Mot d’accueil à Folleville


Mot d’Accueil

à Folleville

Notre présence à Folleville, ce 25 janvier, 400 ans après M. Vincent revêt une signification toute particulière pour nous tous.

En effet, plus qu’un simple pèlerinage traditionnel à cette période, plus qu’un simple retour aux sources, nous voulons aujourd’hui faire mémoire d’un événement qui a été fondateur pour toute la famille vincentienne. Cet événement est à l’origine d’une dynamique qui a mis en mouvement un nombre incalculable de personnes de toutes conditions, de tous bords. Cela, pour aider le Pauvre à retrouver un visage humain au Pauvre en lui redonnant toute sa place dans la société et dans l’Église et faire ainsi que l’Église devienne et la société deviennent également des lieux de vie, de miséricorde.

Cette démarche peut être une source d’inspiration pour notre présence au monde ! Même un réveil !

Oui, partageons une action de grâce commune pour le chemin parcouru durant ces 400 ans, pour les diverses missions vécues, les personnes qui ont été relevées, guéries et mises en route ; la mission a pris différents visages au cours des siècles mais les missionnaires ont tenté d’être fidèles à Jésus Christ comme a sur l’être St Vincent.

Soyons reconnaissants envers nos ainés d’hier et d’aujourd’hui. Ils ont tenu bon ensemble, de s’être laissés pousser par ce dynamisme et ils nous y ont entrainés. Ils sont de vrais témoins pour nous.

Oui, faisons une demande de pardon pour nos infidélités au Charisme de notre fondateur, nos réticences, nos peurs, notre frilosité face à ce Souffle de l’Esprit Saint qui nous bouscule. Pardon pour notre individualisme, notre égoïsme qui étouffe notre élan missionnaire. Nous avons besoin de guérison dans nos relations entre nous, entre les membres de la même famille. Nous avons besoin de guérison dans nos appréhensions des réalités humaines, ecclésiales, sociales.

Oui, engageons-nous aussi ensemble dans une démarche de conversion personnelle, communautaire, pastorale et missionnaire ! nous entrerons ainsi davantage dans une dynamique nouvelle pour vivre la Mission comme mystique de la Charité !

Se laisser guider par l’Esprit ne peut se faire sans remise en cause. L’urgence de la mission ouverte sur l’avenir provoque bien des tensions dans la communion.
(Lécrivain, sj)

Mettons-nous dans la mouvance de l’Esprit ; qu’il nous  guérisse pour nous entrainer sur les chemins du monde d’aujourd’hui porter la Bonne Nouvelle à ceux qui l’attendent. Que l’Esprit réveillent en nous des énergies nouvelles !

Dans notre pèlerinage d’aujourd’hui, le cœur de St Vincent nous accompagne comme il le fait chaque jour quand nos propres cœurs battent eux-mêmes au rythme de la Charité et dans le Souffle qui nous envoie en Mission. La Charité du Christ envers des pauvres a été ce feu qui a embrasé notre fondateur. La Charité du Christ a été ce qui a mis en route st Vincent et a fait de lui un missionnaire de la Charité envers le Frère. Ce nom de Dieu  ‘la Charité’ vous a été donné à vous mes sœurs car vous êtes celles qui portez l’Amour de Dieu aux pauvres. Cet amour nous met tous finalement en état d’urgence.

Ce mouvement d’allant et de venant qui nous caractérise tous, trouve son origine dans l’envoi du Fils de Dieu au cœur du monde pour y révéler le visage de notre Dieu. C’est un mouvement d’abaissement qui nous situe au niveau du visage de l’homme, particulièrement celui qui est au dernier rang, à la dernière place ; ceci pour vivre avec lui, humblement, un face à face, un cœur à cœur qui lui redonne dignité et permet à chacun de trouver sa véritable place dans la société, dans l’Eglise.

Ce mouvement nous oblige à nous tourner vers nos frères les plus délaissés mais aussi vers notre frère ainé qui est toujours resté tourné vers son Père. C’est dans ce face à face là, que Jésus et St Vincent ont puisé leur énergie pour entreprendre, leur créativité pour ouvrir des chemins nouveaux, leur audace pour appeler et s’unir dans la mission.

Quand les 2 cœurs sont à l’unisson, rien ne les arrête ! L’Amour a toute liberté pour se manifester et se répandre.

Si nous portons un regard sur ce que nous sommes et vivons aujourd’hui dans nos différentes insertions au service de l’homme, nous pouvons certes, être satisfaits, même fiers, mais pouvons-nous nous en contenter, en rester là ? N’avons-nous pas à nous interroger, à nous remettre en cause  pour nous déplacer là où il a urgence, pour nous faire sortir de nos lieux habituels, de nos fonctionnements classiques, pour nous engager à travailler ensemble au service intégral de l’homme d’aujourd’hui dans ses pauvretés qui sont multiples ?

Comme Vincentiens, nous, missionnaire, sommes appelés à vivre toujours en communion les uns avec les autres pour être au service de nos frères et sœurs dans le monde. La collaboration fait partie de notre histoire depuis le début.

