400 ans du charisme : temps de la mémoire, de l’identité et du prophétisme
L’histoire s’écrit tous les jours dans l’inconscience de nos tâches quotidiennes ce qui ne nus rends pas attentifs aux conquêtes ou aux errances.
Introduction. L’histoire s’écrit tous les jours dans l’inconscience de nos tâches quotidiennes ce qui ne nus rends pas attentifs aux conquêtes ou aux errances. C’est ce qui rend nécessaire des moments significatifs qui nous aident à lever le regard à nous mettre en retrait de l’ordinaire, pour que cette attitude méditative et priante, fasse apparaitre l’intensité de l’appel que nus livre l’histoire construite en communion avec Dieu dans l’effort de nos pratiques ordinaires.
La célébration des 400 ans de la naissance du charisme vincentien, ouverte le 25 janvier de cette année, est une bonne raison en même temps qu’u évènement suffisamment significatif pour une réflexion pertinente, qui par cet article souhaiterait susciter quelques réflexions spirituelles. Le texte de divise en trois parties, le passé (mémoire) ; le présent (identité) et l’avenir (prophétisme).
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UNE MEMOIRE RECONNAISSANTE
L’action de grâces nait lorsque nous découvrons la gratuité de l’amour de Dieu qui est en même temps source de la logique du don de la vie. Face à la générosité d’un Dieu qui s’incarne dans l’histoire et permet que la vie divine fleurisse dans l’existence des hommes, l’être humain remercie en se livrant par ses actes, au don d’une grâce qui le constitue et le déborde clairement. Nous connaissons, les affirmations répétées de saint Vincent au sujet de la gratuité divine, qui ne cessait de répéter que nos origines étaient l’action généreuse constante et surprenante de la Providence divine.
De quoi allons-nos remercier Dieu durant ces 400 ans ? De tout, remercions de la vie de Vincent et son ouverture au dessein miséricordieux de Dieu dans son existence. Nous remercions la force d’un charisme créatif qui a ouvert le chemin de communication de la consolation des pauvres et une espérance pour l’Eglise. Nous remercions la lucidité et la persévérance, qui comme personnes et come institution, nous avons vécu les difficultés traversées. Nos remercions l’effort et le don généreux de tant d’hommes et de femmes, qui nourris d’esprit vincentien, ont su être témoins convaincant de l’amour qui transforme tout : martyrs, défunts, malades et aînés. Nous rendons grâce pour les joies intérieures nées de l’œuvre bien faite et les larmes silencieuses face à la dureté de l’amour offert.
Nous remercions aussi les grandes œuvres de charité comme pour les petites conquêtes dans le service. Nous remercions pour le zèle de l’expansion missionnaire, ainsi que les institutions que nous réalisons comme famille, pour actualiser notre héritage. Nous rendons grâce pour les remerciements reçus sans aucune prétention, ais surtout pour la joie et l’espérance des pauvres et de tous les hommes et femmes, qui se sont sentis reconnus dans l’amour affectif et effectif. Nos remercions la flamme de charité qui continue encore en nos cœurs et pour les rêves et les projets que se déploient au milieu de nous.
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REDEPLOYER L’IDENTITE
Le passé se contemple dans l’action de grâce et le présent avec réalisme et fondé sur des convictions. Nous constatons douloureusement, que nombre d’êtres humains continuent de vivre dans la pauvreté, que les pauvres existent et qu’ils réclament notre aide. Dans le monde le charisme vincentien est encore vivant et fréquent, il continue à être motif de don pour beaucoup de témoins qui s’offrent encore généreusement pour écouter l’urgence de la charité et communiquer le don d’eux-mêmes en même temps qu’étant signes d’espérance pour beaucoup de personnes dans le besoin. Nous sommes aujourd’hui plus conscients d’être une grande famille et nous voyons plus clairement le travail commun que cela exige.
Mais il est aussi évident aujourd’hui que la crise socio-culturelle et relieuse que nous vivons touche profondément la vitalité et la rénovation du Charisme vincentien. Il y a la difficulté des vocations pour la vie sacerdotale et consacrée, ainsi que pour le bénévolat et la persévérance. Les générations sont chaque fois plus vieilles et parfois la vitalité du charisme s’est vu relégué en une reproduction de coutumes. Dans certains lieux l’illusion a fait place au pessimisme et le travail en commun pour des projets personnels. Ce ne sont pas toujours les pauvres qui sont « notre poids » et « notre douleur » et à une certaine « bureaucratisation » de la charité fait perdre la chaleur de l’amour qui s’éteint dans le service.
