Je témoigne de la présence bienheureuse de Dieu dans ma vie
Le 25 Janvier 2018, jour éminemment important pour la congrégation de la Mission et toute la Famille Vincentienne puisqu’il marque l’anniversaire su sermon de Folleville, le Père Christian MAUVAIS, Visiteur de la Province de France m’a fait, dans le courant de la matinée, une annonce qui m’a réjoui le cœur et pour laquelle je rends vraiment grâce au Seigneur.
Je suis Auxiliaire du Clergé et la décision avait été prise par le conseil provincial de m’affilier à la Famille Vincentienne. Comme il était tout à fait opportun de le faire ce jour-là, la concrétisation de cette décision a été prise dans l’Action de Grâce du Christ au cours de la célébration Eucharistique de la fin de matinée.
L’histoire des relations entre la Congrégation de la Mission et ma fraternité est déjà longue. La collaboration entre le Frère Jean-Claude MOINIER et le Père Daniel LAMERAND au temps où ce dernier était en poste à Saint Riquier dans le cadre de ce qu’ils appelaient les haltes spirituelles a porté des fruits à la saveur desquels nous sommes nombreux à avoir goûté. Pendant de nombreuses années, nous avons fait appel aux grandes qualités de prédicateur du Père Daniel LAMERAND pour animer nos journées de spiritualité dans le cadre de nos rassemblements annuels de Fraternité. Le Frère Jean-Claude MOINIER prête ses belles qualités d’artiste à la mise en page de la lettre de l’association de la Médaille Miraculeuse.
En ce qui me concerne, je suis arrivé au 95 rue de Sèvres en Septembre 2008. Une convention a été signée par le Père Elie DELPLACE, Visiteur de la Province de Paris à l’époque, le Supérieur Général de ma Fraternité, le Frère Bernard ISRAËL et moi-même. Cette convention a été remise à jour avec le Père Christian MAUVAIS. Je rends divers services dans la maison, à la porterie, à la boutique de la chapelle, dans la chapelle même lorsque je guide des groupes de jeunes ou de moins jeunes. Il m’arrive aussi de conduire des Pères âgés à leurs rendez-vous médicaux ou d’aller visiter ceux qui sont hospitalisés. Je suis également engagé au service des pèlerins dans l’animation des chapelets ou des chemins de croix et au bureau d’écoute rue du Bac. Depuis quelques années déjà je fais partie de la Conférence Saint Vincent de Paul de la paroisse Saint Antoine de Padoue dans le 15ème arrondissement. Le Vendredi soir, de 17h à 19h, depuis le mois d’Octobre dernier, j’accompagne deux enfants, une petite fille sénégalaise, Hawa et un petit garçon marocain, Zakaria dans leur soutien scolaire et Vendredi dernier, je m’en suis vu confier un troisième, Yassen dont je ne sais pas encore très bien de quel pays il est car je n’ai pas encore eu l’occasion de rencontrer les parents.
Les activités dans lesquelles je me sens plus vincentien sont les conduites de visites dans la chapelle et au musée, les animations de chapelet et de chemins de croix, l’écoute rue du Bac et le soutien scolaire au local de la rue des Périchaux dans le 15ème.
