‘Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : soyez forts… voici votre Dieu qui vient vous sauver »
P. Christian Mauvais, cm
3e Dimanche du Temps de l’Avent. Homélie. Chapelle Saint Vincent de Paul – Paris
‘Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : soyez forts… voici votre Dieu qui vient vous sauver » et s’en suivent des signes de ce salut offert : les sourds entendent, les aveugles voient, les boiteux marchent, les muets crient leur joie… ; ces mêmes signes sont repris par Jésus pour répondre aux envoyés de Jean le Baptiste inquiet et qui s’interroge sur Jésus : est-il oui ou non l’Envoyé tant attendu !
Comme Jean le Baptiste, nous nous interrogeons sur le Royaume de Jésus qui vient, que nous attendons , que nous construisons ! depuis le temps, qu’est-ce qui change profondément dans le monde, dans la société, dans le cœur des gens, dans le nôtre ? qu’est-ce qui est vraiment nouveau, qui fait notre joie et alimente notre être de croyant ? il faut bien reconnaître que le temps finit par user notre patience, affaiblir notre endurance, fragiliser notre engagement.
Comme Jean le Baptiste, nous avons besoin d’être rassurés, de savoir qu’on ne s’est pas trompés de chemin, que nous avons eu raison de miser notre vie à la suite de Jésus. Nous avons besoin de retrouver un regard qui sache repérer des signes de renouveau qui transforment peu à peu, sans bruit, le monde et nous-mêmes de l’intérieur ; de repérer ces œuvres de bien, de recréation données pour nous aider à rester fermes et endurants, à garder notre souffle et à ne pas nous décourager.
Les signes donnés par Isaïe existent aujourd’hui. Les voir, les reconnaître, les célébrer, est une démarche nécessaire qui nous invite à nous donner pour qu’ils se multiplient et qu’ils soient source de joie pour toute personne. Se réjouir de la nouveauté du Royaume qui vient.
La mission décrite par Isaïe et confirmée par Jésus est une belle mission, très actuelle et combien exigeante ; elle nous engage sérieusement : redonner de la force, de la confiance là où elles manquent ! prêter toute attention aux personnes qui n’ont plus assez de force et de confiance dans les mains pour les ouvrir aux autres ; plus assez de force et de confiance dans les genoux pour marcher à la rencontre des autres, et se tenir droit, solides pour servir, agir au cœur du monde ; ces personnes qui ne tiennent plus debout face aux situations et mouvements que traverse notre société, notre monde, notre église ! et Dieu sait s’il y en a !
Cette mission demande de notre part :
- que nous ayons des mains fortes, des genoux fermes, c’est à dire que nous soyons bien en nous-mêmes, que nous soyons solides dans notre foi en Christ, une foi profonde, enracinée ; quels sont les lieux, les temps que nous nous donnons pour fortifier notre foi, pour la rendre agissante ?
- que nous soyons capables d’aimer même ce qui n’est pas aimable et pour cela, d’entendre toute souffrance, toute question et inquiétude qui ravagent les esprits et les cœurs et être capables d’accueillir cette vie malmenée, fragilisée avec compassion et respect. L’Eucharistie demeure-t-elle le lieu où nous sommes formés à aimer jusqu’au bout et sans conditions ?
- que nous soyons habités et animés par l’espérance, que rien ni personne n’est définitivement perdu, que le Royaume se construit, transformant notre environnement, notre rapport au monde et aux autres. La lecture des Evangiles est-elle la source qui nous aide à lutter contre le défaitisme, la morosité, la résignation ?
Vivre la mission avec ces armes, foi, charité, espérance, dont la force réside dans la patience du cultivateur. Patience et confiance devant ce qui germe, pousse, grandit en silence. Patience qui nous permet d’accueillir les fruits du travail des hommes et femmes et de nous en réjouir.
La patience dit quelque chose de la passion de Dieu et de l’homme envers la création et l’humanité pour qu’elles soient belles, qu’elles respirent la joie d’être transformées dans leurs profondeurs.
Que cette Eucharistie guérisse notre manque de force et de confiance !
Goûtons et mangeons la Parole et le Pain qui nous sont offerts.
Parole qui nous invite à nous donner, et qui accompagne notre mission ; Pain, fruit de ce travail de transformation, de renouveau qui nous donne les forces nécessaires.
Goûtés et mangés, ils peuvent enflammer le monde comme chacune de nos vies si notre cœur d’homme se laisse toucher par Celui de Dieu qui n’est qu’Amour ! Ils sont les plus beaux présents de Dieu, les plus beaux fruits de cette vie Nouvelle pour l’éternité. Réjouissons-nous : il est juste et bon de te rendre grâce Seigneur.
Amen !