La personne de l’apôtre Thomas et son itinéraire de foi a toujours fasciné les fidèles des communautés primitives, depuis l’Egypte, la Syrie, jusqu’en Inde. Elle ne cesse de fasciner encore nos contemporains, croyants ou non.

Thomas dit à Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Jn 20, 28

En ce dimanche de la Divine miséricorde, à la demande du Père Christian, nous célébrons l’Eucharistie pour le repos du Père Gonzague Danjou CM, ce missionnaire infatigable ! Que le Ressuscité lui donne sa Paix et sa Joie.

Nous sommes en communion avec tous les membres de sa nombreuse famille, dont le Père Yves DANJOU, son frère. Nous prions, aussi, pour la Province de Madagascar.

Avec persévérance et fidélité, nous confions à Dieu notre Père ce monde bouleversé par l’épidémie ! Vierge Marie, mère de Jésus et notre mère, conduisez-nous vers Jésus, dans la paix et la sérénité.

 

HOMÉLIE

La personne de l’apôtre Thomas et son itinéraire de foi a toujours fasciné les fidèles des communautés primitives, depuis l’Egypte, la Syrie, jusqu’en Inde. Elle ne cesse de fasciner encore nos contemporains, croyants ou non.

Qui est l’apôtre Thomas ? Il se nomme en araméen : jumeau. Et de qui peut-il bien être le jumeau ?

– Les trois premiers évangiles ne nous donnent aucune indication. Thomas fait partie du groupe des douze, associé généralement à Matthieu le collecteur d’impôts ; dans l’ordre habituel, son nom ne figure qu’après les disciples proches de Jésus : Simon et André, Jacques et Jean (Mt 10, 2-4). C’est le dernier évangile en date, celui de Jean, qui lève légèrement le coin du voile.

– En trois lieux, trois moments de la vie du Maître, affronté déjà au mystère de la vie et de la mort, Thomas apparaît. Il veut savoir, connaître qui est Jésus, tendre de tout son être vers lui et connaître le chemin de vie : où va-t-il ? Comment aller vers lui ?

  1. Thomas apparaît la première fois lorsque Jésus décide d’aller à Béthanie, après la mort de Lazare. (Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! » – Jn 11, 16) Mourir avec lui, avec le Maître ! Les disciples pressentent en effet que l’événement à venir précipitera Jésus dans la mort.
  2. Ensuite, au moment de l’ultime repas que Jésus partage avec les disciples. Le Maître annonce qu’il préparera le lieu, la demeure de chacun d’eux, qu’il reviendra et les prendra avec lui. (Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » – Jn 14, 4-5) Accéder de son propre mouvement au lieu que Jésus nous prépare. Est-ce bien l’expérience de la foi ? Thomas a-t-il bien entendu ? C’est pourtant le Maître qui déclare : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Je vous prendrai avec moi». (Jn 14, 3)
  3. Enfin, le troisième lieu, c’est notre Évangile d’aujourd’hui, le mouvement de Thomas vers Jésus est celui de la vérification, par la vue, le toucher, du mystère de vie et de mort.

C’est le Christ ressuscité qui, alors, transforme l’intelligence de la foi et retourne le cœur de Thomas. C’est le Christ qui, en fait, vient vers lui, l’invitant à mettre ses doigts dans les stigmates, les trous, les vides, du corps supplicié le vendredi. C’est le corps glorieux du ressuscité qui est la lumière d’où peut jaillir notre acte de foi. C’est la résurrection qui précède la foi. C’est bien parce qu’il y a résurrection qu’il peut maintenant y avoir foi.

Tous les événements relus, par la liturgie, pendant cette octave pascale, les manifestations de  la présence de Jésus : à Thomas, aux disciples d’Emmaüs, à Marie Madeleine, à nous,… sont ceux d’une nouvelle genèse. Dans la rencontre du Ressuscité la peur recule pour céder la place à la confiance. Ce matin, en ce temps de crise sanitaire, Jésus nous interpelle : « C’est Moi, le Seigneur, qui vous cherche et vous trouve ; voilà, c’est Moi, en vérité, je vous le dis : ce n’est pas vous, c’est Moi ».

Et  de qui Thomas est-il le jumeau ? N’est-ce pas de chacun de nous, à un tournant de notre existence ?

Je vous partage ces réflexions du pape François lorsqu’il méditait l’évangile de ce deuxième dimanche de Pâques : « Thomas s’est exclamé après avoir vu les plaies du Seigneur : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».

Je voudrais attirer l’attention sur cet adjectif que Thomas répète : mon. C’est un adjectif possessif et, si nous y réfléchissons bien, il pourrait sembler déplacé de le référer à Dieu : Comment Dieu peut-il être à moi ?

Comment puis-je faire mien le Tout Puissant ? En réalité, en disant mon nous ne profanons pas Dieu, mais nous honorons sa miséricorde, parce que c’est lui qui a voulu se “faire nôtre”.

Et nous lui disons, comme dans une histoire d’amour : “Tu t’es fait homme pour moi, tu es mort et ressuscité pour moi, et donc tu n’es pas seulement Dieu, tu es mon Dieu, tu es ma vie. En toi j’ai trouvé l’amour que je cherchais, et beaucoup plus, comme jamais je ne l’aurais imaginé”. (1)

En ce dimanche de la « Divine Miséricorde », réunis pour célébrer l’eucharistie : « la fraction du pain »,  prions notre Seigneur et notre Dieu de remplir nos cœurs de sa miséricorde. Et dans notre quotidien, osons la partager, davantage, à tous nos frères et sœurs par des gestes, des paroles bienveillantes et de compassion.

Accueillons ces mots d’encouragement du Père Gonzague : « C’est à travers et à partir du Mystère de Dieu-Amour : Père, Fils et Esprit-Saint en lequel nous adhérons par la Foi que nous pouvons participer à la Vie même de  Dieu et donner la plénitude de sens à ce que nous sommes et à ce que nous vivons. Par la foi et la vertu de charité nous devenons la demeure de Dieu : « Si quelqu‘un m’aime il gardera ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui ». Jn 14,23 (2)

Maintenant, offrons l’eucharistie pour le Père Gonzague, notre confrère ; missionnaire infatigable, pendant 47 ans à Madagascar ! Cher Gonzague, avec toi, nous bénissons le Père de notre Seigneur Jésus Christ, qu’il t’accueille dans sa grande miséricorde !

« Jésus Christ, tu l’as aimé sans l’avoir vu ; en lui, tu as mis ta foi. Aujourd’hui, exulte d’une joie inexprimable et sois rempli de gloire, car tu vas obtenir le salut de ton âme qui est l’aboutissement de notre foi ». (3)

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(1) Homélie du 2ème dimanche de Pâques, 8 avril 2018.
(2) La charité, conférence d’Avent, 6 décembre 2009
(3) D’après 1 P 1, 8-9 – deuxième lecture de ce dimanche