Les visites de la chapelle et du musée
Dans les conduites de visites à la chapelle et au musée, j’aime à rappeler que Saint Vincent de Paul n’est pas un humanitaire au sens que l’on donne d’ordinaire à ce mot. C’est vraiment un de mes leitmotivs. Il a parfaitement compris que l’homme ne peut pas se prendre en charge lui-même et se conduire à son plein épanouissement, qu’il ne peut rien faire au service de l’autre qui ne soit pas inspiré par la puissance divine enfin que ce qu’il fait pour venir en aide aux plus pauvres, il le fait forcément au service de l’Autre avec un « A » majuscule. Sa vie, à partir des deux évènements majeurs de l’année 1617, n’a plus été qu’un fidèle écho de Matthieu 25 : « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » Dieu est le créateur et même s’il compte, pour agir, sur l’homme et sa foi parce qu’il a une confiance inébranlable en lui et qu’il ne veut pas l’ignorer, son action est absolument indispensable pour combattre et en être vainqueur la puissance du mal qui entraîne l’homme dans les situations de souffrance morale, spirituelle et corporelle. S’il n’attend, pour agir, que l’ouverture du cœur de tout homme comme de celui du meunier de Gannes ou de celui de ces personnes généreuses qui sont venus trouver Saint Vincent pour l’éveiller à l’urgence de la situation de détresse matérielle et corporelle de la famille de Châtillon, c’est son action conjuguée à la confiance qu’elle lui accorde qui fait retrouver à la personne, touchée et sanctifiée dans sa globalité par sa miséricorde infinie, sa véritable dignité. Le pauvre est un sacrement parce que Jésus s’y reconnait, parce que l’on voit Dieu dans le cœur du pauvre et qu’il nous évangélise mais aller à sa rencontre, c’est aussi aller à la rencontre de Dieu « qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme. » comme dit le cantique célèbre « Qui donc est Dieu ? »
Les animations de chapelet et de chemin de Croix
Dans les animations de chapelet et de chemin de croix, je déploie toute l’énergie que je peux pour transmettre toutes les grâces que je reçois dans la méditation des textes proposés le jour même de l’animation par la Liturgie. Je pense qu’il est très important de mettre en lien ces pratiques avec la célébration de l’Eucharistie pour ne pas en faire de simples actes de dévotion et de faire passer cette conviction que la Parole de Dieu est vraiment une Parole vivante qui peut transformer, transfigurer le cœur. J’ai eu des témoignages de gens touchés et qui m’ont demandé de leur donner mes textes. J’ai eu le sentiment que le Seigneur avait opéré quelque chose d’important en eux. D’autres m’ont simplement interpellé et quelquefois à des mois de distance. J’ai eu maintes fois l’occasion de me rendre compte de la force de ces temps de prière. Lorsque j’étais plus jeune, je n’étais pas très attiré par le chapelet. Je trouvais que c’était un peu répétitif. Je pense que j’ai trouvé le moyen d’être un serviteur de la Parole. C’est une grâce pour laquelle je remercie le Seigneur.
Au bureau d’écoute, également rue du Bac, j’essaye de délivrer aux personnes qui sont en détresse morale, corporelle ou spirituelle une réponse la plus fidèle possible à la Parole de Dieu. J’ai la profonde conviction que Dieu rejoint tous les êtres humains dans toutes les situations de peine ou de joie où ils se trouvent, dans tous les problèmes de conscience qu’ils peuvent se poser par la Parole qui nous est parvenue par les psalmistes et les prophètes de l’Ancien Testament, par les auteurs de tous les textes du Nouveau Testament et éminemment par les évangélistes qui ont rendu pérenne jusqu’à la fin des temps la présence du Christ Parole par excellence. Dans cette Parole, Dieu a toujours quelque chose à dire à la personne que j’ai en face de moi pour la faire grandir.
La Conférence Saint-Vincent-de-Paul de Saint Antoine de Padoue
Nous nous réunissons une ou deux fois par mois. Nos réunions commencent toujours par un apport spirituel. Un commentaire de l’Évangile du jour ou du Dimanche suivant est toujours très enrichissant. C’est le diacre Jean-Michel MORIN qui l’assure. J’apporte aussi le fruit de ma méditation. Nous partageons librement. Il y a ensuite une communication du président sur des sujets divers. Nous faisons le tour des personnes visitées ou d’autres activités comme le soutien scolaire et nous terminons par une prière.
Le soutien scolaire
Le soutien scolaire me semble aussi être une mission extrêmement importante. Ma conviction profonde à ce propos-là est qu’il s’inscrit dans le combat que l’on a mission de mener avec les enfants dont on a la charge en vue, bien évidemment de leur développement intellectuel mais surtout d’en faire des êtres qui s’aiment, qui aiment Dieu et les autres parce qu’on les aide à se découvrir des talents, des possibilités intellectuelles, à les développer et à comprendre que ces possibilités leur sont données par leur créateur qui veut qu’ils en tirent de la joie et qu’ils peuvent aussi les mettre au profit des autres. Ce qui donne toute sa hauteur à cette mission c’est que les bénévoles qui s’y engagent peuvent parvenir à ce que les enfants découvrent qu’ils sont des êtres étonnants et qu’ils peuvent entrer dans la louange qui est le milieu naturel dans lequel ils peuvent s’épanouir comme tout être humain est appelé à le faire. Je ne suis certainement pas auprès d’eux pour ne faire avec les enfants que de la grammaire, de l’orthographe ou du calcul, des soustractions, des additions ou des divisions. Il doit se passer quelque chose de transcendant. Toutes les personnes qui sont engagées dans ce service-là sont signes du désir irrésistible de Dieu de faire descendre sa miséricorde pour sauver les enfants de la dépréciation d’eux-mêmes, du découragement face à leur faiblesse. Il y a, je pense, un gros travail à faire avec les parents. Certains parents et certains bénévoles de l’association « Eveil pour tous » pensent qu’il faut bien séparer le milieu familial du soutien scolaire. Ce n’est pas ma conviction. Sans doute faut-il rester discret, ne pas s’infiltrer trop dans la vie des gens qui préfèrent garder des distances mais il faut progressivement faire com-prendre aux parents que c’est solidairement que nous sommes missionnés au service des enfants et il me semble bon que nous voyions ensemble ce qu’il est bon de faire en vue de la réalisation du projet divin. Le soutien scolaire est un lieu de Mission parce que c’est un lieu de libération.
