Après avoir entendu le récit de son baptême, nous pouvons être étonnés de cette démarche de Jésus. Lui, le Fils de Dieu, pour- quoi insiste-t-il pour se faire baptiser par Jean Baptiste ?
Alain Perez
Le baptême de Jésus. (12 janvier 2020)
Après avoir entendu le récit de son baptême, nous pouvons être étonnés de cette démarche de Jésus. Lui, le Fils de Dieu, pour- quoi insiste-t-il pour se faire baptiser par Jean Baptiste ? En fait, Jésus n’avait pas besoin d’un baptême de purification ou de conversion, tel que le pratiquait Jean Baptiste. Cependant, par son baptême, Jésus a voulu montrer, d’une part, sa solidarité avec tous ceux qui se présentaient au Jourdain pour être purifiés, et, d’autre part, sa démarche est aussi pour nous, une invitation à mieux vivre notre propre baptême.
En effet, au moment du baptême, le prêtre insiste sur l’entrée des nouveaux baptisés dans l’Eglise et dans la famille de Dieu. Cela est très important , bien sûr. Cependant, il ne faudrait pas voir cette entrée dans l’Eglise, dans la famille de Dieu, comme une séparation d’avec les autres, ceux qui ne sont pas chrétiens. Pourquoi cela ? Parce que, par son baptême, manifestation de solidarité, Jésus se veut semblable aux autres, mêlé à eux, partageant leur désir de conversion pour le fortifier. Et donc, à l’exemple de Jésus, le chrétien ne doit pas oublier que sa présence au monde est justement la conséquence logique de son baptême !
Ce qui veut dire que le chrétien n’est pas un être supérieur, qui se tient à distance des autres, dans une séparation orgueilleuse ou frileuse… Au contraire, c’est justement parce qu’il est baptisé , qu’il se sent solidaire des hommes d’aujourd’hui ! Le baptême, bien loin de le mettre à part, le plonge un peu plus dans le monde, comme Jésus. Le baptême n’est pas pour lui, un vaccin qui le préserve de la maladie ou du mauvais sort, ni une assurance pour la vie éternelle…Si le baptême fait entrer dans la famille de Dieu, ce n’est pas pour y vivre en ghetto, mais plutôt pour y puiser des forces neuves, afin de vivre une solidarité plus forte avec les hommes d’aujourd’hui, tout en restant levain dans la pâte, témoin d’un Dieu vraiment Dieu et vraiment homme.
De plus, l’eau du Jourdain, avant d’être l’eau qui lave, l’eau qui purifie, est d’abord l’eau de l’engloutissement, l’eau de la mort. Dans cette eau, Jésus le Fils de Dieu se plonge volontairement. Il veut ainsi montrer un autre aspect de sa solidarité : en se plongeant dans l’eau du Jourdain, il se fait solidaire des hommes marqués par la misère, le péché et la mort. Il vient partager l’existence des hommes dans ses réalités les plus pénibles. Il descend dans les profondeurs de tout ce qui entrave la vie, dans nos souffrances, nos détresses, nos angoisses et nos fautes. Ce qui faisait dire à l’écrivain Paul Claudel : « En Jésus Christ, Dieu n’est pas venu supprimer la souffrance. Il n’est même pas venu l’expliquer. Il est venu la remplir de sa présence. »
Oui, Jésus se fait solidaire des hommes marqués par la misère, le péché et la mort, afin de les arracher au pouvoir de la misère , du péché et de la mort… Et, s’il a pu se faire solidaire de ses frères les humains et les délivrer, c’est parce qu’il a vu « l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui ». Parce qu’il a entendu une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé…en lui j’ai mis tout mon amour » .
De la même manière, en Jésus, par Lui et avec Lui, le jour de son baptême, le chrétien reçoit l’Esprit de Dieu et cette parole venu du Père s’adresse à lui personnellement : « Tu es mon Fils, ma Fille bien-aimé(e), en toi j’ai mis tout mon amour »… Grâce à l’Esprit de Dieu, grâce à l’amour du Père, le baptisé devient un homme nouveau. Il entre dans une grande solidarité avec les hommes d’aujourd’hui. Il n’a pas peur de vivre dans le monde, au milieu de ceux qui vivent, pensent ou agissent autrement. Il ne cherche pas à vivre à part des autres, dans une confrérie de purs. Mais il partage volontiers les joies et les espoirs, les angoisses, les luttes et les efforts des hommes d’aujourd’hui. Grâce à l’Esprit de Dieu et grâce à l’amour du Père, il ne met pas son drapeau dans sa poche, et il ose affirmer ses convictions, sans vouloir faire de prosélytisme, mais aussi sans honte ni lâcheté. Parce qu’il a reçu l’Esprit de Dieu et l’amour du Père, le Chrétien, le baptisé sait prendre position clairement et courageusement, et il est prêt à ramer à contre-courant des idées reçues, fidèle à sa conscience et en dépit du « qu’en dira-t-on ».
Durant cette Eucharistie, demandons au Seigneur de réveiller en nous la grâce de notre baptême. Pour certains d’entre nous, ce baptême a eu lieu il y a déjà un certain nombre d’années. Pourtant, ce jour-là, à nous aussi, personnellement, le Seigneur nous a dit : « Tu es mon enfant bien-aimé. En toi j’ai mis tout mon amour. » Alors aujourd’hui, en souvenir de notre baptême, tournons-nous avec confiance vers Lui !
Qu’il fortifie nos corps et nos cœurs ! Qu’il fortifie notre foi en Lui ! Qu’en le suivant, nous sachions choisir le bien et rejeter le mal, choisir le courage et rejeter la peur, la honte, la lâcheté. Choisir l’amour et la solidarité et rejeter l’individualisme, l’indifférence et le sectarisme. Que le Seigneur nous donne son Esprit et son amour pour être ses témoins sur toutes les routes que nous allons parcourir tout au long de cette nouvelle année qui commence ! Amen