Faisons donc corps pour que la Charité soit effective ; mettons en commun nos forces, nos compétences, nos expériences, notre vie de prière : la dignité et l’espoir des pauvres y gagneront.  Cela demande confiance en l’autre, respect, compréhension. Pour rayonner, il faut être plusieurs et de différents styles : prêtres, frères, laïcs, religieuses etc. ; personne n’est de trop, il y a de la place pour tous et là aussi, il nous faut innover une manière de travailler ensemble.

Continuer la mission de St Vincent nous amène à être nous-mêmes des fondateurs aujourd’hui ; c’est ainsi que nous serons fidèles à son Charisme, non pas en le copiant mais en nous mettant en mouvement, dans cette dynamique qui est celle de l’Esprit qui envoie le Fils sur terre.

Les services, ministères qui nous sont confiés sont notre « être-ensemble » au monde.  Dans cet « être au monde », ce qui me paraît prioritaire et urgent, c’est de communier à la vie des gens, de partager leur vie ;

Dans l’église, il y a une exigence qui doit nous interpeller : celle de l’annonce, de la mission ; elle n’est pas le résultat d’une statistique mais une exigence du ‘allant et venant’ car il s’agit d’emprunter, d’ouvrir, de préparer des chemins. C’est une dynamique et c’est fondateur.

Il ne nous est pas demandé d’être blasés  mais blessés par la vie des gens ; Il ne nous est pas demandé d’être rentables mais d’engendrer des vies, d’autoriser des vies à s’ouvrir !

  • Engendrer des vies par des temps de gratuité, d’écoute où l’autre puisse dire et se décharger de ce qui est lourd dans sa vie, de ce qui l’abîme, de ce qui la rend stérile, de ce qui empoisonne ses relations. C’est la démarche vécue par ce paysan de Gannes auprès de Vincent. L’homme a besoin de s’unifier, non de s’éclater. Il a besoin de se désencombrer pour que sa source intérieure puisse à nouveau couler et féconder sa vie. La confession a plusieurs modèles mais elle demeure un lieu de guérison totale.
  • Engendrer des vies par des temps de formation qui ouvrent à la connaissance de l’autre, qui ouvrent des horizons plus larges ; formation qui donne des outils pour appréhender le monde, le comprendre, y prendre sa place ; outils pour se mettre au service de l’autre et pour faire grandir chacun. Formation qui donne du sens, qui aide à s’élever, à nourrir une spiritualité.
  • Engendrer des vies en les éveillant et en réveillant ce qui est endormi en elles comme compétences, dons, énergies, pour les mettre au service de l’autre ; l’un et l’autre trouveront leur place dans la société et s’épanouiront, grâce à un projet construit ensemble.

Plus nous parlerons des pauvres, plus nous nous en éloignerons. Plus nous serons proches d’eux, plus nous serons à notre place et serons appelants, attirants. Ce n’est pas avec des mots que nous sommes missionnaires mais par nos engagements concrets au service de la vie des gens ; là nous serons pris au sérieux.

C’est par l’incarnation que le Fils de Dieu a le mieux parlé de son Père ; sa proximité, ses gestes, ses guérisons ont éveillé chez les gens une autre dimension dans leur vie, les ont élevés à une autre dignité.  Retrouvons cette simplicité d’être.

Quand la vie intérieure se referme sur ses propres intérêts, il n’y a plus d’espace pour les autres, n’y entrent pas les pauvres, on n’écoute plus la voix de Dieu, on n’apprécie pus la douce joie de son amour, on ne vibre plus d’enthousiasme pour faire le bien
(EG 2)

Pour engendrer les gens à la vie il nous faut des temps entre nous pour que la vie nous gagne, fasse de nous éveilleurs, des engendreurs. Et la vie communautaire est un de ces temps ou lieux. Elle est un ressort pour la mission, elle est un lieu de charité mutuelle. On ne peut donner que ce que l’on reçoit entre nous !

Elle se doit d’être un lieu de ressourcement par la prière sous toutes ses formes, l’eucharistie et le pardon, par la lecture des Constitutions et Normes. Elle doit battre selon le cœur de chacun au rythme du cœur du Christ et du Pauvre. Peut-être nous faut-il réinventer une manière d’être ensemble pour la mission en ouvrant nos communautés à d’autres acteurs.

Il est important de ne pas se mettre en route sans Dieu ; lui seul nous engendre à sa Vie par son Souffle ! Faisons lui confiance. Important de ne pas se mettre en route sans nous tous ; nous engendrons une nouvelle manière de vivre, comme disciples du Christ ! Faisons nous confiance. Il est important de ne pas se mettre en route sans les personnes, notamment celles qui sont blessées ; elles nous engendrent à la vie en Dieu. Faisons leur confiance.

Devant le cœur de St Vincent, faisons le pari de la confiance. Ce capital Foi/confiance seul ouvre à l’espérance. Seul il nous met en route, en mouvement et nous fait devenir audacieux.

Maintenons vivant ce capital/confiance ! c’est notre trésor.

Père Christian Mauvais, CM🔸

Devant le cœur de St Vincent, faisons le pari de la confiance. Ce capital Foi/confiance seul ouvre à l’espérance. Seul il nous met en route, en mouvement et nous fait devenir audacieux.

A lire sur internet :

L’église de Folleville au cœur du pèlerinage

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