Ma fraternité : » Les auxiliaires du Clergé «
Ma Fraternité : « Les Auxiliaires du Clergé » a le statut canonique de Société de vie Apostolique. Elle a été fondée en 1948 par un prêtre du diocèse d’Amiens : le Père Paul DENTIN. Il était professeur au petit séminaire de l’époque et a repéré qu’un certain nombre de jeunes auraient bien accepté de se lancer généreusement au service de l’Eglise et de sa Mission dans le monde sans pour autant être appelés au Sacerdoce. Il s’est alors dit qu’il serait bien dommage de ne rien leur proposer. Telle a été son intuition. Il voyait déjà à l’époque baisser la courbe des vocations et monter celle de la charge pastorale des curés de paroisses. L’idée lui est donc venue de proposer à ces jeunes de prendre des services paroissiaux ne relevant pas du ministère presbytéral (catéchèse, sacristie…) et de se retrouver régulièrement pour assurer la cohésion de leur groupe avec des temps de vie commune et de prière. Notre première maison a été la maison familiale de Picquigny puis, nous sommes allés, non loin de là, au château de Cavillon. Ensuite, signe du dynamisme de notre fondateur qui ne ménageait pas son énergie pour que grandisse sa fondation, nous sommes devenus trop nombreux et avons été contraints d’intégrer la célèbre et immense Abbaye de Saint Riquier dont nombre d’entre nous a gardé un souvenir impérissable. Nous y sommes restés jusqu’en 1974 année où nous avons déménagé pour une autre Abbaye : L’Abbaye Notre Dame du Gard située entre Amiens et Abbeville. Cette Abbaye, ancienne Abbaye cistercienne avait été occupée depuis 1137, date de sa fondation, successivement par des cisterciens, des Spiritains du Père Libermann et des chartreuses. La loi de 1905 avait contraint les chartreuses à partir précipitamment et l’Abbaye était tombée aux mains de marchands de matériaux qui s’était chargés de la désosser de fond en combles. En 1963, elle est devenue un parc zoologique avec pour magnifique décor les ruines des corps de bâtiments et du cloître. C’est donc dans cet état là que notre fondateur en a fait l’acquisition. Nous y sommes restés jusqu’en l’an 2000. A ce moment-là, nous avons quitté le diocèse d’Amiens pour nous installer à Lyon au 10 rue du Commandant CHARCOT.
Notre Saint Patron est Saint Jean-Baptiste, le Précurseur. Nous avons devancé, dans le temps, le Concile Vatican II qui a mis en valeur le laïcat parce que des Frères se sont vus attribuer des tâches et des missions accomplies et remplies par des prêtres alors qu’elles ne relevaient pas forcément du ministère presbytéral. C’était nouveau. Ils ont pu, en dehors du Sacerdoce, réaliser leur vocation baptismale et aider, dans la même démarche, d’autres laïcs non religieux à découvrir qu’ils pouvaient, eux aussi mettre leurs dons et leurs talents au service de la mission de l’Église, de l’Évangélisation, à comprendre qu’ils pouvaient ne pas seulement être des consommateurs mais qu’ils avaient leur place pleine et entière. D’une certaine manière, nous avons été un temps d’avant-garde. Au fil des années, nos activités se sont diversifiées et nous nous sommes engagés dans la pastorale de la santé, en milieu scolaire, en centres d’accueil et de pèlerinage (Saint Walfroy, dans les Ardennes où nous avons mis nos pas dans ceux de quelques Prêtres de la Mission venus au XIXème siècle relever de la déchéance qui le guettait ce lieu de pèlerinage où l’Ermite Walfroy est venu apporter, avec quelques compagnons, la première annonce de l’Évangile dans la campagne ardennaise.
