conférence
Méditations sur la « Vocation missionnaire » selon Saint-Vincent-de-Paul. (Coste XII, 75-80)
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25 septembre 2024
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Le quêteur de cet article fait référence au charisme vincentien. Depuis longtemps, je suis convaincu que tout charisme authentique ne s’entend que de la personne. Par appropriation il peut s’attribuer à une institution, comme c’est le cas pour la Congrégation de la Mission et par extension à un ensemble d’institutions vivant du même esprit, en l’occurrence, la famille vincentienne.
Jean-Pierre Renouard
Vincent est né chrétien, une évidence pour l’époque. Il est baptisé au sortir du sein maternel, le même jour. A Ranquines, on vit en chrétien, soir et matin on y salue Dieu en famille, on grandit sous son regard, on y reçoit le prêtre et les premiers rudiments de la foi. Celle-ci est constitutive sans question aucune. Et de la même manière, il reçoit une vocation presbytérale possible avec les études nécessaires à la clé. Il reçoit l’ordination en 1600. Sur ce laps de temps, une rencontre personnelle avec Jésus naît, s’affine, se transforme. Indice flagrant quand, buriné par une crise spirituelle, il en sort par le haut et «s’avisa un jour, de prendre une résolution ferme et inviolable pour honorer davantage Jésus-Christ, et pour l’imiter plus parfaitement qu’il n’avait encore fait, qui fut de s’adonner toute sa vie pour son amour au service des pauvres. » (Abelly III, 118,119. Chap. XI). La phrase est soignée mais toute une expérience spirituelle se cache sous ses mots.
Selon mon point de vue, c’est la marque que la vraie rencontre est accomplie. Peu importe le temps, l’essentiel pour cet homme est qu’il soit branché sur Jésus par un engagement à vie, pour lui rendre honneur en tant que Dieu, en le servant au mieux et fidèlement, dans les pauvres. Désormais voilà la perspective unique de la recherche de la sainteté. Il vit, il agit, il prie, il crée « à la suite du Christ », selon le principe unique et déterminant, le principe d’imitation. Il le reconnait comme moteur de sa vie. Et quand il imagine la Congrégation de la Mission, le but ultime donné à sa fondation est « de suivre le Christ, Evangélisateur des pauvres. » Tout s’articule selon ce désir, l’activité apostolique, la donation, la prière, la fraternité…Il cherche en permanence à se situer dans une sorte de va-et-vient permanent entre Evangile et vie, contemplation et action, prière et engagements, resourcement et travaux, Eucharistie et services. Il ne quitte jamais Dieu puisqu’il voit et sait que le Dieu fait homme est l’homme devenu pauvre. En permanence, il voit Jésus-Christ dans toute personne en situation de détresse quelle que soit la nature de cette déficience souvent avilissante.
Comment ne pas voir le Missionnaire de toujours en pareille recherche? Lui aussi veut imiter le Maître. Lui aussi est appelé à se situer en «disciple missionnaire». Lui aussi se projette au plus près du Christ. Expérience faite (bien et mal !) je préconise dans l’esprit des Règles Communes, des actes, un esprit, un climat incontournables pour pénétrer le cœur du Christ.
L’esprit qui anime ces temps forts est celui de la Mission. Je n’ai jamais aimé le réduire aux seules cinq vertus fondamentales. Même si elles en constituent une bonne part, elles sont dépassées par tout un ensemble animé par les personnes trinitaires qui en sont la source. Tout vient de là. Le Père nous appelle, le Christ nous modèle, l’Esprit nous anime. C’est forts de cet envoi que nous accomplissons, jour après jour, ce que Dieu attend de nous et qu’au rythme de la Providence, nous servons et évangélisons, les démunis de ce monde. Nous portons ainsi à la perfection notre vocation baptismale et, si nous sommes prêtres, notre condition sacerdotale. Tout donnés à Dieu et aux pauvres, selon le mot consacré, nous agissons en passionnés du Royaume. Telle est mon expérience, si imparfaite soit-elle, telle est ma foi.
Reste à définir le climat dans lequel nous agissons, la manière fraternelle. Nous sommes des ouvriers évangéliques travaillant, non en isolé, non en franc-tireur mais ensemble. Condition sine qua non, milieu naturel et ordinaire de la mise en œuvre de ce charisme vincentien. Il ne peut se vivre autrement. Il est le fruit de l’équipe, de la communauté, de la fraternité reprise au jour le jour, inlassablement. Tel est le moyen privilégié d’une mission efficace. Je suis heureux, au terme de mes ans, d’avoir vécu ainsi et je souhaite ce bonheur aux frères à venir. Quant à ceux qui gémiraient sous le poids d’un fardeau réputé trop lourd, je conseillerai une consultation médicale.
Il se murmure ici ou là que la Congrégation souffre de quelques poussées de fièvre. Au-delà de toute malice ou de clin d’œil, éclairé par les « maladies de la Curie » et réfléchissant avec d’autres, à l’état précaire et forcément à la recherche du meilleur remède, j’incline à penser que la seule voie de guérison est spirituelle. Il ne se peut que tout n’aille au mieux si Jésus-Christ s’en mêle.
