Fête de la Toussaint. 2018
Chers amis, réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse en fêtant aujourd’hui tous les saints ! Réjouissons-nous spécialement avec les saints « de la porte à côté » (Pape François, Gaudete et exsultate n.7), ceux qui sont très peu connus et qui n’ont rien fait d’extraordinaire pendant toute leur vie. Ceux qui font partie de la « classe moyenne de la sainteté ». Ces « saints ordinaires » qui ont marché chaque jour sur le chemin de l’humilité, pour atteindre le jour, ce que l’on pourrait appeler « la sainteté des pauvres des cœur ». Oui, réjouissons-nous !
Mais, au fait, chers amis, un saint c’est quoi pour nous ? Quelqu’un de très sérieux qui évite de rire et de faire la fête ? Quelqu’un qui se préoccupe uniquement de Dieu et passe son temps en prière ? Quelqu’un de rare, à cause de ses nombreuses qualités ? Quelqu’un dont la perfection est si grande, qu’on ne pourra jamais l’atteindre ? Eh bien, non ! Et l’on a tort de croire que les saints sont des êtres rares, aux qualités exceptionnelles, car les saints ne sont pas de héros ! Et pourquoi cela ? Parce que, si l’effort vers la sainteté dessèche en nous les sources de l’amour et de la tendresse, s’il nous raidit ou nous pousse au désespoir, il risque d’aboutir à ce que nous constatons chez certains héros. Certains héros qui accomplissent des actions admirables jusqu’à s’exposer à la mort, certes, mais qui en arrivent parfois à se mettre à part de l’humanité ordinaire et à développer en eux un sentiment d’orgueil. Parfois même, ils en viennent à s’enfermer dans un orgueil hautain et méprisant envers les autres qui n’y arrivent pas. Nous avons affaire, dans ces cas-là à une prétendue sainteté, austère et revêche, une sainteté inhumaine et qui, si elle s’impose, elle n’attire finalement personne ! …
Au contraire du héros, le saint véritable qui a poussé la vertu jusqu’à son degré le plus héroïque, celui-là devient plein de tendresse envers le plus démunis et plein de miséricorde pour les pécheurs. Sa sainteté pleine de grâce n’est un reproche pour personne. En effet « la sainteté ne nous rend pas moins humains, car c’est la rencontre de notre faiblesse avec la force de la grâce » (n.34) disait le Pape François dans son exhortation apostolique « la joie et l’allégresse ».
Oui, douceur, oubli de soi, reconnaissance de la grâce, par l’émerveillement de ce qu’elle opère : voilà quelles sont les caractéristiques de la véritable sainteté, de la perfection de la sainteté : celle de l’amour. Un amour qui n’est pas atteint à coups d’efforts volontaristes, mais qui est répandu par la grâce de Dieu dans un cœur qui se purifie pour mieux l’accueillir. Oui, finalement, chers amis, le saint ce n’est pas celui qui a le moins péché, mais celui qui a le plus aimé le Seigneur et ses frères…
Alors, en cette fête de la Toussaint qui nous rappelle que nous sommes tous appelés à être saints, reprenons courage et n’ayons pas « peur de la sainteté car elle ne nous enlèvera pas les forces, ni la vie, ni la joie » (n. 32). Nous ne serons peut-être jamais le saint et le juste, le bon chrétien, le bon prêtre la bonne religieuse que nous avions rêvé d’être, mais nous pouvons devenir ce pauvre qui n’a plus à offrir à Dieu que ses mains vides. Et alors, comme pour les saints ordinaires tout deviendra possible pour nous. Car, nôtre pauvreté deviendra une grâce et la sainteté de Dieu pourra enfin remplir nos mains vides, nos mains des pauvres, mais ouvertes et tendues pour demander et recevoir comme des pauvres… Ainsi, s’il plait à Dieu, nous prendrons place un jour auprès des saints ordinaires, ceux qui ont essayé de faire leur devoir, tout bonnement, tout simplement, mais avec tellement d’amour !… Amen
Alain PEREZ, CM 🔸
Oui, douceur, oubli de soi, reconnaissance de la grâce, par l’émerveillement de ce qu’elle opère : voilà quelles sont les caractéristiques de la véritable sainteté, de la perfection de la sainteté : celle de l’amour.
Explications :
Homélie prononcé lors de la fête de la Toussaint à la Chapelle de la Médaille Miraculeuse (Rue du Bac) à Paris