Notre livre de vie
Nous avons – cela va sans dire – un livre de constitutions auquel nous avons ajouté un livre de vie imprimé en 2002 et auquel nous faisons souvent référence dans nos rencontres de fraternité. Nous devons le premier article au Père Bernard KOCH qui nous y rappelle que c’est dans la contemplation et uniquement là que le Frère peut trouver la force pour l’action missionnaire. Je le cite : « Le Frère, comme monsieur Vincent, cherche à unir, dans un même courant de vie intense, action et contemplation, mission, vie spirituelle et vie communautaire. C’est sa vie spirituelle profonde et intense qui le stimule pour la mission. Ses rencontres et ses activités dans la vie apostolique nourrissent sa vie spirituelle en harmonie avec son union à Dieu et sa contemplation. »
A l’heure actuelle, nous sommes devenus trop peu nombreux pour toucher tous nos milieux d’évangélisation mais à l’époque de la rédaction de ce livre, nous avions défini un projet missionnaire avec trois milieux à privilégier : Les jeunes en aumôneries de collèges et Lycées, en recherche de vocation, en mouvement, en associations, en loisirs et en milieux défavorisés. Les pauvres en aumôneries, service des malades, personnes âgées, handicapés, marginaux, drogués, chômeurs, prisonniers. La formation des laïcs animation pastorale, liturgie, Écriture Sainte, catéchèse, mouvements.
Ma vocation personnelle
En ce qui concerne ma vocation personnelle. J’ai entendu très clairement l’appel à m’engager au service de l’évangélisation du monde au plein cœur de mon activité professionnelle. Je vendais des encyclopédies et je me suis rendu compte du mépris que l’on pouvait avoir, dans ce milieu-là, de l’être humain. Dans cette prise de conscience, je crois que l’Esprit Saint était très efficacement à l’œuvre. Le vendeur n’était qu’une machine à vendre dont il fallait bien entretenir les rouages en lui offrant un café le matin ou en lui payant un repas de temps en temps et l’acheteur, lui, il était réduit à l’état de machine à fournir du fric. Les relations ne pouvaient pas être simplement et en vérité amicales et fraternelles. Le week-end, j’étais très engagé en paroisse au service de la Liturgie. Le Seigneur me donnait de vivre quelque chose de très fort au plan spirituel qui était en totale contradiction avec ce que je vivais dans la semaine. J’ai donc ressenti une tension, un malaise très profond et, en même temps, le désir, de plus en plus ardent jusqu’à ne plus tenir et m’adresser à un prêtre que je connaissais, de communiquer l’étonnante joie dans laquelle Dieu pouvait faire à l’être humain la grâce d’entrer pourvu bien sûr, qu’il choisisse de vivre en vérité avec Dieu, avec lui-même et avec les autres dans l’amour le plus véritable qui soit. J’avais compris que cela valait infiniment plus que ce pour quoi le monde se mobilisait c’est-à-dire l’argent. J’avais compris que la grâce divine m’avait fait toucher du doigt le péché pour lequel Jésus s’était offert en sacrifice. J’avais compris combien il était urgent de participer à l’œuvre confiée au Christ de l’évangélisation du monde. J’étais quelque fois très étonné d’être brusquement envahi d’une joie que je n’avais jamais connue jusque- là. C’était parfois en méditant un texte de la Parole de Dieu mais aussi d’autres fois dans la rue. Je n’étais pas très au clair sur ce que le Seigneur me demandait. Était-ce de m’engager dans le Sacerdoce ou dans la Vie Religieuse ? Je lui ai ouvert mon cœur. Je me suis offert. J’ai pris le temps du discernement. C’est la porte de la Vie Religieuse dans la société de Vie Apostolique des « Auxiliaires du Clergé » qui s’est ouverte. Je ne pouvais pas ne pas donner ma vie en action de grâce pour les immenses joies dont le Seigneur avait investi mon cœur.
Je vous demande maintenant d’unir vos prières pour moi à celles de la Vierge Marie, de Saint Vincent et de tous les Saints qui ont jalonné la longue histoire de la famille vincentienne afin que reste digne de la grâce qui m’a été faite.
Frère Jacques ROVILLAIN, auxiliaire du clergé 🔸
Les activités dans lesquelles je me sens plus vincentien sont les conduites de visites dans la chapelle et au musée, les animations de chapelet et de chemins de croix, l’écoute rue du Bac et le soutien scolaire au local de la rue des Périchaux dans le 15ème.