Peut-être qu’une des difficultés la plus grande, si elle n’est pas la fondamentale, pour la vitalité et le dynamisme d Charisme, est que produit d’un zèle inapproprié, elle efface l’horizon évangélique qui doit l’accompagner, comme sa source, et qui doit être toute notre pratique concrète de la charité. C’est Dieu Père en Christ Jésus qui au moyen de l‘Esprit qui nous a appelé à être messagers de sa miséricorde avec les pauvres. C’est cette conviction ontologique, ce caractère contemplatif qui détermine notre service et celui qui ne laisse pas nos activismes, l’immédiateté ou le caractère « concret » avec lequel nous réalisons certaines œuvres avec les pauvres, rendre stérile la force de l‘amour effectif. Cette problématique a certainement été présente dès les origines, mais aujourd’hui, e raison des conditions de sécularisation de notre société, il devient plus difficile d’expliquer et rendre concrète dans la vie, notre identité spirituelle et donc les objectifs de notre service.
Que nous faut-il accentuer dans notre présent à la lumière des 400 ans ? Notre identité ! elle renvoie à la source et au contenu de ce et Celui qui nous passionne. Dans la vie ordinaire lorsque quelqu’un s’identifie avec quelque chose ou quelqu’un, il exprime facilement ses sentiments avec passion et conviction ; par exemple pour une équipe sportive, ses stars de la musiques ou ses artistes, etc…et nous-mêmes héritiers du Charisme vincentien ressentons-nous de la passion pour le Christ comme étant celle qui donne sens à notre vie et au don de nous-mêmes. ?
Il est évident qu’il n’y a pas d’expérience de Dieu s’il n’y a pas d’intimité avec jésus. Une réelle expérience de Dieu entraine une suite passionnée du Maître, se sentant profondément séduit par lui, séduit par son plan, par l’utopie du Royaume qui donne sens à vivre et mourir pour lui. La passion du Christ est ce qui doit nous faire vibrer de joie et profondément, jalonnant notre existence afin qu’elle vive en plénitude les luttes quotidiennes et assume les défis chaque fois plus grands dans le service généreux des pauvres. Présupposer cette conviction ou la mettre de côté dans notre action est ouvrir notre spiritualité au vide et notre action au non-sens stérile.
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UN FUTUR PROPHETIQUE
Remercier, confronter et renforcer pour reconfigurer et provoquer. L’avenir n’est pas toujours évident parce que nous ne le maitrisons pas. Mais nous pouvons encore le voir de deux manières : avec peur pour tout ce qu’il peut porter d’inattendu et nous en tenir à l’identique pour nus rassurer ou le regarder dans l‘espérance, confiant en tout ce que Dieu peut inspirer et le réaliser. Je crois que l’attitude vincentienne la plus conforme au charisme suit cette deuxième voie.
Comment donc nous ouvrir avec confiance à l’avenir que réveille le 400ème anniversaire ? Sans craintes de reconnaitre que notre pratique pastorale est peut être obsolète et qu’elle a besoin d’une reconfiguration intérieure et extérieure, sincère et prophétique. Sans peurs de nous séparer d’un monde qui n’existe plus et affronter dans l’espérance la réalité qui est la nôtre dans l’ordinaire. Sans craindre de reconnaitre notre ignorance et nus laisser éclairer par les autres qui comme nous essaient de lutter pour un monde plus juste et fraternel. Sans redouter le pouvoir du travail en commun ni dans le dynamisme que donne de se confronter à nos sécurités. Sans peur de ressentir la vulnérabilité d’être incompris, ni la solitude du chemin.
Sans crainte non plus de nous ouvrir aux nouvelles pauvretés et aux nouvelles approches qui rendent compte de la personne humaine et de Dieu. Sans craindre de montrer notre joie et nos convictions, sans que personne ne nous l’ai demandé. En n’hésitant pas à donner gratuitement de notre temps et de nos capacités, de nos biens et nos sentiments. Sans crainte d’affronter nos propres limites en travaillant à les dépasser, mais sachant qui si nous sommes ouverts à la volonté de Dieu, c’est Lui qui guidera nos pas.
Conclusion
Il apparait donc clairement que célébrer les 400 ans du Charisme vincentien n’est pas seulement faire référence à un passé notable et important, mais, afin que nous ayons tous les privilèges de l’avoir comme horizon de notre vie et notre prière, c’est une responsabilité historique de réfléchir sur son histoire et son actualité. C’est ce qui nous impose de remercier qui est la source de notre vie charismatique, de demeurer dans l’identité du Maître qui nous a appelé et de nous ouvrir dans l’espérance sans crainte du lendemain : don de Dieu.
Bernard Massarini CM🔸
Nous remercions la force d’un charisme créatif qui a ouvert le chemin de communication de la consolation des pauvres et une espérance pour l’Église.