Pendant une dizaine d’années, deux prêtres de la Congrégation de la Mission (Saint-Vincent-de-Paul), dite des « Lazaristes », sont allés à leur rencontre dans leurs classes, en France et en Belgique, pour les découvrir, accueillir leurs questionnements et les interpeller sur les sens qu’ils donnent à leur vie.

Publication : « Monsieur c’est à nos parents que vous devriez parler ! » Vincent Goguey

Rencontres avec les jeunes pour aller au-delà des clichés.

Les jeunes sont-ils ces êtres égoïstes, uniquement préoccupés d’eux-mêmes et sans aucun sens des valeurs que notre société, inquiète et volontiers pessimiste, veut souvent nous faire croire ?

Pendant une dizaine d’années, deux prêtres de la Congrégation de la Mission (Saint-Vincent-de-Paul), dite des « Lazaristes », sont allés à leur rencontre dans leurs classes, en France et en Belgique, pour les découvrir, accueillir leurs questionnements et les interpeller sur les sens qu’ils donnent à leur vie. Pour ces deux hommes, ce fut une source de joie et d’émerveillement. Quelles richesses chez tous ces jeunes qui ont aussi besoin d’être reconnus, encouragés et qui sont heureux de découvrir face à eux des adultes répondant à leurs questions existentielles !

Ce livre vous fait entrer dans les classes où les élèves se sont livrés tels qu’ils sont. C’est une occasion pour chacun, jeune ou adulte, de réfléchir à ce que nous faisons réellement de notre existence.

Note de l’Editeur : L’auteur rapporte avec justesse sa mission auprès des jeunes de milieux et lieux différents, dans une langue au parler franc qui suscite les réactions.

Tour à tour provocateur et amical, il amène son auditoire à se remettre en question pour mieux se comprendre, comprendre ses parents, sa famille et trouver sa vraie place dans la bulle de vie. Une belle aventure humaine que celle de ces deux prêtres missionnaires. À lire et faire lire à toute la famille…

À PROPOS DE CE LIVRE :

Association des Éditions ARKA

Pages : 192 // Année : 2019 // prix 15€

Pour toute commande adressez-vous à :

Vincent GOGUEY : vincent.goguey@gmail.com

 » Point de départ de ce récit

2010 était l’année jubilaire de la mort de Saint Vincent de Paul et Sainte Louise de Marillac. 400 ans nous séparaient de ces deux personnages qui ont marqué leur époque par leur manière d’avoir répondu aux détresses du moment, en concrétisant fortement leur foi au service des petits en luttant à leurs côtés contre les différentes formes de pauvreté. Rejoindre les pauvres des campagnes pour leur révéler l’amour de Dieu pour tous, accueillir les exilés arrivant à Paris lorsque des régions étaient en guerre, lancer des équipes de missionnaires ou de sœurs pour aller secourir ceux qui étaient restés là-bas, sauver d’une mort certaine les enfants abandonnés au fond des églises, leur trouver des lieux pour être élevés et recevoir une éducation ; pour apprendre les bases d’un métier pour subvenir à leurs besoins une fois arrivés à l’âge adulte ; prendre soin des vieillards qui croupissaient dans des masures insalubres ; aller dans des foyers où les malades n’avaient plus la force de se soigner, investir les hôpitaux pour soigner les nécessiteux… La liste pourrait encore s’allonger des œuvres et des mises en place de moyens concrets pour soulager cette humanité souffrante d’une époque où la grande noblesse avait pour plaisir de faire la guerre ou la chasse ! Un très bel héritage que nous avons à mettre en valeur, dont on peut rendre grâce pour tout le chemin parcouru et les initiatives caritatives toujours actives aujourd’hui.

Un autre aspect important à évoquer dans la figure de ce saint du « grand siècle » est la création d’une congrégation de prêtres et de frères allant à la rencontre des populations délaissées par le clergé. Annoncer aux pauvres la bonne nouvelle que Dieu les aime (Luc 4,18) est un impératif évangélique qui donne base à cette Congrégation de la Mission dont je fais partie. C’est aussi dans cette dynamique-là que nous allons à la rencontre des jeunes.

Occasion pour les « Vincentiens » d’aujourd’hui de fêter les Congrégations issues de leurs intuitions : la Congrégation de la Mission (souvent appelée « lazariste ») fondée en 1617 et la Compagnie des Filles de la Charité fondée en 1633. Pour honorer l’origine de notre fondation, les Filles de la Charité investies dans l’enseignement, ont voulu qu’il y ait des interventions auprès des collégiens et des lycéens dont elles ont la tutelle. Sur l’Hexagone, elles ont une cinquantaine d’établissements dans le secondaire, donc un bon nombre de jeunes à rejoindre !