Le quêteur de cet article fait référence au charisme vincentien. Depuis longtemps, je suis convaincu que tout charisme authentique ne s’entend que de la personne. Par appropriation il peut s’attribuer à une institution, comme c’est le cas pour la Congrégation de la Mission et par extension à un ensemble d’institutions vivant du même esprit, en l’occurrence, la famille vincentienne. Mais au début de cette chaîne je ne vois que des témoins, le premier d’entre eux étant saint Vincent de Paul. Nul n’a pu pénétrer et ne parviendra à le faire, au plus intime de son être. Mais au travers des témoignages reçus par la tradition depuis 1581 – ses écrits, ses biographes, la réflexion collective – nous voyons mieux aujourd’hui ce qui peut constituer son héritage. Pour être missionnaire selon l’esprit de st Vincent, il est bon de pointer ce qu’il a semé dans sa propre découverte du Christ jusqu’à former avec lui un seul et même être.
Vincent est né chrétien, une évidence pour l’époque. Il est baptisé au sortir du sein maternel, le même jour. A Ranquines, on vit en chrétien, soir et matin on y salue Dieu en famille, on grandit sous son regard, on y reçoit le prêtre et les premiers rudiments de la foi. Celle-ci est constitutive sans question aucune. Et de la même manière, il reçoit une vocation presbytérale possible avec les études nécessaires à la clé. Il reçoit l’ordination en 1600. Sur ce laps de temps, une rencontre personnelle avec Jésus naît, s’affine, se transforme. Indice flagrant quand, buriné par une crise spirituelle, il en sort par le haut et «s’avisa un jour, de prendre une résolution ferme et inviolable pour honorer davantage Jésus-Christ, et pour l’imiter plus parfaitement qu’il n’avait encore fait, qui fut de s’adonner toute sa vie pour son amour au service des pauvres. » (Abelly III, 118,119. Chap. XI). La phrase est soignée mais toute une expérience spirituelle se cache sous ses mots.
Selon mon point de vue, c’est la marque que la vraie rencontre est accomplie. Peu importe le temps, l’essentiel pour cet homme est qu’il soit branché sur Jésus par un engagement à vie, pour lui rendre honneur en tant que Dieu, en le servant au mieux et fidèlement, dans les pauvres. Désormais voilà la perspective unique de la recherche de la sainteté. Il vit, il agit, il prie, il crée « à la suite du Christ », selon le principe unique et déterminant, le principe d’imitation. Il le reconnait comme moteur de sa vie. Et quand il imagine la Congrégation de la Mission, le but ultime donné à sa fondation est « de suivre le Christ, Evangélisateur des pauvres. » Tout s’articule selon ce désir, l’activité apostolique, la donation, la prière, la fraternité…Il cherche en permanence à se situer dans une sorte de va-et-vient permanent entre Evangile et vie, contemplation et action, prière et engagements, resourcement et travaux, Eucharistie et services. Il ne quitte jamais Dieu puisqu’il voit et sait que le Dieu fait homme est l’homme devenu pauvre. En permanence, il voit Jésus-Christ dans toute personne en situation de détresse quelle que soit la nature de cette déficience souvent avilissante.
Comment ne pas voir le Missionnaire de toujours en pareille recherche? Lui aussi veut imiter le Maître. Lui aussi est appelé à se situer en «disciple missionnaire». Lui aussi se projette au plus près du Christ. Expérience faite (bien et mal !) je préconise dans l’esprit des Règles Communes, des actes, un esprit, un climat incontournables pour pénétrer le cœur du Christ.
L’esprit qui anime ces temps forts est celui de la Mission. Je n’ai jamais aimé le réduire aux seules cinq vertus fondamentales. Même si elles en constituent une bonne part, elles sont dépassées par tout un ensemble animé par les personnes trinitaires qui en sont la source. Tout vient de là. Le Père nous appelle, le Christ nous modèle, l’Esprit nous anime. C’est forts de cet envoi que nous accomplissons, jour après jour, ce que Dieu attend de nous et qu’au rythme de la Providence, nous servons et évangélisons, les démunis de ce monde. Nous portons ainsi à la perfection notre vocation baptismale et, si nous sommes prêtres, notre condition sacerdotale. Tout donnés à Dieu et aux pauvres, selon le mot consacré, nous agissons en passionnés du Royaume. Telle est mon expérience, si imparfaite soit-elle, telle est ma foi.
Reste à définir le climat dans lequel nous agissons, la manière fraternelle. Nous sommes des ouvriers évangéliques travaillant, non en isolé, non en franc-tireur mais ensemble. Condition sine qua non, milieu naturel et ordinaire de la mise en œuvre de ce charisme vincentien. Il ne peut se vivre autrement. Il est le fruit de l’équipe, de la communauté, de la fraternité reprise au jour le jour, inlassablement. Tel est le moyen privilégié d’une mission efficace. Je suis heureux, au terme de mes ans, d’avoir vécu ainsi et je souhaite ce bonheur aux frères à venir. Quant à ceux qui gémiraient sous le poids d’un fardeau réputé trop lourd, je conseillerai une consultation médicale.
Il se murmure ici ou là que la Congrégation souffre de quelques poussées de fièvre. Au-delà de toute malice ou de clin d’œil, éclairé par les « maladies de la Curie » et réfléchissant avec d’autres, à l’état précaire et forcément à la recherche du meilleur remède, j’incline à penser que la seule voie de guérison est spirituelle. Il ne se peut que tout n’aille au mieux si Jésus-Christ s’en mêle.