et commune qu’ils n’ont pas trouvée chez nous.

Pendant quarante jours, les disciples ont fait l’expérience de Jésus vivant. Ils reconnaissent en lui « leur Seigneur et leur Dieu ». Désormais, il vit d’une vie toute nouvelle. Ils sont au Cénacle pour un temps de prière. Une grande mission les attend ; mais pour cette mission, ils ne seront pas seuls. Jésus leur a promis la venue de l’Esprit Saint. Pendant dix jours, ils vont rester en prière pour se préparer à sa venue. Une Église qui est en voie de sa propre naissance est en prière. Dans cette Église naissante, saint Luc souligne la place de Marie, la Mère de Jésus. Elle était présente dans le groupe des apôtres ; elle l’est aussi dans l’Église d’aujourd’hui. Nous ne pouvions rêver d’un meilleur accompagnement. Aujourd’hui comme autrefois, elle est là pour nous renvoyer au Christ et à son Évangile.

Aussi, c’est dans cette chambre haute de Jérusalem que Jésus a vécu, juste avant sa passion, une prière brûlante. Cette prière que la jeune communauté du Cénacle a repris dans l’attente de la Pentecôte. Le Christ qui va bientôt disparaître définitivement est en prière. À quelques heures de son arrestation, de sa passion et de sa mort, il se tourne vers Dieu son Père. Il prie d’abord pour lui-même. Que demande-t-il ? « Père, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie. » L’heure est venue pour lui, de demander sa propre gloire. Cette gloire n’a rien à voir avec les honneurs des grands de la terre. Dans notre monde, la gloire est liée aux tapis rouges, aux foules qui se bousculent derrière des barrières pour voir passer leur idole. La gloire pour notre monde, c’est la renommée. Beaucoup sont prêts à tout pour se mettre en valeur et obtenir des distinctions honorifiques. En contrepartie, la gloire que Jésus nous propose ne se trouve pas dans le regard des autres. Jésus n’a pas cherché à plaire ni recherché l’approbation de quiconque que ce soit. Pour lui, la gloire est liée à sa mort et à sa résurrection. La gloire pour Jésus, c’est la valeur réelle de la personne. C’est sa vie qu’il veut donner à tous.

Et ensuite, il fait la prière d’adieux. Une prière qui vient du fond du cœur. Il prie pour ses disciples car il sait combien leur mission sera rude. Leur fidélité sera sans cesse mise à l’épreuve. Il confie ses disciples à son Père. Ils auront bien besoin de sa force pour la mission qui les attend.

C’est également important pour nous : avant de prendre des décisions qui engagent toute une vie, nous commençons par un temps de prière. Quels que soient nos engagements, nous avons tous besoin de ces temps de prière. Ils nous permettent de nous ajuster à ce que Dieu attend de nous. Nous vivons aussi ce moment de transition où après avoir vécu l’épreuve de confinement et le pire du Covid-19, même si nous ne sommes pas complément déconfinés, nous attendons un avenir meilleur.

La « prière sacerdotale » de Jésus, qui nous est transmise dans l’évangile d’aujourd’hui, nous aide à nous mettre dans cette attente. La prière de Jésus est vraiment celle du père de famille qui, sur le point de « partir », prononçait une dernière fois une prière en faveur de ses enfants. Jésus, malgré toute la souffrance qui pouvait l’habiter, dans la perspective toute proche de sa passion est apparu à la Cène dans toute sa dignité de Fils de Dieu ; il était en toute paix en conversation intime avec son Papa. C’est ce type de conversation intime qui nous manque souvent. Et ce même type de conversation que nous avons besoin aujourd’hui que jamais. Mais trop souvent, notre prière n’est que des mots enchaînés distraitement et rapidement sans réelle intimité avec Dieu. Un monologue basé sur nos requêtes sans même prendre le temps d’être en communication avec Dieu. Or, la prière doit être un élan du cœur envers Dieu, comme un instant de bonheur d’un enfant auprès de ses parents.

La Pentecôte, c’est dimanche prochain. Et c’est la venue de l’Esprit Saint pour nous. Puissions-nous, avant dimanche prochain, réunir les trois conditions qui feront venir l’Esprit de Dieu en nous tous : Vie de communauté, Vie de prière, Vie avec la Vierge Marie.