Pour nos Congrégations, la volonté était d’intensifier nos collaborations dans différents domaines. Eric Ravoux, un de mes confrères et moi-même étions à ce moment-là responsables du service des vocations pour nos Provinces respectives. Les sœurs ont donc tout naturellement fait appel à nous pour qu’on puisse animer un temps d’échanges dans différentes classes afin de faire découvrir nos fondateurs en donnant quelques bases essentielles de notre spiritualité, de notre charisme : « Suivre le Christ évangélisateur des pauvres ».

Avant d’être au service vocations, Eric était aumônier de prison en Normandie, puis curé d’un secteur en milieu rural en Haute-Marne. Pour ma part, j’ai commencé mon ministère presbytéral auprès des jeunes en lycées professionnels dans les quartiers nord de Marseille. Etre en charge du service des vocations nous amenait spontanément à être en lien avec des jeunes, avec le désir de parler de notre fondateur et de son charisme. C’est donc avec joie que nous avons répondu à l’appel de nos sœurs. Le service « vocation » nous permettait de rencontrer des jeunes déjà motivés par la recherche de Dieu, en questionnement spirituel, et qui venaient demander un approfondissement dans leur connaissance d’une figure de l’Eglise pour nourrir leur foi ou pour faire un chemin vocationnel.

Dès nos premières interventions dans un lycée de Picardie, à la rentrée 2009, nous avons mesuré à quel point les jeunes que nous avions à rencontrer étaient aux antipodes de ce que nous avions à leur proposer. Evoquer saint Vincent, pétri de Dieu comme idéal de vie, ça ne leur disait rien. La dimension du service, l’une des particularités de notre charisme, pouvait en rejoindre certains selon les filières professionnelles dans lesquelles ils se trouvaient mais d’autres n’accrochaient que partiellement. Nous nous sommes vite rendu compte au-delà du peu de connaissances culturelles de nos interlocuteurs, de la pauvreté existentielle de notre jeunesse en France. Très rapidement nous avons décidé avec les responsables pastoraux de l’établissement qu’il valait mieux les rejoindre en interrogeant leurs besoins de vie, leurs questions de sens, plutôt que d’essayer de leur faire ingurgiter un personnage qui n’aurait d’ailleurs trouvé que peu de place dans leur vie. Force est de constater que nos interventions venaient doublement rejoindre notre charisme évoqué dans la parole évangélique en Luc 4 : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur ». Ces jeunes, dans leur grande majorité, n’étaient pas en situation de pauvreté matérielle (encore qu’il y a bien des pauvretés qui se cachent pour éviter la honte) par contre de par le vide de leurs réponses aux questions existentielles, ils sont véritablement en situation de pauvreté dans ce domaine. Saint Vincent rappelait souvent aux Filles de la Charité qu’il n’était pas suffisant de soulager les corps, bien que cela soit indispensable, mais qu’il fallait aussi prendre soin de l’âme afin d’amener les personnes à trouver Dieu dans leur vie et ainsi l’orienter vers Lui pour une vie comblée.

Nous avons donc radicalement changé notre style d’interventions. Plutôt que de venir leur apporter quelque chose (la connaissance de notre fondateur), nous avons opté pour aller à la rencontre de leurs préoccupations, de leurs questions. Nous nous sommes mis à leur écoute, tout en les bousculant sur les réponses qu’ils avaient à trouver par eux- mêmes à ces questions existentielles. Ils ont assez rapidement compris que notre objectif n’était pas de leur en mettre plein la tête en leur montrant combien notre chemin était le meilleur mais bien au contraire qu’il était une invitation à se poser les questions fondamentales sur le mystère de l’existence.

Nos responsables provinciaux ont rapidement compris l’importance d’investir auprès de ces jeunes et nous ont détachés quasiment plein temps pour cette mission. C’est un ministère assez particulier dont nous désirons vous faire part dans ce livre. Il n’est guère possible de vivre cet apostolat à moitié, il est très prenant, le soir on en sort « lessivé » tant il nous a fallu donner de nous-même, mais c’est surtout une très belle grâce d’être investi auprès de ceux et celles qui n’intéressent que peu d’adultes. Ces jeunes nous ont beaucoup appris, ils nous obligent régulièrement à nous remettre en cause sur notre propre chemin, dans nos convictions. Ils nous interpellent et nous obligent à être en vérité, en adéquation avec ce que nous disons et ce que nous vivons.

Les chapitres constituant ce livre évoquent donc la rencontre et le cheminement que nous avons fait avec ces milliers de jeunes rencontrés pendant plusieurs années. Si d’une classe à l’autre le fil conducteur est en grande partie le même, il y a toujours des variantes puisque notre démarche propose de partir de leurs propres questions ou suggestions de débats.

Ainsi le tout de ce livre ne se vit pas en deux heures de temps, selon les classes ça sera tel ou tel sous chapitre de la grande nébuleuse du bonheur qui sera abordé. »